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Venezuela : quand une ONG sort de son rôle

Courrier au Service de presse d’Amnesty International (section française)

A : Service de presse d’Amnesty International (section française) spresse@amnesty.fr

De : Maurice Lemoine (journaliste)

Madame, Monsieur,

J’ai noté avec intérêt l’organisation par Amnesty International (AI) de la "Journée internationale des disparus.

Les disparitions forcées perdurent dans le monde », le 30 août 2018. Dans les communiqués officiels (dont les deux derniers, ci-dessous) qui l’ont précédé, AI met en lumière les cas de disparitions qui lui paraissent particulièrement symboliques "dans différentes régions du globe" : Syrie, Egypte, Pakistan, Laos, Turquie, Cameroun, Kenya, Zimbabwe et Mexique (à travers le cas particulièrement grave d’Ayotzinapa). S’agissant de l’Amérique latine, on pourrait à juste titre s’étonner de l’absence de la Colombie, mais, vu la modestie des chiffres, je ne vais pas pinailler ici sur les 45 000 victimes de cette pratique depuis 1985 (d’après la Unidad de Victimas), dont de nombreuses pendant la présence au pouvoir de la faction politique qui vient de revenir à la présidence en la personne de M. Ivan Duque. https://www.amnesty.fr/presse/journee-internationale-des-disparus-les-disparitions

En revanche, j’ai été très surpris par la prestation, ce matin 1er septembre, au journal de 8 heures de France Culture, présenté par Sophie Delton, de Mme Geneviève Garrigos, qui se présente comme la "porte-parole" d’AI. Sans référence particulière aux communiqués d’AI précédemment cités, elle s’est concentrée sur quatre pays, dont la Corée du Nord et la Syrie, mais a surtout passé la majeure partie de son intervention à dénoncer de façon extravagante « la politique de terreur imposée à l’opposition » à travers les « disparitions » au… Venezuela et au Nicaragua.

D’où la question à laquelle je vous saurai gré de bien vouloir répondre : Mme Garrigos représente-t-elle vraiment Amnesty International ou instrumentalisme-t-elle l’organisation au service d’un agenda personnel et de certains courants politiques latino-américains ?

Par ailleurs, de la lecture aussi bien des statuts d’Amnesty International que de ceux de la Section française (voir-ci dessous) :

https://www.amnesty.org/download/Documents/POL2072982017FRENCH.PDF
https://www.amnesty.fr/fonctionnement-amnesty-international-france

…il semble ressortir (je cite) que : "Nous sommes indépendants de tout gouvernement, de toute tendance politique, de tout intérêt économique et de toute croyance religieuse ».

Dans ces conditions, pouvez-vous me préciser si, lorsqu’elle termine son intervention du 9 juin 2018 sur le Nicaragua, au journal de 8 heures de France Culture (déjà !), par le mot d’ordre « Daniel (Ortega) doit partir ! », Mme Garrigos le fait en tant que porte-parole d’Amnesty International ou en tant que porte-parole de l’opposition nicaraguayenne. De la même manière, faites-moi savoir si les statuts d’Amnesty ont changé et si l’une de ses nouvelles tâches est d’appeler au départ ou même au renversement de tel ou tel président ou gouvernement. Dans ce cas, il serait important que vos militants – des gens sincères que je connais et pour qui j’ai beaucoup de respect – en soient dûment informés.

Je vous remercie par avance de votre réponse dont je tiendrai bien entendu compte dans le ou les articles que je vais être amené à rédiger sur le sujet.

Cordialement.

Maurice LEMOINE

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