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Tibétains dégoûtés, Tibétains déboutés : le vent tourne, mais quid des Ouïghours ?

La lecture du site France-Tibet, relais traditionnel des thèses « Free Tibet » auprès des lecteurs français, réserve parfois quelques surprises. Tandis qu’il redonnait à lire un « dossier spécial », daté du 15/09/2018, consacré aux Tibétains exilés dont certains rentrent au pays (1), le même site publiait le 22/01/2021 un article déplorant l’abandon des poursuites envers la Chine pour « génocide au Tibet » (2) Ces deux publications n’ont certainement pas fait danser de joie les adeptes de Sa Sainteté. Mais alors que l’étoile du dalaï-lama est en train de pâlir et que le sort des Tibétains ne fait plus pleurer dans les chaumières, voilà que les projecteurs se braquent sur les Ouïghours présentés à l’opinion publique occidentale comme les nouveaux bébés-phoques à sauver du carnage !

1) Des Tibétains dégoûtés...

Le dossier de 2018 intitulé La recherche d’un chez-soi : pourquoi les Tibétains quittent l’Inde mérite d’être lu. Il a pour source le quotidien indien « Hindustan Times » et a été traduit pour « France-Tibet » par Laëtitia Fromenteau. Les passages entre guillemets ci-dessous sont des citations de cet article.

On y apprend notamment, à partir d’interviews réalisées à Dharamsala, que la situation des Tibétains exilés en Inde n’a rien d’idyllique et que nombre d’entre eux se sont résolus à partir sous d’autre cieux, aux États-Unis ou en Europe, et même ... au Tibet.

L’article s’étend longuement sur le statut peu enviable des exilés tibétains sur le sol indien. « Sur le papier, le gouvernement indien reconnaît les Tibétains uniquement comme des ‘étrangers’ et non des réfugiés. L’Inde a refusé de signer la Convention des Nations unies de 1951 sur les réfugiés, qui les définit et rend les États responsables de leur bien-être ». »

Il existe bien une ordonnance du tribunal de grande instance de Delhi de 2011 qui ouvre la voie à la naturalisation indienne pour les Tibétains nés en Inde entre 1950 et 1986. « Mais c’est un sujet de controverse dans la communauté, car beaucoup regrettent de renoncer à l’identité tibétaine. »

N’étant pas citoyens indiens, les Tibétains « ne peuvent pas posséder de biens et ils ne peuvent pas, non plus, postuler à des emplois gouvernementaux. » Même dans le secteur, où pourtant la loi leur permettrait d’occuper des emplois, « certains sont refusés par les entreprises sous prétexte qu’ils ne sont pas citoyens indiens. »

En 2017, le gouvernement indien a renforcé son contrôle sur les déplacements des Tibétains en publiant « une circulaire que beaucoup estimaient être un rappel grossier de leur précarité. » Cette circulaire a été en partie rapportée, mais la méfiance demeure (3).

Le malaise s’accroît en même temps que l’âge du dalaï-lama, comme en témoigne un certain Tenzin Tselha, « directeur national des étudiants pour un Tibet libre » : « Beaucoup de membres de la communauté continuent à se demander ce que deviendra la communauté après Sa Sainteté et si l’Inde continuera à nous permettre de vivre ici ou pas. »

... qui essaient de gagner l’Occident...

C’est ce manque de perspective qui pousse de nombreux Tibétains à quitter l’Inde, comme l’affirme, en caractères gras et en capitales, le sous-titre du dossier : « Pendant des décennies, Dharamsala a été le siège du gouvernement tibétain en exil et d’un mini-Tibet en Inde. Mais maintenant, les Tibétains partent... » « La population de Mcleod Ganj compterait environ 15 000 personnes ayant migré chaque année au cours des deux dernières années. » Pour rappel, McLeod Ganj est cette banlieue de Dharamsala où siège le « gouvernement en exil » ; elle est connue sous le nom de "Little Lhasa". (4)

Commence alors, pour la plupart de ces candidats à l’exil en Occident, un parcours du combattant ressemblant à celui de tant de migrants de par le monde, obligés de recourir aux services de passeurs peu scrupuleux. « La CTA [Central Tibetan Administration] admet ces événements. ‘Il y a une mafia internationale qui travaille sur la contrebande de Tibétains et facture d’énormes sommes d’argent.’ » « Leur voyage est très difficile. Bon nombre d’entre eux obtiennent d’abord un visa touristique et demandent ensuite l’asile politique en tant que réfugié. Toutefois leur apatridie rend souvent difficile l’obtention d’un visa de touriste. Les habitants disent que seulement deux applications sur dix sont réussies. »

... ou de rentrer au Tibet

Reste alors une autre option : le retour au Tibet, malgré la méfiance mutuelle entre Lhassa et Dharamsala qui a eu le temps de recuire depuis 1959, année de la fuite en Inde du dalaï-lama et de ses fidèles. C’est pourtant la solution que d’aucuns ont choisie. « Les chiffres sont difficiles à obtenir – l’Administration centrale tibétaine (CTA) confirme la tendance, mais affirme qu’elle n’a aucun moyen de la quantifier, en particulier ceux qui rentrent au Tibet. Selon des estimations non officielles du bureau d’enregistrement des étrangers à Dharamasala, le nombre pourrait atteindre environ 100 Tibétains. »

Comme le déclare Lobsang Yangtso, une Tibétaine née au Tibet, qui termine son doctorat à l’Université Jawaharlal Nehru de New Delhi : « ‘Sur le plan économique, beaucoup de Tibétains au Tibet et dans le monde se portent relativement mieux que les Tibétains en Inde.’ » Et, pour ceux qui n’auraient pas compris, l’article précise : « Les déclarations de Yangsto sont validées par les données provenant du Tibet indiquant une croissance économique robuste dans la région. »

Gageons que la centaine de pionniers tibétains qui sont revenus au pays seront suivis par beaucoup d’autres, pouvant ainsi bénéficier de conditions de vie décentes et mettre leur savoir-faire au service du développement de la RAT.

2) Des Tibétains déboutés...

Second article qui ne doit pas beaucoup plaire non plus aux exilés à qui on a fait croire pendant des décennies que les Chinois se livraient à des actes barbares sur les Tibétains. Il s’agit de la traduction par « France-Tibet » d’un article publié par la « Casa del Tíbet » le 15/01/2021 au titre facile à comprendre : Tribunal Europeo sepulta la justicia universal por el Tíbet : Crónica de una impunidad.

Le 17 décembre 2020, la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH) siégeant à Strasbourg a définitivement enterré les prétentions des nostalgiques de l’Ancien Régime tibétain à faire condamner la Chine pour un génocide qu’elle aurait commis au Tibet. En déclarant irrecevables les poursuites contre la Chine, la CEDH a une fois pour toutes réduit à néant les conclusions de la Commission internationale de juristes qui avait en 1960 condamné la Chine pour des « atrocités » commises au Tibet ; on sait aujourd’hui que cette commission était alors financée secrètement par la CIA (5), prête à tout, en pleine guerre froide, pour affaiblir la Chine.

L’article de France-Tibet se présente comme un long faire-part de décès des illusions perdues : on peut y lire les déplorations de six personnalités qui n’en reviennent toujours pas de l’issue fatale de leurs chimères. Autour de Thubten Wanchen, « moine bouddhiste, tibétain espagnol (?) », on trouve Alan Cantos, « directeur du Comité de soutien au Tibet-CAT », Nima Binara, « une prestigieuse avocate [de la cause ?] tibétaine », Manule Ollé Sesé, « avocat au service de l’équipe juridique du CAT et professeur de droit pénal international à l’Université Complutense de Madrid », Maite Parejo Sousa, « avocate internationale de l’équipe juridique du CAT » et, en première ligne, José Elías Esteve Moltó, « l’avocat enquêteur auteur des plaintes et professeur de droit international à l’Université de Valence ».

... car leurs accusations ne tenaient pas la route...

Il se fait que, le 24 avril 2015, j’avais déjà entendu ce Monsieur Moltó, spécialiste du droit international et auteur de nombreuses contributions scientifiques, venir plaider la cause des indépendantistes tibétains, au cours d’un procès fictif animé par des étudiants en droit de l’ULB (Université Libre de Bruxelles) jouant le rôle de jurés dans un procès d’assises. Il y était opposé à Mme Géraldine Giraudeau, professeure de droit public à l’Université de Perpignan, invitée à défendre la thèse adverse, selon laquelle le Tibet fait partie de la Chine.

Devant un auditoire apparemment plutôt acquis à sa cause, M. Moltó s’est livré, en anglais, à un vibrant réquisitoire antichinois, ayant recours à une série d’accusations dont il pensait sans doute être le seul à savoir qu’elles étaient fausses, espérant ainsi faire appel à l’émotion du jury plutôt qu’à son objectivité juridique.

... par exemple :

Pour M. Moltó, la relation traditionnelle chö-yön (prêtre-protecteur), entre le dalaï-lama et l’empereur plaiderait historiquement pour l’indépendance du Tibet ; la réalité est tout autre : si d’un côté, le pouvoir politique d’alors, pour assurer son salut divin, reconnaissait l’autorité bouddhique, de l’autre côté, pour assurer la paix de leur territoire, les hiérarques tibétains s’en remettaient aux détenteurs du pouvoir politique, CQFD.

Avec un sens tout relatif des réalités juridiques, M. Moltó a parlé à plusieurs reprises du « Simla agreement » prétendant en 1913 ériger le Tibet en État tampon, alors qu’une de parties et non des moindres, à savoir la Chine, n’a jamais donné son accord à ce qu’il conviendrait d’appeler, au mieux, la « conférence de Simla ». En revanche, à propos de l’ « accord en 17 points sur la libération pacifique du Tibet » de 1951 coulant dans le bronze l’appartenance du Tibet à la Chine, M. Moltó a repris à son compte les accusations fausses selon lesquelles cet accord aurait été signé sous la contrainte ; se pourrait-il qu’il n’ait pas été au courant de la réfutation catégorique de cette fable par de grands spécialistes américains ? (6)

Il a aussi parlé de l’ « invasion du Tibet », en omettant de signaler que, pendant plusieurs années, la présence des soldats chinois à Lhassa, construisant routes, écoles, hôpitaux a été vécue par la population tibétaine comme « une sorte de lune de miel » (7) et que les choses n’ont commencé à se gâter que vers 1956 quand les communistes ont voulu imposer une réforme agraire, notamment au Sichuan, une province contiguë qui n’était en rien liée par l’Accord en 17 points : ignorerait-il que ce sont les redoutables Khampas, bénis par les moines et soutenus par la CIA, qui ont mis le feu aux poudres ?

Parmi les affirmations sujettes à caution émises par M. Moltό, j’ai aussi relevé la comparaison boiteuse entre la proclamation d’indépendance du Tibet faite par le 13e dalaï-lama en 1913 et la proclamation de l’indépendance de la Bulgarie de 1908. Il y a une différence de taille entre ces deux événements. Bien qu’elle ait choisi le mauvais camp lors de deux guerres mondiales, la Bulgarie n’a pas cessé d’être reconnue comme un État souverain, tandis que l’indépendance du Tibet n’a jamais été reconnue par personne, ni par la Grande-Bretagne, préférant maintenir une sorte de protectorat, ni plus tard par les États-Unis, même au plus fort de la guerre froide alors qu’ils étaient la superpuissance et que la Chine était encore très faible. Quand on a la prétention de faire du droit international, il me semble qu’on ne peut pas faire l’économie de la voix des nations.

Remarque semblable à propos du statut des États baltes auquel M. Moltό a entendu rapprocher le statut du Tibet. Bien que bénéficiant d’une reconnaissance plus récente, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont aujourd’hui des États indépendants qui ont intégré l’ONU en 1991.

M. Moltό a fait grand cas du mandat d’arrêt émis en 2013 par la Cour nationale de son pays à l’encontre des dirigeants chinois pour leurs politiques au Tibet. On ne sait s’il faut en rire ou en pleurer quand on sait que les victimes espagnoles des crimes commis par le régime de Franco se comptant par milliers (disparitions, homicides, torture, enfants volés...) attendent désespérément que justice leur soit rendue, au point que c’est l’Argentine qui se prépare à juger les crimes du franquisme ! Plutôt que d’invoquer un « droit d’ingérence » servant souvent de fuite en avant pour masquer leurs propres turpitudes, les Espagnols comme les autres Occidentaux ne feraient-ils pas mieux de « regarder dans leur assiette » ? (8)

Comme l’Espagne durant la 2e guerre mondiale, le Tibet, nous a dit M. Moltό, serait resté neutre. Il n’empêche que, comme pour l’Espagne, cette neutralité n’était pas tout à fait ... neutre : on sait que l’Espagne a constitué pour la Luftwaffe un champ de manœuvre idéal contre le Républicains. On sait, ou on devrait savoir, que les autorités tibétaines, bien qu’officiellement neutres, ont objectivement soutenu l’axe Berlin-Tokyo en empêchant l’approvisionnement de l’armée chinoise par la route, à partir de l’Inde.

Cela n’a rien d’étonnant quand on se souvient que, dans leur volonté de chercher une race aryenne pure, les nazis se sont intéressés de près au Tibet et y ont été très bien reçus au point que, longtemps encore après la guerre, le dalaï-lama a continué à entretenir des relations amicales avec des personnages aussi peu recommandables que l’alpiniste nazi Henrich Harrer qui fut son précepteur, le capitaine SS Bruno Beger, actif dans l’Ahnenerbe, Miguel Serrano, le leader du parti nazi chilien et, plus près de nous, Jörg Haider, le nostalgique du 3e Reich. (9) Que voilà un beau sujet pour un procès à organiser pour d’autres étudiants en droit international !

M. Moltό s’est aussi indigné du fait que Pékin traite le dalaï-lama de terroriste, alors qu’il se présente à nous comme un ambassadeur souriant de la paix universelle. C’est que les Chinois n’ont pas la mémoire courte : ils n’oublient pas que la fuite du dalaï-lama en 1959 a été planifiée par la CIA ; ils savent que son « gouvernement en exil » continue d’être arrosé par les dollars états-uniens, que le Tibetan Youth Congress qu’il a porté sur les fonts-baptismaux, ainsi que d’autres personnalités qu’il n’a pas désavouées, revendiquent toujours la lutte armée contre la Chine, et que des Tibétains fanatisés continuent à faire le coup de feu à la frontière sino-indienne au sein de la « Special Frontier Force ». (10)

M. Moltό a aussi dénoncé les dégâts environnementaux que les Chinois han auraient causés au Tibet. On peut supposer qu’il n’y a jamais mis les pieds. Sinon, il aurait pu y voir les immenses parcs nationaux rivalisant, par exemple, avec le Yellowstone, les centaines de milliers d’arbres plantés notamment dans le triangle Lhassa-Shigatse-Gyantse, les alpages en très haute altitude reconstitués à la main, les fermes photovoltaïques, les gigantesques parcs éoliens et les kilomètres-carrés de serres qui permettent aux marchés locaux de regorger de fruits et de légumes variés.

Les mensonges antichinois les plus grossiers ont défilé dans le réquisitoire de Moltό. Il a parlé d’1 200 000 victimes tibétaines, relayant ainsi sans le moindre esprit critique les chiffres fournis par Dharamsala. La population tibétaine globale, estimée à quelque 2 500 000 dans les années 50 avoisine aujourd’hui les 6 000 000 (un peu moins de 3 millions en RAT et environ 3 millions dans les régions limitrophes) : comment cet accroissement spectaculaire aurait-il pu avoir lieu si le prétendu génocide avait eu lieu ? Cela prouve à suffisance que nous sommes en présence d’une formidable mystification. Je ne peux pas croire que M. Moltό ignore les travaux de l’Américain Barry Sautman, de l’Université de Hong Kong, qui a démontré que les chiffres avancés par les autorités tibétaines en exil avaient été inventés de toutes pièces (voir Demographic Annihilation and Tibet in Contemporary Tibet, p. 237). Je ne peux pas croire que M. Moltό ne connaisse pas l’enquête réalisée en 1999 par Patrick French : ce célèbre journaliste et écrivain britannique est allé sur place à Dharamsala pour enquêter sur les allégations des indépendantistes tibétains ; il y a constaté que leurs chiffres avaient été systématiquement manipulés, ce qui l’a décidé à démissionner de la présidence de Free Tibet. (11)

Parmi les propos calomniateurs complaisamment relayés par M. Moltό figure aussi l’accusation d’avortements systématiques de femmes tibétaines, allégation d’autant plus ridicule et méprisable que la politique chinoise de l’enfant unique ne s’est jamais appliquée aux autres minorités ethniques.

Je suppose que l’argumentaire déposé à la CEDH par Moltό en tant qu’ « avocat enquêteur auteur des plaintes » ne devait pas être très différent de ce qu’il a plaidé devant un auditoire universitaire transformé pour un après-midi en prétoire fictif. On comprend mieux dès lors pourquoi il a été débouté par une vraie Cour...

3) Du Tibet au Xinjiang

Pour peu qu’on soit un peu informé, on est frappé par la ressemblance entre les accusations portées hier contre la Chine à propos du Tibet et celles qui se répandent aujourd’hui à propos du Xinjiang, dans un contexte de réactivation de la guerre froide.

Il est bon de rappeler ici que c’est le séparatisme tibétain qui a servi de modèle au séparatisme ouïghour, et pas l’inverse. Comme l’a déclaré au Washington Post en 1999 Erkin Alptekin, qui a précédé Rebiya Kadeer à la tête du WUC (World Uyghur Congress), « Nous travaillons en étroite collaboration avec le dalaï-lama. Il est un très bon exemple pour nous. » (12)

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on ne sera pas étonné de constater que les fake news sur le Xinjiang ne sont souvent qu’un copié-collé de celles qui ont eu leur heure de gloire à propos du Tibet.

S’il est une différence entre ces deux campagnes de désinformation, c’est le plus grand « professionnalisme » dans l’intox dont font preuve aujourd’hui les décideurs politiques, économiques, militaires qui tirent les ficelles et les médias qui leur servent la soupe.

Les enjeux sont aussi différents : le Tibet n’est finalement qu’un immense plateau enclavé dans de très hautes montagnes, tandis que le Xinjiang est le point de départ obligé des nouvelles Routes de la Soie, tant ferroviaires que routières : c’est donc là qu’il importe aujourd’hui aux nostalgiques de la politique de la canonnière d’entretenir un foyer de subversion antichinois, quitte à encourager le terrorisme islamiste – qui risque bien de nous retomber dessus un jour ou l’autre...

La décision de la CEDH permet toutefois d’espérer que les accusations à propos des Ouïghours seront un jour balayées. Quand ? Dans quelques mois ? Dans quelques années ? Difficile de le prévoir : pour lancer un canular, ça prend une seconde ; pour le déconstruire et le faire savoir, ça prend évidemment plus de temps : comme le disait Mark Twain, « un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses chaussures. »

(1) http://www.tibet.fr/dossiers_speciaux/la-recherche-dun-chez-soi-pourquoi-les-tibetains-quittent-linde/
(2) http://www.tibet.fr/actualites/strasbourg-cour-europeenne-des-droits-de-lhomme-funeste-decision-une-saga-de-limpunite/
(3) On mesure ici toute l’ambiguïté de l’Inde face à la présence sur son sol des exilés tibétains. D’une part, ça l’arrange bien, dans son éternel conflit avec la Chine, d’entretenir un foyer hostile à sa grande rivale. Mais, d’autre part, l’actuel gouvernement nationaliste conservateur de Narendra Modi, dominé par les durs du BJP (Bharatiya Janata Party) ne peut voir que d’un mauvais œil tout ce qui n’entre pas dans le moule hindouiste, que ce soient les musulmans d’abord, mais aussi les sikhs, les chrétiens ou les bouddhistes.
(4) L’article ne dit rien sur les conditions d’hygiène déplorables de McLeod Ganj qui ne sont sans doute pas pour rien dans le désir de partir. Voir Albert Ettinger, Batailles tibétaines. Histoire, contexte et perspectives d’un conflit international, CIP 2018, p. 269 : « La conscience environnementale du dalaï-lama ne s’éveille que quand il s’agit d’embêter les ‘Chinois’, en demandant que le Tibet soit changé en gigantesque ‘réserve naturelle’. En tout cas, [Colin] Goldner [psychologue clinicien et écrivain allemand] constate que, contrairement aux ‘résidences et aux monastères des Tibétains’ entretenus par les journaliers indiens, le reste de la colline de McLeood Ganj ressemble à ‘une gigantesque poubelle’. »
(5) Voir Richard Pierre Claude, compte rendu de Howard B. Tolley Jr., The International Commission of Jurists : Global Advocates for Human Rights, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1994, in Human Rights Quarterly, August 1994 : « Based on documentation and named respondents, the author presents the tale of the United States Central Intelligence Agency (CIA) in secretly bankrolling the formation of the ICJ as an instrument of the Cold War. (...) Tolley shows that the tainted source of funding was unknown to most ICJ officers and members, (...) ».
(6) Voir Tom Grunfeld, The Making of Modern Tibet, p. 111-112 ; Goldstein et al., A Tibetan Revolutionary, p. 140-153 ; Goldstein, The Demise of the Lamaist State, pp. 761 et suivantes.
(7) M. Goldstein, W. Siebenschuh et Tashi Tsering, Mon combat pour un Tibet moderne. Récit de vie de Tashi Tsering, éd. Golias 2010, p. 69.
(8) À noter toutefois que le Gouvernement espagnol a adopté le 15/09/2020 un avant-projet de loi de « mémoire démocratique » : mieux vaut tard que jamais.
(9) Voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/exil-et-dalai-lama/240-dalai-lama-mauvaises-frequentations.
(10) Voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/geopolitique/572-le-gouvernement-indien-utilise-l-armee-des-lamas-pour-provoquer-la-chine.
(11) Voir P. French, Tibet, Tibet : A Personal History of a Lost Land, 2003, traduit en français : Tibet, Tibet Une histoire personnelle d’un pays perdu, Albin Michel, 2005.
(12) d’après Ajit Singh : https://thegrayzone.com/2020/03/05/world-uyghur-congress-us-far-right-regime-change-network-fall-china/.

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