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La colonie ‘Israël’ ou le miroir de nos démocraties travesties

Face aux violences sans précédent à l’encontre des populations palestiniennes du nouveau gouvernement d’extrême-droite Netanyahu – Ben-Gvir – plus de 65 tués depuis le début 2023, des centaines de blessés dont de nombreux en état grave et des dizaines d’habitations détruites jetant les familles qui y perdent tout, à la rue – comment rester muet et passif à l’image de nos lâches gouvernements qui à peine gênés par la répétition de ces évènements tragiques, ressortent leurs jérémiades habituelles rivalisant de tiédeur ?

N’ayant de cesse de questionner la société palestinienne pour tenter de suivre au plus près son évolution – et aussi parce qu’il ne faut jamais arrêter d’en parler – je me suis replongé dans des pages écrites il y a plus de 15 ans (‘La Démocratie Mensonge – 2008 – Ed. M. Pietteur) relatant déjà l’obscénité de présenter la colonie ‘Israël’ comme une ‘démocratie’ ayant ‘l’armée la plus morale du monde’, pour reprendre les propres déclarations de ses plus hauts responsables soutenus par nos Etats collabos occidentaux. Voici ce que j’y écrivais en ‘Avant-propos’ :

«  Au moment de boucler cet ouvrage, resurgit une question, lancinante, obsédante, qui m’a poursuivi à chaque étape de son écriture : est-il bien utile d’ajouter encore dans le brouhaha médiatique déjà tellement envahissant, un avis supplémentaire sur la dégradation continue de la situation en Palestine, et de manière plus large, sur les tensions grandissantes dans le monde ? D’autant quand cet avis émane d’un citoyen anonyme, n’ayant ni aptitude particulière, ni autorité sur le cours des choses dont il traite.

Y a-t-il donc un quelconque intérêt à émettre cet avis, puisque manifestement, cela ne changera rien à rien ? L’écriture ne sert-elle pas alors tout simplement de catharsis, permettant de se libérer des pressions internes liées aux difficultés croissantes à vivre dans une société qui génère tant d’injustices, qu’elles sont à l’origine probable des déséquilibres majeurs qui la menacent ?

En outre, aborder certains sujets ne requiert-il pas une formation solide, vérifiée et mise à jour, en même temps qu’un regard documenté sur le passé≤ ? Entourés, pour ne pas dire envahis, de « spécialistes » et d’« experts » en tous domaines, avais-je dans mon coin, les compétences nécessaires pour entreprendre un tel travail ? Cela ne relevait-il pas d’un défi presque impossible à réaliser, tant certains éléments manqueraient inévitablement à l’entreprise ?

Dans le même temps, je n’ai eu de cesse de me rappeler cette demande explicite de mes amis palestiniens lorsque je les interrogeais sur ce que nous pouvions faire en pratique, chacun là où nous sommes, pour les aider dans la reconnaissance de leur juste résistance et pour les soutenir dans la création de leur Etat. ‘’Trois choses’’, me répétaient-ils, inlassablement : en priorité, s’informer correctement, et donc ne pas prendre d’emblée pour vérité ce que les grands médias relaient avec souvent, effet d’annonce tapageur. Ensuite, si possible, venir en Palestine pour vérifier ce qu’il en est, et nous soutenir moralement car les autorités israéliennes nous persuadent que l’impunité dont elles bénéficient est la preuve de notre abandon par la Communauté internationale. Enfin et surtout, au retour dans vos pays, témoigner de ce que vous aurez vu et entendu ; exercer les pressions nécessaires sur vos gouvernements ; être notre voix puisque nous ne pouvons pas sortir de notre enfermement pour venir dire nous-mêmes, l’insoutenable enfer dans lequel l’occupant nous maintient depuis des décennies.

C’est probablement cette demande que je tente humblement, de relayer ici. Avec, comme espoir, qu’au bout de ce livre et malgré ses lacunes, le lecteur soit un peu plus et un peu mieux informé, et se sente peut-être moins dépassé par les évènements qui font l’actualité. Qu’il ne ressente plus autant, cette désagréable impression de subir les choses, mais qu’il puisse y prendre une petite part, en meilleure connaissance de cause... et contrer de la sorte, l’objectif des puissants de ce monde, qui est de nous décourager à leur résister.

Dès lors, comment taire le tumulte de mots qui se bousculent dans ma tête, chaque jour, dès l’instant où je songe à la Palestine ? Comment bâillonner les souvenirs qui surgissent, parfois en pleine nuit, quand je pense aux conditions infrahumaines dans lesquelles l’ensemble d’un peuple est maintenu prisonnier dans son propre pays ? Comment enfouir les images qui dansent derrière mes yeux quand je revois les visages de tous ces gens qui m’ont accueilli si cordialement quand je me hasardais à leur rencontre ? Comment museler ma rage quand j’entends les déclarations mensongères lancées par quelques prétentieux technocrates à l’encontre d’une population occupée et brimée ? Comment contenir ma colère quand je découvre l’incompétence et l’apriorisme de certains journalistes censés rapporter les faits et non leur misérable avis ? Comment calmer ma fureur quand j’assiste aux ballets lamentables d’une diplomatie européenne aussi lâche qu’impuissante face aux diktats américains dans la région ? Comment apaiser mon courroux face au deux poids deux mesures dans le traitement des choses qui touche à ce lopin de terre déclarée trois fois sainte ? Comment modérer mes réactions devant tant de mauvaise foi exprimée par quelques intellectuels qui glosent dans un maniérisme dissimulant à peine leur suffisance quand ce n’est pas leur racisme ? Comment ne pas dénoncer tant d’injustices quand elles s’étalent d’aussi criante façon, où que le regard se pose ? Comment ne pas ruer dans les rangs quand tous les responsables s’appliquent à la banalisation et l’oubli d’une insupportable situation ? Comment adoucir ma hargne devant l’impunité dont jouit cet arrogant occupant à l’abri des USA, probablement l’Etat le plus « terroriste » de la planète ? Comment supporter un tel silence, une telle passivité au sujet de la Palestine et des Palestiniens quand tout hurle à tout rompre en moi ?...

Ce m’est une position impossible... Et, comme exprimé dans mon précédent ouvrage, je n’aurai de cesse de dénoncer une situation dont nous sommes tous, peu ou prou, responsables, tant que justice ne sera rendue aux victimes de nos erreurs et de nos lâchetés !

Enfin, cet avertissement au lecteur : dans notre modèle de société, plus que jamais à l’heure de la « mondialisation », tout rapport est devenu économique. Je voudrais m’arrêter une fois, dix fois, cent fois sur cette notion dont la plupart d’entre nous semblent sous-estimer les conséquences terribles, pour qu’en fin de ligne, ce livre soit bien compris : la dégradation catastrophique de la situation en Palestine est à mettre en perspective avec la situation dramatique du monde, résultat de politiques sordides menées par une poignée de puissants. Aucun évènement dans notre village désormais « globalisé » n’est isolé. Aucun n’est produit du hasard. Aucun n’est inscrit dans un destin illusoire. Bien au contraire, tout est lié. Conséquence de nos décisions, de nos choix, le plus souvent dévoyés. Ce que je vais tenter de décrire... »

A la relecture de cet ‘Avant-propos’, il me semble que rien, pas une ligne, pas un mot n’a pris une ride. Au contraire, les choses se sont encore dégradées. Et la Palestine reste, comme je le répète régulièrement, le baromètre et la boussole pour mieux comprendre ce qui se joue et se développe comme déséquilibres dans le monde. Ainsi, le constat est de plus en plus partagé par de nombreux citoyens, que nos pays occidentaux ne cessent de s’enfoncer. La ‘confusion’ dont je parlais il y a quelques jours en est un ressenti. Et d’où provient-elle sinon de la trahison des responsables politico-médiatiques qui n’ont eu de cesse de nous tromper sur quantité de sujets déterminants pour le bien-être des peuples ? Quelque soit le domaine abordé, nos gouvernements promettaient de ‘faire mieux avec moins’. En réalité, le plan était de privatiser tout ce qui appartenait encore au secteur public pour en tirer le meilleur profit, au détriment de la collectivité. Même les guerres sont devenues l’affaire de milices privatisées. Nos ténors ponctuent leurs grands discours d’envolées humanistes, mais en réalité ils bradent tous les secteurs de la société aux plus offrants, avec quelque commission occulte négociée, au passage. Ces nobles ‘valeurs’ si souvent évoquées, ne sont que le paravent de leurs calculs sordides. Á leurs yeux, plus rien n’a d’autre valeur que celle de leurs comptes en banques dans l’un ou l’autre paradis fiscaux.

Croire et/ou faire croire qu’ainsi, au nom de ces ‘valeurs’ bafouées, l’on peut indéfiniment perpétuer tant d’injustices dans la gestion des affaires nationales et/ou internationales est une illusion, un mensonge, une trahison qui un jour ou l’autre se payera. Et tout ce qui concourt à persister dans cette voie alimente les tensions comme celles qui s’amassent et se condensent au niveau des plaques tectoniques au fond des océans : quand l’énergie ainsi accumulée se libère, les résultats en sont proportionnels. Dès lors, s’il est urgent d’imposer la paix sociale dans nos sociétés par un partage des richesses plus équitable, et s’il est urgent d’imposer une paix entre la Russie et l’Ukraine en cessant d’alimenter cette dernière par livraisons massives de nouvelles armes et en reconnaissant que l’Otan n’a eu de cesse de se rapprocher des frontières russes en dépit de ses promesses, il l’est tout autant de l’imposer en Palestine par l’arrêt du soutien inconsidéré au régime d’apartheid israélien n’ayant plus rien à voir avec les ‘valeurs’ dont se targuent nos ‘démocraties’ désormais travesties, au risque d’un embrasement suicidaire d’une région ultra-sensible dont personne n’aura plus le contrôle quand les forces antagonistes en présence céderont aux pressions. La pérennité de la vie est affaire d’équilibre où tout se tient. L’oublier conduit au pire. Le gouvernement russe a plusieurs années durant prévenu l’Occident des risques avec l’Ukraine. Les Palestiniens ont prévenu depuis longtemps des risques avec la colonie israélienne...

26.02.23

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Daniel VANHOVE
D. Vanhove de formation en psycho-pédagogie, a été bénévole à l’ABP (Association Belgo-Palestinienne) de Bruxelles, où il a participé à la formation et à la coordination des candidats aux Missions Civiles d’Observation en Palestine. Il a encadré une soixantaine de Missions et en a accompagné huit sur le terrain, entre Novembre 2001 et Avril 2004. Auteur de plusieurs livres : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos (…)
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Viktor Dedaj

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