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Thème : Colombie

Colombie : Quelques défis du président colombien Gustavo Petro

Hernando CALVO OSPINA

Entretien avec Hernando Calvo Ospina, réalisé par Marleen Bosmans et Marc Vandepitte.

DeWereldMorgen : Comment expliquez-vous que Gustavo Petro, un homme politique de gauche, ait été élu président l'année dernière dans un pays comme la Colombie, gouverné par la droite depuis plus de 200 ans ? Hernando Calvo Ospina : La victoire électorale de Gustavo Petro n'est pas un événement isolé, ni le résultat de sa seule personne, ni de son organisation politique, mais le résultat de plusieurs processus, le principal étant les manifestations populaires fortes et massives qui ont eu lieu dans plusieurs villes du pays au cours des trois années précédant les élections. De telles manifestations n'avaient pas eu lieu en Colombie depuis 1971 et ont été générées spontanément par la pauvreté et la marginalisation sociale. Malheureusement, sans direction politique. La Colombie est un pays de grandes villes et ces mobilisations ont réveillé la majorité des Colombiens, y compris une partie de la classe moyenne. Auparavant, la lutte se déroulait dans les campagnes, menée par la (…) Lire la suite »
Depuis que la Colombie se nomme Colombie, elle n’a jamais connu de dignité, de souveraineté et encore moins de paix.

La Colombie, vieil allié stratégique de Washington-OTAN

Hernando CALVO OSPINA

Une fois adoptés, les statuts de l'OEA et du TIAR furent imposés par les Etats-Unis et formèrent le cadre idéologique et opérationnel de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, l'OTAN, créée le 4 avril 1949...

Les armes s’étaient à peine tues dans l'Europe ravagée par la Seconde Guerre mondiale ; l'Armée Rouge soviétique commençait tout juste son retour au pays après avoir affronté, poursuivi et écrasé les troupes hitlériennes à Berlin même ; et déjà un autre terrible danger pour l'humanité se profilait depuis Washington. Son armée n'était entrée en guerre que lorsque le drapeau rouge, au marteau et à la faucille, commençait à flotter sur les camps de concentration libérés. Washington avait été témoin du courage et de la détermination soviétiques dans la guerre, et voyait maintenant cet ennemi idéologique ressurgir d’entre les décombres. Les États-Unis n’avaient donc pas de temps à perdre pour prendre possession de ce monde meurtri. L'une de leurs priorités fut d’établir leur domination sur ce qu'ils appelaient leur "arrière-cour", c’est-à-dire toute l'Amérique latine et la Caraïbe, une région qui n'avait pas souffert directement de l'horreur de la guerre. À cette fin, le président (…) Lire la suite »
« j’ai enterré ma vie »

Colombie : Daniel Mendoza Leal avocat dissident réfugié en France

Samuel CLAUZIER
De la veille au lendemain, un entretien accordé suite à un improbable concours de circonstances. L’opportunité de cet échange s’est présentée d’elle-même, durant une rencontre avec la communauté franco-colombienne de Montpellier. « Daniel est dans le coin, il serait disponible pour une interview ». Une brève recherche sur ce personnage inconnu dans l’Hexagone, symbole de la résistance en Colombie, s’impose. Daniel Mendoza Leal, avocat et journaliste exilé en France, quelques papiers dans Le Parisien, des centaines de milliers d’abonnés sur Twitter... Et la série-documentaire « Matarife » qui révèle la responsabilité criminelle de l’ancien président Alvaro Uribe Velez dans la guerre souterraine qui ensanglante la Colombie depuis trois décennies. Des révélations qui semblaient presque annoncer la mobilisation populaire qui se déroule actuellement de l’autre côté de l’Atlantique. C’est par caméras interposées qu’on se rencontre. Pas tellement à cause du (…) Lire la suite »

Venezuela : Le prochain objectif militaire des États-Unis en Amérique Latine

Tony López R.
Plusieurs choses indiquent que les États-Unis et leurs alliés, la Colombie et le Brésil, s’apprêtent à déchaîner une opération militaire contre le Venezuela sous prétexte que son président, Nicolas Maduro Moros, serait l’un des grands responsables du trafic de drogues et du terrorisme dans la région. C’est à dire en répétant le même argument criminel qu’ils ont utilisé pour envahir le Panamá et arrêter le général Manuel Antonio Noriega, une opération qui a provoqué la mort de plus de 10 000 innocents et l’effroyable bombardement du quartier de Chorrillo et d’autres secteurs de la capitale du pays. Pour justifier cela et présenter un témoignage important contre le président Maduro, les services spéciaux étasuniens ont monté une opération contre le diplomate vénézuélien Alex Saab. Alors qu’Alex Saab se rendait en Iran sur un vol privé pour acheter des médicaments et des aliments pour le Venezuela, il a été arrêté illégalement sur l’île africaine du Cap Vert pendant que son avion (…) Lire la suite »

Qui veut la peau du gouverneur Caicedo ?

Maurice LEMOINE
Il s’appelait Esteban Mosquera. Vingt-six ans. Symbole des luttes sociales en Colombie. La brutale répression des manifestations étudiantes de 2018 par l’Escadron mobile anti-émeutes (Esmad) lui avait coûté un œil. Durant la longue mobilisation du « paro nacional », du 28 avril à fin juillet 2021 (70 morts), il demeura un acteur de premier rang de la contestation [1]. Le 23 août, Mosquera a été assassiné par des paramilitaires à Popayán. La mort de Mosquera passerait presque inaperçue. Bien d’autres ont subi le même sort. Johan Bonilla Bermúdez, 26 ans, l’un des leaders des manifestants de la« Primera Línea » (la première ligne) à Cali en 2021.Jesús Gutiérrez, lui aussi meneur des contestataires et pilier du Conseil d’action communal d’El Plateado, à Argelia (Cauca), disparu le 21 août, retrouvé mort le 25. Carlos Londoño Bautista, professeur à Fuente de Oro, membre de l’Association des éducateurs du Meta. María Dorfenis López Cordón, du Syndicat des travailleurs indépendants (…) Lire la suite »

La Colombie [sans Ingrid ni Pablo] – Un récit de voyage

Cédric Rutter
On ne peut pas évoquer la Colombie sans penser à Ingrid Betancourt ou à Pablo Escobar. Pourtant, les interlocuteurs rencontrés par Cédric Rutter au cours de son voyage n’ont jamais parlé d’eux. Ce pays ne se limite pas au trafic de drogue et à la guérilla des Farc. Cette zone stratégique et magnifique, porte de l’Amérique du sud entre deux océans, abrite des communautés et des individus en demande de paix dans une démocratie fragile. Ils ont tant à enseigner et à dire. L’auteur les a écoutés et nous transmet leurs messages pour faire tomber les stéréotypes d’un pays méconnu et inciter les lecteurs à la solidarité. Cédric Rutter a parcouru la Colombie durant 5 semaines en compagnie d’humanitaires et de travailleurs sociaux à la rencontre de communautés et d’individus. Le résultat : des témoignages sur un pays méconnu accompagnés de dizaines de photographies pour documenter la vie dans une Colombie en conflit depuis des dizaines d’années. « En Colombie, vous pouvez voir des (…) Lire la suite »
Colombie

Guerre totale contre le mouvement social

Maurice LEMOINE

« Si un peuple sort pour manifester au milieu d’une pandémie, c’est parce que le gouvernement est plus dangereux que le virus. » Sous cette forme ou sous une autre, ce slogan figurait sur d’innombrables pancartes, panneaux et banderoles quand, le 28 avril, dans les rues de Bogotá, Cali, Medellín, Pereira, Manizales, Neiva ou Pasto, des flots de manifestants ont commencé à se déverser.

Une indignation majuscule portait les participants : trois jours auparavant, le gouvernement avait annoncé sa nouvelle... « Loi de solidarité durable » (ou « soutenable », selon les traductions). C’était la meilleure, celle-là ! Préparée par le ministre des Finances, un néolibéral orthodoxe, Alberto Carrasquilla, cette réforme fiscale entendait recouvrer 6,3 milliards de dollars afin de réduire un déficit fiscal que la catastrophe sanitaire a considérablement aggravé. Soit. Mais en tapant essentiellement sur les classes moyennes et les milieux populaires. Coup pas trop élégant, on en conviendra. Surtout quand, au milieu des cris d’alarme des hôpitaux débordés, le pays subissait la troisième vague de la pandémie. « Solidaire », une loi faisant passer la TVA (IVA en espagnol) de 5 % à 19 % sur des produits comme l’essence ou, depuis les aliments jusqu’aux vêtements, les biens de première nécessité ? « Soutenable » l’augmentation de la taxe sur les services publics, dont l’eau, le (…) Lire la suite »

La disparition forcée est une pratique du terrorisme d’État : la police colombienne a fait disparaitre des centaines de personnes en un mois

Cecilia ZAMUDIO
L’artiste colombien Cizañero a réalisé ce dessin suite à l’apparition, dans un sac, de latête coupée d’un jeune homme que la police colombienne avait fait disparaitre il y a quelques jours. Plusieurs corps de manifestants qui ont été arrêtés -et que la police colombienne a fait disparaitre- ont commencé à apparaître, flottant sur les rivières de Colombie et dans des fosses clandestines. La Colombie subit une brutale répression d’État. Le peuple colombien est en grève générale depuis plus d’un mois au niveau national, pour protester contre l’exploitation et le pillage capitalistes. Une grève que la classe bourgeoise et le capitalisme transnational prétendent stopper par la répression exercée par l’État colombien. La police procède à des milliers d’arrestations pour tenter d’étouffer la contestation sociale. Les forces répressives capturent les manifestants et vont même dans les maisons pour kidnapper les jeunes : ou pour les poursuivre en justice sous les montages judiciaires (…) Lire la suite »
Comprendre la situation en Colombie

D’où vient et où va la Colombie ?

Romain MIGUS

D’insoutenables violences submergent la Colombie. L’armée, la police, et des groupes paramilitaires assassinent le peuple colombien impunément. Les Colombiens crient leur désespoir et leur rage en espérant que leur réalité transcende les frontières. Cela dure depuis longtemps, très longtemps, trop longtemps. Depuis la trahison de Simon Bolivar par Francisco de Paula Santander, au XIXe siècle, l’oligarchie colombienne n’a eu de cesse d’étouffer avec zèle toutes les velléités de révolte populaire. Une situation qui a pris une tournure encore plus tragique avec l’assassinat de Jorge Eliecer Gaitan en 1948, évènement fondateur d’une guerre sans répit contre le peuple. Comment se fait-il qu’une chape de plomb médiatique et politique ait, depuis au moins 60 ans, couvert les cris de souffrance de ce peuple opprimé ?

Ce qui se déroule désormais sous nos yeux n’est que le dernier épisode d’une guerre de classe (et devrait-on aussi ajouter de la guerre d’indépendance initiée il y a 200 ans) dont la recrudescence correspond à l’arrivée d’un secteur mafieux dans les arcanes du pouvoir. Qu’est-ce que l’uribisme ? L’uribisme est le système mis en place par l’ancien président Alvaro Uribe Velez et une partie de l’oligarchie foncière avant même leur accès au pouvoir en 2002. Ce système est une excroissance narco-mafieuse de la guerre civile qui dévore le pays depuis plusieurs décennies. Originaire d’un secteur de propriétaires ruraux qui s’est développé aux côtés des narcotrafiquants, l’uribisme forme une communauté d’intérêt avec l’oligarchie traditionnelle et la bourgeoisie industrielle tout en préservant un développement autonome. Élu en 2002 dans le contexte de la guerre civile qui déchire le pays entre l’État colombien épaulé par des milices paramilitaires, et les guérillas des Farcs et (…) Lire la suite »

Cali, Colombie. Les nazis sont parmi nous !

Gérard FENOY

La répression d’une violence inédite qui s’abat sur les participants à la grève nationale commencée le 28 avril indigne tous les amis de la Colombie et de l’Amérique Latine : les autorités reconnaissent une trentaine de morts ; les ONG des Droits Humains annoncent plusieurs centaines de disparitions, des milliers de blessés, des viols dans les casernes, le vol à grande échelle des téléphones portables, sacs à main et autres pièces d’identité etc.

Ce que nous appelons en France des « bavures policières » est devenu en Colombie le nec plus ultra de la stratégie anti-manifestation. Des motos sans immatriculation tirent dans la foule et disparaissent dans la plus totale impunité ; des étudiants sont tabassés sans pitié à un contre quatre ; on remarque comme au Chili des blessés éborgnés ; impossible de savoir où se trouvent les étudiantes arrêtées... Bref une stratégie de la terreur. Les Forces Armées et la Police colombiennes ont osé mettre en pratique les théories d’Alexis Lopez, officiellement invité à une série de conférences par l’État-major il y a quelques semaines. Le point de départ en est la « Revolucion molecular disipada » (Révolution moléculaire dissipée), qui expliquerait la multiplicité des protestations : au lieu d’avoir plusieurs fronts de guérillas, l’opposition au gouvernement démocratiquement élu organiserait dans toutes les villes, les quartiers et les villages des défilés contre les autorités. Pas (…) Lire la suite »