Carloslatuff
The Electronic Intifada, 26 juin 2007.
Le boycott de l’Autorité Palestinienne par Israël et la communauté internationale leur a finalement sauté au visage avec la récente et sanglante prise de contrôle de Gaza par le Hamas.
C’est du moins le raisonnement de Gideon Lévy, une des voix les plus sensées qui se puissent encore trouver en Israël. « Affamer, assécher et bloquer l’aide ne flétrit pas les consciences ni n’affaiblit les mouvements politiques. Au contraire... La réalité a réfuté le choeur des experts et des commentateurs qui prêchaient la politique de boycott. L’idée stupide qu’il est possible de faire tomber un gouvernement élu en exerçant des pressions sur une population impuissante a essuyé un échec complet. »
Mais Lévy se serait-il trompé ? Les visages de politiciens israéliens et américains, y compris ceux d’Ehoud Olmert et George W. Bush, ne paraissent nullement assombris. Au contraire. Au cours de la quinzaine écoulée, on les a vus et entendus plus satisfaits d’eux-mêmes que jamais.
Le problème avec l’analyse de Lévy est qu’elle suppose qu’Israël et les Etats-Unis attendaient des sanctions qu’elles conduisent à la chute du Hamas, soit en amenant le Fatah à prendre le dessus au point de pouvoir donner le coup de grâce au gouvernement palestinien, soit en poussant des Palestiniens ordinaires à se soulever et à exiger que leur précédent choix électoral soit inversé et que le Fatah soit réinstallé. Bref, Lévy, comme la plupart des observateurs, présume que la politique visait à imposer un changement de régime.
Et si tel n’était pas le but des sanctions ? Dans ce cas, quels objectifs Israël et les Etats-Unis ont-ils poursuivis ?
Le parallèle entre l’Irak et Gaza peut être instructif. Après tout, l’Irak est la seule autre expérience occidentale de sanctions appliquées pour affamer une nation. Et nous savons tous où cela a conduit : à un ancrage encore plus profond du pouvoir de Saddam Hussein.
Il est vrai que les circonstances diffèrent, en Irak et à Gaza : la plupart des Irakiens voulaient le départ de Saddam sans avoir les moyens d’opérer un changement, tandis que la plupart des Gazaouis voulaient la participation du Hamas et l’a amenée en votant pour lui aux élections de l’année dernière. Il se peut néanmoins que les Etats-Unis et Israël aient tiré un enseignement différent de l’expérience des sanctions en Irak.
De manière intentionnelle ou non, les sanctions se sont révélées un instrument très efficace dans la destruction des liens internes qui faisaient tenir ensemble la société irakienne. La misère et la faim sont de puissantes incitations à s’en prendre à son voisin aussi bien qu’à son ennemi. Une société dans laquelle les ressources - nourriture, médicaments, eau et électricité - viennent à manquer est aussi une société où chacun pense à soi. C’est une société qui, avec un petit coup de pouce, peut facilement être amenée à se déchirer.
Et c’est précisément ce que les Américains ont commencé à manigancer après leur invasion « shock and awe » (choc et effroi) de 2003. Contrairement aux précédentes interventions américaines à l’étranger, Saddam n’a pas été renversé pour être remplacé par un autre homme fort - davantage du goût de l’Occident. Au lieu d’un changement de régime, nous avons eu droit à un renversement de régime. Ou comme l’a exprimé Daniel Pipes, un des idéologues néoconservateurs de l’attaque contre l’Irak, le but était « limité à la destruction de la tyrannie, sans parrainer son remplacement... S’occuper de l’Irak n’est ni de la responsabilité de la coalition, ni son fardeau. »
A la place de Saddam, les Américains ont créé un abri sûr connu sous le nom de Zone Verte, à partir duquel leur régime d’occupation peut vaguement maintenir l’ordre dans le pays et superviser le vol du pétrole irakien, tout en regardant tranquillement la spirale d’une guerre civile sectaire entre les populations sunnite et chiite échapper à tout contrôle et décimer la population irakienne.
Qu’espérait accomplir Washington ? Pipes en offre un indice : « Lorsque des terroristes sunnites visent des Chiites et vice-versa, les non-musulmans [autrement dit les forces américaines d’occupation et leurs alliés] risquent moins d’être atteints. Bref, une guerre civile en Irak constituerait une tragédie humanitaire mais pas stratégique. » En d’autres termes, il était préférable de rendre possible une guerre civile en Irak plutôt que de permettre aux Irakiens de s’unir et d’organiser une résistance efficace à l’occupation américaine. Après tout, les morts irakiens - au moins 650.000 selon le dernier décompte réaliste - sont pour ainsi dire sans valeur, alors que la vie des soldats américains se paie par des motions appelant au retour à la maison.
Pour la cabale néocon qui se cache derrière l’invasion de l’Irak, une guerre civile semblait offrir deux résultats avantageux.
Tout d’abord, elle érodait la solidarité entre Irakiens ordinaires, épuisant leurs énergies et les rendant moins susceptibles de rejoindre ou de soutenir la résistance à l’occupation. L’insurrection est restée la source d’une terrible irritation pour les forces américaines mais sans constituer le coup fatal que cela aurait été si Sunnites et Chiites avaient combattu côte à côte. Résultat : le vol des ressources irakiennes a été facilité.
Deuxièmement, à long terme, une guerre civile rend inévitable un lent processus de partition communautaire et de nettoyage ethnique. Quatre millions d’Irakiens auraient été contraints de quitter le pays ou de fuir leurs maisons. L’Irak est en cours de morcellement en petits fiefs ethniques et religieux qu’il sera plus commode de gérer et de manipuler.
Est-ce là le modèle pour Gaza maintenant et plus tard pour la Cisjordanie ?
Il vaut la peine de rappeler que ni Israël ni les Etats-Unis n’ont poussé à un allègement des sanctions contre l’Autorité Palestinienne après la formation, au début de cette année, du gouvernement d’unité nationale du Hamas et du Fatah. En fait les Etats-Unis et Israël ont eu bien de la peine à cacher leur panique devant ce développement. L’accord de la Mecque sitôt signé, les comptes-rendus des efforts investis par les Etats-Unis dans l’entraînement et l’armement des forces armées du Fatah fidèles au Président Mahmoud Abbas ont fait la matière principale des journaux.
Le soutien américain au Fatah ainsi que des arrestations continuelles de parlementaires du Hamas en Cisjordanie ont eu pour effet cumulé d’amener les relations déjà tendues entre Hamas et Fatah au point de rupture. Lorsque le Hamas a appris qu’encouragés par les Etats-Unis, le chef de la sécurité d’Abbas, Mohammed Dahlan, préparait un coup de force contre lui à Gaza, il a tiré le premier.
Le Fatah a-t-il réellement cru pouvoir lancer un coup de force à Gaza, étant donnée l’évidente faiblesse de ses forces là -bas, ou bien la rumeur d’un possible coup de force par le Fatah n’était-elle guère plus qu’un effet imprimé par les Etats-Unis et Israël, destiné à miner la confiance du Hamas à l’égard du Fatah et à perdre le gouvernement d’unité ? Abbas et Dahlan espéraient-ils vraiment renverser le Hamas, ou étaient-ils les idiots utiles dont les Etats-Unis et Israël avaient besoin ? Voilà des questions qui pourraient avoir à être tranchées par les historiens.
Mais comme les empreintes digitales d’Elliot Abrams, l’un des néocons ayant la plus grande longévité au sein de l’administration Bush, se retrouvent en tous points de cet épisode, nous pouvons présumer que ce que Washington et Israël projettent pour les Palestiniens aura de fortes similitudes avec ce qui a été entrepris en Irak.
En manigançant la destruction du gouvernement d’unité, Israël et les Etats-Unis se sont assurés qu’il n’y aurait pas de risque d’émergence d’un nouveau consensus palestinien, du genre à pouvoir acculer Israël à des pourparlers de paix. Un gouvernement d’unité aurait pu trouver une formule offrant à Israël :
- une reconnaissance limitée à l’intérieur des frontières d’avant 1967 en échange de la reconnaissance d’un Etat palestinien et de l’intégrité territoriale de la Cisjordanie et de Gaza ;
- un cessez-le-feu à long terme en échange de la cessation par Israël de sa campagne de violence constante et de violations incessantes de la souveraineté palestinienne ;
- et un engagement à honorer les accords passés en échange de quoi Israël se conformerait aux résolutions de l’ONU et accepterait une solution juste pour les réfugiés palestiniens.
Après des décennies de mauvaise foi israélienne et de rancoeur croissante entre Fatah et Hamas, les chances de trouver un terrain d’entente pour faire une telle proposition auraient, il faut le reconnaître, été minces. Mais aujourd’hui elles sont inexistantes.
C’est exactement ce que veut Israël, parce qu’il na aucun intérêt à des pourparlers de paix sérieux avec les Palestiniens ni à un accord définitif. Israël entend seulement imposer des solutions conformes à ses intérêts qui sont de s’assurer le maximum de terres pour un Etat exclusivement juif et d’abandonner les Palestiniens à un tel degré de faiblesse et de division qu’ils ne seront jamais en mesure d’opposer un défi sérieux aux diktats d’Israël.
Au lieu de quoi, le triste pouvoir du Hamas sur le camp de prisonniers appelé Gaza et le gouvernement corrompu du Fatah sur les ghettos appelés Cisjordanie offrent à Israël et aux Etats-Unis un modèle plus satisfaisant - et assez semblable à l’Irak. Quelque chose comme le diviser pour régner du shérif dans le Far West.
Tout comme en Irak, Israël et les Etats-Unis se sont assurés qu’aucun homme fort palestinien ne se lève pour remplacer Yasser Arafat. Tout comme en Irak, ils encouragent la guerre civile comme alternative à une résistance à l’occupation, tandis que les ressources de la Palestine - de la terre et non du pétrole - sont volées. Tout comme en Irak, ils provoquent une partition permanente et irréversible, dans ce cas-ci entre la Cisjordanie et Gaza, afin de créer des ghettos territoriaux plus commodes à régir. Et tout comme en Irak, la réaction probable du côté des Palestiniens est un extrémisme encore plus grand qui minera leur cause aux yeux de la communauté internationale.
Où cela mènera-t-il les Palestiniens ?
Israël tire déjà les ficelles du Fatah avec une nouvelle habileté depuis l’humiliation subie par celui-ci à Gaza. Abbas jouit à présent des largesses d’Israël pour son régime corrompu de Cisjordanie, dont la décision de libérer une part substantielle des 700 millions de dollars de taxes dues aux Palestiniens (y compris ceux de Gaza, bien sûr) et retenues par Israël depuis des années. D’après les médias israéliens, le prix en a été l’engagement pris par Abbas de ne pas envisager un retour au sein d’un gouvernement d’unité avec le Hamas.
Le but sera d’amener les tensions entre le Hamas et le Fatah au point de rupture en Cisjordanie mais en s’assurant la victoire du Fatah dans cette confrontation-là . Le Fatah est déjà plus fort militairement et, avec le généreux parrainage d’Israël et des Etats-Unis - comprenant de l’armement, de l’entraînement et le possible retour de la Brigade Badr actuellement terrée en Jordanie - il devrait être en mesure de mettre le Hamas en déroute. Désirée depuis si longtemps par Israël, la différence de statut entre Gaza et la Cisjordanie, sera alors complète.
Le peuple palestinien a déjà été morcelé en une multitude de circonscriptions. Il y a les Palestiniens sous occupation, ceux qui vivent comme citoyens israéliens de seconde classe, ceux qui sont autorisés à rester « résidents » de Jérusalem et ceux qui sont dispersés dans des camps à travers le Proche-Orient. Même à l’intérieur de ces groupes, il y a une foule de sous-identités : réfugiés et non réfugiés ; réfugiés inclus parmi les citoyens de leur pays d’accueil et ceux qui sont exclus ; Palestiniens occupés vivant sous le contrôle de l’Autorité Palestinienne et ceux qui vivent sous gouvernement militaire israélien ; et ainsi de suite.
Israël a maintenant bétonné la division peut-être la plus significative de toutes : l’absolue et irréversible séparation de Gaza et de la Cisjordanie. Ce qui s’applique à l’un ne sera plus vrai pour l’autre. Chacun sera un cas séparé ; leurs destins ne seront plus liés. L’un sera le Hamastan, comme les Israéliens aiment à l’appeler, et l’autre le Fatahland, avec des gouvernements distincts et un traitement différent de la part d’Israël et de la communauté internationale.
Les raisons pour lesquelles Israël préfère cet arrangement sont multiples.
Premièrement, la communauté internationale peut faire passer Gaza aux pertes et profits, comme cas désespéré. Les médias israéliens sont actuellement inondés de commentaires condescendants émanant de l’establishment politique et militaire, sur la manière d’éviter une crise humanitaire à Gaza, y compris par des largages de l’aide par-dessus la « clôture de sécurité » de Gaza - comme si Gaza était le Pakistan après un tremblement de terre. A en juger par l’expérience du passé et les échos menaçants venant du nouveau Ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, ces colis alimentaires se mueront rapidement en bombes si Gaza ne se tient pas tranquille.
Ainsi que de hauts fonctionnaires israéliens et américains l’ont formulé, la situation offre une nouvelle « clarté ». Dans le Hamastan, les militants et les civils de Gaza peuvent être pris pour cibles par Israël avec peu de discrimination et sans provoquer de tollé de la communauté internationale. Israël aura l’espoir que le message venant de Gaza ne sera pas perdu pour les Palestiniens de Cisjordanie au moment de décider à qui accorder leur soutien, au Fatah ou au Hamas.
Deuxièmement, lors de leur rencontre, la semaine dernière, Olmert et Bush ont relancé la discussion d’un Etat palestinien. Selon Olmert, Bush « souhaite concrétiser, dans le temps de son mandat, le rêve de la création d’un Etat palestinien ». Ils tiennent tous deux beaucoup à faire de rapides progrès, signe assuré qu’il y a malice. Assurément, ils savent qu’ils ne sont actuellement soumis à aucune pression pour créer, en Cisjordanie et à Gaza, l’Etat palestinien viable promis autrefois par le Président Bush. Un Mahmoud Abbas en difficulté n’appellera pas à l’inclusion de Gaza dans son fief-ghetto.
Troisièmement, la séparation de Gaza d’avec la Cisjordanie peut être utilisée pour insuffler une nouvelle vie au plan de convergence, plutôt défraîchi, d’Olmert - s’il peut lui faire revêtir de nouveaux atours. La convergence, qui demandait un retrait très limité des zones de Cisjordanie fortement peuplées de Palestiniens tandis qu’Israël annexait la plupart de ses colonies illégales et gardait la vallée du Jourdain, fut officiellement abandonnée l’été dernier après l’humiliation d’Israël par le Hezbollah.
Pourquoi chercher à relancer la convergence ? Parce qu’elle est la clé qui permet à Israël de s’assurer l’Etat-forteresse juif dilaté qui constitue sa seule protection sûre contre la rapide croissance démographique des Palestiniens qui l’emporteront bientôt en nombre sur les Juifs, en Terre Sainte, et les peurs d’Israël de pouvoir alors être comparé à l’Afrique du Sud de l’apartheid.
L’establishment de la sécurité israélienne a depuis longtemps mis en garde contre le fait que si l’occupation se poursuivait sans changement, les Palestiniens finiraient par ouvrir les yeux sur la seule réponse réalisable : dissoudre l’Autorité Palestinienne - la ruse la plus ingénieuse d’Israël pour faire porter par le leadership palestinien la responsabilité de réprimer la résistance à l’occupation - et contraindre par là Israël à payer la note de l’occupation à la place de l’Europe. L’étape suivante serait une lutte anti-apartheid en faveur d’un seul Etat couvrant la Palestine historique.
C’est pour cette raison que la séparation démographique d’avec les Palestiniens est devenue la logique de toute initiative politique israélienne majeure depuis Oslo - et y compris Oslo. La convergence exige qu’il n’y ait pas perte de contrôle d’Israël sur les vies palestiniennes, ce contrôle étant assuré par un réseau de murs pratiquement achevé, des colonies, des routes de contournement et des checkpoints, simplement un nouvel emballage de leur occupation sous la forme d’un Etat.
La plus grande objection qui est faite en Israël au plan d’Olmert - tout comme au désengagement de Gaza qui y est lié - a été l’inquiétude qu’une fois l’armée retirée unilatéralement des ghettos palestiniens, les Palestiniens seraient libres de lancer des attaques terroristes, y compris le tir de roquettes depuis leurs prisons sur Israël. La plupart des Israéliens n’envisagent évidemment jamais le rôle joué par l’occupation dans incitation à de telles attaques.
Mais Olmert peut croire avoir trouver un moyen de faire taire les critiques intestines. Pour la première fois, il paraît sincèrement tenir à amener ses voisins arabes à s’impliquer dans l’établissement d’un « Etat » palestinien. Alors qu’il partait cette semaine pour le sommet de Charm el-Cheikh devant réunir l’Egypte, la Jordanie et Abbas, Olmert a déclaré qu’il souhaitait « travailler conjointement à créer la plateforme pouvant mener à un nouveau commencement entre nous et les Palestiniens. »
Voulait-il parler de partenariat ? Une source du cabinet du Premier ministre a expliqué au Jerusalem Post pourquoi ces trois pays et Abbas se rencontraient. « Ce sont les quatre parties directement frappées par ce qui se passe en ce moment, et ce qu’il faut c’est un niveau de coopération différent entre elles. » Un autre porte-parole s’est lamenté de l’échec à obtenir jusqu’ici la participation des Saoudiens.
Cela semble indiquer un changement radical dans le point de vue israélien. Jusqu’ici, Tel Aviv considérait les Palestiniens comme un problème domestique - après tout, ils se trouvent sur une terre qui, si du moins il faut en croire la Bible, appartient légitimement aux Juifs. Toute tentative visant à internationaliser le conflit était dès lors repoussée avec acharnement.
Mais le cabinet du Premier ministre israélien parle maintenant ouvertement d’obtenir une implication plus directe du monde arabe, non seulement dans son rôle habituel de médiateur avec les Palestiniens, ni même simplement dans la surveillance des frontières contre la contrebande, mais aussi pour faire la police dans les territoires. Israël espère que l’Egypte, en particulier, est aussi inquiète que Tel Aviv de l’émergence d’un Hamastan à ses frontières et qu’elle peut être incitée à employer la même politique répressive contre les islamistes de Gaza que contre les siens propres.
De même, le principal rival politique d’Olmert, Benjamin Netanyahou, du Likoud, n’a pas seulement fait mention d’une implication égyptienne à Gaza mais même une présence militaire jordanienne en Cisjordanie. Les régimes arabes « modérés », comme Washington aime à les appeler, sont vus comme la clé permettant de développer de nouvelles idées au sujet d’une « autonomie » palestinienne et d’une « confédération » régionale. Tant qu’Israël dispose d’un collaborateur en Cisjordanie et d’un gouvernement infréquentable à Gaza, il peut croire dans sa capacité d’acculer le monde arabe à soutenir un tel « plan de paix ».
Quel sens cela aura-t-il en pratique ? Il est possible, comme le spécule Zvi Barel de Haaretz, que nous voyions l’émergence d’une demi-douzaine de gouvernements palestiniens en charge des ghettos de Gaza, Ramallah, Jénine, Jéricho et Hébron. Chacun pourrait être encouragé à se lancer dans la concurrence pour gagner la protection et l’aide des régimes arabes « modérés », mais à la condition qu’Israël et les Etats-Unis soient satisfaits des performances de ces gouvernements palestiniens.
En d’autres termes, Israël a l’air de ressortir encore un autre plan pour administrer les Palestiniens et leur irritante obsession de souveraineté. La dernière fois, sous Oslo, les Palestiniens avaient été chargés de maintenir l’ordre de l’occupation pour le compte d’Israël.
Cette fois-ci, les Palestiniens étant bouclés dans leurs prisons séparées travesties en Etat, Israël peut croire être en mesure de trouver un nouveau geôlier pour les Palestiniens : le monde arabe.
Jonathan Cook
– Source : The Electronic Intifada, Divide and rule, Israeli style
– Traduit de l’anglais par Michel Ghys
– Source : Info Palestine www.info-palestine.net
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