à lvaro Uribe Vélez, Président de la Colombie.
Le Monde Diplomatique, dimanche 13 janvier 2008.
Libérations en Colombie.
La médiation réussie du président vénézuélien Hugo Chávez et la libération, le 10 janvier, par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), de deux de leurs otages civils " Consuelo González et Clara Rojas (plus, indirectement, le fils de cette dernière, Emmanuel, né en captivité) " prouvent, s’il en était besoin, qu’un échange humanitaire est possible en Colombie pour peu que cette guérilla paysanne dispose d’un interlocuteur. Une quarantaine de ses otages et prisonniers pourraient bénéficier d’un tel échange, parmi lesquels la Franco-colombienne Ingrid Betancourt, si le gouvernement colombien acceptait le principe d’une négociation. En échange, les FARC demandent la libération d’environ 500 guérilleros (dont la remise en liberté ne changerait en rien la nature et l’issue du conflit armé).
Une première tentative de libération, à laquelle s’étaient associés de nombreux pays " des représentants des gouvernements bolivien, brésilien, cubain, équatorien, français, de même que l’ex-président argentin Nestor Kirchner y participaient ", avait été torpillée par le président Alvaro Uribe, le 31 décembre 2007.
C’est à la demande de la sénatrice colombienne Piedad Cordoba et des familles des prisonniers (policiers et militaires) et otages (civils) que le président Chávez s’est engagé dans cette médiation. Depuis l’incontestable succès du chef d’Etat vénézuélien, qui irrite Bogotá, Washington et d’innombrables éditorialistes acquis à leurs thèses, le gouvernement colombien a annoncé qu’il tenait pour closes les tentatives de médiation internationale.
Les familles des prisonniers et otages, de même que les représentants de certains pays - dont le président français Nicolas Sarkozy -, souhaitent au contraire que ces médiations se poursuivent. Et, comme l’a fait Mme Consuelo González au moment de sa libération, demandent au président Chávez « de ne pas baisser les bras ».
Ces libérations, et l’espoir de futures remises en liberté, ne doivent pas faire oublier le sort tragique, totalement occulté, des Colombiens victimes d’un terrorisme d’Etat dont le président Alvaro Uribe est l’un des acteurs principaux.
Ainsi, le 23 décembre 2007, dans la communauté de paix de San José Apartadó, Maria Margarita Giraldo Usuga, après avoir été torturée, a été assassinée par l’armée. Dans cette même communauté, Alfonso de Jesus Bedoya Florez a subi un sort similaire le 31 août ; de même que, le 13 juillet, Dairo Torres, victime de paramilitaires. En février 2005, ce sont cinquante soldats de la XVIIe Brigade, agissant avec des paramilitaires, qui y ont massacré sept paysans parmi lesquels trois enfants (dont deux furent décapités).
On rappellera que des trente et un mille paramilitaires, « démobilisés » et amnistiés de fait par le président Uribe, nombreux sont ceux qui ont repris leurs activités. Bien peu sont ceux qui, à partir de ce constat, demandent des comptes à M. Uribe. Il est plus facile de disserter à l’infini sur le « rôle ambigu » de M. Chávez…
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Le Monde Diplomatique dossier Colombie www.monde-diplomatique.fr
Emmanuel, l’enfant colombien, ou le karma de l’Union Patriotique, par Numancia Martànez Poggi.
Libération des prisonniers en Colombie : lettre Ouverte au Président Sarkozy, par James Petras.
Il n’est pas (encore) trop tard : Lisez la biographie d’à lvaro Uribe Vélez, Président de la Colombie, M Poggi Numancia.
A LIRE ++ : Les Insurgés colombiens prêts au dialogue, par Numancia Martànez Poggi.
Etat, paramilitarisme et oppositions armées en Colombie : les enjeux d’un échange humanitaire à haut risque, par Maurice Lemoine.
Colombie : Faits et chiffres sur la violence et le terrorisme, par Garry Leech.
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La Colombie face à l’empire aujourd’hui, par Alberto Pinzón Sánchez.
La Colombie d’Ingrid Betancourt, par Maurice Lemoine.