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« Gouvernement dans la rue » et « révolutions dans la révolution » : Nicolas Maduro commence à gouverner

Alors que les médias occidentaux prennent leurs désirs pour la réalité (« chavisme affaibli, divisé, fragilisé », etc…), la remobilisation populaire - pacifique - et l’unification diplomatique de l’Amérique Latine face à la tentative de coup d’État ont accompagné le président Nicolas Maduro pour sa prise de fonctions, ce 19 avril 2013.

Lors de la session spéciale de l’Assemblée Nationale, en présence de chefs d’État, musiciens et mouvements sociaux venus du Venezuela, d’Amérique Latine et du monde entier, Maduro a dénoncé le black-out médiatique sur les victimes des commandos de l’opposition, et rappelé leurs noms : José Luis Ponce, Rosiris Reyes, Ender Agreda, Henry Manuel Rangel, Keler Enrique Guevara, Luis Garcà­a Polanco, Rey David Sánchez, Jonathan Antonio Hernández Acosta, Johny Pacheco, en demandant que ces meurtres ne restent pas impunis.

Le gouvernement bolivarien et plusieurs députés dissidents de l’opposition avaient, dans les semaines précédant l’élection, dénoncé les préparatifs de la déstabilisation violente et notamment l’infiltration de paramilitaires et les réunions à l’ambassade des États-Unis. Les médias privés, radios, télévisions et journaux d’opposition, majoritaires au Venezuela, gardent aujourd’hui le silence sur ces victimes, comme si elles n’avaient jamais existé. L’ONG de « défense des droits de l’homme » PROVEA, puisant ses informations dans le journal d’opposition « el Nacional », les attribue… à la pègre.

La mère de Luis Garcà­a (24 ans) assassiné le 15 avril à Maracaibo.

« Comme les nazis dans les années trente »

Le président a rappelé que « toute proportion gardée, la haine de la droite contre les centres de santé intégraux installés dans les quartiers populaires et contre les médecins cubains qui y travaillent avec les nouveaux médecins intégraux vénézuéliens, rappelle celle des nazis dans les années trente en Allemagne. Ce sont les mêmes prémisses qui consistent à exclure, à nier le droit de vivre de l’Autre, à l’époque celui du peuple juif, qui ont justifié l’Holocauste. C’est le même visage qui pointe derrière le racime social d’aujourd’hui.

« Peu m’importe la haine de l’oligarchie. A cette oligarchie, à ces médias qui haïssent le peuple, qui réactivent la haine du coup d’État de 2002, qui ont poussé à l’assassinat de huit des nôtres, qui me traitent de « chien colombien » parce que ma mère est d’origine colombienne, je leur crie du fond de mon coeur : Chávez est vivant, la lutte continue et vivra pour toujours ! Il y a parmi nous trois millions de colombiens qui avant la révolution qui se faisaient exploiter faute de papiers, et nous les avons régularisés, nous sommes historiquement un même et seul peuple : les peuples colombien et vénézuélien !

« Nous n’avons jamais appartenu et nous n’appartiendrons jamais à une élite.

« Aujourd’hui notre capacité d’agir et notre force s’est multipliée : un peuple et un État ont su faire face à une campagne de déstabilisation organisée de longue date. Nos forces armées sont loyales au peuple et ne sont plus l’instrument répressif d’il y a 15 ans. Le peuple s’est organisé en conseils communaux. 20 gouverneurs bolivariens sur 23 ont été élus en décembre dernier et nous voyons grandir chaque jour un puissant mouvement culturel, le monde des artistes, des musiciens, des cinéastes, il faut continuer à revitaliser la culture populaire.

« Nos racines spirituelles plongent dans la rébellions des lutteurs de la première indépendance d’il y a deux siècles, Miranda, Bolà­var, Rodrà­guez, et la lutte pour l’indépendance est la même aujourd’hui, nous venons de la révolution sandiniste, de la révolution salvadorienne des année 80, de la révolution cubaine et de toutes les alternatives de la gauche actuelle. Aujourd’hui, tout autour de nous, nous comptons sur des forces unitaires comme celle de l’UNASUR (3) qui dans sa diversité idéologique - droite, gauche, centre-droit, centre-gauche, réussit à trouver un terrain d’entente commune pour défendre la démocratie, et au fil des épreuves qui ont eu lieu ces dernières années, au fil des tentatives de déstabilisation, a su réagir, réaffirmer, construire, ce que j’appellerais un patrimoine démocratique.

Nicolas Maduro lors de sa prise de fonctions salue quelques uns des chefs d’État présents : Dilma Roussef, Raul Castro et Cristina Fernandez. Pour la présidente argentine, "e;c’est le premier président chaviste, ouvrier. Dieu, quel continent que le nôtre ! c’est ça, l’Amérique Latine. J’ai vu à Caracas de nombreux logements en construction. Nous devons stopper la haine, la xénophobie des minorités violentes. »

« révolutions dans la révolution »

« Je vous invite à mener plusieurs révolutions dans la révolution. Nous allons d’abord réaliser et approfondir le « Plan Patria » 2013-2019 en cinq objectifs, qui est l’héritage que nous a apporté le président Chavez (1). Entre 2005 et 2006 quand j’étais député j’ai participé au lancement du « parlementarisme de rue », un phénomène important, suivi de l’étape du « peuple législateur » grâce auquel les citoyen(ne)s présentent leurs propres projets de lois (2). Aujourd’hui nous allons amplifier ce mouvement de participation à travers « le gouvernement dans la rue« .

« Dès lundi, je vais parcourir le pays avec les ministres, nous allons écouter tout le monde, écouter les critiques, les critiques et les solutions car la population dans les quartiers, les travailleurs dans les centres de production, sont les premiers experts de la réalité. Pour que l’économie fonctionne, pour que les aliments ne soient plus accaparés, pour faire face à la guerre économique, aux sabotages, à la mafia du dollar parallèle, nous allons viser l’efficacité socialiste à tout prix, combattre la corruption, la bureaucratie, l’indifférence, le travail mal fait de personnes qui se déguisent en révolutionnaires, se coiffent d’un béret rouge « chaviste » pour mieux se moquer du peuple. Nous allons renforcer toutes les missions, et créer les micro-missions, collectifs locaux chargés de résoudre chaque problème local des missions nationales. Contre la corruption, nous allons aussi créer un corps secret d’enquêteurs.

« 80 % des vénézueliens considèrent à juste titre - et c’est un fait constant en Amérique Latine - que le problème principal est l’insécurité. Après les premiers pas déjà accomplis - la création de la nouvelle police nationale bolivarienne, et d’une université intégrale pour la former en permanence, il nous faut travailler avec le « mouvement pour la vie et pour la paix » (3) dans les quartiers et la main dans la main avec les secteurs populaires.

« Nous allons relancer la mission « Barrio tricolor » (quartier tricolore), accélérer la construction de logements dans les quartiers parfois pour qu’ils deviennent les plus beaux, pour une qualité de vie maximale, cet effort sera complémentaire de la Grande Mission Logement (4) avec un objectif de 3 millions de logements. Dès lundi, notre système national d’électricité deviendra stratégique avec un niveau maximal de sécurité, pour mettre fin aux coupures et aux sabotages qui ont eu lieu dans tout le pays. Nous allons multiplier la construction de centres de diagnostic intégraux, il y aura plus de santé gratuite pour l’ensemble de la population, partout. Ici comme ailleurs, je vais demander aux forces armées de s’intégrer davantage, d’apporter toute leur aide dans ces projets sociaux. De même que les travailleurs doivent être plus présents dans la planification des objectifs de l’économie.

« Notre objectif pour 2019, c’est zéro pauvreté, zéro misère. Mais augmenter la puissance des facteurs productifs de tout le pays, notamment en multipliant les investissements Sud-Sud, surmonter la misère, n’est possible que dans le socialisme. Si nous ne dépassions pas le capitalisme, nous retomberions dans la fosse. C’est la grande révolution sociale de la démocratie, du pouvoir populaire, du mode de vie socialiste, car bien sûr tout est lié, la construction des conseils communaux, des communes, la vie syndicale et les organisations de travailleurs, nous voulons le respect de la vie, de la solidarité, de la coopération, poursuivre une formation socio-politique critique, car si tout cet effort de conscientisation s’étiolait, la révolution mourrait. Tout cela ne sera possible qu’avec le peuple, à partir de lui. »

Depuis Brasilia, le Mouvement des Travailleurs Sans Terre qui a organisé le « campement national Hugo Chavez » pour exiger la reprise de la réforme agraire au Brésil, a déclaré par la voix du membre de la Coordination Nationale Alexandre Conceiçao : « la démocratie vénézuélienne a choisi Maduro pour présider le pays. Les actes contraires à cette reconnaissance sont un attentat contre la souveraineté du peuple vénézuélien et concernent toute l’Amérique Latine et les Caraïbes. »

Campement « Hugo Chavez » organisé par le Mouvement des Sans Terre, Brasilia.

Thierry Deronne, Caracas, 20 avril 2013,

avec AVN, Ciudad Caracas Info, Correo del Orinoco.

http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/20/gouvernement-dans-la-rue-et-revolutions-dans-la-revolution-nicolas-maduro-commence-a-gouverner/

(1) « Ce que va faire la révolution bolivarienne de 2013 à 2019"³ , http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/15/ce-que-va-faire-la-revolution-bolivarienne-de-2013-a-2019/

(2) Sur les lois d’initiative populaire, http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/04/au-venezuela-la-marche-vers-la-democratisation-des-medias/

(3) Sur la création du Mouvement pour la Paix et pour la Vie, voir http://www.avn.info.ve/contenido/maduro-exhort%C3%B3-grupos-armados-pasarse-al-movimiento-paz-y-vida

(4) « Quand s’éloigne le bruit de la pluie sur les toits de carton », http://venezuelainfos.wordpress.com/2012/12/17/quand-seloigne-le-bruit-de-la-pluie-sur-les-toits-de-carton/

(5) « A Brasilia, le campement national Hugo Chavez exige la reprise de la réforme agraire », http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/23/a-brasilia-le-campement-paysan-national-hugo-chavez-exige-la-reprise-de-la-reforme-agraire/


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Si un homme blanc veut me lyncher, c’est son problème. S’il a le pouvoir de me lyncher, c’est mon problème. Le racisme n’est pas une question d’attitude ; c’est une question de pouvoir. Le racisme tire son pouvoir du capitalisme. Donc, si vous êtes antiraciste, que vous en soyez conscient ou non, vous devez être anticapitaliste. Le pouvoir du racisme, le pouvoir du sexisme, vient du capitalisme, pas d’une attitude.

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