16 

Cuba : Qui est Raoul Castro ?





4 août 2006


Dans le flot de désinformation qui nous a accablé, les journalistes ont eu
du mal à expliquer qui était Raoul Castro. L’inévitable « expert » Machover,
et d’autres du même acabit, sont venus expliquer que Raoul ne "tiendrait"
rien, parce qu’il n’avait pas le charisme de son frère, que personne ne le
connaissait quasiment à Cuba. Machover, enterrant avant le temps Fidel, pour
la première fois lui rendait un hommage détourné : il reconnaissait
implicitement que Fidel ne tenait pas son peuple par la terreur mais par « 
le charisme ». Mais c’était pour mieux, une fois de plus, nous asséner
quelques contre vérités.


Le contexte des médias français :

Non seulement à Cuba on connaît Raoul, mais il n’a pas l’image que déjà on
lui bâtit ici, en suivant fidèlement la consigne du crétin assassin de la
Maison Blanche. Car de ce côté-là , aux Etats-Unis rien n’a bougé. Des voix
se sont élevées pour réclamer la fin du blocus. Rien de bien nouveau dans
cette demande : depuis des années il y a une majorité au Congrès pour exiger
l’assouplissement du blocus, des démocrates, mais aussi des républicains
issus des milieux d’affaire.

On ignore en France tout de Cuba, mais on ignore également ce qui se passe
aux Etats-Unis, la presse se contentant de diffuser la propagande de Miami,
des plus excités dont Machover et les autres « spécialistes » de Cuba sont
les représentants. Aux Etats-Unis, soit par conviction, soit par sens de
leurs intérêts bien compris, il existe une majorité de gens qui souhaitent
au moins l’assouplissement du blocus. Les noirs démocrates nord-américains,
par exemple se battent en faveur de Cuba, des églises protestantes, mais
aussi des Etats progressistes s’opposent au blocus. La mafia de la Floride,
(un mélange de gangsters, d’affairistes, et de stipendiés de la CIA, et de
terroristes qui ont sévi dans toute l’Amérique latine) tient cet Etat dont
le gouverneur est le frère de Bush, c’est « Miami vice ». Ils développent
une véritable hystérie anticubaine. C’est un des quatre Etats dont dépend l’élection présidentielle et on sait ce que Bush doit au contrôle exercé par cette
racaille. Notons encore qu’à l’intérieur même de l’Etat de Floride, il
existe désormais une opposition à cette mafia, chez les immigrés cubains
également, où des voix dénoncent le blocus.

Tout cela pour expliquer que notre presse française, la radio, la
télévision, ne parlent pas du point de vue des Etats-Unis, celui-ci est
nettement plus complexe et moins anti-cubain, non les médias français sont
la voix exclusive de la mafia de Miami, et ne laissent la parole qu’à 
celle-ci. Donc non contents de ne jamais s’intéresser aux 11 millions qui
vivent dans l’île, au profit d’une poignée de « dissidents » rémunérés par
le gouvernement des Etats-Unis
 [1] , mais ils se font les porte-voix
exclusifs d’un système, celui de l’Etat de Floride, dont les tenants ont été
mêlés à la plupart des mauvais coups (assassinat de Kennedy, Watergate,
tortionnaires d’Amérique latine comme Posada Carriles). Sans parler de
Robert Ménard (RSF) qui a lui-même reconnu recevoir des fonds des USA [2] , nous avons donc
une presse, radio, télévision, qui sur Cuba a choisi non seulement d’adopter
le point de vue de cette mafia, mais pratique la censure sur tout autre
point de vue, y compris celui venu des Etats-Unis. (Reporters Sans Frontières et les coups d’ Etats de Washington : le financement par l’ Institut Républicain International révélé, par Diana Barahona et Jeb Sprague.)


Résultat, vous êtes convaincus que Cuba appelle Fidel Castro, le lider
maximo. C’est une expression qui n’est jamais employée dans l’île, où l’on
parle du "commandente" ou plus normalement de Fidel. Cette expression vient
de Miami. Comme vous êtes tellement habitués à entendre parler du "régime
cubain" que cela vous paraît normal. Il n’y a rien d’innocent en ce qui
concerne Cuba, tout est propagande. Même la maison Blanche s’autointoxique
au point d’envisager comme mesures de la transition démocratique la
vaccination des écoliers cubains, alors que ceux-ci bénéficient de 14
vaccinations, et que le taux de mortalité infantile est meilleur en survie
que celui des Etats-Unis. Quand on suit ces gens-là on ne peut que se
tromper.

Ceci explique sans doute le degré de désinformation, les pronostics sans
cesse déjoués, de nos cubanologues des médias français. [3]Tout le monde
attendait le départ de Castro pour voir se déclancher à Cuba une guerre
civile, Fidel Castro, malade passe les pouvoirs dans le cadre prévu par la
constitution. Cuba reste paisible. Castro n’est pas mort, mais se considère
comme en situation temporaire de ne pouvoir assumer ses charges. Les Cubains
pensent majoritairement qu’il va s’en sortir et l’espèrent. Nos médias ne
savent plus comment interpréter ce calme, ils tournent en rond, font appel
exclusivement à leur pseudo-experts et nous ne saurons toujours pas ce qui
se passe à Cuba.

Bush a dit : pas question de revoir le blocus. Fidel Castro a passé le
pouvoir « à son frère, le gardien de prison ». C’est la ligne, nul doute qu’elle
va être reprise.

A Miami, les excités se donnent en spectacle et crient comme tous les
fascistes de leur espèce « Viva la muerte », on nous les présente comme le
« vrai » Cuba.

Donc personne en France ne sait qui est Raoul Castro, et que la passation
des pouvoirs est prévue par la Constitution cubaine, à la manière dont la
Constitution française en cas de vacance de la Présidence donne les pouvoirs
au Président du Sénat. Car Raoul n’est pas seulement « le frère » de Fidel,
il est un homme d’Etat, bien connu des Cubains et apprécié pour diverses
qualités.


Qui est Raoul Castro :

Raoul Castro fait dès la première heure de la Révolution partie du groupe
autour de Fidel, il y a le Che Guevara, Camille Cienfugos, et Raoul Castro.
C’est même lui qui à Mexico présente le Che à son frère. Il est vrai qu’il n’a
pas l’aspect flamboyant de son frère aîné, mais c’est un grand organisateur,
un révolutionnaire. On insiste souvent sur son « pragmatisme », en l’opposant
au caractère « visionnaire » de Fidel. Raoul Castro est aussi passionné par
la théorie, le débat d’idées, mais il est aussi celui qui traduit en fait,
en organisation les décisions et de ce fait éclaire la décision, y participe
pleinement.

Une anecdote courait à Cuba durant la période spéciale, une broma, une
plaisanterie : tout Cuba avait faim et maigrissait, un paysan restait replet
et visiblement en pleine forme. Raoul vient le voir et lui demande son
secret. « Je mange cette herbe » dit le paysan. Raoul l’a fait analyser et
lui trouve des qualités nutritives extraordinaires, il ordonne : « produisez
cette herbe en quantité et distribuez là aux Cubains ». Fidel intervient :
« Pas question d’y toucher, il faut la conserver en cas d’invasion et de
durcissement du blocus ».

Cette anecdote résume bien la manière dont les Cubains voient les deux
frères. Ils savent le rôle joué par Raoul dans la révolution. Non seulement
la manière dont il a créé de toute pièce une armée révolutionnaire, qui dès
cette époque non seulement a pour objectif de défendre l’île, mais d’assurer
par ses interventions actives une aide matérielle aux Cubains.

Comme me l’expliquait une amie après la maladie de Fidel, « Raoul alors que
tout le monde était dans les limbes et ne savait comment assurer la survie,
a pris les choses en main, il a défendu et imposé une mesure qui n’avait
rien d’évident, l’ouverture des marchés paysans où ces derniers portaient à 
la ville les produits de leur propre culture ». Cela a évité aux Cubains de
mourir d’inanition, et Fidel s’est rangé à cette idée qui lui déplaisait,
parce qu’il voyait bien que cela pouvait donner lieu à la naissance d’une
paysannerie enrichie et égoïste. Dans le même temps, Raoul a développé de
grandes fermes gérées par l’armée, encore aujourd’hui quand les prix ont
tendance à monter dans les marchés, l’armée intervient en proposant en
grande quantité des produits agricoles qui stabilisent les prix.

Mais le rôle de l’armée sous sa direction ne s’est pas limité là . Elle gère
directement des entreprises, en particulier dans le secteur touristique, et
elle met en place des méthodes de gestion qui sont transférées dans d’autres
secteurs. L’armée cubaine est la seule armée à s’autofinancer. Mais ce
laboratoire ne se limite pas à l’économie, Cuba cherche à créer un tourisme
écologique, respectueux de l’environnement, où l’on ne « bronzerait pas
idiot », c’est l’armée qui innove et dans le cadre de la restructuration
sucrière, des terres sucrières de la province de santa Clara sont ici l’objet
de l’innovation d’un tourisme écologique.

Les liens entre cette armée révolutionnaire et la puissante centrale
syndicale cubaine sont très forts. Quand j’avais fait mon enquête dans les
centrales sucrières, j’avais été frappée par l’existence de ces liens. Les
locaux syndicaux affichaient des portraits de Raoul, et les travailleurs du
sucre se considéraient comme en état de mobilisation en cas d’invasion. A
cette occasion j’avais découvert un autre maillage de la société cubaine que
celui que l’on peut percevoir dans les cercles intellectuels de la Havane.
Toutes mes enquêtes m’ont confirmé cette capacité organisationnelle, partant
des problèmes concrets affrontés par les Cubains, leur apportant des
réponses, des hommes et des femmes de terrain.

Raoul Castro ne s’oppose pas au caractère visionnaire de son aîné, il le
complète, l’assure, en mettant en oeuvre depuis toujours une organisation
révolutionnaire et populaire. Les Cubains connaissent ce travail mené par
Raoul et l’apprécient.Sans se désintéresser des relations internationales,
conduisant souvent des délégations d’étude en particulier en Chine, il agit
d’abord pour améliorer la situation à Cuba, renforcer la défense de l’île.

Si Fidel est une figure titanesque, un symbole de l’unité de Cuba, Raoul a
un réseau de fidélités, de confiance. L’image que l’on donne de lui d’homme
de l’ombre n’est pas exacte, il est chaleureux, vivant et par exemple aime
danser, faire la fête, alors que son aîné est plus austère, plus lointain.

La passation des pouvoirs est donc parfaitement constitutionnelle et de
surcroît elle correspond à l’état d’esprit de l’immense majorité des
Cubains. Qu’ils soient critiques ou non sur le système politique, et d’une
certaine manière ils le sont tous, y compris Fidel, il suffit de relire son
discours à l’Université du 17 novembre 2005, pour mesurer à quel point les
dirigeants et le peuple cubain ne cessent de dénoncer « ce qui ne va pas »,
tentent de le corriger, mais ils ont tous la volonté de résister à la
colonisation nord-américaine. Nommer celui qui dirige l’armée
révolutionnaire, dans ces heures où les Etats-Unis auraient pu tout tenter,
était donc parfaitement logique. Depuis plus de quarante ans Cuba subit une
guerre larvée, attentats terroristes, blocus, et propagande, il était donc
normal que l’armée révolutionnaire, celle qui repose sur la mobilisation
populaire soit à la tête du pays.

Les Cubains ont d’ailleurs fait la preuve de la force de cette mobilisation,
par leur tranquillité, partout les dirigeants, les responsables sont allés
expliquer que Fidel avait besoin de repos, qu’il comptait sur l’esprit de
responsabilité des Cubains et que la tâche essentielle était de préserver l’unité
du peuple cubain. Certes on n’a pas vu Raoul Castro à la télévision, ni
beaucoup de dirigeants, ils étaient tous en train de mouiller la chemise sur
les lieux de travail, au plus près des Cubains pour porter ces idées. De
toute manière depuis plusieurs mois, voir années la situation était prévue
et chaque Cubain savait ce qu’il avait à faire quels que soient les
événements.Dans un article récent intitulé "Que se passe-t-il à Cuba",
j’avais émis des hypothèses de ce type concernant "l’après-Castro", il me
semblent qu’elles se vérifient. Encore que nous ne soyons pas dans
"l’après-Castro", Fidel n’est pas mort, et la plupart des Cubains sont
convaincus "qu’il va s’en sortir" et que la seule question est de savoir
s’il aidera, conseillera ou reprendra les "rênes".

Même si Cuba n’est plus dominé par la monoculture sucrière, j’ai eu le
sentiment durant deux jours d’assister à une zafra, la coupe de la canne, c’est
une véritable guerre dont les brigades sont dirigées par un état major. Le
calme, la tranquillité cubaine qui a stupéfié tous les observateurs,
relevait de cette organisation dans laquelle depuis tant d’années Raoul
Castro joue un grand rôle.

La méconnaissance de Cuba est telle et le thème de la dictature si prégnant dans les esprits occidentaux, que les commentaires sont allés bon train sur ce que mettait en place Fidel pour lui succèder. Comme d’ailleurs les mêmes se sont interrogés sur l’absence d’Alarcon. C’est parce que ces commentateurs "avisés" ignorent le fonctionnement réel des institutions cubaines.

Cuba est un régime d’assemblée, depuis le niveau local jusqu’au niveau national, Fidel est élu comme Président par l’assemblée du pouvoir populaire dont il est un des élus par la base. Il n’a rien à déléguer à Alarcon qui est le Président de cette Assemblée Populaire et qui conserve ses pouvoirs. La présidence d’Alarcon a d’ailleurs donné beaucoup de relief à sa fonction et aux travaux de l’Assemblée.

Fidel ne délègue que ce qu’il a en charge, c’est-à -dire trois fonctions constitutionnelles, celle de Secrétaire du parti, celle de président du Conseil d’Etat et celle de commandant en chef de l’armée cubaine. Il les délègue à une seule personne prévue par l’article 94 de la Constitution qui est Raoul, lui même second dans toutes ses fonctions.

En outre Fidel a pris l’habitude de s’investir dans des domaines de travail spécifiques auxquels il donne une impulsion. En général ces domaines relèvent à la fois du National et de l’International. Il s’agit dans ce cas des trois domaines, l’énergie, l’éducation et la santé. Il demande à des responsables de travailler en collégialité pour surveiller la bonne marche de ces dossiers.

Donc il ne s’agit pas d’une sorte de comité de salut public qui prendrait en main les rênes de Cuba, mais bien de la poursuite du fonctionnement normal des institutions cubaines.

Mais pour savoir cela, il faudrait réellement s’intéresser au peuple cubain,
et pas seulement à la poignée de stipendiés des Etats-Unis et ne pas laisser
seulement la parole à leurs représentants dans les médias français.

Danielle Bleitrach


Pourquoi les arrestations à Cuba ? par Wayne Smith, ancien responsable la section des intérêts US à la Havane.


A LIRE : Les dernières mesures des USA contre Cuba, par Wayne S. Smith, juillet 2006.


Cuba : la plus grande muselière du monde, par Maxime Vivas.

L’avenir de la révolution est entre les mains de jeunes pompistes, par Richard Gott.




- Dessin : J.Kalvellido www.insurgente.org

[1Il ne s’agit pas d’affirmations gratuites, ainsi les récentes mesures
(juillet 2006) préconisées par Bush
pour resserrer le garrot du blocus et
financer la propagande anticubaine, dans l’île est à l’étranger (80 millions)
réservés à cet usage, désignent clairement les bénéficiaires, des gens comme
Osvaldo Paya, les dames en blanc, la fine fleur de la dissidence. Ces
derniers ont d’ailleurs protesté en affirmant : un que Miami détournait l’essentiel
des fonds qui leur était destiné, deux que cette désignation officielle les
décrédibilisait...

[3Cela n’atteint pas que Cuba, les errances de Paranagua le « 
spécialiste » de l’Amérique latine du Monde sont célébres. Il annonce qu’Evo
Morales est fâché avec Chavez et évitera Caracas au moment même où celui-ci
atterrit au Venezuela. Evidemment c’est la faute de Castro, qui décidemment
n’a qu’une obsession contrarier Paranagua, puisque c’est lui qui a convaincu
Evo. Où a-t-il pris son information ? Autre fait illustre, Paranagua
explique que Chavez met à mal la gauche latino, et casse le Mercosur, le
récent sommet de la fin juillet non seulement témoigne que Chavez, voir Evo
Morales intègre le Mercosur, mais que l’événement est la rupture du Blocus
et la présence de Fidel en est l’aspect le plus sensationnel...


COMMENTAIRES  

04/08/2006 16:49 par arlequin

j’attendais ton avis avec impatience, merci
Arlequin

05/08/2006 05:00 par Anonyme

RESPECTER LA SOUVERAINETE DE CUBA

Suite au communiqué de Fidel Castro concernant son état de santé et la délégation de ses pouvoirs, plusieurs hauts fonctionnaires des Etats-Unis se sont prononcés de manière de plus en plus explicite sur l’avenir immédiat de Cuba. Le Secrétaire d’Etat au Commerce, Carlos Gutierrez, déclara que « l’heure d’une véritable transition à une vraie démocratie avait sonné » et le porte-parole de la Maison blanche, Tony Snow, affirma que son gouvernement était « prêt et désireux d’apporter une assistance humanitaire, économique et de n’importe quel ordre au peuple de Cuba », ce qui vient d’être confirmé par le président Bush.

Déjà la « Commission pour un Cuba libre », présidée par la secrétaire d’Etat Condolezza Rice, avait souligné dans un rapport à la mi-juin « l’urgence d’agir aujourd’hui pour que la stratégie de succession du régime Castro ne puisse réussir » et le président Bush déclara que ce document « prouve que nous agissons activement en faveur d’un changement à Cuba et que nous ne nous contentons pas d’attendre que cela arrive ». Le Département d’Etat des Etats-Unis d’Amérique a annoncé que le plan comprenait un chapitre prévoyant des mesures qui resteraient secrètes « pour des raisons de sécurité nationale » et pour garantir « l’efficacité de leur application ».

Il n’est guère difficile d’imaginer le caractère de telles mesures et de « l’assistance » annoncée, si l’on se réfère à la militarisation de la politique extérieure de l’actuel gouvernement des Etats-Unis et à son intervention en Irak.

Face à cette menace croissante contre l’intégrité d’une nation et contre la paix et la sécurité en Amérique latine et sur l’ensemble de la planète, nous exigeons que le Gouvernement des Etats-Unis s’engage à respecter la souveraineté de Cuba. Nous devons à tout prix empêcher une nouvelle agression.

Pour la signature : soberania@porcuba.org

Les signataires :

06/08/2006 13:14 par Anonyme

Vous dites a chacun de vos intervenants qu’ils ont tort sur la situation de Cuba des qu’ils émettent une critique contre le régime de Castro.
Personnelement je ne crois pas du tout que la situation est exactement comme vous le dites. Il n y aurait pas eu des "évasions" par boats people si tel était le cas. Il n’y aurait pas cette nouvelle forme de tourisme sexuel dont Cuba semble etre a son tour victime. Il n’y aurait pas eu il me semble le procès ochoa.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Arnaldo_Ochoa
Il y a quand meme des opposants politique en prison, je pense a des poetes notament.
Alors non madame, votre situation de Cuba n’est pas La situation de Cuba. Vous ne voyez ou ne voulez voir que ce qui vous arrange un peu comme Georges Marchais parlait de l’URSS.
C’est pas parce qu’en face ce sont des salauds manicheens qu’il faut se comporter comme eux. Je trouve au contraire qu’on y perd beaucoup en crédibilité.
Harv

06/08/2006 14:58 par Anonyme

Ecoutez , je n’ai qu’une chose à vous répondre l ’URSS s’est effondrée, le parti de G.Marchais est devenu un groupuscule dont les discours font songer à ceux de Roccard... Cuba résiste et déjoue tous les pronostics, il doit bien y avoir quelque dfférence ne vous en déplaise !!!

autre chose, j’ai demandé au modérateur du site d’inscrire dans mon article un paragraphe que j’avais oublié. Je reviens d’une radio locale, où à la suite des questions fort pertinentes, en particulier sur Ochoa, mais il ne s’agit pas de cela, je me suis aperçue que j’avais oublié d’expliquer quelque chose d’essentiel dans le fonctionnement des institutions cubaines,voici donc le paragraphe :

La méconnaissance de Cuba est telle, et le thème de la dictature si prégnant dans les esprits occidentaux, que les commentaires sont allés bon train sur ce que mettait en place Fidel pour lui succèder. Comme d’ailleurs les mêmes se sont interrogés sur l’absence d’Alarcon. C’est parce que ces commentateurs "avisés" ignorent le fonctionnement réel des institutions cubaines.
Cuba est un régime d’assemblée, depuis le niveau local jusqu’au niveau national, Fidel est élu comme Président par l’assemblée du pouvoir populaire dont il est un des élus par la base. Il n’a rien à déléguer à Alarcon, qui est le Président de cette Assemblée Populaire et qui conserve ses pouvoirs. La présidence d’Alarcon a d’ailleurs donné beaucoup de relief à sa fonction et aux travaux de l’Assemblée.

Fidel ne délègue que ce qu’il a en charge, c’est-à -dire trois fonctions constitutionnelles, celle de Secrétaire du parti, celle de président du Conseil d’Etat et celle de commandant en chef de l’armée cubaine. Il les délègue provisoirement à une seule personne prévue par l’article 94 de la Constitution qui est Raoul, lui même second dans toutes ses fonctions.

En outre Fidel a pris l’habitude de s’investir dans des domaines de travail spécifiques auxquels il donne une impulsion. En général ces domaines relèvent à la fois du National et de l’International. Il s’agit dans ce cas des trois domaines, l’énergie, l’éducation et la santé. Il demande à des responsables de travailler en collégialité pour surveiller la bonne marche de ces dossiers.

Donc il ne s’agit pas d’une sorte de comité de salut public qui prendrait en main les rênes de Cuba, mais bien de la poursuite du fonctionnement normal des institutions cubaines.

06/08/2006 19:34 par Anonyme

voilà la lettre d’une amie que je viens de recevoir à l’instant, c’est une simple femme du peuple qui vit petitement, pension de veuve, petits travaux...
Elle m’écrit en espagnol, j’en conserve la saveur et j’espère que vous comprendrez ce qu’elle dit : ça en vaut la peine...

Querida Danielle,
Espero ya estes de regreso de tus vacciones con tu mama. Te escribo, para contarte un poco sobre tu familia cubana.
Te cuento, que el pueblo de Cuba esta muy tranquilo, y todos los cubanos con que he hablado, estan muy deseosos de que Fidel se recupere y vuelva a aparecer. Te hablo de cubanos de distintas ideologias tambien, pues no le desean mal a Fidel, todo lo contrario.
De la misma manera te digo, que los cubanos tambien confiamos en Raul. Las calles estan tranquilas, y yo diaria, que mas tranquilas que de constumbre, a pesar de ser un mes en que muchos estan de vacaciones. Nuestras vidas sigue igual que siempre, y yo agregaria, que con cierta tristeza por lo que le sucedió al Comandante. Aquà­ todo esta tranquilo, y la gran mayoria de los cubanos no tenemos dudas de que nuestra sociedad, a pesar de tantas dificultades aun no resueltas, y que nos hace la vida mas dificil, es la que queremos.
Ahora mismo, me pare en la ventana de nuestra casa, y veo jovenes haciendo competencia de carrera, o sea, preparando a esos jovenes para que algun dia representen a Cuba en competencia internacionales.
Te pido que cualquier duda que tengas, me escribas y me preguntes, no hagas caso a las tonterias que se habla. Se equivocaron una vez mas si pensaron que en Cuba habria un cambio cuando no estuviera Fidel dirigiendo el pais. La actitud de los cubanos ha sido la de apoyar la proclama que envio el Comandante a su pueblo, o sea, que hasta enfermo Fidel es util y se le quiere.
Cuidate mucho, te quiero,
Carmen

04/08/2006 20:53 par thierry BONHOMME

merci beaucoup danielle pour cette contribution qui nous livre, comme à ton accoutumée, un autre message. Etant moi même très proche des idées cubaines, j’ai cherché à envoyer un message de soutien au peuple cubain, voire à Fidel en faveur de son prompt rétablissement, en vain.Sais tu si l’envoi d’un message de soutien est possible ? Sinon, ne pourrait-on créer une pétition par internet ?

05/08/2006 04:59 par Anonyme

Une pétition circule demandant le respect de la souveraineté de Cuba. Si le modérateur le permet, je vais l’inscrire sur ce site.
Je pense qu’après un temps d’observation, et après avoir fait donner en France, en Europe en général, les grandes orgues d’une presse aux ordres, une campagne de ramollissement des cerveaux pour convaincre que Cuba était une "dictature", qu’il fallait libérer son peuple, les dirigeants des Etats-Unis et la mafia de Miami vont agir.
Je crois que les Cubains sont mobilisés, chacun d’eux sait où il doit se rendre et je suis frappé par le fait que beaucoup de mes amis m’annoncent que pendant quelques jours, ils ne seront plus là . Ils me parlent de vacances, et il est vrai que nous sommes en période estivale, mais se glissent des phrases du type : "nous avons les yeux fixés sur ceux d’en face"....Je n’ai pas d’information précise, mais la symbiose que j’ai acquise avec les Cubains me fait dire qu’ils sont en train de se préparer à toute éventualité et que les amis de Cuba doivent en faire autant.
Danielle Bleitrach

05/08/2006 09:56 par Anonyme

Et qui est Räul ...Rivero ?

Chere Danièle, votre vision du socialisme à Cuba est un peu paradisiaque.

Je comprends votre réaction contre l’assaut des anticastristes de Miami, de la Presse internationale. mais celà ne doit pas nous faire occulter la vérité, c’est un socialisme bien déformé que le socialisme Castriste.

En cette période d’agression verbale anticipant des actions plus musclées des ultra conservateurs siegeant à la maison blanche, mon soutien au peuple cubain est inconditionnel mais il ne me rend pas aveugle, votre Raäul est un vilain buraucrate ! et s’il présente un grand talent d’organisateur c’est celui d’intendant des prisons cubaines !

J’aime l’évolution de votre pensée quand elle prend un caractère réfléchi, spontané et indépendant (Cf votre position courageuse sur l’état d’Israel) je n’aime pas quand vous vous oubliez de vous débarrasser des derniers oripeaux de défunt Stalinisme.

Excusez la dureté du propos, bien Fraternellement

Bambuck

05/08/2006 20:28 par Anonyme

Je vous assure que vous vous trompez sur Cuba. Sur qui sont "les dissidents", et où avez-vous pris sinon dans la propagande habituelle vos références.

C’est moi l’esprit critique dans cette affaire et non celui qui respecte le dogme que l’on tente de lui inculquer. Il s’avère que l’on traduit DE MAL EMPIRE à Cuba, toute les nuits depuis des mois j’ai un dialogue avec la traductrice qui s’appelle Aurora et que je ne connaissais pas. Quand Fidel a eu son acident, le dialogue qui s’est instauré entre nous mériterait de vous être rapporté, il correspond à celui que j’ai eu au téléphone avec une amie très chère, une veuve qui vit petitement, et encore d’autres amis, tous m’ont répété les mêmes choses avec des mots différents : Fidel est vivant, il se bat contre la maladie et nous sommes à ses côtés comme nous l’avons toujours été,il vaincra, il a toujours vaincu. Mais l’être humain n’est pas éternel. Il nous demande d’être calmes, nous le serons. Ils ajoutaient : "quand les choses sont préparées de longue date, elles se passent bien, ne t’inquiète pas, nous sommes prêts.

J’aimerais vous passer tous ces courriels que j’ai conservé, vous verriez ce qu’est ce peuple.

Quant à Raoul, il s’avère que je connais bien son histoire, son entourage, des gens respectables, incorruptibles, travaillant nuit et jours pour le peuple cubain. Tenez je vais vous raconter une anecdote sur un de ses collaborateurs directs, un homme très connu à Cuba, un espèce de héros national. Un jour, c’était pendant la période spéciale, il me montre d’un air satisfait ses chaussures neuves. Elles étaient assez laides. Et il m’explique : Raoul m’a proposé de l’accompagner en Chine. je lui ai répondu :"je n’ai pas de chaussures, les miennes sont trouées." Alors Raoul m’a dit "le comité central va te payer une paire de chaussures pour la délégation".

Cuba sait comment vivent ses dirigeants et les estime pour cela. Il sait comment ils se tuent au travail pour résoudre les problèmes. Il est trés exigeant. Croyez-moi vous ne connaissez pas les Cubains, et je le regrette. Tous ceux qui découvrent ce peuple en sont bouleversés. Je vais envoyer sur ce site la lettre que m’a écrite un ami français qui vit depuis 35 ans à la Havane, il répondait à un de mes cris face à la propagande : "j’ai honte pour mon pays", il y a répondu en disant tout ce que je ne saurais dire. Et si le modérateur est d’accord j’inscris cette lettre sur le site. Peut-être trouvera-t-il les mots pour vous convaincre que vous vous trompez..

Danielle Bleitrach

* * *

Voici le texte de J.F.Bonaldi, qui vit depuis 35 ans à Cuba, et qui est marié avec une Cubaine. C’est un ami. Danielle Bleitrach.

La Havane, le 3 août 2006

Chère Danielle

Comme toujours, tu dis juste et vrai, et je te suis. Sauf dans ton titre : « J’ai honte pour mon pays. » Dieu merci, ceux que tu vilipendes avec force raison - la « classe politique » et les médias - NE SONT PAS la France. Moi qui ai le chauvinisme gaulois bien en veilleuse et le cocorico pas mal enroué, parce que je m’identifie avec orgueil depuis maintenant trente-cinq ans à cette Révolution sur laquelle les abonnés à la pensé unique déversent des tombereaux d’immondices ordurières et d’imbécillités prétentieuses, il ne me viendrait jamais à l’idée de penser que ces « choses-là  » auxquelles tu t’en prends sont la France. Le peu qu’il me reste au fond des os du pays qu’a honoré René Char s’identifie à bien d’autres réalités qu’à des politiciens pour qui la politique et le politique, loin d’être comme ici un service d’utilité publique pour lequel on ne touche rien, ne servent qu’à se donner quelque notoriété fugace, voire tout bonnement à s’en mettre plein les poches, et à des médias aux mains de marchands de canons, s’abreuvant tous à des sources polluées et se croyant pourtant « libres » !

Tu sais, au fond, c’est un peu comme dans le fameux conte indien au sujet des aveugles et de l’éléphant, et tu es en fin de compte trop injuste : comment peux-tu demander à des pygmées de reconnaître - même sans être aveugles, bien qu’ils le soient de toute évidence - un géant ? Ou au nanisme moral de découvrir la grandeur et de se découvrir devant elle... ? Nous sommes sur deux planètes différentes, vois-tu ?

Tiens, dans Le Monde d’aujourd’hui, jeudi 3 août 2006 (je ne le prends qu’à titre d’exemple pour tous les autres, ou presque), tu auras sans doute eu l’occasion de t’indigner. Que titre en effet ce journal prétendument objectif et se voulant l’aliment médiatique d’une certaine classe intellectuelle, après n’avoir rien dit hier au sujet de ce qu’il se passe ici : « A Cuba, les dissidents anticastristes, terrés chez eux, s’inquiètent de l’avenir ». Je n’ai pas déroulé l’article, mais je suis quasiment sûr qu’il est signé de l’ineffable Paranagua, devenu grand spécialiste ès Amérique latine et supplétifs cubains, ou alors de son correspondant à Saint-Domingue (serait-ce qu’il n’a trouvé personne, et ce ne serait que justice, pour assurer la correspondance dans l’île ?)... A quoi bon en effet perdre mon temps à lire un ramassis de clichés, de sornettes, d’analyses (si tant est qu’on puisse les qualifier de ça) ou plutôt d’approches qui donnent toujours à côté de la plaque et dont la plupart sont puisées dans les dépêches des quatre ou cinq agences de presse vraiment internationales (ce qui explique pourquoi tu retrouves dans les différents pays quasiment les mêmes manchettes !). Ainsi donc, ce qui intéresse Le Monde, encore une fois, ce sont cinquante supplétifs des Etats-Unis, et non onze millions de Cubains ! Que les lecteurs aient peut-être souhaité savoir ce que pensait la population cubaine - les autres, les supplétifs, pensent anglais, ou plutôt étasunien - ne semble même effleurer l’esprit des responsables du journal. Les millions de Cubains en faveur de leur Révolution qui leur a donné ici cette dignité dont justement les faits français crient toute la carence là -bas, les millions de Cubains inquiets à juste titre, d’un bout à l’autre de l’île, pour la santé de Fidel à qui ils vouent, n’en déplaisent aux imbéciles et aux ignares - à qui nous vouons, ici et ailleurs - des sentiments filiaux en raison de tout ce qu’il représente pour la nation et de la manière dont il sait leur être proche, ces millions de patriotes-là n’intéressent pas les faiseurs d’opinion.

D’ailleurs, sais-tu, je pensais que Le Monde n’allait plus rien publier sur Cuba dans la mesure où ici « il ne s’est rien passé ». Mais j’avais oublié qu’il lui fallait donner, comme à son habitude, la parole aux supplétifs de l’Empire. Car il est évident que si la presse internationale s’est précipitée sur la nouvelle de la passation provisoire de ses pouvoirs par Fidel, c’est parce que, d’une part, elle a fait comme s’il était déjà mort et enterré (les nécros insérées dans les articles de tous les journaux et dont on sait qu’elles sont prêtes depuis longtemps au cas où en disaient là sur les espoirs secret de la presse de l’« impensée unique » qui aura pris une fois de plus ses désirs pour des réalités, et avec elle la classe politicarde), et d’autre part, parce que tous ces tristes faiseurs-avaleurs de balivernes étaient persuadés que le peuple cubain allait se soulever comme un seul homme contre l’affreux tyran qui l’asservit depuis quarante-sept ans (un chiffre constamment réitéré), que des émeutes, voire un soulèvement généralisé allaient s’ensuivre, que le pays allait sombrer dans la guerre civile. Bref, qu’il allait enfin « se passer quelque chose ». Puis, comme il ne s’est rien passé, que donc ce peuple cubain était décidément trop veau de ne pas saisir l’occasion de se débarrasser du « régime communiste » et de s’avancer en marche triomphale vers ce néolibéralisme que les supplétifs appellent précisément de leurs voeux, alors, la presse style moulins à prière a dit : à quoi bon tenter d’aider ce peuple, et elle a cliqué pour fermer le dossier Cuba sur ses ordinateurs.

Il n’y a que les médiocres de là -bas pour croire qu’il puisse être gênant de vivre à l’ombre d’un personnage qui est d’ores et déjà entré dans l’Histoire et que les Cubains n’ont qu’une seule envie : être présidés par un Aznar, un Berlusconi, un Blair ou un Chirac (ou demain par quelqu’un au nom de syndrome médical), pis encore par un Bush, j’en passe, bref par un de ces nains qui ne cessent de voir le jour sous ces « régimes » ! Un cas exemplaire d’auto-intoxication...

En fait, on a revécu un peu le scénario de janvier-février 1990 quand on a vu soudain débarquer ici des meutes de journalistes et reporters et opérateurs tout d’un coup intéressés par Cuba : ces messieurs-dames avaient été dépêchés par leurs employeurs pour assister aux premières loges à l’effondrement - enfin ! - du « castrisme » (je te rappelle que celui de Ceaucescu, avec battage médiatique truqué à la clef, datait de décembre 1989). Et puis, comme « il ne s’est rien passé », que le « castrisme » est toujours vivant, et bien vivant seize ans après, les employeurs ont rappelé leurs troupes rentrées tristement à domicile sans le moindre papier intéressant à se mettre sous les rotatives...

Parce qu’au fond, cette presse de l’impensée unique ne s’intéresse qu’aux catastrophes, comme les charognards à la chair en décomposition ! Aborder la Révolution cubaine dans son quotidien, se pencher sur le petit peuple qui la soutient (et non aux supplétifs qui émargent grassement à la Maison-Blanche), analyser le « phénomène » d’un peuple et d’une Révolution qui résistent au déferlement du néo-libéralisme et de la civilisation du fric et de la « réussite » avant tout, qui inventent de nouveaux chemins de coexistence et de rapport entre les peuples et les gouvernements, qui écrivent au jour le jour une nouvelle manière d’envisager la société et le politique, quel intérêt cela peut-il bien avoir ! Lire - je ne dis même pas : analyser - les idées d’un révolutionnaire d’une stature historique constamment en marge des sentiers battus et des clichés éculés, d’un homme qui, contrairement à tant d’autres (mais sans doute est-ce pour cela, entre autres raisons, qu’il suscite des haines si irraisonnées), a maintenu intactes ses convictions de toujours, refuse - et son peuple avec lui - de sacrifier sur l’autel d’une conception de la société qui exclurait à jamais à titre d’utopie la justice sociale et l’égalité, où il y aurait forcément des gueux et des millionnaires, parce que ce serait censément écrit de toute éternité, à quoi bon ? Pourquoi perdre son temps à ça ?

Et c’est justement parce que les médias de l’impensée unique et les classes politiciennes avec elles ne font jamais cet effort-là (et j’y vois d’ailleurs un fort relent de colonialisme mental : qu’est-ce que c’est que cette île des Caraïbes qui se mêle de nous faire la leçon et de nous faire croire qu’il y a d’autres moyens de vivre en société et de concevoir le politique, qui vient nous narguer du fond de sa pauvreté en dépêchant, par exemple, des dizaines de milliers de médecins sauver des vies là où personne ne va jamais, alors que, de tout temps, on le sait, les îles antillaises n’ont été bonnes qu’à produire des plages où bronzer idiot, des mulâtresses de feu et d’autres choses exotiques de ce genre, nous donner des leçons à nous qui avons inventé la théorie de Montesquieu et la manière définitive d’organiser à jamais le pouvoir) qu’ils tombent toujours à faux. Et ne comprennent jamais rien à cette Révolution cubaine.

Les derniers événements cubains n’ont pas fait d’ailleurs que la preuve de l’indigence intellectuelle, voire de la stupidité tout court, des faiseurs d’opinion (médias et politicards confondus) en Occident, avec leur vision trotte-menu de la réalité de l’île, leur carence d’analyse un tant soit peu sérieuse de la société cubaine, de l’organisation de son pouvoir, de la pensée réelle de ceux qui travaillent et bâtissent au jour le jour un édifice sans doute guère ressemblant à ceux des autres rues du monde mais valant quand même la peine d’une visite sérieuse. Non, ils ont aussi fait la preuve de la médiocrité morale de ces messieurs qui n’ont d’yeux que pour leur nombril.

Et là , alors oui, Danielle, Dieu qu’ils sont petits ! Et bas ! Tiens, tu vois, il y a une France après laquelle je languis : celle du « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ». Autrement dit, celle du panache face à l’adversaire. Mais à l’heure où, sans que la fameuse « communauté internationale », autrement dit les quelques grandes puissances ayant droit à la parole et à l’action, s’en émeuve plus que d’une guigne, l’on massacre des enfants par bombes dites intelligentes larguées depuis des avions volant à dix mètres d’altitude ou lancées depuis des canons placés à des dizaine de kilomètres, sans le moindre remords de conscience (bah, ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment), comment demander un zeste de décence dans le combat ? Quand tu constates que la seule réaction à ce jour de l’Union européenne à l’opération de Fidel a été celle d’un porte-parole de je ne sais plus quelle instance de pouvoir (il y en a tant qu’on s’y perd) qui, dans un style berlusconien (pour ne pas dire : à la Pepone), a souhaité un prompt rétablissement « à Castro et à la démocratie », tu te dis que la classe politique est vraiment, comme chantait Brassens, « tombée bien bas bien bas »... Tu me diras : c’est un Italien. Oui, mais les réactions perçues dans un pays qui se vante d’avoir été la mère de la diplomatie dans le monde, dont la langue a été durant longtemps dans ce domaine véhiculaire, ne volent guère plus haut. Au règne de la médiocratie, où la noblesse pourrait-elle fleurir ? Sur ce fumier-là , ne pousse que l’inélégance.

La grandeur, la noblesse, elle est du côté de ceux qui, comme Fidel se batte pour la justice sociale et un monde un peu mieux partagé en vie et en bien-être. Et, derrière lui, et avec lui, et devant lui, le peuple cubain qui a de la dignité à revendre aux médiocres de là -bas et sans qui cette Révolution n’aura jamais pu tenir debout si longtemps face à d’aussi terribles menaces. Un peuple et un « régime » dont les valeurs politiques et sociales sont incompréhensibles pour les cerveaux ratatinés de là -bas, mais se croyant pourtant au premier rang de la « modernité ».

Non, Danielle, un politicard de parti et un journal payé par un marchand de canons ou de bière ne pourront jamais rien comprendre aux idées politiques et sociales de Fidel, non seulement pour la bonne raison qu’ils ne les connaissent pas, qu’ils ne savent de Cuba et de son peuple et de sa Révolution que les clichés « langue de bois » qu’on leur serine à longueur de journée et de vie (ce qui ne les empêchent pas, bien entendu, de donner leur opinion urbi et orbi), mais aussi parce que, compte tenu des fameuses « miasmes morbides » où ils ne cessent d’évoluer, l’air pur - autrement dit les valeurs politiques, morales et sociales sous-tendant la Révolution cubaine (qui sont celles avant tout de Fidel) - leur serait irrespirable !

Laisse donc tes politiciens et journalistes patauger dans la fange. Ils n’ont après tout que le terrain qu’ils méritent. Mais garde-toi bien de leurs éclaboussures, parce qu’ils s’agitent beaucoup.

Le panache, ce mot si français qu’il en est intraduisible, a émigré ici, à Cuba. Et Fidel le porte au plus haut ! Comme le font les géants.

Jacques-François Bonaldi (La Havane)
jadorise@ifrance.com...

08/08/2006 17:25 par Marc Lasvigne

Je souhaitais rebondir sur les discussions qui ont suivi la publication de cet article et après avoir visionné le programme d’Arte intitulé "Castro" diffusé hier à 22h15. La présentation du programme sur le site Internet d’Arte laissait présumer la teneur du documentaire :

"Le 13 août, le dictateur cubain, au pouvoir depuis 1959, fêtera ses 80 ans. Avec un peu d’avance, ARTE se penche sur l’un des plus anciens leaders communistes au monde, que le magazine Forbes classe désormais dans les grandes fortunes.

Comment s’effectuera la succession de Castro ? Que se cache-t-il derrière le vernis touristique de Cuba ? Comment survivent les habitants de l’île ? Entre archives et reportage, une rétrospective en forme de bilan.
Alors que les enfants des écoles cubaines continuent d’apprendre à vanter les mérites du "Lider Maximo", les défenseurs des droits de l’homme dénoncent les détentions d’opposants, voire les exécutions, qui se multiplient sans procès depuis plusieurs années. L’État fournit aux citoyens les denrées de première nécessité, mais avec l’effondrement du bloc communiste, les salaires et le niveau de vie des habitants ont chuté dramatiquement depuis le début des années 90. L’industrie touristique, avec laquelle Fidel Castro a conclu des compromis étonnants comme celui d’accepter le dollar comme seconde monnaie du pays -, ne bénéficie pas vraiment à la masse des Cubains. La nomenklatura, elle, s’enrichit, à commencer par son presque octogénaire numéro 1. La population commence par ailleurs à s’interroger sur l’après-Fidel, d’autant que son frère Raùl, peu populaire, a été désigné pour lui succéder..."

Tout d’abord quelques réactions sur le document :

Il s’inscrit dans la droite ligne de la propagande dominante mais m’apparaît d’autant plus pernicieux qu’il joue, dans une certaine mesure, la carte de l’objectivité, cela étant accrédité par le fait qu’Arte diffuse des programmes culturels apparemment plus indépendants.

Il est donc vrai que ce documentaire a présenté certains aspects positifs de la société cubaine : accès à l’éducation, à la santé, absence de malnutrition, etc. On a nous a expliqué que Fidel bénéficiait d’un large soutien des Cubains, qu’il était proche d’eux, qu’il ne s’est pas enrichi personnellement (contrairement à la présentation faite ci-dessus), etc.

Mais la ligne du programme ne laissait planer aucun doute : Castro est un méchant dictateur doté d’un certain génie politique ! En effet, malgré ces aspects positifs disséminés sans cohérence tout au long du sujet et surtout en en minimisant l’importance , le ton du narrateur devenait beaucoup plus grave pour marteler des : "Castro déteste son peuple", "les médecins cubains offrent leurs services aux étrangers fortunés", "le taux de suicide dans les prisons cubaines est le plus important d’Amérique Latine", etc.

Donc comment s’étonner, et là je suis tout à fait en phase avec vos propos Danielle et ceux de votre ami français vivant à Cuba, de l’incapacité des masses endoctrinées à franchir ces barrières idéologiques établies, en ce qui concerne Cuba, depuis plus de 40 ans ? Comment peuvent-ils imaginer la profusion galopante des mécanismes perniceux qui endoctrinent les consciences en créant l’illusion d’une liberté d’opinion ? Je reprends la superbe citation de Chomsky (auteur que j’affectionne particulièrement) présente sur le site de Cuba Solidarity Project : "La façon intelligente de maintenir la passivité des gens, c’est de limiter strictement l’éventail des opinions acceptables, mais en permettant un débat vif à l’intérieur de cet éventail - et même d’encourager des opinions plus critiques et dissidentes. Cela donne aux gens l’impression d’être libres de leurs pensées, alors qu’en fait, à tout instant, les présuppositions du système sont renforcées par les limites posées au débat."

Ces barrières annihilent en fait tout réel esprit critique et force est d’en reconnaître l’efficacité. Comment aurait-il pu en être autrement alors que, même si nous sommes aujourd’hui à l’heure d’Internet, la majorité des opinions se sont forgés et se forgent encore à travers quelques organes de presse et de télévision étroitement controlés.

Je souhaitais donc réagir sur la difficulté de convaincre et de briser ces barrières . J’en fais maintenant l’expérience depuis que je baigne dans le monde de l’information alternative et marginale (la seule qui vaille à mon goût car non liée au grand capital). Cette expérience ne concerne pas seulement la question cubaine car je m’intéresse beaucoup à la politique africaine de la France depuis la "décolonisation" des années 50-60, et dans le royaume français de l’information biaisée, ce sujet est roi...

Il s’agit donc de libérer les consciences de cette pieuvre médiatico-politico-économique et c’est un travail de très longue haleine. L’impunité des criminels - chefs d’orchestre de ce contrôle massif - à l’égard de la minorité consciente donne la mesure du chemin qui reste à parcourir.

Le fait suivant est tout de même une énormité qui ne fait pas grand bruit : les régimes les plus sanguinaires et tortionnaires du 20 ème siècle, responsables des pires atrocités ont pratiquement tous bénéficié du soutien d’une grande puissance. On mesure le décalage lorsque celle-ci étale sans vergogne son attachement au droit de l’homme dans le monde virtuel de la désinformation.

Citons par exemple les dictatures africaines soutenues par la France et celles d’Amérique latine soutenues par les Etats-Unis : Ahidjo et Biya (Cameroun), Habré et Déby (Tchad), Eyadéma, père et fils (Togo), le gouvernement génocidaire du Rwanda, Omar Bongo (Gabon), Mobutu (Zaïre), Pinochet (Chili), Videla (Argentine), Somoza (Nicaragua), Noriega (Panama), Romero (Salavador), Stroessner (Paraguay),Banzer (Bolivie)...
Leur bilan macabre s’élève à plusieurs millions de morts.

Alors quand on a la plus petite conscience de ce que recouvre ces "affinités", pour certaines actuelles, les motivations de cette obstination anticastriste prennent un autre sens : prêter allégeance à l’idéologie US et faire rentrer Cuba dans le rang certes, mais aussi créer l’illusion d’un attachement aux droits de l’homme et détourner l’attention des violations des droits de l’homme perpétrées dans les régimes inféodés.

Quant au régime cubain, je pense que c’est un exemple à suivre à plus d’un titre pour construire un monde meilleur. Fidel a certainement ses défauts, s’accroche peut-être trop au pouvoir, est peut-être trop sévère dans certaines condamnations (?) et arcqueboutés sur certaines positions (?) mais il force le respect pour tout ceux qui connaîssent un tant soit peu l’histoire de la révolution cubaine (de 1956 à nos jours) et ses prémices. Je suis convaincu de son humanisme.

08/08/2006 20:15 par Anonyme

Décryptage et analyse bien utile, merci.

23/08/2006 14:33 par Eliecer Goncalvez

Cher monsieur Bonaldi, je vous félicite pour la qualité de votre intervention. je l’ai envoyée par email à quelques amis au pays (il y en a qui ont des pc, quoi qu’on en dise...), et après avoir bien rigolé (ces gens là ne sont pas sérieux, c’est bien connu...) ils m’ont demandé quel poste vous pouviez bien occuper à Cuba pour avoir une connaissance aussi exacte du pays. J’avoue que moi-même je ne me serai pas permis de demander... mais tout de même... si vous pouviez m’éclairer sur ce point...
Cordialement,
Eliecer.

07/08/2006 08:26 par Jacques-François Bonaldi

Cher Bambuck

Comment pouvez-vous offrir un "soutien inconditionnel" au peuple cubain et juger en même temps que le socialisme cubain s’est dévoyé et ne correspond guère au socialisme ? Comme si le "peuple cubain" était une chose et le "socialisme cubain" une autre ! Soyez logique. Est-ce à dire que vous soutenez inconditionnellement le peuple cubain si celui-ci se débarrasse de ce socialisme dévoyé où l’on trouve des gens aussi exécrables à vos yeux qu’un Raúl Castro ? Le peuple cubain n’existe justement en tant que peuple cubain, autrement dit en tant que porteur de dignité nationale et d’indépendance, que par ce socialisme qu’il défend maintenant depuis cinquante ans et dont il ne semble pas si déçu que vous l’êtes vous, sans doute à partir de raisons puissamment théoriques ou à partir (ce qui me semble le plus juste) de la vision que vous met dans le crâne l’impensée unique. Juste une petite question : connaissez-vous Cuba personnellement ? Et une autre : c’est quoi exactement le socialisme ? Quant aux exemples que vous avancez pour retirer à la Revolution le soutien que vous accordez à son peuple, il est très facile de démontrer ce que ce sont de faux exemples, mais cela me prendrait trop de temps.

Jacques-François Bonaldi (La Havane)

jadorise@ifrance.com

12/08/2006 19:38 par Anonyme

Cher Monsieur Castaldi

Ma position est bien argumentée dans l’article suivant ni sectaire, ni "naif" :

http://www.lariposte.com/article.php3?id_article=220

L’article a probablement été influencé par Celia Hart membre du PC cubain et fille du révolutionnaire Hart.

Il est assez complet bien qu’il occulte la période stalinienne du PC cubain dont l’une des outrances amena Castro à soutenir l’intervention en Tchéco en 1968.

Or ma jeunesse a été influencé par le coup d’état au Chili mais aussi l’immolation par le feu de Ian Palach qui s’est auto immolé et enfin par la grève de la faim de Bobby Sand.

Cuba pays à l’économie nationalisée OUI sous la pression du peuple, pays socialiste NON car pas de controle du pouvoir politique, défense inconditionnelles OUI car il s’agit de défendre les acquis sociaux de la révolution cubaine.

Enfin Cuba pays géopolitIquement intéressant car pouvant faire le lien avec la vague de fond en amérique latine qui se traduit par l’élection de gvt de gauche certes plus ou moins sociaux démocrates mais d’où peuvent émerger à tout moment des tendances révolutionnaires.

Quel plaisir aurai je à voir un jour une confédération socialiste des pays d’Amerique du sud et de Cuba. Il n’est pas interdit de rêver !

Danielle, vous voyez, je ne suis pas vraiment influencé par la propagande officielle.

Bien amicalement

Bambuck

NB Je ne suis pas membre de la Riposte.

(Commentaires désactivés)