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Qui sont les ennemis des Tibétains, des Ouïghours et de tout le peuple chinois ? (Troisième partie et fin)

Les amis d’un peuple sont ceux qui soutiennent ses efforts pour améliorer ses conditions de vie et son combat pour assurer un avenir en paix et en sécurité à ses enfants. Les ennemis d’un peuple, en revanche, sont ceux qui attisent les conflits en son sein pour semer la discorde, la haine, le terrorisme et la guerre civile qui est la pire de toutes les guerres.

On connaît la chanson

Quand Gulbahar Haitiwaji, la « victime » du « goulag chinois » se plaint : « on n’a pas le droit de parler notre langue et de pratiquer nos traditions » 1), on pourrait d’abord être enclin à partager ses griefs, puisque beaucoup de minorités dans le monde se voient privées de ces droits, et elles méritent toute notre sympathie. Seulement voilà, les complaintes des exilé(e)s ouïghour(e)s concernant leur langue et leur culture n’ont aucun fondement objectif. Ce sont de purs mensonges. Pour preuve, on n’a qu’à regarder les nombreuses vidéos sur Internet qui montrent que la langue ouïghoure n’est pas interdite, mais pratiquée normalement, à côté du mandarin, même par des reporters de la télé chinoise qui n’ont aucun problème à interviewer des interlocuteurs dans la langue ouïghoure. La « sinisation » de cette minorité ethnique est un mythe, aussi bien en ce qui concerne sa langue que par rapport à sa culture spécifique. 2)

Tout comme « l’éradication de leur langue et de leur culture », l’ « élimination physique » des minorités, les « stérilisations (ou avortements) forcées » et les prélèvements d’organes de prisonniers sont des accusations récurrentes dans la propagande anticommuniste et antichinoise depuis les années 1950. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne les rend pas plus crédibles.

Avant le Xinjiang, il y avait le Tibet. Déjà en 1954, alors que le dalaï-lama effectuait un voyage de plusieurs mois à travers la Chine (après avoir rencontré Mao à Pékin et s’être fait élire Vice-président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale), les éléments les plus réactionnaires de la haute aristocratie tibétaine qui venaient juste de nouer des contacts avec la CIA reprochaient à la Chine de mettre en œuvre un « génocide » des Tibétains.

Deux ans avant le début de la révolte sanglante des Khampas et cinq ans avant le soulèvement de Lhassa et les répressions qui s’en suivirent, alors que les relations entre le dalaï-lama et le gouvernement de Pékin étaient au beau fixe, le programme d’une « Association pour le bien-être du Tibet » fondée en Inde par Gyalo, un frère aîné du dalaï-lama, et l’aristocrate Shakabpa invente donc ce mensonge éhonté. Le texte programmatique qui, en outre, réclame le maintien d’un système théocratique au Tibet et l’interdiction de « toutes les activités communistes et athées », accuse la Chine d’« atrocités » pour affirmer ensuite que « ... beaucoup de Chinois, hommes et femmes ont été amenés au Tibet. C’était pour satisfaire à leur désir de perpétrer un génocide au Tibet à cause de sa faible population. » 3)

Dès le début des années 1960, le dalaï-lama, cité et relayé par le « Comité d’enquête juridique » de la « Commission Internationale de Juristes » (ICJ) 4), accusa les communistes chinois à son tour d’avoir procédé à des stérilisations forcées à grande échelle au Tibet. Une allégation qui n’a jamais été prouvée, comme le souligne A. Tom Grunfeld, professeur d’histoire à l’université d’État de New York : « Les promesses du dalaï-lama de fournir des preuves pour étayer ces accusations n’ont jamais été remplies. Cela n’a pas empêché une vaste campagne de propagande, comme si ces allégations avaient été documentées de manière irréfutable. » 5)

L’ancien médecin personnel du dalaï-lama, Tendzin Tcheudrak quant à lui rapporte avoir « entendu parler avant 1959 » d’« avortements forcés » dans les régions de peuplement tibétain du Sichuan ou du Qinghai. Mais ce lama-médecin peut surtout revendiquer l’honneur d’avoir été le premier à alerter le monde au sujet de prélèvements forcés d’organes en Chine : il raconte l’histoire d’un prisonnier tibétain mort en 1962 dont « la famille crut que les Chinois avaient tout fait pour le soigner. En réalité, ils avaient tout simplement prélevé les organes de cet homme pour les vendre. » Pour ce proche du dalaï-lama, il est clair que cela se faisait systématiquement puisqu’« On racontait [!] à l’époque que des médecins venaient spécialement de Chine pour opérer des Tibétains, lesquels avaient tendance à tomber brusquement malades et à mourir aussitôt. » 6) Tcheudrak ne donne malheureusement aucune explication concernant l’usage ultérieur et l’utilité d’organes prélevés à un endroit aussi reculé que le Tibet et à une époque où l’on ne pratiquait pas encore de greffes d’organes même dans les pays les plus avancés... 7)

Les idées politiques des réfugiées ouïghoures

Ce qu’on a fait dire aux Ouïghoures « rescapées des camps » chinois – ce ne sont pratiquement que des femmes, ce qui ne peut guère s’expliquer par un nombre disproportionné de femmes internées, mais s’explique aisément par les besoins de la propagande – n’est pas seulement révélateur, par ses nombreuses incohérences, de leur manque de crédibilité.

Leurs paroles reflètent l’idéologie du mouvement séparatiste au profit duquel elles font leurs déclarations ; elles dénotent l’idéologie d’extrême droite qui se cache (à peine) derrière les accusations portées contre la Chine. Par exemple, quand Gulbahar Haitiwaji affirme sur « France Inter » que les autorités chinoises promeuvent les mariages interethniques entre « un Chinois » et « une Ouïghoure » (et non pas vice-versa ?) en offrant 150 000 yuans au couple, ce qui serait un « moyen de nous faire disparaître petit à petit ».

Déjà Isa Alptekin, le leader ouighour ultra-nationaliste affilié au Guomindang qui fut à la tête du Xinjiang pendant les dernières années du régime de Tchang Kaï-chek, fut un « fervent opposant au métissage » et œuvrait « pour empêcher les mariages mixtes entre Chinois han et musulmans ouïghours. Pendant son mandat au gouvernement, des fondamentalistes religieux "attaquent les maisons des Chinois han qui sont mariés à des femmes musulmanes [...] La foule enlève les femmes musulmanes et, dans certains cas, les malheureuses sont forcées d’épouser de vieux musulmans". Bien que la violence ait tué de nombreux Chinois han, elle se déroule sans aucune réponse du gouvernement pendant le mandat d’Alptekin. » 8)

La peur de mariages « mixtes » et d’un mélange des races est un élément typique et récurant du discours de l’extrême droite, depuis le Ku Klux Klan et les nazis jusqu’aux hindouistes de Modi : « "Lorsqu’un homme hindou épouse une femme musulmane, les organisations hindoues le dépeignent toujours comme une histoire d’amour, alors que l’inverse est représenté comme de la coercition", explique Charu Gupta, historien à l’université de Delhi, qui a fait des recherches sur le "mythe du jihad amoureux". » 9) Une attitude raciste partagée par les adeptes du la secte Falun Gong, puisque « le leader du Falun Gong affirme que le mélange des races chez les humains fait partie d’un complot extraterrestre visant à éloigner l’humanité des dieux » et que « lorsqu’un enfant naît d’un mariage interracial, cet enfant n’a pas de royaume céleste où aller. » 10)

Rappelons enfin que le dalaï-lama non seulement exhorte les femmes tibétaines en exil à épouser « des Tibétains afin que leurs enfants soient tibétains aussi », mais qu’il ressent la présence de « Chinois » au « Grand Tibet » comme étant « la plus grande menace pour la continuité des Tibétains en tant que race distincte. » 11)

Un autre élément typique d’une vision du monde raciste est la peur obsessionnelle – et complètement infondée dans le cas des Ouïghours et des Tibétains, comme le montrent les statistiques – d’une chute de la natalité. Gulbahar Haitiwaji la partage (« avec les stérilisations, ils veulent faire disparaitre les Ouïghours »), tout comme le souci corollaire d’une forte natalité afin de préserver la « race ». Ce fantasme est d’ailleurs souvent lié à la haine de l’homosexuel accusé du refus de se procréer. Il s’agit encore une fois d’un thème cher à l’extrême droite depuis les temps peu glorieux du Führer, du Lebensborn dédié à la promotion des naissances aryennes 12) et de la Mutterkreuz, la croix d’honneur décernée aux femmes allemandes qui élevaient plus de quatre enfants de « pure race ». 13)

N’est-il pas étonnant que des médias et des personnalités politiques européennes qui se prétendent « de gauche », non seulement ne trouvent rien à redire face à ce genre de propos, mais les propagent de leur propre chef ? N’est-elle pas ridicule, cette « solidarité » à l’égard des séparatistes ouïghours qu’affichent des politiciens qui se targuent de leur courage politique tout en aboyant avec la meute ? Avides de publicité bon marché, ils s’empressent de sauter sur le train de la propagande US, même s’ils doivent voyager en compagnie de fascistes, d’assassins et de terroristes de la pire espèce.

Les indépendantistes ouïghours inféodés à l’impérialisme US, au fascisme panturc et à Al Qaeda

Le « Parti islamique du Turkestan (PIT), aussi appelé le Mouvement islamique du Turkestan oriental (Doğu Türkistan İslâm Hareketi, MITO, anglais : East Turkestan Islamic Movement, ETIM) », a revendiqué des centaines d’attentats meurtriers au Xinjiang, dans d’autres provinces chinoises et hors de Chine, et il n’y a pas le moindre doute qu’il s’agit d’une dangereuse « organisation militaire et terroriste, d’idéologie salafiste djihadiste ». Elle a perpétré des attentats meurtriers et tué des civils innocents en Chine, au Pakistan, en Syrie et dans d’autres pays d’Asie. En Afghanistan, ses adhérents faisaient partie des djihadistes étrangers qui, aux côtés de Ben Laden, combattaient les troupes soviétiques. Les Nations unies aussi bien que l’Union européenne font figurer officiellement l’ETIM sur la liste des organisations terroristes internationales. En revanche, l’administration Trump l’a retirée en novembre 2020 de sa liste des organisations terroristes. 14)

À la différence de ces séparatistes qui s’affichent ouvertement terroristes, le « Congrès mondial ouighour » (World Uyghur Congress, WUC) préfère montrer patte blanche. Les porte-paroles de cette organisation aux nombreuses ramifications (la Uyghur American Association, la Uyghur Human Rights Project, la Campaign for Uyghurs etc., qui sont cités dans presque tous les reportages occidentaux) la présentent comme un large « mouvement d’opposition contre l’occupation chinoise du Turkestan Oriental [sic] ». Afin de gagner la sympathie de l’opinion publique occidentale, ils jouent les défenseurs « modérés » et pacifiques d’un peuple opprimé.

En réalité, le WUC et l’ETIM sont les deux faces de la même médaille. Ils partagent la même idéologie islamiste et ethno-raciste, et ils luttent pour atteindre un même objectif aussi chimérique que criminel : un « Turkestan oriental indépendant ».

Dans son excellent article « Au cœur du World Uyghur Congress » que nous avons repris sur ce site 15), le journaliste d’investigation canadien Ajit Singh retrace l’histoire peu glorieuse des séparatistes ouïghours et expose leurs sponsors. Il montre que le WUC est depuis ses débuts un outil consentant de la politique étrangère américaine et que les séparatistes ouïghours ont noué très tôt des liens étroits avec les terroristes turcs appelés les « Loups Gris ».

Depuis sa création, le WUC bénéficie d’un important soutien financier de la part du gouvernement US par le biais du National Endowment for Democracy (NED). Lorsque le WUC est fondé en 2004, Louisa Coan Greve, alors responsable du programme Asie du NED, salue cette décision comme une « grande réussite », et la Voice of America cite la phrase de l’anthropologue Dru Gladney, professeur à l’Université de Hawaii, à propos du fondateur de cette nouvelle organisation séparatiste : « Erkin Alptekin est largement considéré comme le prochain ou le seul espoir possible d’un dalaï-lama ouïghour. Et il est certainement le meilleur candidat pour un tel poste. » 16)

Les publications de ce professeur ne laissent guère de doute sur le but de son « travail scientifique » ; des titres comme Disloquer la Chine : les musulmans, les minorités et les autres sujets subalternes sont tout un programme.

Le NED a fourni au WUC et à ses organisations affiliées des millions de dollars de financement. De nombreux membres éminents du WUC ont occupé des postes de direction auprès de Radio Free Asia (RFA) et Radio Free Europe / Radio Liberty (RFE / RL), ces médias gérés par le gouvernement états-unien et créés par la CIA pendant la Guerre froide pour diffuser de la propagande en Chine et en Union Soviétique.

L’Allemagne a accueilli le WUC et une partie assez importante de la diaspora ouïghoure, continuant ainsi une politique traditionnelle d’alliance avec les musulmans conservateurs 17) et plus spécialement avec la Turquie. 18) Mais le pays traditionnellement le plus engagé dans la cause du « Turkestan oriental » et qui a servi de refuge aux séparatistes ouïghours avant d’être supplanté par les USA a été la Turquie. Une idéologie chauvine, pan-turque en même temps qu’islamiste y est toujours très virulente.

Isa Yusuf Alptekin, appelé « notre défunt leader » par le WUC et par son président actuel, Dolkun Isa, s’est réfugié en Turquie en 1949, lors de la création de la République populaire de Chine. Il y établit des liens étroits avec les « Loups Gris » et leur fondateur, Alparslan Türkeş.

Erkin Aliptekin, le fondateur du « Congrès mondial ouighour » et aspirant au rôle d’un « dalaï-lama ouighour » à la solde de l’impérialisme américain, est son fils en même temps que son successeur.

Mais qui sont les « Loups gris » turcs ?

La Wikipédia française que j’aime citer parce qu’on ne peut guère la considérer comme spécialement antiaméricaine, anti-OTAN ou cryptocommuniste, nous renseigne sur ce mouvement en constatant qu’il est d’orientation « néo-fasciste, anti-communiste, anti-grec, anti-kurdes, anti-arméniens, homophobe, antisémite et antichrétien », que son fondateur Türkeş fut « l’un des auteurs du coup d’État militaire de 1960 », que « dans les années 1970 et 1980, les Loups gris » ont agi « en étroite relation avec la CIA et les réseaux clandestins anticommunistes Stay Behind mis en place par l’OTAN », qu’ils sont aujourd’hui « proches de l’AKP et des islamistes » d’Erdogan, qu’ils « exécutent les basses besognes » de l’État turc, qu’ils ont assassiné « plusieurs milliers » de « militants de gauche, intellectuels et journalistes, syndicalistes, militants kurdes » au cours des années 1970, qu’ils « ont des liens étroits avec la mafia turque » ainsi qu’avec « la guérilla séparatiste tchétchène » et qu’en Syrie, ils « prennent part aux combats au côté de l’ "Armée syrienne libre" contre les forces armées syriennes et le PYD » kurde. 19) Rappelons que plusieurs milliers de combattants ouïghours ont aussi rejoint les rangs des djihadistes en Syrie.

À quoi ressemblerait et à qui profiterait un « Turkestan oriental » séparé de la Chine ?

Tout récemment, le 13 février 2021, le journal pakistanais Daily Times a publié ce témoignage d’un dénommé S. M. Hali qui écrit : « Depuis 1974, je visite la Chine, en particulier le Xinjiang, qui partage une frontière commune avec le Pakistan. D’abord comme officier de l’armée de l’air, puis comme analyste, universitaire et auteur de six livres sur la Chine, à la recherche de matériel. En tant que témoin oculaire de la croissance économique de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang et de la croissance démographique de la communauté ouïghoure, je peux sans risque démystifier les calomnies à motivation politique que certains éléments de l’Occident se sont mis à lancer. »

Il continue en expliquant : « Au cours des 47 dernières années, j’ai personnellement vu le Xinjiang passer d’une région arriérée et sous-développée à une province moderne et en plein progrès, dotée d’équipements et de services que même l’Occident ne fournit pas à ses habitants dans les régions reculées. Il est vrai que les provinces occidentales de la Chine sont à la traîne par rapport aux régions orientales plus opulentes – une faiblesse exploitée par les détracteurs de la Chine pour inciter les Ouïghours à promouvoir la violence, le séparatisme et l’extrémisme. Il est à noter que le gouvernement chinois a adopté des mesures opportunes pour assurer le développement économique du Xinjiang et la réduction de la pauvreté, tout en prenant des mesures concrètes pour lutter efficacement contre le terrorisme et pour la déradicalisation. J’ai parcouru chaque centimètre carré du Xinjiang et j’ai pu constater personnellement comment la communauté autrefois défavorisée bénéficie aujourd’hui des avantages d’une meilleure qualité de vie assurée par les mégaprojets de développement du président Xi Jinping, comme l’initiative "Belt and Road" dont le Xinjiang en général et les Ouïgours en particulier sont les premiers bénéficiaires. » 20)

Si le Xinjiang a pu se développer de manière aussi spectaculaire, c’est surtout grâce à l’aide apportée par l’État central ainsi que par les régions et les villes chinoises plus avancées et plus riches. La situation est en somme très comparable à celle du Tibet. Ces deux territoires situés à la périphérie de la Chine sont en partie inhabitables et désertiques, et ils ont été particulièrement sous-développés par le passé.

À propos du Tibet, l’ouvrage Clichés tibétains concocté par la très antichinoise Françoise Robin concède que l’économie tibétaine « connaît une croissance à deux chiffres grâce au soutien artificiel [sic !] de l’État chinois – on peut parler d’une économie sous perfusion, alimentée en grande partie par les subsides du gouvernement pour "développer" le Tibet, sans lesquels l’économie tibétaine retomberait à un niveau extrêmement bas. » 21) Passons sur le ton polémique du passage et retenons l’essentiel pour poser la question de savoir si un tel « niveau extrêmement bas » serait dans l’intérêt de la grande majorité du peuple tibétain. Je me permets de penser le contraire.

Un Xinjiang coupé de la Chine connaîtrait indubitablement le même sort, son « économie retomberait à un niveau extrêmement bas ». Mais la catastrophe qui découlerait de la seule tentative de créer un « Turkestan oriental » sous domination des ethno-nationalistes ouïghours ne serait pas en premier lieu économique. Cette tentative mènerait droit à une terrible catastrophe politique et humanitaire.

Les Ouighours constituent 45.84% de la population du Xinjiang, ils ne sont donc qu’une minorité. Les Han y comptent 40.84%, les Kazakh 6.5% et les Hui 4.51%. Les 2.67% restants se partagent entre Kirghizes, Mongols, Dongxiang, Tadjiks, Xibe, Mandchous, Ouzbeks, Russes, Daur et Tatars. 22)

L’idée selon laquelle une majorité des Ouïghours, en dépit de l’amélioration rapide et constante de leurs conditions de vie, serait favorable à la création d’un « Turkestan oriental » est plus que hasardeuse. Supposer de surcroît qu’une majorité parmi les autres ethnies du Xinjiang partage le désir des séparatistes et préfèrerait vivre dans un « Turkestan oriental » ouïghour, appauvri, détaché de la Chine où règnerait la sharia est complètement démentiel.

Ce que les prétendus « amis des Ouïghours » et « défenseurs des droits de l’homme » au Xinjiang ne méditent ou ne disent jamais, c’est que leur « Turkestan oriental » ne rime pas seulement avec « terrorisme », mais avec « guerre civile », avec « destruction totale », avec massacre et épuration ethnique. Quel habitant sensé du Xinjiang chinois pourrait vouloir que la région prenne exemple sur l’Afghanistan voisin, la Syrie, la Libye ou le Kurdistan turc ?

Le combat des séparatistes ouïghours et la campagne antichinoise qui l’accompagne n’ont donc rien à voir avec les « droits de l’homme ». Car la guerre et à plus forte raison la guerre civile signifie la plus grande atteinte aux droits humains. Et une terrible guerre civile accompagnée d’épurations ethniques à grande échelle serait la conséquence inéluctable de la mise en œuvre du projet séparatiste.

Le combat des ethno-nationalistes ouïghours et la campagne antichinoise qui l’accompagne n’ont rien à voir non plus avec le droit à l’autodétermination des peuples. Isa Yusuf Alptekin a combattu farouchement aussi bien l’éphémère « République islamique du Turkestan oriental » qui existait dans la région de Kachgar entre novembre 1933 et février 1934, que la non moins éphémère seconde « République du Turkestan oriental » de 1944. Il les voyait sous influence soviétique, et son anticommunisme l’emportait manifestement, et de loin, sur son ethno-nationalisme.

Est-ce que ceux qui courent à la rescousse des séparatistes ouïghours sont au moins de vrais « amis des musulmans » ? Ils ne s’intéressent pourtant pas le moins du monde au sort des musulmans indiens et en particulier à celui des musulmans du Cachemire voisin spoliés de leur statut autonome. De concert avec Israël, ils foulent au pied les droits du peuple palestinien depuis plus de 70 ans. Ils sont insensibles aux souffrances du peuple yéménite. Ils ne montrent aucune solidarité envers le peuple sahraoui ou le peuple kurde en Turquie, etc.

L’anticommunisme, et non pas une quelconque « solidarité avec des musulmans opprimés », est le puissant moteur qui fait tourner l’actuelle campagne contre la Chine. Et son carburant est le racisme antichinois séculaire.

Albert ETTINGER

Notes

1) https://www.youtube.com/watch?v=6HeiQQ92UPY

2) Voir par exemple : https://twitter.com/ZhaLiyou/status/1360862978933878791?s=20 ,

https://www.youtube.com/watch?v=6HeiQQ92UPY ;

https://www.youtube.com/watch?v=NHKb6R5Ml0k&t=1089s

https://twitter.com/CaoYi_MFA/status/1359936052459364355?s=20

3) Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet, volume 2, 1951-1955, The Calm Before the Storm, p. 561-564 (cité en français dans mon livre Batailles tibétaines, p. 205)

4) Une organisation fondée en 1949, créée et financée par les services secrets américains dans un contexte de guerre froide anticommuniste.

5) Voir A. Tom Grunfeld, The Making of Modern Tibet, New York et Londres, 1996, p. 148-149

6) Tendzin Tcheudrak, Le palais des arcs-en-ciel, Paris, 1998, p. 255

7) La première greffe d’un rein a eu lieu aux États-Unis en 1962 justement ; celles du cœur et du foie seulement en 1967, en Afrique du Sud respectivement aux États-Unis.

8) Ajit Singh, citant l’historienne Linda Benson, dans “Inside the World Uyghur Congress : The US-backed right-wing regime change network seeking the ‘fall of China’ “, article paru dans The Grayzone du 5 juillet 2020, traduction française par https://blogs.mediapart.fr/capucinesauvage

9) https://www.bbc.com/news/world-asia-india-55158684

10) https://www.abc.net.au/news/2020-07-21/inside-falun-gong-master-li-hongzhi-the-mountain-dragon-springs/12442518?nw=0

11) Dalai Lama, Freedom in Exile, The Autobiography of the Dalai Lama of Tibet, London, Time Warner Books, 1998, p. 276 (Voir aussi : Sa Sainteté le quatorzième dalaï-lama, Au loin la liberté, Traduit de l’anglais par Éric Diacon, 1990, p. 349)

12) Organisme créé en 1935 par Himmler dans le cadre de la politique de promotion des naissances aryennes des nazis. https://en.wikipedia.org/wiki/Lebensborn

13) https://en.wikipedia.org/wiki/Cross_of_Honour_of_the_German_Mother

14) Selon https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_islamique_du_Turkestan

15) http://www.tibetdoc.org/index.php/politique/ouighours-et-tibetains/608-au-coeur-du-world-uyghur-congress-le-reseau-de-droite-qui-veut-faire-tomber-la-chine

16) https://www.voanews.com/archive/new-uighur-leader-calls-non-violent-opposition-china-2004-06-30

17) Les nazis ont formé en Bosnie des bataillons musulmans de la Waffen-SS (voir : https://www.lepoint.fr/video/la-division-ss-handschar-hante-toujours-la-memoire-des-balkans-03-09-2020-2390217_738.php) et courtisé le moufti de Jérusalem.

18) L’empire ottoman a pris part à la Première guerre mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. Lors de la Deuxième guerre mondiale, Hitler voulait voir la Turquie rejoindre l’Axe ; la Turquie signa un Traité d’amitié avec l’Allemagne en juin 1941, mais réussit à se tenir à l’écart de la guerre. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pacte_d%27amiti%C3%A9_turco-allemand

19) https://fr.wikipedia.org/wiki/Loups_gris

20) https://dailytimes.com.pk/723317/exposing-the-occidents-baseless-lies-about-xinjiang/ (Notre traduction à l’aide de DeepL.pro)

21) Françoise Robin, Clichés tibétains, idées reçues sur le toit du monde, p. 65

22) https://knoema.com/atlas/China/Xinjiang et https://fr.wikipedia.org/wiki/Xinjiang#D%C3%A9mographie

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Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse :
renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement.

H. Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT

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