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Auteur : André LACROIX

Tibétains dégoûtés, Tibétains déboutés : le vent tourne, mais quid des Ouïghours ?

André LACROIX

La lecture du site France-Tibet, relais traditionnel des thèses « Free Tibet » auprès des lecteurs français, réserve parfois quelques surprises. Tandis qu’il redonnait à lire un « dossier spécial », daté du 15/09/2018, consacré aux Tibétains exilés dont certains rentrent au pays (1), le même site publiait le 22/01/2021 un article déplorant l’abandon des poursuites envers la Chine pour « génocide au Tibet » (2) Ces deux publications n’ont certainement pas fait danser de joie les adeptes de Sa Sainteté. Mais alors que l’étoile du dalaï-lama est en train de pâlir et que le sort des Tibétains ne fait plus pleurer dans les chaumières, voilà que les projecteurs se braquent sur les Ouïghours présentés à l’opinion publique occidentale comme les nouveaux bébés-phoques à sauver du carnage !

1) Des Tibétains dégoûtés... Le dossier de 2018 intitulé La recherche d’un chez-soi : pourquoi les Tibétains quittent l’Inde mérite d’être lu. Il a pour source le quotidien indien « Hindustan Times » et a été traduit pour « France-Tibet » par Laëtitia Fromenteau. Les passages entre guillemets ci-dessous sont des citations de cet article. On y apprend notamment, à partir d’interviews réalisées à Dharamsala, que la situation des Tibétains exilés en Inde n’a rien d’idyllique et que nombre d’entre eux se sont résolus à partir sous d’autre cieux, aux États-Unis ou en Europe, et même ... au Tibet. L’article s’étend longuement sur le statut peu enviable des exilés tibétains sur le sol indien. « Sur le papier, le gouvernement indien reconnaît les Tibétains uniquement comme des ‘étrangers’ et non des réfugiés. L’Inde a refusé de signer la Convention des Nations unies de 1951 sur les réfugiés, qui les définit et rend les États responsables de leur bien-être ». » Il existe bien une (…) Lire la suite »

Lettre ouverte à Paul Magnette, Président du PS et Bourgmestre de Charleroi

André LACROIX
Monsieur le Président, Monsieur le Bourgmestre, Cher Paul Magnette, Le débat que vous avez eu le 28 janvier avec Raphaël Glucksmann, via « Instagram Live » (voir https://youtu.be/pxXzE54_ijU) m’a désolé. Je n’arrive pas à comprendre qu’un intellectuel de votre niveau puisse à ce point manquer d’esprit critique en cautionnant les fantasmes du tourne-veste Glucksmann. Pour rappel, en digne ou indigne fils de son père André (ancien maoïste devenu « nouveau philosophe » atlantiste et néolibéral), le petit Raphaël, lui, a connu quelques étapes assez croquignolesques : dans les années 2000, il a participé au groupe de réflexion néoconservateur le Cercle de l’Oratoire défendant la guerre d’Irak et s’en prenant à l’antiaméricanisme ; puis, de 2005 à 2012, il a été conseiller de Mikheil Saakachvili, le controversé Président de Géorgie ; après un passage à Alternative libérale, le voilà, en 2008, qui s’oriente « à gauche » en lançant le parti Place publique (PP), avant d’être élu aux (…) Lire la suite »

China bashing universitaire

André LACROIX

Invitée du samedi 16 janvier par Jonas Legge, Rédacteur en chef de « LaLibre.be », Vanessa Frangville se livre à un réquisitoire fleuri contre la Chine sous le titre « La Chine cherche à s'implanter en Europe pour y imposer ses normes ». Ce n’est pas la première fois (1) que cette jeune universitaire, spécialiste du … cinéma tibétain, se laisse aller, sous les feux de la rampe, à des propos dont le sérieux n’est pas la caractéristique principale. Nous nous contenterons de reproduire son interview en caractères droits en y ajoutant nos commentaires en italiques.

Le coronavirus est-il perçu comme une honte par les autorités du pays ? Non, elles ont fait très fort, tant sur le plan domestique qu'international, en transformant cette crise en une sorte de victoire sur la maladie. Il y a énormément de propagande afin de stimuler une certaine solidarité auprès de la population et de faire oublier les morts. La Chine se vante d'être parvenue à arrêter la pandémie alors que les grandes démocraties occidentales sont en plein chaos, atteignent des sommets en termes de contaminations. S’il est incontestable que la Chine est parvenue à arrêter l’épidémie (malgré de nouveaux foyers pouvant apparaître ici ou là) et s’il est aussi incontestable que « les démocraties occidentales sont en plein chaos », pourquoi la Chine s’interdirait-elle d’en tirer avantage ? Supposons un instant, en inversant les données, que la pandémie ait provoqué la mort de 400 000 Chinois et de 5 000 États-uniens. Le gouvernement de Washington n’en aurait-il pas profité pour (…) Lire la suite »

Sur les Ouïghours comparés aux Tibétains, lettre à un ami sceptique

André LACROIX

Un ami très cher m’a écrit le 18/12/2020 : « Si je te suis sans problème sur le Tibet, j’ai beaucoup plus de mal à le faire sur les Ouïghours. Rien de ce que tu m’as donné à lire ne m’a paru même à moitié aussi convaincant que ce que tu m’as fourni sur le Tibet. » Voici ma réponse.

Cher N, Je comprends ton scepticisme, mais je ne le partage pas. Pendant des années, j’ai cru comme tout le monde que le Tibet était victime d’un triple génocide : physique, culturel et démographique. Il a fallu que j’aille sur place et que je me documente sérieusement pour me rendre compte que ces accusations ne tiennent pas la route. « Si l’Europe et les USA ont menti sur le Tibet (...), écrit Emmanuel Wathelet (1), il est possible que les mêmes mentent sur le Xinjiang. » C’est même probable : maintenant que l’aura du dalaï-lama est en train de pâlir, ne fallait-il pas s’attendre à l’apparition d’un nouvel abcès de fixation sur les flancs du géant chinois ? Je ne crois pas être « complotiste » en constatant que les « révélations » sur le sort des « pauvres » Ouïghours tombent à point nommé pour détourner l’attention sur le fait que les EU sont en train de perdre leur leadership mondial au profit d’une Chine qui a retrouvé son antique prestige d’Empire du Milieu (2). Un peu (…) Lire la suite »
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Pax Romana et Pax Americana, Pax Sinica et question tibétaine

André LACROIX

En guise de réaction à mes chroniques sur le Tibet, une amie de longue date m’a proposé d’écouter l’émission « Soudain le Talmud ! Pourquoi l’Empire n’admettra jamais le tiqqun » par Ivan Segré (émission du 1er mars 2015 toujours disponible sur le Net ; durée : 19 min 28 s). Il y est question d’une discussion talmudique sur l’attitude de la communauté juive du IIe siècle de notre ère face au pouvoir de l’Empire romain. Mon amie m’invitait ainsi, je suppose, à une comparaison entre la politique impériale romaine vis-à-vis des juifs et la politique chinoise vis-à-vis de Tibétains. C’est l’occasion pour moi revenir sur un rapprochement entre deux mondes qui me tiennent à cœur, le monde juif et le monde tibétain, plus subtilement, j’espère, que le médiatique et omniscient Alexandre Adler (1).

Rome et la Judée Pour bien comprendre ce dont parle Ivan Segré, il faut d’abord définir le mot tiqqun, signifiant dans la tradition talmudique réparation, restitution, rédemption, ce qui recouvre en grande partie la conception juive de la justice sociale. La pratique du tiqqun est destinée à rendre le monde habitable. Pour beaucoup d’historiens, voire la majorité, il apparaît que cette habitabilité du monde a été largement garantie par la Pax Romana. Mais dans la Judée du IIe siècle, cette conviction selon laquelle Rome serait l’instrument du tiqqun faisait l’objet de controverses, comme on peut le voir en comparant la position de trois célèbres érudits de la Torah : Rabbi Yehouda, Rabbi Yosse et Rabbi Shimon. Avec un talent incontestable de de la narration vivante, Ivan Segré rapporte la réponse donnée à cette question sensible par ces trois experts, comme s’il s’était agi d’un débat télévisé. Pour Rabbi Yehouda, la réponse est oui : rempart contre la barbarie, Rome a apporté (…) Lire la suite »
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La sinophobie rampante d’Arte

André LACROIX

Ce n’est pas la première fois que la chaîne Arte accrédite par son aura prestigieuse des préjugés antichinois largement répandus en Occident (1). En voici deux nouveaux exemples fournis par ses présentateurs vedettes, Claude Askolovitch et Élisabeth Quin.

Un rapprochement injustifiable Le billet de Claude Askolovitch dans le « 28 minutes » d’Arte du 30 octobre était consacré à l’examen gynécologique intempestif, subi à l’aéroport de Doha par des femmes suspectées d’avoir mis au monde un bébé et l’avoir abandonné. En partant de ce scandale, de ce viol sexiste, Claude Askolovitch, toujours prompt à dénoncer avec sensibilité les injustices, s’insurge à juste titre contre notre complaisance face au Qatar qui s’autorise tous les droits (achat de la Coupe du monde, servage des ouvriers étrangers, propagation du terrorisme islamiste, etc.) Mais quel mouche le pique de terminer sa philippique par l’évocation des ... Ouïghours, des Tibétains et des Hongkongais !? Alors que la Chine a vaincu l’archaïsme sexiste, qu’elle combat le terrorisme islamiste et qu’elle a sauvé de la misère 700 millions d’habitants ! Comment expliquer cet amalgame Chine-Qatar sinon par une paranoïa collective ? Après le bêlement politico-médiatique « (…) Lire la suite »

Après le Tibet, place au Xinjiang pour discréditer la Chine

André LACROIX

Maintenant que le soufflé des immolations de fanatiques tibétains est retombé et que l’étoile du 14e dalaï-lama a perdu de son éclat, voilà qu’apparaît un nouvel abcès de fixation sur les flancs du géant chinois : le Xinjiang, arrivé en tête du "hit parade" du "China bashing" devant le Tibet, Taïwan, Hong Kong et même le coronavirus.

Des légendes trompeuses On se souvient de la photo qui a fait le tour du monde, au printemps 2008, de soldats chinois déguisés en moines tibétains pour provoquer des émeutes sanglantes. En fait, comme l’a révélé Michel Collon dès le 3 avril sur le site Investig’Action, la photo n’avait rien à voir avec les émeutes sanglantes du 14 mars 2008 et leur répression : elle avait déjà été publiée en ... 2003 et montrait des soldats ayant servi de figurants dans un film, déguisés, effectivement, en moines bouddhistes, ces derniers, les vrais, refusant d’apparaître dans des films. Parmi tous les « grands » journaux, il n’y eut que La Croix, le 30 avril, pour révéler la mystification. Il faudra attendre huit ans pour que Pierre Haski himself en fasse de même dans L’Obs du 2 nov. 2016... Faudra-t-il attendre 2028 pour que la presse officielle consente à reconnaître que nombre de photos qui envahissent les médias à propos des « atrocités » commises par les Chinois au Xinjiang sont aussi des (…) Lire la suite »
Du moment que les victimes sont en Chine et que les terroristes sont Ouïghours...

Le terrorisme anecdotique : nouveau concept universitaire

André LACROIX

Le mardi 4 août 2020 au matin, j’ai failli avaler mon café de travers en entendant déclarer sur les ondes de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone) que la situation au Xinjiang « a créé des tensions très importantes qui ont amené les Ouïghours à se soulever à plusieurs reprises, souvent de façon locale et de façon anecdotique. Mais ces soulèvements ont été qualifiés par l’État chinois d’actes terroristes. » De qui sont ces propos ? De Mme Vanessa Frangville, titulaire d’un doctorat en études chinoises de l’Université Lyon 3 et maître de conférences et titulaire de la chaire d'études chinoises à l'ULB (Université libre de Bruxelles).

Appeler un chat un chat La qualification d’actes terroristes n’est pas due à l’État chinois ; elle découle de l’examen des faits. Voyons ce qu’en dit SciencesPo (Center for International Studies) : « En 2013-2014 la Chine a fait face à une vague d’attentats sans précédent sur son territoire. Parmi les plus importantes attaques, on retient un attentat suicide à la voiture piégée sur la place Tiananmen à Pékin le 28 octobre 2013 qui a fait deux morts et 40 blessés, une attaque au couteau à la gare de Kunming (capitale du Yunnan) le 1er mars 2014 qui a fait 31 morts et plus de 140 blessés, une valise piégée à la gare d’Urumqi (capitale du Xinjiang) le 30 avril 2014 qui a fait trois morts et 79 blessés, ou encore un double attentat suicide à la voiture piégée sur un marché à ciel ouvert d’Urumqi le 22 mai de la même année qui a fait 31 morts et 94 blessés. Ces attaques ont toutes été perpétrées par des militants ouïghours, et certaines d’entre elles ont été revendiquées par le Parti (…) Lire la suite »

Les Verts européens, l’extrême droite et la Chine : Philippe Lamberts ne répond plus

André LACROIX

* Le 6 juin, je faisais part à une trentaine de responsables écologistes (français et belges) de ma perplexité en apprenant que, dans leur guerre contre la Chine, des Verts allemands se retrouvaient dans le même camp que l’agitateur populiste Steve Bannon, aux côtés de gens peu recommandables comme, par exemple, Gerolf Annemans (du Vlaams Belang)… * Réaction immédiate et courroucée de Philippe Lamberts, premier vice-président du groupe écologiste au Parlement européen. * Vous trouverez ci-dessous : - 1) mon interpellation, - 2) la réaction de Philippe Lamberts, - 3) ma réponse, - 4) … un silence assourdissant – qui m’autorise à rendre public ce trop bref échange.

1) Mon interpellation à une trentaine de personnalités écologistes (6 juin, 9 h 02) Chère Madame, cher Monsieur, L’article ci-dessous, tiré de “german-foreign-policy” (*), traduit par un de mes amis, nous apprend que des Verts allemands seraient en train de flirter avec Steve Bannon jusqu’à partager avec lui une odieuse campagne de “China bashing”. J’ose espérer qu’aucun(e) d’entre vous ne partage ce point de vue et que vous vous désolidariserez publiquement de cette dérive. Sur Hong Kong, je me permets de vous recommander l’article ci-joint, dû à la plume de Lionel Vairon(**), sinologue et ancien diplomate français. Avec l’expression de ma meilleure considération, André Lacroix auteur de la traduction Mon combat pour un Tibet moderne. Récit de vie de Tashi Tsering (éd. Golias, 2010) et de l’essai Dharamsalades. Les masques tombent (éd. Amalthée, 2019) (*) document disponible sur demande (**) idem 2) La réaction de Philippe Lamberts (6 juin, 12 h 30) Cher Mr. (…) Lire la suite »
Il avait couvert un faux dans Libération, diffamé LGS dans Rue89, il est chroniqueur sur France Inter et il préside RSF qui tenta de nous faire censurer.

Le coronavirus et la Chine. Lettre ouverte à Reporters sans Frontières

André LACROIX

Le 24 mars, j’ai reçu un courriel de Daniel Bastard contenant un communiqué de presse de RSF intitulé « Si la presse chinoise était libre, le coronavirus ne serait peut-être pas devenu une pandémie ». Le 25 mars et le 26 mars, j’ai reçu, de la part de Cédric Alviani, un autre texte de RSF intitulé « Ces héros de l’information que la Chine a étouffés ».

Chers Messieurs Bastard et Alviani, Que les autorités chinoises aient commis des fautes lors du surgissement inopiné d’un nouveau virus, nul ne le conteste, en particulier le gouvernement de Pékin qui a déjà décidé de demander des comptes aux autorités de la métropole de Wuhan et de la province du Hubei. Vous profitez de ces événements dramatiques pour condamner sans appel un régime qui ne vous plaît pas. L’indignation à géométrie variable est une constante chez RSF. Vous êtes bien les héritiers de votre fondateur et ancien secrétaire général, le peu recommandable Robert Ménard dont l’engagement à RSF a été suivi par l’accession à la mairie de Béziers grâce au soutien de Marine Le Pen. Que le nouveau secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, ait déclaré se désolidariser de Ménard en 2006, cela ne l’a pas empêché, en 2019, d’aller chercher le Prix Dan David à Tel Aviv, dans un pays où l’on peut se permettre d’assassiner des journalistes palestiniens. Quant à (…) Lire la suite »
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