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Thème : Travail

Sarkozy a été battu, mais le MEDEF voit mal ce que ça change

Plus de 9 millions de chômeurs en France

Francis JOURNOT

Le chômage en France atteint aujourd’hui un niveau inégalé. Mais la classe politique se focalise sur la courbe du chômage de la catégorie A de Pole Emploi qui pourtant, selon plusieurs études, ne représenterait que le tiers du nombre réel de demandeurs d’emploi. Il nous faut aujourd’hui affronter la réalité des chiffres pour enfin penser des solutions à la mesure de ce fléau. Le nombre de chômeurs pourrait, au rythme ininterrompu des fermetures d’usines, encore augmenter et à terme, compromettre, faute de cotisants, jusqu'à l’existence même de notre protection sociale. Peut-être s’avère t-il maintenant indispensable, après quatre décennies de politique économique néolibérale mondialiste de libre échange prônant la délocalisation, de relancer l’industrie manufacturière des biens de consommation.

DEMANDEURS D’EMPLOI OU CHÔMEURS ? La définition du chômeur au sens du Bureau International du Travail (BIT) ne reconnait que la catégorie A de Pole Emploi qui comptabilise exclusivement les 3.3 millions de chômeurs sans aucune activité inscrits en métropole et constitue 10.8 % de la population active. Citons l’exemple des contrats aidés : lorsqu’un chômeur inscrit en catégorie A signe un contrat d’Avenir ou de Génération, celui-ci, bien qu’il soit toujours demandeur d’emploi, intègre la catégorie E et sort des statistiques du chômage. Mais quelque soit la définition adoptée, demandeurs d’emploi ou chômeurs, la lutte contre le chômage n’est pas affaire de sémantique. Pole Emploi, recensait en janvier 2014, toutes catégories et territoires confondus, 5 972 000 inscrits, auxquels il faut ajouter les chômeurs invisibles dont une part importante des 2.2 millions d’allocataires du RSA, les non inscrits découragés et les temps partiels subis. Selon une enquête récente de (…) Lire la suite »

« Pacte de Responsabilité » et « Modèle allemand ». Ce qui se cache derrière Peter Hartz

Damien Bernard

Au lendemain de l’annonce par le président François Hollande du Pacte de responsabilité un quotidien allemand de la Sarre annonçait que Peter Hartz, ancien conseiller économique de Gerhard Schröder, serait embauché comme conseiller par François Hollande. L’Elysée dément mais confirme un entretien informel entre Hollande et Hartz à la demande de ce dernier. Mais qui est donc cet étrange Monsieur Hartz ? On le connaît généralement pour les bons et loyaux services prêtés à Schröder. Mais sa longue carrière de fossoyeur des acquis des salariés commence bien plus tôt…

« Il vaut mieux un peu de travail que pas de travail du tout » Peter Hartz, fossoyeur des acquis sociaux allemands, conseiller officieux de François Hollande. « Ceux qui peuvent mais ne veulent pas travailler, ne peuvent pas compter sur la solidarité de l’aide sociale. Personne n’a le droit à la paresse dans notre société » Gerhard Schröder, ancien chancelier social-démocrate allemand. « [Le modèle Hartz] n’est pas le modèle que nous défendons mais en même temps j’accepte l’idée que nous puissions aller solliciter quelques avis auprès de personnes qui ont mené des politiques ». Bruno Le Roux, porte-parole des socialistes à l’Assemblée et porte-flingue du social-libéralisme, au sujet de l’entrevue Hartz-Hollande. Peter Hartz, un paisible retraité en quête de reconversion ? Peter Hartz a pris sa retraite dans la Sarre, cette région à la frontière de la France dont il est originaire, bastion industriel et de tradition social-démocrate. Le fils de métallurgiste y possède un (…) Lire la suite »

La capitulation du travail

Ammar BELHIMER

Dans une publication de 2011, Paul Jorion nous livre de précieuses clefs pour analyser les rouages du capitalisme contemporain [1].

Critiquant le traitement de la crise des subprimes, il redoute qu’il ait porté un coup fatal à l’État et à la régulation, dans un contexte de préservation, voire d’optimisation de l’activité spéculative. Il relève à ce propos : « Le secteur bancaire s’est écroulé, l’État s’est porté à son secours et est tombé à sa suite. La banque a alors grimpé sur les épaules de l’État, ce qui lui a permis de sortir du trou. L’État, lui, y est resté. »

À ses yeux, la « vague ultralibérale libertarienne » conduit à « un excès dans la déréglementation capable de tuer le système capitaliste lui-même bien plus sûrement qu’une intervention excessive de l’État, en obligeant celui-ci à intervenir au-delà de ses moyens financiers ». Les juristes lui seront par ailleurs reconnaissants pour sa rétrospective du droit des produits dérivés au 19e siècle. Il rappelle que jusqu’en 1885, les paris sur les fluctuations de prix étaient interdits en France, les ventes à découvert (quand le vendeur ne possède pas ce qu’il vend) étant appelées « ventes fictives ». Concrètement, « le perdant (pouvait) invoquer l’exception de jeu pour tenter d’échapper à ses obligations », freinant le développement de ces « ventes fictives ». L’origine de cette règle est ancienne : il faudra remonter jusqu’à 1629 pour retrouver une ordonnance déclarant « toute dette de jeu nulle (…) est déchargée de toutes obligations civiles et naturelles ». Le capitalisme semble (…) Lire la suite »
Sur France 5, ce jeudi 16 janvier, à... zéro heure dix

Salariés sans frontières

Gilles Balbastre
Pour information, Figurez-vous que juste après le documentaire « Les nouveaux chiens de garde », j'ai eu l'occasion de réaliser un documentaire pour France 5, intitulé « Salariés sans frontières ». Figurez-vous que ce documentaire a été livré en septembre 2012 et que depuis 18 mois, France 5 l'avait « oublié » dans des tiroirs. Il faut dire que les rapports avec France 5 avaient été très tendus lors du montage au printemps 2012, à l'époque où des dizaines de milliers de spectateurs se précipitaient dans les salles pour voir justement Les Nouveaux chiens de garde. Alors, imaginer qu'il peut y avoir un rapport entre cette censure et le film qui a fait plus de 240 000 entrées au cinéma. Non, quand même pas !! Bon, il est vrai qu'Yves Calvi, un des chouchous de France5, est plutôt bousculé dans Les Nouveaux chiens de garde... Mais, non il ne faut pas voir le mal partout !! Officiellement, c'était donc la musique du film et son compositeur, le talentueux et indocile Dick (…) Lire la suite »

Halte aux méthodes de néomanagement ou l’invasion des petits chefs gestionnaires !

Miguel Benasayag

Dans cette époque rude et désenchantée, si la vie quotidienne de beaucoup d’entre nous se révèle de plus en plus sombre, il faut avoir conscience qu’il ne s’agit pas là d’un fait du hasard, d’une fatalité tombée du ciel.

La dureté des temps (souffrance au travail, isolement, fatalisme, dépression) est chaque jour renforcée par l’action de personnages dont la médiocrité et la terne banalité contrastent avec l’intensité du mal qu’ils font. Petits hommes gris à la Simenon, ils représentent la matérialisation finale du cauchemar imaginé par Robert Musil dans L’Homme sans qualités (Seuil, 1979). Ces agents de la tristesse opèrent dans des domaines de plus en plus étendus, mais il en est certains où leurs méfaits sont assez récents et particulièrement choquants : l’éducation et la santé en font partie. Ils se présentent en général comme des "managers", des gestionnaires d’un nouveau genre et viennent prendre la place des "anciens" dans des établissements scolaires, des hôpitaux, des centres médico-psycho-pédagogiques, des instituts médicaux-éducatif (IME), etc. Ordinateur et pointeuse en poche, ils ont pour mission d’apurer les comptes et de "remettre au travail" le personnel. Avec eux, plus de (…) Lire la suite »

Où va le travail ?

Yann FIEVET

La thèse enrichissante selon laquelle le capitalisme est déjà mort impose une question tout aussi enrichissante : que devient le travail désormais orphelin de la traditionnelle exploitation capitaliste ? La résolution à venir des crises écologique et sociale monstrueuses que nous a délibérément légué le capitalisme devra impérativement s’occuper de définir ce qui remplacera le travail dans la société nouvelle. Un travail de titans !

Dans leur ouvrage paru en 2012, « Dead Man Working » [2], Carl Cederström et Peter Fleming, entament leur analyse par un constat remarquable : « Même ses plus ardents partisans reconnaissent que le capitalisme a rendu l’âme à un moment ou à un autre des années 1970. Tous les efforts pour le ranimer ont échoué. Pourtant bizarrement, à présent qu’il est mort, le voilà devenu […] plus puissant et plus influent que jamais. Ce livre s’intéresse à ce que signifie vivre et travailler dans un monde mort. » [3] Ils interrogent notamment ce fait paradoxal : bien que « l’ère du travail » prend fin, la lutte pour des « jobs » toujours plus précaires et dénués de sens a toujours plus de férocité et prend des formes de plus en plus anormales. Confronté à la disparition du travail et donc avec lui de la « substance du capital » - pour reprendre le concept fondamental de Marx - le capitalisme est devenu incapable de réagir de façon ordonnée, par exemple en partageant équitablement le travail (…) Lire la suite »
C’est castoche de casser du syndicat chez Castorama ?

Révélation : le mode d’emploi de Castorama pour briser les syndicats

Thomas Lemahieu

Dans un manuel révélé par l’Humanité à consulter ici, l’enseigne de bricolage, à la pointe du combat patronal pour le travail du dimanche, apprend à ses dirigeants à «  marginaliser  » les syndicalistes.

Quand elles ne mettent pas en scène la mobilisation des « vrais » salariés qui, malgré le Code du travail, voudraient tant avoir la liberté chérie de travailler le dimanche, les grandes enseignes du bricolage passent leur temps du lundi au samedi à contrecarrer l’implantation syndicale dans leurs magasins. Dans un diaporama que l’Humanité révèle (voir le document ci-dessous, notamment à partir de la page 30), Castorama détaille une série de consignes édifiantes pour ses cadres dirigeants, encouragés à opposer la « représentativité salariale » à la représentativité syndicale : au premier tour des élections professionnelles, il faut, indique le manuel, « inciter à l’abstention » afin de faire perdre aux organisations syndicales leur monopole en matière de représentation et, permettre à des candidats « sans étiquette » de se présenter au second tour. Piloter des suffrages Mais attention, ajoutent les Machiavel de Castorama, « moins il y aura de suffrages valablement exprimés, plus (…) Lire la suite »
Le bricolage, théâtre d’une concurrence féroce entre groupes

Le travail du dimanche et de nuit ne profite pas aux salariés

Michel HUSSON
Leroy Merlin et Castorama, appartenant à des groupes multinationaux, usent de la flexibilité du temps de travail comme d’une arme pour gagner des parts de marché. « On doit être tous ouverts ou tous fermés, mais la loi doit être la même pour tous. » A sa manière, le PDG de Bricorama, Jean-Claude Bourrelier, qui avait réclamé devant la justice la fermeture le dimanche de ses concurrents Leroy Merlin et Castorama, après avoir lui-même été condamné à fermer ses magasins l’an dernier, a vendu la mèche. Derrière l’offensive patronale contre l’interdiction du travail dominical se cache une féroce bataille commerciale, les salariés étant, dans l’affaire, ravalés au rang de chair à canon, et la défense de l’emploi, un pur prétexte. Le commerce de bricolage est un marché particulièrement dynamique. Chiffre d'affaires multiplié par 2 Selon une récente étude de l’Insee, son chiffre d’affaires a été presque multiplié par deux entre 1996 et 2006. Il atteignait 17 milliards d’euros en (…) Lire la suite »

Le e-commerce pèse-t-il sur l’emploi ?

Hervé Barzin

L’automatisation et la dématérialisation de certains métiers constituent une tendance forte qui pèse lourdement sur la création d’emplois. Et le secteur de la distribution, réputé pour être intensif en main d’œuvre, n’échappe visiblement pas à la règle : des courses faites le soir ou le dimanche par Internet concurrencent les magasins physiques qui, par nature, emploient davantage de salariés pour accueillir le public.

Industrie nouvelle, le commerce électronique est aujourd’hui en pleine explosion. Ce secteur d’activité n’a cessé de croître depuis le début des années 2000 et bat chaque année de nouveaux records de chiffres d’affaires. Un secteur en pleine explosion L’année 2012 a été une année fastueuse pour le e-commerce. En janvier 2013 en effet, le délégué général de la FEVAD, Marc Lolivier, dressait un bilan éloquent : « le chiffre d’affaires généré par le secteur dépasse pour la première fois celui de l’industrie des télécoms ». En 2012, les achats en ligne ont augmenté de 19 % et généré un chiffre d’affaires global de 45 milliards d’euros. Fort de ce dynamisme, le nombre de sites marchands a été multiplié par 8 entre 2005 et 2008. La FEVAD recense ainsi aujourd’hui pas moins de 117 500 sites marchands. Six ans auparavant, le Crédoc sentait déjà le vent tourner. Dans une étude intitulée L’Évolution de l’emploi dans le commerce – quelques mécanismes à l’épreuve des faits, il affirme (…) Lire la suite »

Nous vaincrons le travail, vive le chômage !

Caleb IRRI

Qu’on le veuille ou non, notre monde est condamné au chômage. Nombreux sont ceux qui – à droite comme à gauche – s’en effraient, mais cela devrait pourtant tous nous réjouir : car cela signifie que le progrès technique n’est pas mort, ce qui permet à l’homme d’espérer atteindre encore ce qui devrait être l’un de ses objectifs prioritaires, à savoir de se séparer, à terme, de la nécessité du travail dans nos sociétés.

Seulement le monde ne fonctionne plus, ne raisonne plus en terme de société, ni d’humain, ni même de progrès ou de besoin : nous en sommes arrivés à considérer le chômage comme une calamité, car le critère de référence universel est la rentabilité ; jusqu’aux décroissants qui raisonnent en termes économiques puisqu’ils veulent faire « mieux » avec « moins » (voir décroissance théorie économique bien trop sage). Le paradoxe de cette situation réside dans le fait que le progrès technique favorise le chômage de masse et que le capitalisme favorise lui-même ce progrès (enfin jusqu’à il y a peu) ; mais aujourd’hui c’est que l’austérité engagée pour sauver le capitalisme conduit elle-aussi au chômage de masse, cette fois pour cause de « non-rentabilité ». Car si le capitalisme a besoin du travail de l’homme pour ses profits, il a également besoin du progrès technique, car les machines seront toujours, à terme en tous cas, plus rentables que l’être humain (24/24, 7 jours sur 7). Mais ce (…) Lire la suite »