Le 12 juin, la Chambre des représentants des États-Unis a voté un projet de loi appelé « Resolve Tibet Act ». Une délégation étasunienne, dirigée par Nancy Pelosi et le président de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis, le Républicain Michael McCaul, s’est ensuite rendue en Inde pour remettre une copie du texte au dalaï-lama. Après Hong Kong, le Xinjiang, Taïwan et la Mer de Chine du Sud, les États-Unis viennent donc de ressortir la « question du Tibet » de leur boîte à outils de propagande contre la Chine, et ils vont plus loin que jamais dans la provocation.
On nous annonce la diffusion sur Arte, le mardi 5 mars 2024, d’un documentaire d’1 h 30, déjà visible sur Youtube, intitulé « le Tibet face à la Chine, le dernier souffle ? », réalisé par François Reinhardt (1), qui ne cache même pas son intention de refléter le point de vue revanchard des exilés tibétains, sans la moindre considération pour les 6 millions de Tibétains restés au Tibet qui voient leurs conditions de vie s’améliorer d’année en année.
Les amis d’un peuple sont ceux qui soutiennent ses efforts pour améliorer ses conditions de vie et son combat pour assurer un avenir en paix et en sécurité à ses enfants. Les ennemis d’un peuple, en revanche, sont ceux qui attisent les conflits en son sein pour semer la discorde, la haine, le terrorisme et la guerre civile qui est la pire de toutes les guerres.
Les critiques injustifiées pleuvent sur la Chine, tout ce qui vient du vieil empire est dénigré, rejeté, banni, les médias s'en donnent à cœur joie et la crise sanitaire n'a rien arrangé. Je m'étonnais presque de la discrétion des mouvements "Free Tibet" quand, au fil de mes recherches, je suis tombée sur un article paru dans "Libération" le 21 mai 2020. Un retour sur l'enlèvement du 11ème Panchen lama il y a 25 ans tient lieu de mise en bouche au problème épineux de la succession du 14ème dalaï-lama, mais la véritable teneur de l'article concernait une loi entrée en vigueur le 1er mai 2020 au Tibet, or cette loi vise à garantir l'unité ethnique de la Chine... "Libé" rassemble ses troupes pour crier au scandale.
Le célèbre historien et journaliste, Alexandre Adler, spécialiste des relations internationales, a publié début 2020 aux éditions du Cerf son 28e livre, dont le titre rappelle évidemment "Quand la Chine s’éveillera", l’essai fameux d’Alain Peyrefitte paru il y a presque un demi-siècle. Le livre d’Adler fera-t-il date comme celui de Peyrefitte ? C’est peu probable, car, même s’il nous donne sur la question tibétaine un éclairage pour le moins original, il pèche par de nombreux défauts de forme et de fond. On pourra en trouver une critique détaillée dans : http://tibetdoc.org/index.php/religion/bouddhisme-tibetain-dans-le-monde/525-quand-le-tibet-s-eveillera-passe-au-crible-alexandre-adler-un-curieux-expert. Ci-dessous, une version raccourcie, sans aucune note de bas de page.
Le « gouvernement tibétain en exil » et ses patrons à Washington s’inquiètent. L’âge avancé et la santé de plus en plus fragile du quatorzième dalaï-lama leur font craindre la disparition plus ou moins imminente de cette figure emblématique du séparatisme tibétain. Qui sera en mesure de la remplacer et de servir ses maîtres américains avec le même empressement ? En tout cas, les États-Unis semblent vouloir s’immiscer dans le choix d’un nouveau dalaï-lama, tandis qu’ils contestent les droits souverains de la Chine dans cette affaire.
« La Chine n’a aucune légitimité à choisir le prochain Dalaï-Lama », tel est le titre d’une longue interview donnée à « La Libre Belgique » du 18 octobre 2019 (1) par Lobsang Sangay, « Premier ministre » du « gouvernement tibétain en exil ». Nous ne relèverons pas ici les accusations et autres procès d’intention, émaillant cette interview, que lui et son mentor répètent en boucle à l’encontre de la Chine. Nous ne commenterons pas non plus ses aveux assez pathétiques de la détérioration des soutiens à la « cause tibétaine », ni l’accusation de despotisme formulée par ses troupes, ni la perte du procès en diffamation intenté contre l’« Administration centrale tibétaine » par Penpa Tsering, son ancien représentant à Washington (2). Limitons-nous à la question évoquée dans le titre et aux comparaisons qu’elle inspire avec d’autres religions, notamment le catholicisme.
En 2011, au retour d’un voyage au Tibet en compagnie de deux grands reporters, Renaud Girard du Figaro et Rémy Ourdan du Monde, j’ai écrit le livre (« Dalaï lama pas si zen » Ed. Max Milo) qui allait à contre-courant d’une imagerie d’Epinal sur un Tibet paradisiaque. Je disais que cette région chinoise était un enfer esclavagiste, obscurantiste, génocidaire sous la férule de théocrates incultes et que la fuite du 14ème dalaï lama avait permis la libération d’un peuple en voie d’extermination ( Voir ci-après : de 10 à 12 millions dans les siècles passés, la population était tombée à guère plus d’un million, avec une espérance de vie de l’ordre de 35 ans et un nombre croissant de mâles exclus de la procréation par la religion).
Le livre d’Albert Ettinger recensé ici par André Lacroix corrobore mon récit et l’augmente de révélations sur l’esclavage sexuel en vigueur au temps heureux du « Free Tibet ».
Maxime Vivas
Les tibétologues Blondeau, Buffetrille, Robin et Stoddard ont-elles raison quand elles clament haut et fort qu’ « il n'y eut jamais de contact officiel entre le gouvernement tibétain et les nazis » et quand elles affirment sans sourciller que « la connexion entre le Tibet et les nazis » n’est qu’un « mythe » ? (1) Nous allons montrer dans cette cinquième partie… - que les relations entre l’élite tibétaine et le Reich étaient réelles et fort amicales ; - qu’elles pouvaient se fonder sur des sympathies politiques et des intérêts communs ; - que pendant la Seconde guerre mondiale, les nazis projetaient d’attaquer les Britanniques en Inde du Nord à partir du Tibet et avec son aide ; - enfin, que le Tibet garda une soi-disant « neutralité » qui servit en fait les impérialistes japonais, les principaux alliés d’Hitler, dans leur tentative de conquérir et d’asservir la Chine.
Depuis la déclaration publique des coryphées de la tibétologie française dans Libération en 2008 (1), alléguant que l’expédition allemande au Tibet fut purement « scientifique », le sujet a été creusé par des chercheurs indépendants et sérieux. (2) Leurs recherches confirment en détail ce qu’on pouvait déjà savoir en 2008 à condition de ne pas porter d’épaisses œillères idéologiques, à savoir : qu’Ernst Schäfer ne fut pas simplement un « brillant zoologue » et « chercheur allemand », mais un nazi invétéré qui fit carrière dans les SS dès 1933 en recherchant activement le soutien de Himmler, et que son expédition au Tibet fut bel et bien organisée, financée et mise en œuvre par les nazis.