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Cuba : continuité et transformations

photo : Raoul Castro avec le Che

Réunis ce dimanche 24 février en leur première séssion de la septième législature, les 614 députés de l’Assemblée du Pouvoir populaire de Cuba ont désigné Raoul Castro pour succéder au dirigeant de la révolution cubaine, Fidel Castro, à la présidence du Conseil d’Etat.

Nous sommes devant un processus à la fois de continuité en particulier en tout ce qui concerne la patrie socialiste, l’indépendance nationale mais aussi de réformes. Il témoigne de la volonté des Cubains eux-mêmes de maîtriser dans la souveraineté la transition non seulement de Fidel à d’autres dirigeants, et à des institutions rénovées mais d’une génération à une autre. Ce qui implique des transformations (1).

D’autres doivent intervenir dans le cadre du dépassement de la "période spéciale" pour aller en particulier vers une gestion plus efficiente ce qu’annonçait déjà le discours du 26 juillet 2007 de Raoul Castro.

Comme nous l’avons analysé dans notre livre (2) c’est cette capacité à opérer des rectifications tout en maintenant le cap sur l’indépendance nationale et le choix socialiste qui caractérise Cuba. On retrouve cette volonté de continuité et de transformation aussi bien dans ce qui sera le programme du travail de la Nouvelle Assemblée et du Conseil d’Etat que dans la tentative de renouveler celui-ci à 41,9 % de ses membres. Le Conseil d’Etat comprend déjà des hommes jeunes à côté de dirigeants historiques, il s’ouvre à une nouvelle génération et à des femmes au nombre de 13.

Le passage du témoin

Raoul qui a dirigé l’assemblée jusqu’à l’annonce de son élection a assuré que continuera « à se renforcer la révolution en un moment qui exige d’être dialectiques et créateurs comme nous l’a conseillé le compagnon Fidel »

Dans son discours de clôture de la session, le nouveau président du Conseil d’État et du Conseil des ministres a déclaré : « Le mandat du peuple à cette législature est clair : continuer de consolider la Révolution dans un moment historique qui nous exige d’être à la fois dialectiques et imaginatifs, comme nous l’a demandé le camarade Fidel Castro dans son importante réflexion du 14 janvier ».

Raul a ensuite fait allusion aux expectatives qui se sont créés, à Cuba comme à l’étranger, autour de la composition du Conseil d’État que vient d’élire l’Assemblée. « La principale incertitude a été dissipée par le camarade Fidel dans son message du 18 février. Je peux ajouter à ce qu’il a exprimé, que je remercie notre peuple, au nom de la direction de la Révolution, pour les innombrables témoignages de sérénité, de maturité, de confiance, ainsi que la conjugaison de sentiments authentiques de tristesse et de fermeté révolutionnaire ».

«  J’assume la responsabilité qui m’a été confiée avec la conviction, comme je l’ai maintes fois répété, que le commandant en chef de la Révolution est unique. Fidel est Fidel, comme nous le savons bien, Fidel est irremplaçable et le peuple poursuivra son oeuvre quand il ne sera plus physiquement présent. Cependant, ses idées seront éternellement présentes, ses idées qui nous ont permis d’élever le bastion de dignité et de justice que représente notre pays. Seul le Parti communiste, garant de l’unité de la nation cubaine, peut être le digne héritier de la confiance que le peuple a mise en son leader. Le Parti est la force dirigeante supérieure de la société et de l’État, comme l’établit le chapitre 5 de notre Constitution, adoptée en référendum par exactement 97,7% des votants. Cette conviction revêtira une importance particulière lorsque, en vertu d’une loi naturelle de la vie, la génération qui a fondé et forgé la Révolution ne sera plus », a-t-il dit.

L’ex-vice président du Conseil d’Etat a demandé à l’Assemblée l’autorisation pour continuer à consulter le dirigeant de la Révolution, Fidel Castro, dans les décisions les plus importantes en ce qui concerne le pays, spécialement les sujets comme la défense, la politique extérieure et le développement socioéconomique. Proposition qui fut acceptée par la majorité absolue des 614 députés.

«  Je suis sur d’exprimer le sentiment de notre peuple, en sollicitant de cette Assemblée comme organe supérieur du pouvoir du peuple, que sur les décisions d’une spéciale importance pour le futur de la nation, il me soit permis de continuer à consulter le dirigeant de la révolution, le compagnon Fidel Castro Ruz » a dit Raoul au milieu des applaudissement des parlementaires.

Un Conseil d’Etat rénové

Dans une consultation par vote direct et secret, les députés du parlement ont élu aussi le premier vice président du Pays et les cinq autres vice-présidents.

Comme premier vice président du Conseil ,d’Etat et du Conseil des Ministre a été élu José Ramón Machado Ventura, qui à partir de ce moment deviendra vice président du conseil d’etat.

Juan Almeida Bosque, Julio Casas Regueiro, Esteban Lazo Hernández, Carlos Lage Dávila y Abelardo Colomé Ibarra, sont vicepresidentes del Consejo de Estado, en outre José Miguel Miyar Barrueco continura comme secrétaire.

Sont maintenus au Conseil d’etat José Ramón Balaguer Cabrera, Ramiro Valdés Menéndez, Pedro Saez Montejo, Luà­s Herrera Martà­nez, Iris Betancourt Téllez, Roberto Fernández Retamar, Francisco Soberón Valdés, Felipe Pérez Roque, Carlos Valenciaga Dà­az y Orlando Lugo Fonte.

Le Conseil D’etat a expérimenté une rénovation de 41,9pour cent de ses membres et admet 13 nouveaux membres parmi lesquels Yolanda Ferrer Gómez, Salvador Valdés Mesa, Juan José Rabilero Fonseca, Julio Martà­nez Ramà­rez y Marà­a del Carmen Concepción González.(3)

Raul annonce des premières mesures pour les prochaines semaines

« Nous nous devons d’être plus efficaces dans la gestion de notre gouvernement », a dit Raul Castro plus loin.

Il a annoncé qu’en vertu de l’article 75 de la Constitution, l’Assemblée avait décidé de considérer question de la composition du gouvernement lors d’une prochaine session, ce qu’il a qualifié de « décision sage et opportune, car il ne s’agit pas uniquement de nominations, mais de déterminer les changements qui doivent être introduits dans le système d’organismes de l’administration centrale de l’État, ce qui demande un peu plus de temps ».

Raul a fait remarquer que le panorama national et international a considérablement changé, si bien qu’à l’heure actuelle il nous faut une structure plus compacte et fonctionnelle, avec un nombre plus restreint d’organismes de l’administration centrale de l’État et une meilleure distribution des fonctions qu’ils doivent remplir.

Il a expliqué que ce pas permettra de diminuer l’énorme quantité de réunions, coordinations, autorisations, conciliations, dispositions, règlements, circulaires, etc., et de concentrer certaines activités économiques décisives qui aujourd’hui sont dispersées dans plusieurs organismes, ainsi que de procéder à une meilleure utilisation des cadres.(1)

Les transformations économiques

« En résumé, il nous faut rendre plus efficiente la gestion de notre gouvernement », a-t-il souligné.

Faisant allusion aux échanges d’opinions divergentes provoquées par son discours du 26 juillet à Camagüey, il a signalé : « Il ne faut pas avoir peur des divergences dans une société comme la nôtre, au sein de laquelle il n’existe pas de contradictions antagoniques, où les classes sociales qui la composent ne sont pas antagoniques. Des échanges de vues divergents et approfondies naissent les meilleures solutions si on est mu par des objectifs sains et les critères sont versés avec responsabilité ».

« Les devins internationaux de la mort de la Révolution ont essayé de tirer profit des critiques suscitées pendant l’étude et la réflexion de mon discours du 26 juillet à Camagüey, sans comprendre qu’il s’agissait d’un débat critique au sein du socialisme. C’est ce qu’ont largement confirmé, quelques mois plus tard, les résultats de nos élections qui se sont achevées le 20 janvier. »

Il a signalé que « nous avons pris note des déclarations offensives et ouvertement ingérencistes de l’empire et de certains de leurs plus proches alliés. Comme il fallait s’y attendre, le Département d’État s’est hâté d’annoncer la poursuite du blocus, conformément à la politique de l’actuelle administration. D’autres, avec des propos plus nuancés persistent à conditionner les relations avec Cuba à un processus de « transition » destiné à détruire l’oeuvre de tant d’années de lutte. Comme ils connaissent mal notre peuple, si fier de sa pleine indépendance et de sa pleine souveraineté ! ».

En ce qui concerne les difficultés internes que traverse le pays, Raul a précisé que les priorités et le rythme des solutions dépendront des ressources disponibles et de l’analyse approfondie, rationnelle et collégiale à laquelle procèderont les organes compétents du Parti, de l’État et du gouvernement. « Il y a des questions dont l’analyse demande du temps, car une erreur provoquée par l’improvisation, la superficialité ou la précipitation pourrait avoir des conséquences négatives considérables », a-t-il dit.

Il a insisté sur l’importance de la discipline et sur le fait que la priorité sera axée sur la satisfaction des besoins élémentaires de la population, des besoins aussi bien matériels que spirituels, en accord avec le renforcement soutenu de l’économie nationale et de sa base productive.

« Nous allons également étudier le phénomène de la double monnaie dans l’économie. Afin d’éviter les effets traumatisants et les incongruités, il faut avoir une perspective intégrale et tenir compte, entre autres facteurs, du système des salaires, des prix du détail, des gratuités et des subsides millionnaires qu’impliquent actuellement de nombreux services et produits distribués d’une manière égalitaire, comme ceux de la carte de rationnement qui dans les conditions actuelles de notre économie sont irrationnels et insoutenables.

« J’ai parlé en décembre de l’excès de prohibitions et de régulations, et dans les prochaines semaines nous commenceront à éliminer les plus simples. Au début, beaucoup d’entre elles avaient pour but d’éviter l’apparition de nouvelles inégalités, à un moment de pénurie généralisée.

Même si cela peut paraître simple, la suppression d’autres régulations prendra encore du temps car elle demande une étude intégrale et des changements de certaines normatives juridiques, et certaines d’entre elles ont été adoptées en réponse aux mesures prises contre notre pays par les différentes administrations des Etats-Unis », a signalé Raul Castro.

Danielle Bleitrach

(1) Dans notre livre nous soulignons le fait que si Fidel est un "fondateur de république" , ce type d’homme peint par Machiavel et que l’on trouve aux Etats-unis avec Washington ou Napoléon en France, la sagesse est de ne pas leur chercher de successeur mais de mettre en place des institutions qui permettront de poursuivre leur oeuvre. C’est que ne cesse d’affirmer Raoul Castro et il est probable que nous allons avoir une toute nouvelle manière de gérer Cuba. pour donner un exemple que nous empruntons à notre livre, de par sa Constitution Cuba est un régime d’assemblées, de par la personnalité de Fidel on avait abouti à une sorte de présidentialisation ou plutôt de domaines réservés que Fidel investissait avec son énorme puissance de travail, son autorité et toute une équipe de spécialistes. les Cubains reconnaissent qu’il savaient pratiquer cela en écoutant et en tenant compte des avis des assemblées, mais il craignaient qu’un successeur n’entraîne Cuba vers une présidentialisation, un régime de caudillo. Le rôle de Raoul est d’opérer aussi cette transition institutionnelle.

(2) Danielle bleitrach, J.F.Bonaldi avec la collaboration de Nicole Amphoux, Cuba, Fidel et le Che ou l’aventure du socialisme, Le temps des cerises, mars 2008

(2)TeleSUR / sb - SB
http://www.telesurtv.net/secciones/noticias/nota/index.php?ckl=24754#


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