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Thème : Médias

Les grandes manœuvres de concentration multimédia : comment et pourquoi ?

Benjamin Lagues, Denis Perais, Martin Coutellier, Sophie Muret (ACRIMED)
Ces derniers mois, les rachats de médias ont connu une accélération inédite, qui a défrayé les articles de presse comme les émissions radio ou télédiffusées et soulevé l’inquiétude, voire l’indignation, des journalistes. Mais si ceux-ci ont largement posé la question de l’indépendance éditoriale dans un univers médias très concentré, ils ont aussi largement éludé celle des raisons profondes de ces vagues de concentrations. Ce que nous nous proposons d’analyser ici (1). C’est Patrick Drahi qui a ouvert le bal des récentes concentrations en rachetant en juin 2015 la totalité du groupe Express-Roularta : L’Express, L’Expansion, le groupe L’Étudiant, entre autres (voir l’annexe), après avoir avalé un an auparavant l’un des cinq quotidiens nationaux d’informations générales encore existants : Libération. Un rachat dont, notons-le au passage, nul ne s’était à l’époque indigné et qui avait plutôt fait l’objet de commentaires largement positifs dans les médias, saluant en Patrick Drahi (…) Lire la suite »
La solitude du journaliste à l’instant du penalty

Les journalistes deviennent-ils des salauds ?

Jacques-Marie BOURGET

Plus de deux années après l'assassinat au Nord-Mali de Ghislaine Dupont et Claude Verdon, des journalistes de RFI, l'enquête ne bouge pas. Certes, pour des magistrats, il est très difficile d'enquêter en zone de djihad. Mais le problème n'est pas là. Il est d'abord dans le refus exprimé par l'Etat français de déclassifier l'enquête faite par l'armée, présente au Mali dans le cadre de l'opération Serval. Face à ce scandale la profession de journaliste est exmplaire : elle ne bronche pas !

« Les journalistes deviennent-ils des salauds ? ». Poser la question c’est y répondre. Et d’autres, en surenchère, ajouteront que « salauds » ils le sont déjà, et pour certains depuis longtemps. Si la question du chaos éthique qui gagne mon métier me vient à l’idée, plus fort que d’habitude, c’est après avoir assisté, les larmes aux yeux le 2 novembre dernier, à la conférence de presse donnée par les Amis de Ghislaine Dupont et de Claude Verdon. Là, dans une minuscule annexe d’un théâtre, tendue de velours comme un catafalque, une quinzaine de journalistes étaient réunis pour tenter de ranimer la flamme qui doit veiller sur nos confrères assassinés. Bien peu de monde. Et aucun géant de l’info, ceux dont on voit la tête à l’écran comme des affiches de panneaux Decaux. On les pardonne, leur devoir d’informer. Leur conscience sourcilleuse exige leur présence en continue aux manettes de l’information. Ils sont comme des pilotes de centrales nucléaires, faut pas les déranger. Donc (…) Lire la suite »

Les citoyens n’ont pas bonne presse

Florian MAROTO

Nicolas Sarkozy et Alain Finkielkraut partagent l’amour du prochain. Tout comme les médias… Pour s’en convaincre, il suffit de regarder l’émission « Des paroles et des actes », sur France 2.

Nicolas Sarkozy et Alain Finkielkraut ont tous les deux été récemment reçus dans l’émission « Des paroles et des actes », animée par David Pujadas. Deux situations traductrices du malaise que les médias ont avec les citoyens « lambdas ». Pourtant en démocratie, une personne égale une voix. Ce jeudi 4 février est un cas d’école. Nicolas Sarkozy est une personnalité publique. Ex-chef d’Etat, on ne badine pas sur le statut. Peu importe aux intervieweurs que « l’ex » soit quotidiennement pris en flagrant délit de falsification de chiffres. Ce qui remplit des dizaines d’articles de fact-checking, une rubrique journalistique spécialisée dans la vérification des faits. On ne dénombre plus les récompenses attribuées à ses talents d’affabulateur, comme celle de « menteur en politique ». Un prix humoristique créé par le politologue Thomas Guénolé. Soit. Invité de prestige de David Pujadas, Nicolas Sarkozy est questionné par des inconnus du public. Mais les règles sont figées dans le (…) Lire la suite »

A l’UNESCO le Qatar sponsorise un colloque sur la liberté de la presse.

Jacques-Marie BOURGET

Bon appétit ô journalistes intègres. Le 5 février, à Paris au Palais de l’UNESCO, l’élite mondiale de la presse va casser la croûte aux frais de l’émir du Qatar.

Avouez que discourir de la liberté des journaux et de ceux qui les font en étant nourri par un autocrate, c’est vraiment banqueter dans un monde idéal. A l’UNESCO, nul n’a vu malice dans le fait qu’Al Jazira, la télé haut-parleur du Qatar, offre un repas bien mérité aux confrères, après qu’ils ont transpiré et souffert pour sauver une noble cause : la liberté de la presse. Dans le même esprit, l’UNESCO devrait nous proposer bientôt un symposium de la liberté offert par le camp de Guantanamo, une réunion sur le journalisme libre pistonné par la Turquie, et la liste des oxymores peut être longue. Parlons de ce Qatar qui aime tant la liberté à Paris pour mieux la combattre à Doha. C’est un pays avec foi –le wahhabisme radical- mais sans lois, en tout cas dignes de ce nom, votées par une assemblée. Un pays sans presse libre, où ce qui est imprimé n’est que la feuille d’avis du palais ; sauf, révérence gardée, quand le livre sur l’islam de notre confrère Edwy Plenel y est diffusé en (…) Lire la suite »

« Le complexe sécuritaro-numérique menace de prendre le contrôle »

Ignacio RAMONET

Dans son dernier ouvrage, l’Empire de la surveillance, où il reproduit les entretiens du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, et de l’intellectuel étasunien, le linguiste Noam Chomsky, l’ancien directeur du Monde diplomatique, aujourd’hui directeur de son édition en espagnol, Ignacio Ramonet alerte sur une surveillance privatisée et généralisée lourde de conséquences pour la démocratie.

La mise en place d’un « État d’exception » s’inscrit dans ce que vous appelez la « société de contrôle ». Quelle analyse faites-vous de la volonté de constitutionnaliser l’état d’urgence ? Ignacio Ramonet : Le contrôle de la société – savoir qui est qui, qu’est-ce qu’il fait, où il est, qui il fréquente... – est une des obsessions permanentes des gouvernants, de tous les gouvernants. C’est pour cela qu’on a inventé les statistiques, la sociologie... et les services de renseignements. Le prétexte de cette volonté de savoir, bien entendu, c’est de mieux connaître la société pour mieux la servir, mieux ­répondre à ses besoins, à ses carences... Mais, à l’inverse des dictatures, un pouvoir démocratique ne peut pas aller trop loin dans ce contrôle inquisiteur sans empiéter sur le périmètre des libertés individuelles. Il a donc besoin, ­objectivement, de « secousses de frayeur collective », comme celles que provoque le terrorisme, pour renforcer au maximum son contrôle des populations. (…) Lire la suite »
Et priez pour que Bush et Cheney restent en vie assez longtemps pour être un jour pendus.

Nouvel An, 2016

William BLUM

Au lieu d’aller me coucher à l’heure habituelle, je suis resté debout environ deux heures de plus pour regarder la célébration du Nouvel An à Times Square.

Pour une seule raison : voir des gens heureux.

Une année comme 2015 peut provoquer ce genre de réaction.

La vue de milliers de jeunes debout dans le froid pendant des heures, les embrassades, qui criaient et riaient, était très précieux.

Et aussi un peu énervant. Qu'est-ce qui leur arrive ? Ne savent-ils pas dans quel monde ils vivent ? Ne savent-ils pas que leur fête est une cible de choix pour les terroristes ? Eh bien ... il ne s'est rien passé... Merci Dieu, en qui je ne crois pas... continue le bon travail... En 2007, Christopher Hitchens, en réponse à un article du chroniqueur conservateur Michael Gerson : « Ce à quoi les athées ne peuvent répondre », écrivit : « Ce que son article laisse entendre est insultant : l'insinuation épouvantable que je ne saurais distinguer le bien du mal si je n'étais pas guidé par une dictature céleste surnaturelle ... Ce qui suppose tout simplement que la religion, qu'elle soit métaphysiquement « vraie » ou pas, serait pour le moins synonyme de moralité. ... Voici mon défi : que Gerson me cite une seule déclaration ou action éthique prononcée ou réalisée par un croyant qui ne saurait être prononcée ou réalisée par un non-croyant ». Il convient de noter que Gerson, grand (…) Lire la suite »
Quand le rêve de l’exil vire au cauchemar pour des dizaines de milliers de Cubains qui veulent rentrer au pays

Neuf choses à savoir sur les “réfugiés” cubains en Amérique Centrale

Marc VANDEPITTE

Ces derniers jours, 8.000 Cubains ont échoué à la frontière entre Costa Rica et Nicaragua. Ces Cubains tentent de pénétrer aux Etats-Unis via ces pays. Ils sont le jouet d’une politique cynique voire criminelle. C’est ce que nous dévoile Marc Vandepitte dans un article traduit du néerlandais par Anne Meert pour l’excellent site belge Investig’Action.
Le point 9 de son article imparable aborde le problème des Cubains pour qui la vie hors de l’île tourne au cauchemar. « Jamais la presse généraliste n’en pipera mot », regrette Marc Vandepitte. Vrai, à une exception près. Le Grand Soir avait abordé ce point-là dans un article de juillet 2012 et notre information avait été reprise dans un « 28 minutes » d’Arte (voir logo). C’est tout et c’est peu.

Le Grand Soir

*1. Que les plus pauvres émigrent vers des zones plus riches, c’est ce qu’il y a de plus normal au monde. A Puerto Rico, tout près de Cuba, plus de 40% de la population totale est partie vers les Etats-Unis. Chaque année un quart de million de centraméricains traversent illégalement la frontière entre le Mexique et les USA (1). Après la crise financière de 2008, seize fois plus d’Irlandais que de Cubains ont quitté leur pays (2). Cuba, le pays qui a connu le plus long blocus de l’histoire mondiale, ne constitue pas une exception à cet égard. *2. Pour les Cubains il existe une raison annexe. Grâce au très haut niveau de l’enseignement, le Cubain moyen, du point de vue scolarité, dépasse très nettement la grande majorité des latinos, qui sont souvent illettrés. En guise de comparaison : à Cuba il y a deux fois le nombre d’étudiants dans le supérieur qu’en Belgique (à population équivalente). Les migrants cubains sont dès lors économiquement intéressants et ils ont donc de (…) Lire la suite »

Ursula Gauthier est en France, hélas !

Vladimir MARCIAC

Lundi 5 janvier 2016, j’ai regardé la journaliste de l’Obs, Ursula Gauthier, à l’occasion de sa prestation au « Petit Journal » de Yan Barthès sur Canal Plus.
http://www.canalplus.fr/c-emissions/c-le-petit-journal/pid6515-le-petit-journal.html?vid=1347250

Elle est interviewée (entre 11mn20 et 17mn56) soit plus de 6 mn pendant lesquelles elle ne prononce pas le mot « Ouïghour », ni n’explique son différend avec les dirigeants chinois. Sur question « Que vous reprochent-ils ? » elle a cette réponse : « Ils me reprochent de parler librement. Ils voudraient que je parle en reprenant leur propre langage… Ils ont été évidemment incapables de me montrer un mot dans mon article qui était exagéré ou faux ». Elle ment. Sinon, en toute logique, on doit comprendre que les articles des centaines de correspondants étrangers en poste à Pékin sont des reprises du langage des autorités. Elle seule, après des années passées en Chine, a brusquement refusé d’écrire sous la dictée (A partir de novembre 2015 : avant, ils renouvelaient son visa). Par ailleurs, il suffit d’aller sur les sites chinois pour voir que son affirmation « Ils ont été évidemment incapables de me montrer un mot… » est inexact. Je laisse le lecteur y aller voir. Et lisez (…) Lire la suite »
Celle qui appelle gentiment « minorité remuante » les auteurs d’attentats aveugles 

Pourquoi Ursula Gauthier, de l’Obs, a dû quitter la Chine et pourquoi on s’en f...

Maxime VIVAS

Pour lire sans a priori ce qui va suivre, il faut avoir remarqué que l’auteur d’un article sur les USA (un film, un livre, des inondations, le Grand Canyon du Colorado...) n’a jamais à préciser au préalable qu’il se démarque du génocide des Peaux Rouges ou des massacres de l’armée US au Vietnam (ou en plein d’autres endroits, il n’en manque pas).

De même, il devrait être possible d'écrire sur l'engagement russe en Syrie sans commencer par une longue dénonciation du goulag. Par conséquent, il devrait être admis d'écrire sur un événement précis survenu en Chine sans être obligé de prendre ses distances avec la Révolution culturelle, Mao, le culte de la personnalité, le système politique, médiatique, policier, judiciaire chinois, sans jurer que l'auteur n'y voit pas un modèle dont il souhaiterait l'importation en France. Oui, il devrait être permis d'éviter pareil préambule mais, en vérité, il est préférable d'y faire une halte, faute de quoi les menteurs, les tricheurs, les enfumeurs attaquent sur une étiquette, sur une supposée allégeance politique, pour ne pas avoir à contre-argumenter sur le fond. Parlons maintenant d'Ursula Gauthier. Le 18 septembre 2015, des extrémistes ouïgours (que le ministre sarko-socialiste Kouchner appela les « Yoghourts ») habitants du Xinjiang, République autonome chinoise « (…) Lire la suite »
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Pourquoi la victoire de la droite n’a-t-elle déclenché aucune liesse dans les rues ?

VENEZUELA : PAYSAGE AVANT LA BATAILLE

Thierry DERONNE

Avec l’élection de deux tiers de députés de droite vient de se répéter le scénario médiatique qui accompagna la défaite électorale des sandinistes au Nicaragua en 1990. Le pays semble rentrer dans l’ordre néo-libéral, on reconnaît que la « dictature » est une démocratie, on félicite les perdants pour leur reconnaissance immédiate des résultats.

Mais pourquoi Caracas, au lendemain du scrutin, était-elle si triste ? Pourquoi une telle victoire n’a-t-elle déclenché la moindre liesse dans le métro, dans les rues ? Comment comprendre la mobilisation de collectifs populaires, ou que les syndicats se déclarent en « état d’urgence », alors qu’il y a trois jours une partie de même cette base populaire ne s’est pas mobilisée en faveur des députés bolivariens ? Dès l’élection de Chavez en décembre 1998, nombre d’institutions révolutionnaires se sont peuplées du « chiripero » – surnom donné à la masse d’employé(e) qui troquèrent en 24 heures la casquette du populisme des années 90 pour une chemise rouge (alors que souvent les révolutionnaires authentiques étaient écartés). L’angoissante guerre économique a rendu insupportables la corruption et la surdité de ce secteur de fonctionnaires face à l’exigence d’une protection forte, d’un État plus efficace, plus participatif, travaillant à écouter les citoyen(ne)s. Parallèlement, le « (…) Lire la suite »