10 juillet 2005.
L’angélisme occidental et la presse "officielle" :
Il est fascinant de voir deux phénomènes parallèles, les médias officiels
et internet. D’un côté, une presse française complètement "atlantisée" [1]
qui s’obstine à dénoncer la barbarie non seulement des "islamistes", mais
d’à peu près tous les pays du Sud qui nous menacent à la fois de leur
"développement" (la Chine et même l’Inde), de leur populisme dictatorial
(l’Amérique latine), de leur immigration sauvage (l’Afrique et tous les
autres). Nous serions "les démocraties" assiégées, le bastion de la
civilisation pris d’assaut par les hordes barbares selon un scénario proche
de celui de la chute de l’Empire romain. Tous les moyens, y compris
l’acceptation d’un fascisme planétaire dont l’équipe de criminels de guerre
rassemblée autour de G.W.Bush est une assez bonne illustration, seraient
bons pour défendre "nos valeurs". Voici que l’Europe, innoncente et pure,
continent comme chacun sait depuis l’aube des siècles défenseur de la
démocratie et des droits de l’homme, est à son tour menacée.
Qui est frappé ? Un peuple londonien majoritairement contre la guerre. Et
les médias occidentaux l’incitent à se croire sous la deuxième guerre
mondiale, résistant aux bombardements nazis. Tous les reportages
télévisuels que nous subissons vont dans ce sens, combien de fois nous
a-t-il été vanté "le flegme" britannique alors que jamais il n’a été
question du "flegme" irakien. Ce qu’on nous présente en rupture avec toute
l’histoire de l’Irak est un pays déchiré par ses luttes internes,
l’intervention occidentale la protégeant de ses démons, alors que c’est
justement l’intervention qui les entretient, les crée, les exaspère. Il ne
s’agit pas d’opposer le peuple londonien au peuple irakien, mais bien de
les unir dans notre solidarité face à cette violence généralisée. le
contraire de ce que font la presse et la télévision française.
N’importe quel individu doué de raison ne peut que s’interroger sur leur
représentation de la réalité planétaire. Tant sur le rôle historique des
Occidentaux, et des Européens en particulier, que sur leurs activités
présentes. Le "terrorisme" est isolé de la violence générale, non seulement
de la guerre, mais des effets dramatiques de la folie économique d’un
capitalisme destructeur à travers une loi du marché au profit des
multinationales financiarisées. Même la Loi et son respect dans un tel
contexte sont à interroger. Quand la plus grande puissance peut la violer
sans problème, et quand des individus comme Soros avouent eux-mêmes qu’ils emploient un grand nombre de juristes, pour utiliser partout les failles
législatives pour mener à bien leurs manoeuvres spéculatives contre des
peuples.
Les attentats interviennent opportunément pour conforter cette violence
généralisée, pour transformer un G8 problématique en symphonie unanimiste
autour de G.W.Bush. Celui-ci ne sait plus comment se dépêtrer de l’aventure
criminelle en Irak et ne voit de solution que dans une fuite en avant :
mettre au pas l’Iran mais aussi l’Amérique latine. [2] Il a besoin
d’entraîner ses alliés de l’OTAN à ses côtés. Il veut que ceux-ci
cautionnent sa "politique" de sous-développement et de pillage, la
destruction environnementale par le plus grand pollueur de la planète.
L’attentat de Londres est du pain béni pour ce fou furieux et une horreur
pour des gens qui n’y sont pour rien.
Une autre information, ses atouts et ses dangers :
En revanche si on navigue sur internet, on assiste à un phénomène parallèle y compris en Grande Bretagne. Non seulement l’analyse de ce que représente ce G 8 mais les dénonciations de l’ordre mondial injuste se développent avec une grande violence parfois en occultant le fait qu’il est
insupportable pour des innocents qu’ils soient londoniens ou irakiens de
vivre de tels malheurs.
Internet est un lieu où désormais apparaissent des nouvelles, des
informations, qu’occulte systématiquement la presse atlantisée, française
en particulier où le phénomène de censure est sans doute le plus verrouillé
de toute la presse occidentale [3] . Il faut environ six à huit mois pour que
nage quelquefois à la surface médiatique officielle des informations qui
courrent sur le net. [4] Mais la plupart du temps, elles demeurent à jamais
occultées, la censure est totale. [5]
Les rédactions occidentales, qui ne sont pas aussi autistes qu’on le croit,
mesurent bien le décalage grandissant entre ce qu’elle publient et la
rumeur planétaire. La crise du lectorat vient renforcer cette prise de
conscience, mais la logique de propagande s’impose à ces rédactions.
Pourtant, il y a dans cette dénonciation qui créé un phénomène nouveau et
nécessaire d’information des dangers évidents que le terme de rumeur
recouvre bien.
Il y a des spécialistes de la "thèse du complot". Disons tout de suite
qu’ils ne manquent pas d’aliments. Mais que le 11 septembre ait été du pain
béni pour G.W.Bush, comme l’attentat de Londres, conduit certains à
diffuser n’importe quoi. Et s’il s’agissait pour la presse "officielle" de
s’en prémunir en vérifiant les sources, en les croisant, nul ne s’en
plaindrait. Mais non seulement il ne s’agit pas de cela, mais la dite
presse, ses "experts" pratiquent la même irresponsabilité à partir du
moment où il s’agit de cautionner les folies impériales et nous inviter "au
choc des civilisations".
Il est clair que la censure dans un sytème de propagande, la volonté
d’occulter des faits avérés qui permettraient de mieux comprendre les
phénomènes auxquels nous sommes confrontés engendrent une conception
paranoïaque de l’information.
Certes Al Quaida est à l’origine une création de la CIA, nul ne nie cette
évidence même si la presse "officielle" n’insiste pas sur les conséquences
contemporaines d’une telle paternité et l’attribuent à la "guerre froide" .
La politique de Reagan [6], que reproduit fidélement G.W.Bush a consisté à
créer parallélement des organisations terroristes et des ONG de "défense de
Droits de l’homme" dirigées contre le communisme et sa "dictature",
d’acheter massivement et tout à fait officiellement un certain nombre de
"porte-paroles". Est-ce que cette politique étatsunienne a disparu avec la
guerre froide ou est-elle au coeur de celle menée par G.W.Bush ?
Ainsi aujourd’hui, Zarkaoui surgit opportunément en Irak et les médias
occidentaux limitent à ses agissements la Résistance irakienne. Les gens
qui entourent aujourd’hui G.W.Bush sont les mêmes qui ont financé en
Amérique latine, les groupes terroristes, et provoqué les horreurs des
dictatures du Plan Condor. Qui connaît un peu l’histoire de l’Amérique
latine les sait capables de n’importe quoi et un incendie du Reichtag, qui
couvrirait leurs interêts, ne leur ferait pas peur. Toujours par
expérience, on sait que partout les spécialistes du Mossad sont venus
former les terroristes, appuyer les coups tordus sur la planète. La
politique de l’État d’Israël est un des pions essentiels de la
recomposition US au Moyen-orient. Faut-il à partir d’un tel réseau de
présomptions franchir le trait et proclamer un complot étayé de fausses
nouvelles ? Ainsi en a-t-il été de la "rumeur" des juifs prévenus à temps
de l’attentat du 11 septembre. Le même canard a été lancé à propos de
l’Amabassade d’Israël à Londres.
Ce genre d’information mal étayée sur le "complot" s’empare des excès de
nos médias atlantisés, non seulement "l’angélisme" de l’État d’Israël [7] ,
mais de leur volonté de montrer des "démocraties occidentales" surprises
par la barbarie alors que non seulement celles-ci portent le fer et le
sang, la misère sur toute la planète, mais ne sont pas si "surprises" que
ça... Quand les médias occidentalisées nous rejouent sans cesse la
barbarie nazie contre la démocratie, y compris pour commenter les attentats
londoniens, transformer toute critique d’israël en antisémitisme, voir en
négationisme, fait partie du "théâtre". Est-ce que pour autant nous devons
leur apporter aliment en ne dénonçant pas les mono-maniaques du complot de
"la juiverie internationale" qui sévissent sur internet.
Il y a un terme qui me semble bien caractériser les visées de Bush et la
manière dont les attentats criminels interviennent pour les favoriser est
celui d’alliés objectifs. Mais aller plus loin dans l’état réel des
informations ne sert que la propagande bushienne et là encore certains
tenants systématiques de la "thèse du complot" me paraissent à leur manière
être des "alliés objectifs"... Par leurs outrances mêmes, parfois leur
inspiration néo-nazis, ils provoquent le rejet et déconsidèrent toutes les
informations fondées sur les activités réelles de la CIA et les services
occidentaux.
De cela, je retire le fait que l’information, le droit du citoyen à être
informé n’est pas un supermarché, mais une responsabilité politique, il
exige une éthique basée sur quoi ? Alors que nos médias témoignent du fait
que malgré des individus courageux cette éthique n’existe plus.
Pour un véritable droit à l’information :
Premier constat l’information est essentielle, la connaissance des faits
est indispensable et face à la censure médiatique, la manipulation, le
parti-pris des médias occidentales, l’existence d’internet même avec ses
dangers de rumeurs est une bonne chose. Comme est une bonne chose la prise
de conscience, à travers la manière dont est traitée leur propre situation
par ces médias, de gens qui chez nous ont décidé de s’opposer à ce qui les
opprime, leur rend la vie impossible. Quand aujourd’hui la presse française
continue à mépriser le NON français, appuie un nouveau démantélement du
code du travail, considère que le patronat à tous les droits, la conscience
d’une manipulation de l’information s’accélère. Mais j’ai déjà dit à quel
point le thème de la rupture entre les "élites et le peuple" me paraissait
dangereux s’il n’est pas assorti de propositions pour transformer les
institutions politiques, les moyens d’information, viser à leur
démocratisation.
On peut même soupçonner que le thème du "terrorisme" soit le mieux manipulé
pour nous faire accepter non seulement le viol de la démocratie envers
d’autres peuples, mais également chez nous. Donc le droit à l’information
passe par un refus systématique de l’entretien des paranoïas, mais une mise
en évidence des responsabilités pour aider à la transformation, à
l’amélioration, au dialogue.
Sans prétendre embrasser l’ensemble du problème, je voudrais plaider pour
un aspect du droit à l’information qui resitue l’évenementiel dans la
compréhension des peuples, des civilisations, autant que des problèmes
auquels ils sont confrontés. La seule solution est certes de faire
connaître les menées des dirigeants, des services de renseignement, mais de
ne jamais les isoler d’une histoire plus complexe et plus complète, celle
des peuples. Il faut faire de la politique, comprendre les enjeux, analyser
ce qui se passe au niveau de la planète et les incidences sur nos propres
peuples d’un mode de développement de plus en plus destructeur. Les peuples
sont les grands absents de ces visions parallèles qui d’un côté tentent de
nous entraîner dans la paranoïa du "choc de civilisation" ou celle de
n’importe quel "complot", pourtant c’est à ce niveau de compréhension de ce
que sont ces peuples, que l’on peut lutter pour la paix, pour la justice,
pour le respect des souverainetés nationales. Il est clair que pour moi qui
suis communiste comprendre les peuples passe par une connaissance de qui
est exploité par qui, mais je pense qu’une simple vision humaniste ou même
réaliste de l’avenir de la planète doit nous conduire à un souci proche.
Si on pouvait construire un véritable droit à l’information, il faudrait
partir de cette base occultée. Remettre les événéments dans leur contexte à
la fois historique et social, c’est à ce prix là que l’on pourra construire
une véritable démocratie parcipative, celle qui favorise l’intervention
localisée sur sa propre existence et qui de là , saura avoir une conscience
planétaire. Nous sommes aujourd’hui dans un politicien, dans un
évenementiel basé sur le sensationnel, sur les stéréotypes et la
geostratégie, à la mode Alexandre Adler, semble avoir oublié tous les
acquis des historiens, pour retourner à la chronique guerrière et celle des
cancans mondains et du danger terrible d’une vision paranoïaque du monde.
Danielle Bleitrach
– De Danielle Bleitrach :
Les barbares et les civilisés : Comment peut-on être Chiite ?
Les enseignements d’une émission détestable
Le NON n’ est pas un vote de gauche, c’est un vote de classe ...
Référendum : Les leçons d’un srutin.
Censure et Empire, Dieudonné et l’usage de l’"antisémitisme", par Diana Johnstone et réponse de Danielle Bleitrach.