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Venezuela : pourquoi les résultats finaux tardent autant ?

Lors de la proclamation du président élu, Nicolás Maduro a déclaré que le Conseil national électoral avait été victime d’une cyber-attaque qui servirait de prétexte pour déclencher une escalade de la violence et provoquer un changement de gouvernement, quels que soient les résultats de l’élection.

« Le système de transmission du Conseil national électoral (CNE) a fait l’objet d’une attaque massive comme il n’y en a jamais eu dans notre histoire. L’attaque se poursuit. Des centaines d’attaques sur le site web du CNE », a déclaré le chef de l’État, qui a ajouté qu’ils s’étaient introduits dans le système pour empêcher “la transmission de données pour provoquer un black-out électoral”.

Compte tenu de la gravité des événements, M. Maduro a immédiatement demandé l’activation du Conseil d’État afin d’évaluer et d’enquêter de manière approfondie sur toutes les attaques contre le système électoral vénézuélien.

Tout ce qu’il faut savoir sur le black-out électoral

Victor Theoktisto, PHD en informatique et auditeur externe du Conseil national électoral (CNE) pour la supervision et l’étude du système électoral dans la partie logiciel système, sécurité numérique, cryptographie et transmission sécurisée des données entre juin et juillet 2021, a expliqué à Sputnik que l’attaque évoquée par Maduro était un DOS (Denial Of Service) réalisé depuis la République de Macédoine du Nord et qui consiste à saturer les réseaux avec une énorme quantité de trafic parasite afin d’empêcher la transmission d’informations.

« Bien qu’il soit impossible de modifier le contenu de ce qui est transmis, il a été possible de réduire les connexions. De telle sorte qu’elles n’aboutissaient que rarement, ce qui ralentissait l’ensemble du processus d’agrégation. Cette situation, prévue par les services de renseignement avec l’aide des opérateurs de la technologie, a finalement été résolue, mais elle a entraîné un retard considérable. L’attaque a également consisté [et continue] en une attaque permanente contre le site web du CNE, les médias d’État et, en général, les services de l’administration publique, en tant qu’attaque globale et multifactorielle contre l’État vénézuélien », a-t-il ajouté.

Systèmes de sécurité au vote

Selon M. Theoktisto, la communication entre les machines à voter et le centre de totalisation est basée sur un réseau WAN (Wide Area Network) fourni par l’opérateur téléphonique national à travers le réseau de télécommunications qui transmet les données par ligne téléphonique (Dial-up), Metro Ethernet et service GSM, ou par satellite dans les zones éloignées.

Le réseau de transmission utilisé, ajoute-t-il, est exclusif au processus électoral et n’utilise pas l’internet. « Tout cela est extrêmement sécurisé et crypté, ce qui rend impossible l’altération des données transmises. À l’avenir, nous devrons peut-être aller jusqu’à limiter l’accès á internet depuis l’extérieur du pays, un véritable casse-tête, en nous isolant pendant quelques heures jusqu’à ce que toutes les données soient transmises sur le site web », réfléchit-il.

Pour l’expert en informatique et en audit des systèmes électoraux, l’appel lancé par le président Maduro au Conseil d’État pour améliorer la sécurité du système électoral et le protéger davantage contre de telles attaques est une priorité absolue.

« Il est évident qu’il sera nécessaire d’utiliser des équipements et des protocoles alternatifs pour éviter que cela ne se reproduise, y compris des mesures plus drastiques pour préserver la sécurité des transmissions. Même si ce n’était pas l’objet de l’attaque, qui comme je l’ai dit, est impossible de modifier la volonté exprimée dans les machines à voter, mais comme on l’a vu, s’il était possible d’entraver d’une manière ou d’une autre la totalisation », a-t-il souligné.

« Il n’y a rien d’obscur dans tout cela. L’obscurité vient d’ailleurs ».

Face à la campagne de désinformation internationale croissante et très bien orchestrée qui cherche à semer le doute sur les résultats des élections, Theoktisto, en tant qu’expert dans un domaine aussi critique, fait quelques observations qu’il est bon de consigner.« María Corina Machado affirme qu’elle possède 100 % des procès verbaux des bureaux de vote ; c’est une lapalissade. Tous les principaux partis politiques les ont également, bureaux de vote par bureaux de vote, dans tout le pays », a-t-il expliqué.

M. Theoktisto a ajouté que lorsque le processus de vote se termine dans le bureau de vote, la machine totalise automatiquement tous les votes obtenus par chaque candidat et transmet le résultat (Acta de Escrutinio - procès verbal) au Centre national de totalisation. Ces données sont dûment cryptées au moyen de dispositifs technologiques qu’il est impossible d’altérer, de manipuler ou d’effacer.

Immédiatement, explique M. Theoktisto, la machine génère la feuille de décompte, imprimée sur un papier semblable à celui des machines des points de votes. « Sur ce papier sont imprimés les coordonnées du bureau de vote, le jour, l’heure, les différents codes de sécurité [pour éviter qu’ils ne soient supplantés par de fausses copies et qui sont uniques pour chaque bureau de vote], les votes pour chaque candidat, par organisation politique, le total des votes, les votes nuls, etc.

Ces informations, a-t-il ajouté, sont remises « à tous les témoins dûment accrédités des partis politiques ».

En outre, 50 % des bureaux de vote sont contrôlés de manière aléatoire selon une procédure appelée vérification citoyenne, qui corrobore la correspondance entre les résultats du vote figurant dans les procès-verbaux imprimés et les bulletins de vote déposés dans l’urne correspondante.

« En bref, toutes les organisations politiques qui ont accrédité leurs témoins ont, à l’heure actuelle, imprimé tous les procès verbaux dans chacun des plus de 30 000 bureaux de vote », a-t-il déclaré.

Theoktisto a souligné qu’il est absolument nécessaire de connaître en profondeur tous ces processus de vérification et de sauvegarde du vote, afin de maintenir intacte la crédibilité d’un organe aussi important pour la paix et la démocratie dans le pays que le CNE.

« Ce qui est important dans ce système électoral robuste, c’est qu’il existe au moins 30 000 copies exactes, imprimées sur papier, entre les mains des acteurs politiques, des résultats de chaque bureau de vote et des résultats de la vérification citoyenne (documentés dans un format séparé et remis aux témoins correspondants) d’environ la moitié de ces mêmes bureaux de vote. Il n’y a donc rien d’obscur dans tout cela. L’obscurité vient d’ailleurs », a-t-il conclu.

José NEGRÓN

Source : Sputnik - Traduction : Romain MIGUS

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