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Auteur : Romain MIGUS

Le chauffeur sans ses bus (chronique d’en bas nº7)

Romain MIGUS

Il est juché sur le toit d’un chicken bus, ces vieux bus scolaires jaunes si typiques des Etats-Unis. Derrière lui, des dizaines de bus similaires sont soigneusement alignés, jusqu’à l’arche de Carabobo, au loin. La photo est parfaite. Une communication méticuleuse et étudiée.

Le gouverneur de l’Etat du Carabobo, Rafael Lacava, vocifère avec sa gouaille habituelle : « Je vous avais bien dit que je ne vous laisserais pas seul, Peuple de Carabobo, voici une solution à court terme pour mettre fin au sabotage, et à cette guerre que l’on nous fait. Nous appellerons cette compagnie publique de bus, le TransDracula » La vidéo, postée sur le compte Twitter du gouverneur, se reproduit plus vite qu’une trainée de poudre allumée. Elle devient rapidement l’objet de tous les commentaires. Ce matin, en face de l'arrêt de métro Bellas Artes, je m'achète un tequeño, ces beignets au fromage fort prisés au petit-déjeuner. Plusieurs personnes font de même et discutent, devant le petit stand de vente, du show de Lacava et de ces chicken bus. « C’est pas possible que l’on considère ça comme une solution. – Il a dit que c’était à court terme. Au moins, il se bouge le cul. – Il est vulgaire ce type. On ne se conduit pas comme ça quand on est gouverneur. – Et alors, du (…) Lire la suite »
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Venezuela, la vie quotidienne...

Pénurie organisée de médicaments (Chroniques d’en bas nº6)

Romain MIGUS

La balance migratoire du Venezuela n’a jamais été négative au cours de son histoire. A la différence d’autres pays de la région et d’ailleurs, le Venezuela n’avait jamais connu le départ massif de ses concitoyens.

Bien au contraire, le pays caribéen a toujours été une terre d'accueil pour ceux qui rêvaient d'un second départ que ne pouvaient leur offrir leur patrie d'origine. En premier lieu, les Colombiens fuyant la guerre et les politiques d'austérité dans leur pays. Ils sont plus de quatre millions à avoir passé la frontière et à s'être établis au Venezuela. Mais aussi l'Equateur dont la communauté établie au Venezuela reste la plus grande en Amérique Latine. De nombreux citoyens du cône sud du continent ont aussi trouvé refuge dans le pays de Bolivar au moment où la botte militaire écrasait dans le sang toute velléité démocratique au Chili, en Uruguay, ou en Argentine. Cette immigration massive ne s'arrête pas aux pays de la région. Le Venezuela compte une des plus grande communauté syro-libanaise de la région, et par vagues successives des milliers d'Espagnols, d'Italiens et de Portugais sont venus s'y enraciner. L'immigration européenne au Venezuela a vu se constituer des branches (…) Lire la suite »
...et quelques bières en souvenir de Carlos Gardel

Vendredi soir à Caracas (chronique N° 5)

Romain MIGUS

Avec cette 5ème chronique, notre ami Romain Migus nous conte une soirée qu’il a vécue dans la capitale vénézuélienne avec des amis. Il semblerait qu’ils aient surtout fréquenté les bars sans avoir lu nos médias : c’est la pénurie et, de toute façon, il faut une brouette de billets pour le moindre achat. Suivons-les.
LGS

Le téléphone sonne. – “Allo ? – Epale hermano, comment tu vas ? C'est Enrique. C'est vendredi soir, tu vas faire quoi ? Le vendredi, au Venezuela, c'est jour de fête. Le week-end est, quant à lui, consacré aux tâches domestiques et à la famille. Ayant oublié ce détail, je m'étais plongé dans la lecture de “Jésus t'aime”, le très bon ouvrage de la journaliste Lamia Oualalou sur l'influence croissante des évangélistes au Brésil. L'invitation d'Enrique bouleverse mes plans. Jésus et ses serviteurs de l'Eglise Universelle du Royaume de Dieu attendront bien jusqu'à demain. “Rendez vous à la Casa Azul, c'est juste derrière chez toi, à San Agustín. A pied, tu en as pour cinq minutes”. A pied ? A 22 heures. Le souvenir d'avoir, quelquefois, bravé, de nuit, l'avenue Lecuna qui sépare Parque central des ruelles désertes de San Agustín n'augure rien de bon. Mais ça, j'allais le découvrir au fur et à mesure, c'était avant les problèmes de transport. Aujourd'hui, j'ai juste à me (…) Lire la suite »
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Venezuela : Le drone médiatique explose en plein vol

Romain MIGUS
Le 5 août 2018, lors de la commémoration du 81e anniversaire de la Garde Nationale Bolivarienne, deux drones chargés de C4 furent interceptés par les services de sécurité vénézuéliens. L'objectif de cet attentat : éliminer le président Nicolas Maduro et de hauts fonctionnaires de l´Etat. La tentative de magnicide échoua et provoqua l´ire de tout le système médiatique. Pour parler de l'attentat, tous les médias français utilisèrent le conditionnel, comme si cela relevait d´une invention du gouvernement bolivarien. Le premier jour, certains mirent même en doute l´existence des drones explosifs au prétexte qu'il n'y avait aucune image disponible. Argument curieux s'il en est, puisque le lendemain de l´attentat au Venezuela, un autre drone fut empêché de survoler le Fort de Brégançon, lieu de villégiature du président Macron. Malgré le fait qu´il n´existe pas d'image du drone en question, aucun média ne questionnera, cette fois-ci, la communication de l´Elysée. De la même façon, (…) Lire la suite »
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Problèmes d’alimentation, causes, solutions...

Venezuela : Entre mesures d’urgence et construction de l’Etat (Chroniques d’en bas nº4)

Romain MIGUS

Avec cette 4ème chronique, notre ami Romain Migus, journaliste français qui a longtemps exercé son métier au Venezuela où il se trouvait encore il y a quelques semaines aborde une question abondamment traitée par les médias mainstream : se nourrir au Venezuela.
Mais ce qu’il a vu n’est pas ce qu’on nous dit.
LGS

Samedi 16 juin 2018, 5h30 du matin, Caracas. Le réveil me sort de mon lit. Pour une fois, je ne m'en plains pas. Je prends une douche éclair et j'avale un café. Puis je vais réveiller Paola qui grommelle une suite de motsque je devine être des insultes. Depuis mon arrivée, elle n'a pas cessé de m'inviter pour aller faire des footings, pour suer dans une salle de musculation ou pour nager en mer. Ce que, avec une élégance très churchilienne, j'ai toujours décliné avec mépris. Elle a aussi la seule chambre de l'appartement avec une télévision. « Allez debout fainéante, tu voulais faire du sport. Nous y voilà. » lui dis-je en lui offrant un café et en branchant la télé sur une chaîne de sport où va commencer le match inaugural des bleus : France-Australie. « C'est pas vraiment ma conception du sport, mais merci pour le café » me rétorque-t-elle en attrapant la tasse. Avec le décalage horaire, le match de l'équipe de France commence à 6 heures du matin. Passé l'hymne que je (…) Lire la suite »
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Au supermaché : 40 millions de bolivars pour un demi-caddie

Venezuela : Spéculation et hausse des prix (Chroniques d’en bas nº3)

Romain MIGUS

Cet article sur la spéculation et la hausse des prix, s’inscrit dans un cycle de chroniques de notre ami Romain Migus, journaliste français qui a longtemps exercé son métier au Venezuela où il se trouvait encore il y a quelques semaines.
Son témoignage est particulièrement opportun quand les médias français (on se demande bien pourquoi ?) désinforment.
LGS

“On va aller faire les courses avant que les prix n'augmentent” me dit Paola, en rigolant. Paola, c'est la cousine qui habite dans notre appartement. Elle est biologiste, et travaille à l'Institut vénézuélien de recherche scientifique. C'est une sportive, ainsi qu'une écologiste radicale, ce qui est assez rare dans ce pays pétrolier. Chaussures de montagne aux pieds et sac à dos sur les épaules, elle crapahute avec autant de dextérité à la campagne qu'à la ville. Quand elle est en mode rat des champs, elle rapporte toutes sortes de pousses de plantes, de mousses et d'autres espèces végétales qu'elle entrepose soigneusement dans des pots qui s'entassent dans le salon de l'appartement ou sur le rebord des fenêtres. Dans le cas présent, c'est plutôt le rat des villes qui m'intéresse. Ce matin, on va aller remplir le frigo et son sac à dos ne sera pas de trop. « On va aller dans un supermarché et on achètera les légumes au marché de Coche, me dit Paola, ça nous reviendra moins cher (…) Lire la suite »
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Témoignages sur le Venezuela

2016 et 2017 : Le calme après la tempête (Chronique N° 2)

Romain MIGUS

Nous poursuivons la publication d’un cycle de chroniques de notre ami Romain Migus, journaliste français qui a longtemps exercé son métier au Venezuela. Dans ces récits-témoignages, il a choisi de nous parler de ce pays en partant du réel, de la vie de tous les jours, de nous rapporter des anecdotes, des discussions avec les autochtones. Bref, Romain Migus trace un tableau pointilliste, nous offre du vécu, plonge dans le profond de l’âme vénézuélienne, se garde des informations de seconde main, laisse à d’autres les analyses politiques subjectives. Ce parti pris d’écriture est chargé de cette fraîcheur qui déplaira aux cyniques dont les discours ne résisteront pas à l’épreuve du temps.
LGS

9h du matin, Plaza Bolivar. Le centre de Caracas est dans sa plus normale effervescence. Les vendeurs de rues proposent des jus de fruits, des « tequeños » et des empanadas , très prisés lors du petit déjeuner. N´en déplaise aux ténors de l´industrie médiatique, il n´y a pas de mourants de faim à chaque coin de rue, pas de clochards ni mendiants. Les gens vont et viennent, affairés par leur train-train journalier. La crise et la guerre économique ne sont pas palpables dans l´espace public. La vie semble continuer en toute tranquillité. J´ai rendez-vous avec Enrique. Je l´attends à la Indiecita, situé dans une rue adjacente à la place Bolivar. C´est un café populaire qui sort tout droit des années 70. L´esthétique et la décoration n´ont jamais été modifié et nous renvoient à un autre temps : celui du boom pétrolier et de la Venezuela saoudite. Dans un coin, un tableau datant de cette époque. On y voit des hommes et des femmes buvant et faisant la fête, au cœur d´un paysage qui (…) Lire la suite »

Venezuela : chronique d’en bas (N° 1)

Romain MIGUS

Nous ouvrons ici un cycle de chroniques de notre ami Romain Migus, journaliste français qui a longtemps exercé son métier au Venezuela. Dans ces récits-témoignages, il a choisi de nous parler de ce pays en partant du réel, de la vie de tous les jours, de nous rapporter des anecdotes, des discussions avec les autochtones. Bref, Romain Migus trace un tableau pointilliste, nous offre du vécu, plonge dans le profond de l’âme vénézuélienne, se garde des informations de seconde main, laisse à d’autres les analyses politiques subjectives. Ce parti pris d’écriture est chargé de cette fraîcheur qui déplaira aux cyniques dont les discours ne résisteront pas à l’épreuve du temps.

LGS

En prenant mon café, au petit matin du 17 mai 2018, à l'aéroport Charles de Gaulle, la première image qui me vint à l'esprit est celle de cette femme et de son bébé rencontrés à l'aéroport de Caracas, 7 ans plus tôt, en décembre 2011. A l'époque, je voyageais de Caracas à Paris, et pour rompre la monotonie de la file d´attente qui nous conduisait dans l´Airbus A330, j´engageais la conversation en lui demandant si elle allait passer les fêtes de fin d´année en France. « Non, me répondit-elle, je passe par la France en transit. Je vais présenter mon fils à ma famille, à Damas. » Cela faisait plusieurs mois que la guerre en Syrie faisait rage, et les transnationales de la communication nous annonçaient la chute de Damas et du gouvernement syrien comme imminentes. Et devant moi, cette jeune femme me disait tranquillement qu´elle emmenait son bébé au cœur de la fournaise. Je la regardai perplexe, elle me répondit par un sourire. Comme elle n´avait en rien l´air d´une folle (…) Lire la suite »

Venezuela : je refuse d´être pris pour une cible médiatique

Romain MIGUS
Les élections présidentielles au Venezuela auront lieu le 20 mai 2018. Cette convocation du Peuple aux urnes sera l´occasion de demander aux citoyens qu´ils fassent un choix sur le futur de leur pays, de la forme la plus souveraine et démocratique qu´il soit. Le chavisme, emmené par Nicolas Maduro, affrontera quatre candidats d´opposition dont Henri Falcón (1). Cet ancien gouverneur de l´Etat du Lara a été le directeur de campagne du candidat d´opposition Henrique Capriles Radonski aux dernières élections présidentielles de 2013. Avec 22% d´intention de vote dans les sondages, il est aujourd´hui le candidat d´opposition le mieux placé pour tenter de ravir l´exécutif au président sortant. Nicolas Maduro, quant à lui, est désormais crédité de 52% des intentions de votes (2). Situation improbable si l´on s´en tient aux couvertures médiatiques dominantes mais qui reste parfaitement rationnelle dans le contexte vénézuélien, où le chavisme conserve une forte base électorale. C´est donc (…) Lire la suite »

Les Médias, Macron et l’ALBA (et le Venezuelaaaaaaaa)

Romain MIGUS
Il y a un peu moins d'un an, la caste médiatique, effrayée par la montée fulgurante de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages pour l'élection présidentielle, fabriquait de toute pièce un “buzz médiatique”. Elle s'offusquait que la France Insoumise, dans son programme, veuille “rejoindre les coopérations régionales dans une démarche de codéveloppement écologique, social et de progrès humain : par exemple l'ALBA pour les Antilles et la Guyane française (…)” (point numéro 15 de l'Avenir En Commun). Dénoncé par l'éditorialiste militant Patrick Cohen et repris ensuite par tous ses confrères, cette mesure de l'Avenir en Commun devait être la preuve des desseins autocratiques de Jean-Luc Mélenchon, puisque Cuba et le Venezuelaaaaaaa font partie de cette organisation de coopération régionale. Pourtant, cette initiative n'est pas la plus révolutionnaire du programme de La France Insoumise. Elle s'inscrit même dans la logique diplomatique française. Comme le rappelle le Ministère de (…) Lire la suite »
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