Le chômage en France atteint aujourd’hui un niveau inégalé. Mais la classe politique se focalise sur la courbe du chômage de la catégorie A de Pole Emploi qui pourtant, selon plusieurs études, ne représenterait que le tiers du nombre réel de demandeurs d’emploi. Il nous faut aujourd’hui affronter la réalité des chiffres pour enfin penser des solutions à la mesure de ce fléau. Le nombre de chômeurs pourrait, au rythme ininterrompu des fermetures d’usines, encore augmenter et à terme, compromettre, faute de cotisants, jusqu'à l’existence même de notre protection sociale. Peut-être s’avère t-il maintenant indispensable, après quatre décennies de politique économique néolibérale mondialiste de libre échange prônant la délocalisation, de relancer l’industrie manufacturière des biens de consommation.
Au lendemain de l’annonce par le président François Hollande du Pacte de responsabilité un quotidien allemand de la Sarre annonçait que Peter Hartz, ancien conseiller économique de Gerhard Schröder, serait embauché comme conseiller par François Hollande. L’Elysée dément mais confirme un entretien informel entre Hollande et Hartz à la demande de ce dernier. Mais qui est donc cet étrange Monsieur Hartz ? On le connaît généralement pour les bons et loyaux services prêtés à Schröder. Mais sa longue carrière de fossoyeur des acquis des salariés commence bien plus tôt…
Dans une publication de 2011, Paul Jorion nous livre de précieuses clefs pour analyser les rouages du capitalisme contemporain [1].
Critiquant le traitement de la crise des subprimes, il redoute qu’il ait porté un coup fatal à l’État et à la régulation, dans un contexte de préservation, voire d’optimisation de l’activité spéculative. Il relève à ce propos : « Le secteur bancaire s’est écroulé, l’État s’est porté à son secours et est tombé à sa suite. La banque a alors grimpé sur les épaules de l’État, ce qui lui a permis de sortir du trou. L’État, lui, y est resté. »
Dans cette époque rude et désenchantée, si la vie quotidienne de beaucoup d’entre nous se révèle de plus en plus sombre, il faut avoir conscience qu’il ne s’agit pas là d’un fait du hasard, d’une fatalité tombée du ciel.
La thèse enrichissante selon laquelle le capitalisme est déjà mort impose une question tout aussi enrichissante : que devient le travail désormais orphelin de la traditionnelle exploitation capitaliste ? La résolution à venir des crises écologique et sociale monstrueuses que nous a délibérément légué le capitalisme devra impérativement s’occuper de définir ce qui remplacera le travail dans la société nouvelle. Un travail de titans !
Dans un manuel révélé par l’Humanité à consulter ici, l’enseigne de bricolage, à la pointe du combat patronal pour le travail du dimanche, apprend à ses dirigeants à « marginaliser » les syndicalistes.
L’automatisation et la dématérialisation de certains métiers constituent une tendance forte qui pèse lourdement sur la création d’emplois. Et le secteur de la distribution, réputé pour être intensif en main d’œuvre, n’échappe visiblement pas à la règle : des courses faites le soir ou le dimanche par Internet concurrencent les magasins physiques qui, par nature, emploient davantage de salariés pour accueillir le public.
Qu’on le veuille ou non, notre monde est condamné au chômage. Nombreux sont ceux qui – à droite comme à gauche – s’en effraient, mais cela devrait pourtant tous nous réjouir : car cela signifie que le progrès technique n’est pas mort, ce qui permet à l’homme d’espérer atteindre encore ce qui devrait être l’un de ses objectifs prioritaires, à savoir de se séparer, à terme, de la nécessité du travail dans nos sociétés.