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6 août 1945 / 6 août 2015 : 70ème anniversaire de l’extermination nucléaire d’Hiroshima !

Plus que jamais, l’exterminisme est le stade suprême de l’impérialisme, par Georges Gastaud, auteur de « Marxisme et universalisme », Editions Delga, 2015

Le 6 août 1945, alors que le Japon vaincu s’apprêtait à capituler sans conditions, le président étasunien Truman ordonnait à l’aviation de son pays d’atomiser les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki (8 août).

Notre propos n’est pas ici de revenir sur les motivations de cet acte barbare dont Bernard Frédérick a pertinemment montré dans l’Huma-Dimanche du 27 juillet dernier les motivations antisoviétiques et les visées impérialistes planétaires : en étalant leur technologie de mort, les « démocratiques » EU affichaient leur détermination à détruire en masse la vie humaine sans le moindre scrupule ; ils prouvaient ainsi, non seulement qu’ils ne valaient guère mieux que les nazis sur le plan moral et surtout, ils précipitaient la capitulation nippone en empêchant leur « allié » soviétique, vainqueurs des Japonais en Extrême Orient, de porter la contre-offensive de l’Armée rouge sur le sol nippon. Le but était d’impressionner Staline (objectif non atteint) et de montrer au monde redessiné par la défaite allemande qu’il lui faudrait désormais ramper devant le « libérateur » étasunien.

Cependant, si nous insistons aujourd’hui sur la date du 6 août 45, c’est moins pour rappeler la nature belliqueuse et destructive de l’impérialisme EU que pour rappeler cette vérité atroce, que certains marxistes se refusent encore à regarder en face tant elle rompt avec l’optimisme plat attribué à Marx en violation de l’optimisme raisonné et militant qui est celui du marxisme véritable (« pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté », aimait à dire Gramsci) : le 6 août 45 révèle en effet de manière sobrement flamboyante les tendances objectives natives de l’impérialisme, ce stade suprême du « capitalisme monopoliste, agonisant et pourrissant » dénoncé par Lénine dès 1915, à ce que nous appelons l’exterminisme. Au sens étroit, il s’agit de la propension du système capitaliste historiquement à bout de souffle à prendre en otage toute l’humanité (et pas seulement sur le terrain militaire) pour prix de sa survie et du maintien à tout prix de sa domination. Cette propension ne fait qu’exprimer une réalité encore plus fondamentale qu’avait déjà entrevu Marx quand il déclarait que « le capitalisme n’engendre la richesse qu’en épuisant ses deux sources, la Terre et le travailleur » : le capitalisme monopoliste, y compris dans sa phase si mal nommée de « néolibéralisme », est devenu « réactionnaire sur toute la ligne » (Lénine) ; sa « vérité » profonde est « le trust tourné vers l’extermination » (Jaurès) ; plus exactement dit encore, le maintien des rapports de production capitalistes et de la domination mondiale de l’impérialisme - qu’a encore radicalisée la re-mondialisation contre-révolutionnaire de l’exploitation capitaliste consécutive à l’implosion du camp socialiste - est foncièrement incompatible avec le développement, voire avec la survie de l’humanité et de la civilisation à notre époque. « Socialisme ou barbarie » disait déjà Engels, repris par Rosa Luxembourg : « le socialisme ou la mort, nous vaincrons », n’a cessé de dire Fidel Castro Ruz, le chef de file mondial des résistances à la contre-révolution anti-soviétique des années 90.

I - Racines de l’exterminisme capitaliste

Sans résulter en lui-même de quelque mutation technologique que ce soit (les colonisateurs de l’Afrique ou de l’Amérique dite latine n’ont pas eu besoin de bombe atomique pour exterminer des dizaines de millions de personnes !), l’exterminisme prend appui sur une base matérielle et techno-scientifique. En maîtrisant la radioactivité naturelle, en maîtrisant de plus en plus le génie génétique (il y a bien des façons de détruire l’humanité de l’homme...), en polluant toujours plus l’environnement livré à la course planétaire au profit maximal, la grande bourgeoisie monopoliste dispose des moyens matériels de détruire l’humanité. Cela dessine dialectiquement deux possibilités contradictoires : d’une part, la mise en oeuvre d’une « mauvaise fin de l’histoire » par extermination ou exténuation de l’humanité, voire du vivant, avec les énormes moyens de chantage et de terreur globalitaire que cela offre au système d’exploitation ; d’autre part, cela ne fait que rendre plus urgente, plus nécessaire politiquement, moralement et vitalement, une « bonne fin de l’histoire ». Entendons par là que pour continuer son aventure, l’humanité n’a pas seulement à « se laisser vivre » sans s’interroger sur le sens et sur le contenu de sa vie et de son aventure historique. Le fait qu’elle puisse s’autodétruire lui fait obligation de choisir la vie, de savoir pour quoi elle vit, et surtout, de mettre en oeuvre collectivement, sous l’autorité du camp mondial du Travail, l’ensemble des dispositifs politiques, économiques, environnementaux, qui peuvent écarter le danger trop réel de barbarisation générale ou de « mort exhaustive » de l’espèce, pour parler le langage de l’exterminante flamboyant André Glucksmann, ce fanatique absolu de l’anticommunisme planétaire. C’est ce qui, plus que jamais, fait du communisme et de la révolution prolétarienne et anti-impérialisme, l’anti-exterminisme le plus conséquent de notre temps à condition qu’il assume désormais, non seulement l’aspiration à la justice, au progrès social et aux Lumières communes, mais la défense universelle - sur des bases de classe anticapitalistes et anti-impérialistes - de la civilisation et de la vie.

D’autre part, et ce facteur socio-politique est de loin le plus déterminant, le mode de production capitaliste, et le très suicidaire, inégalitaire et dispendieux mode de consommation (de consommation devrions-nous dire !) qui lui est afférent, en est parvenu à un point de développement tel qu’il met en péril sur tous les plans la survie de l’humanité au 21ème siècle. Tant que l’URSS, point d’appui principal des forces antisymétriques, était l’ennemi à abattre, l’exterminisme prenait la forme flamboyante de l’exterminisme militaire : course insensée aux armements militaires dont toutes les étapes furent initiées par l’Occident (cf le livre d’Henri Claude La troisième course aux armements), explosion humainement insoutenable des inégalités nationales et internationales, émergence continue de « monstres » politiques soutenus ou créés de toutes pièces par l’impérialisme et ses sub-impérialismes (Daesh, Talibans, régimes pronazi d’Ukraine et des pays baltes, remise en selle du militarisme... japonais et de l’impérialisme allemand rebaptisé « Union européenne »), dégâts environnementaux potentiellement irréversibles, déstabilisation de régions entières rendues invivables (Proche-Orient, Ukraine, Afrique occidentale, Corne de l’Afrique...), processus de fascisation politique sous couvert de lutte antiterroriste et, de manière plus feutrée mais non moins structurelle, multiples atteintes aux conditions anthropologiques de l’existence humaine en tant qu’humaine : marche à la langue et à la culture uniques, marchandisation de l’être humain sous tous ses aspects, déploiement dérégulé des manipulations génétiques portant sur le vivant animal, végétal et si possible humain (développement actuel de l’idéologie du « sur-humanisme »)... La classe ouvrière et les forces progressistes nationales et mondiales parviendront-elles à temps à « débarquer » l’oligarchie capitaliste ou celle-ci entraînera-t-elle l’humanité dans un immense suicide historique la contraignent à « choisir », comme l’envisageait Marx, entre une « fin pleine d’effroi et un effroi sans fin » ?

II - Bref survol historique

Le contenu exterministe de l’impérialisme n’est pas une nouveauté, c’est sa globalisation et sa systématisation qui, dans le cadre du « stade suprême du capitalisme qu’est l’impérialisme, se révèle comme une tendance décisive de notre époque : nul besoin pour cela de « réviser » le marxisme et de sortir des analyses classiques dessinées par Marx-Engels, puis par Lénine. Au contraire, reconnaître le phénomène de l’exterminisme et l’analyser sur une base classiste est indispensable pour contrer à la fois le dogmatisme, qui nie les phénomènes nouveaux, et le révisionnisme, qui en prend prétexte (comme le fit Gorbatchev) pour « réviser » et liquider les fondements même du marxisme et du communisme prolétarien.

Le contenu exterministe du capitalisme monopoliste, dominé par le couple mortifère du capital spéculatif et usurier et du complexe militaro-industriel, a commencé sa carrière avec les guerres coloniales du 19ème siècle et sa suite de génocide (notamment celui des Amérindiens, des Congolais, etc.) ; il s’est mondialisé avec la première tuerie impérialiste mondiale et a affiché sa démesure de classe et sa folie historique (faire tourner l’histoire à l’envers, abolir les révolutions russe et française, revenir même sur l’apport civilisationnel du judéo-christianisme et du rationalisme grec) avec l’horreur absolue du nazisme, lequel n’a pas seulement gazé et détruit les « races inférieures » (sic), mais a également exterminé en masse les Soviétiques (qui forment la majorité absolue des victimes hitlériennes de la Seconde Guerre mondiale) : il suffit de relire les discours de Hitler devant le patronat allemand pour voir que le mot « exterminer » revient comme un leitmotiv menaçant à l’encontre des marxistes et du mouvement ouvrier... allemand. Cet exterminisme encore partiel, si l’on ose dire (personne ne disposait encore des moyens de détruire l’ « humanité dans son exhaustivité », pour parler comme A. Glucksmann dans La force du vertige, 1984), prend un tour ouvertement mondial de chantage global adressé à l’espèce toute entière, et avant tout aux forces géopolitiques héritières de l’humanisme, avec l’explosion de « Little Boy » à l’aplomb d’Hiroshima. La signification contre-révolutionnaire, anticommuniste et « anti-anti-impérialiste » de ce chantage ne fait aucun doute, pas plus d’ailleurs que son efficacité socio-politique puisque la course aux armes nucléaires imposée à l’URSS (qui n’a cessé, sous Staline, Khrouchtchev, Brejnev, Andropov, Tchernenko, de proposer le désarmement nucléaire intégral et l’engagement multilatéral de ne pas utiliser l’arme atomique en premier...) a contraint l’édification socialiste à d’énormes distorsions et a constamment favorisé les tendances capitulardes au sein du PCUS : rappelons que l’implantation des euromissiles étasuniens en 1984 fut presque aussitôt suivie de la victoire du très veule Gorbatchev dans la lutte interne déclenchée au sein du CC à la mort de Brejnev, d’Andropov et de Tchernenko : par une sorte de processus de vases communicants géopolitiques, la montée des faucons exterminantes reaganiens (l’homme de la General Electrics, principal trust EU de l’armement, a prophétisé publiquement 11 fois que la « bataille d’Armageddon contre l’Empire du mal aurait lieu de son vivant, et cela n’a jamais empêché Mitterrand d’accompagner sans états d’âme la croisade nucléaire antisoviétique de Reagan en mettant en œuvre les plus dispendieuses « lois de programmation militaires » de l’histoire de France... !) s’est accompagnée d’une montée en puissance corrélative des forces néo-munichoises de capitulation social-pacifiste à l’intérieur de la direction soviétique : le slogan exterminante occidental « plutôt morts que rouges » devenant, une fois réinterprété par les nouveaux dirigeants du Kremlin, « plutôt pas rouges que morts »...

Il faut en particulier noter qu’avec la surenchère fusée-nucléaire qui a suivi la défaite américaine au Vietnam (déjà sous l’aimable Carter...), l’impérialisme EU a sciemment mis en place l’ « overkill », que je traduis par le terme français “ surextermination ” : en 1984, selon le mouvement pacifiste Pugwash, l’usage de 15% des missiles nucléaires existant dans le monde eût suffi à provoquer l’ « hiver nucléaire », c’est-à-dire un nuage radioactif planétaire suffisant pour interrompre la photosynthèse pendant plusieurs années ! Bref c’est un fait objectif qu’à l’initiative de l’impérialisme et de ses amis social-exterministes (au premier rang desquels les « socialistes » français applaudisseurs de Glucksmann, de BHL et autres « théoriciens » des bienfaits des Pershings), l’impérialisme était en mesure de faire chanter toute l’humanité et de mettre l’URSS devant le choix impossible de capituler sans conditions, soi-disant pour sauver la vie sur terre (= gorbatchevisme) ou de risquer la guerre nucléaire en portant, en apparence, la co-responsabilité d’un attentat sans précèdent contre la vie. Or l’URSS était mal préparée pour refuser ce chantage puisque déjà sous Gromyko, le ministre brejnevien des affaires étrangères, la doctrine soviétique officielle dépolitisait la lutte anti-exterministe, elle en niait même la signification de classe en affirmant à tort que « la guerre d’extermination nucléaire ne ferait ni vainqueurs ni vaincus » et qu’en conséquence, elle n’avait plus de signification politique : aberration idéalisante sur laquelle nous reviendrons.

Ces considérations historiques devraient suffire pour montrer en tout cas que le concept d’exterminisme capitaliste n’a rien à voir avec on ne sait quelle prophétisme biblique : fondé sur des données socio-historiques parfaitement déterminées et politiquement « résistibles », l’exterminisme capitaliste n’appelle pas à la démobilisation des forces révolutionnaires mais à leur remobilisation sur des bases de classe puisque cette notion a pour base le caractère historiquement dépassé du capitalisme et l’urgence absolue, vitale, de son remplacement par le socialisme-communisme.

III - Repolitiser la résistance à l’exterminisme : « Socialismo o morir, venceremos » (Fidel Castro)

Bien sots furent les opportunistes et révisionnistes de droite qui, de Juquin en France (porte-parole officiel du PCF pendant la crise des euromissiles et initiatieur de l’Appel des Cent, qui renvoyait dos à dos l’URSS et les EU avec le slogan social-paficiste « Ni Pershings ni SS 20 ») à Gorbatchev en URSS, déduisaient du « constat » que la guerre nucléaire pourrait araser A LA FOIS les pays capitalistes et les pays socialistes, l’idée fausse que dans une telle guerre, où il n’y aurait en apparence ni vaincus ni vainqueurs, la maxime de Clausewitz selon laquelle « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens » devenait « obsolète ». En affichant de telles rêveries, non seulement on démobilisait les peuples en faisant de la guerre nucléaire et de sa menace une « folie », voire un « accident » technologique, non seulement on renvoyait dos à dos l’impérialisme exterminateur et le socialisme en position d’agressé, mais on révisait fondamentalement le marxisme-léninisme et la position ëngëlsienne et léniniste traditionnelle qui reprend et précise la conception de Clausewitz en déclarant que « la guerre est la continuation de la LUTTE DES CLASSES par d’autres moyens », que toute guerre a un contenu de classe déterminé et que symétriquement, toute lutte de classe porte une dimension guerrière directe ou larvée. Telle fut la « nouvelle pensée politique » en honneur sous Gorbatchov et Chevarnadzé. Celle-ci traduisait en langage « humaniste » le slogan terroriste « plutôt morts que rouges » en prétendant que désormais, face au danger d’extermination dépouillé de sa dimension classiste, « les valeurs universelles de l’humanité » (paix, démocratie, humanisme) l’emportaient sur « l’intérêt de classe du prolétariat ». Par cet énorme escamotage idéologique, que fort peu de marxistes séduits par « Gorby » auront su dénoncer à temps, l’exterminisme occidental s’acclimatait en URSS sous une former inversée : plutôt abandonner le socialisme et le soutien révolutionnaire de l’URSS à l’Allemagne démocratique, à Cuba, à l’Amérique centrale en lutte, que de heurter en quoi que ce soit les EU. Désarmement militaire unilatéral et surtout, désarmement idéologique intégral (vivent l’économie de marché, les tendances social-démocrates dans le PCUS, le dénigrement sans limites de l’histoire soviétique...) permirent ainsi à Reagan, puis à Bush Senior suivi par Thatcher, Kohl et Mitterrand, de réussir là où Hitler avait échoué : la citadelle soviétique que n’avaient pu investir les hordes nazies fut « prise à partir du donjon », les dirigeants (anti-) soviétiques livrant sans coup férir toutes les positions conquises depuis 1917 et 1945 au nom de « la paix universelle » et de « la démocratie au dessus des classes ».

Pendant ce temps, Fidel Castro tenait le rôle ingrat de Cassandre révolutionnaire en rappelant que la paix et la démocratie ont elles aussi un contenu de classe. Célébrant le 30ème anniversaire de la Révolution cubaine à Camaguey, Castro rappelait à l’adresse des capitulards du Kremlin que « il y a la paix des riches et la paix des pauvres, la démocratie des riches et la démocratie des pauvres ». Il est vrai que sous le bref intermède de Youri Andropov, l’URSS avait été tentée de donner à l’exterminisme une réponse de classe qui pût aussi contenir le monstre. Andropov appelait en effet à un « front mondial de la raison » contre l’impérialisme EU, il appelait les Soviétiques à ne pas baisser la garde idéologique et militaire, il travaillait à faire du camp socialiste le noyau anti-impérialiste de la défense de la vie sur terre. Mais les contradictions au sein du PCUS et l’affaiblissement idéologique du Mouvement communiste international depuis des décennies (fracture sino-soviétique, « eurocommunisme », isolement politique croissant de l’URSS au cours des années 80, mise en place par Washington d’un bloc euro-atlantique et d’un bloc « transpacifique » (bien mal surnommé) tourné contre Moscou et réunissant le Japon, les EU et la Corée du sud...) firent vite oublier l’interlude andropovien.

En résumé, la lutte des classes mondiale, menée sous le ténébreux flambeau de l’exterminisme antisoviétique et relayée à l’intérieur de l’URSS par les forces social-capitulardes, montra avec éclat que la maxime de Clausewitz-Engels-Lénine sur la guerre comme continuation de la politique de classe, était plus actuelle que jamais, même si ce contenu de classe fut masqué aux yeux des masses et de la masse des communistes par le fait qu’en apparence, les luttes internes au PCUS opposaient les « conservateurs » favorables au maintien du socialisme (derrière le courageux mais inconséquent Ligatchev) et les « réformateurs » antisoviétiques dirigés d’abord par Gorbatchev, puis par l’ivrogne anticommuniste Eltsine, renégat du PCUS. A l’arrivée bien sûr, ni socialisme ni paix ni démocratie, mais le canonnage du Soviet de Russie par Eltsine (octobre 93), la guerre civile en Russie (Tchétchénie) et la pression occidentale accrue sur les frontières est et Ouest de la Russie post-soviétique (l’UE/OTAN englobant les ex-pays socialistes européens recolonisés de fait par Berlin et des bases américaines s’installant dans la plupart des ex-Républiques soviétiques d’Asie). On eût pu dire au Judas Gorbatchev ce que Churchill disait à Chamberlain après les accords de Munich : « vous aviez choix entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre », comme on ne le voit que trop aujourd’hui où l’UE atlantique a subvertit l’Ukraine, y a « démocratiquement » interdit le PCU et encouragé les nazis de Pravy Sektor en attendant de pouvoir utiliser Kiev et Vilnius pour attaquer la Russie décommunisée. Qui ne voit de la sorte l’efficacité hautement politique de l’exterminisme capitaliste associé au social-pacifisme gorbatchévien, qui ne voit que la contre-révolution européenne et mondiale des années 90 fut la continuation de l’exterminisme impérialiste par d’autres moyens et qui ne voit aujourd’hui, à travers les terribles prédations planétaires des EU, à travers le meurtre du peuple grec par l’Europe allemande triomphante, à travers l’alliance indécente des « démocratie occidentales » avec les esclavagistes saoudiens dotés de Rafales par Hollande, par l’émergence de su-exterminismes locaux ouvertement médiévaux comme Daesh ou comme les néonazis ukrainiens brûlant les sièges syndicaux et leurs occupants, que la contre-révolution actuelle est elle-même porteur d’un contenu exterminante, ce dernier s’étant disséminé sans changer de nature ?

IV - Quelle réponse de classe offensive face à l’exterminisme ?

Face à l’exerminisme impérialiste, l’histoire a montré que les réponses symétriques du gauchisme maoïste et du gorbatchévisme droitiers étaient inefficaces et contre-productives. Quand Mao traitait les impérialistes de tigres de papier, quand il affirmait que le communisme sortirait triomphant d’une Troisième Guerre mondiale et que la démographie chinoise lui permettrait de survivre à une guerre nucléaire, il se situait sur un terrain piégé qui ne pouvait que faire le jeu de l’adversaire sans la moindre chance d’entraîner la majorité des travailleurs et des progressistes du monde (le « plutôt rouges et morts » que « vivants et pas rouges » n’a pas de quoi enthousiasmer les peuples qui veulent la vie pour eux-mêmes et pour leurs enfants). Encore plus catastrophique que ces rodomontades était comme on l’a vu le social-pacifisme veule des gorbatchéviens soviétiques et occidentaux. La seule réponse adaptée fut celle de Fidel (et Cuba est toujours debout, les positions justes de sa direction castriste n’y sont pas pour rien !), puisque le slogan de masse « socialisme o muerte, venceremos » n’avait pas seulement, à bien y regarder, la signification héroïque et « guévariste » qui saute aux yeux et aux oreilles de tous et qui affirme clairement qu’il faut être prêt à mourir pour le socialisme pour empêcher la guerre... et la mort ; ce juste slogan a aussi, de manière moins perceptible immédiatement, une haute signification vitale et anti-exterministe. Il signifie que le socialisme orienté vers le communisme est le véritable anti-exterminisme conséquent parce que c’est seulement le communisme qui porte et réalise les véritables « valeurs universelles de l’humanité » (paix mondiale, développement de tous les pays et de tous les individus, traitement intelligent des questions environnementales soustraites au tout-profit : Cuba est aujourd’hui reconnu comme un des pays les plus écologiques au monde !). Comme nous en développons le paradoxe dans notre livre récent Marxisme et universalisme (Delga, 2015), l’universel lui-même est traversé par la lutte des classes et à l’universel de mort que porte l’exterminisme capitaliste/impérialiste (marchandisation-chosification des humains, menaces pures et simples de disparition exhaustive de l’espèce). Il revient au Mouvement communiste international et au Front anti-impérialiste mondial qui se reconstituent peu à peu (les contre-révolutions sont des parenthèses de l’histoire...) de combattre à la fois pour le socialisme et pour la défense de la paix mondiale et de l’environnement menacé de saccage intégral. De même qu’au niveau national les militants franchement communistes se doivent de porter l’idée d’un Front antifasciste, patriotique et progressiste (FRAPP) isolant le grand capital maastrichtien et pré-fascisant, de même doit-il être possible pour un MCI renaissant de fédérer les forces vives de l’humanité, classe travailleuse en tête et pays socialistes subsistants (par ex. Cuba socialiste appuyé par ses alliés en mouvement de l’ALBA), mais aussi les BRICS qui refusent la domination euro-atlantique, mais aussi tous les hommes de bonne volonté (et en disant hommes, j’embrasse toutes les femmes, comme disait l’autre), d’isoler le grand capital destructeur. Non pas en s’alliant avec lui au nom d’on ne sait quelle « Europe sociale et pacifique » introuvable dans le cadre mortifère de l’UE, mais CONTRE le grand capital, contre l’impérialisme, et en promouvant plus que jamais l’idéal socialiste-communiste et l’appel à la révolution prolétarienne puisqu’à terme, si l’humanité ne défait pas le capitalisme, c’est le capitalisme qui défera l’humanité. En un mot, la prise de conscience anti-extermiste n’a rien à voir avec un quelconque pessimisme historique plus ou moins ténébreux et métaphysique : elle est un ferment révolutionnaire comme l’est l’alliance du patriotisme républicain et de l’internationalisme prolétarien.

Plus que jamais donc, « patria o muerte, socialismo o morir, venceremos », car plus que les aspects effrayants de l’exterminisme, les communistes et les progressistes doivent prendre conscience du fait que l’orientation mortifère du capital impérialiste « moderne » est porteuse d’isolement pour cette classe obsolète et de rassemblement offensif pour sa concurrente historique : la classe travailleuse et ses militants d’avant-garde, les communistes.

Bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki
https://youtu.be/vcrS5sX3bhc

»» http://www.initiative-communiste.fr
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Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique). Il a notamment publié « Impostures intellectuelles », avec Alan Sokal, (Odile Jacob, 1997 / LGF, 1999) et « A l’ombre des Lumières », avec Régis Debray, (Odile Jacob, 2003). Présentation de l’ouvrage Une des caractéristiques du discours politique, de la droite à la gauche, est qu’il est aujourd’hui entièrement dominé par ce qu’on pourrait appeler l’impératif d’ingérence. Nous sommes constamment (…)
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