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Les grandes manœuvres de concentration multimédia : comment et pourquoi ?

Ces derniers mois, les rachats de médias ont connu une accélération inédite, qui a défrayé les articles de presse comme les émissions radio ou télédiffusées et soulevé l’inquiétude, voire l’indignation, des journalistes. Mais si ceux-ci ont largement posé la question de l’indépendance éditoriale dans un univers médias très concentré, ils ont aussi largement éludé celle des raisons profondes de ces vagues de concentrations. Ce que nous nous proposons d’analyser ici (1).

C’est Patrick Drahi qui a ouvert le bal des récentes concentrations en rachetant en juin 2015 la totalité du groupe Express-Roularta : L’Express, L’Expansion, le groupe L’Étudiant, entre autres (voir l’annexe), après avoir avalé un an auparavant l’un des cinq quotidiens nationaux d’informations générales encore existants : Libération. Un rachat dont, notons-le au passage, nul ne s’était à l’époque indigné et qui avait plutôt fait l’objet de commentaires largement positifs dans les médias, saluant en Patrick Drahi le sauveur de Libération (2).

Quelques mois après avoir acquis Libération, Drahi rachète donc la totalité du groupe Express-Roularta, le 5e groupe français de presse magazine, et s’octroie 49 % du groupe NextRadioTV, groupe plurimédia (BFMTV, RMC...) appartenant à Alain Weill. Peu après, le groupe Le Monde acquiert 100 % des publications de L’Obs, Bernard Arnault, propriétaire des Échos, gobe Le Parisien et Aujourd’hui en France, tandis que Vincent Bolloré, autre grand médiavore, s’empare de Canal + en prenant le rênes de Vivendi, maison mère de la chaîne.

On a ainsi observé, en quelques mois, un vrai chamboulement du paysage médiatique, avec la constitution ou le renforcement de groupes possédant des titres variés dans divers types de médias : presse écrite, télévision, radio, sites Internet. Un chamboulement qui provoque, on l’a dit, des réactions en chaîne chez les journalistes (3), et les amène même parfois à porter un regard nouveau sur les acteurs de ces changements (4). En revanche, rares sont les titres des médias dominants à avoir analysé de façon critique les causes de ce phénomène. Des causes qui touchent à l’environnement économique, aux acteurs politiques, à la sphère médias elle-même et aux multiples interactions entre ces trois facteurs.

La loi du capital et les NTIC

Le secteur d’activité des médias s’inscrit dans un environnement économique général, fondé sur la recherche du profit maximal, et donc sur l’accroissement sans fin du capital ; un environnement financiarisé, dominé par la gestion actionnariale, la cotation boursière et la rentabilité à court terme ; un environnement conçu comme un marché, à l’échelle mondiale, régi par la loi de la concurrence (non faussée par un quelconque principe de régulation), où le capital a tendance à se concentrer entre un nombre de mains toujours plus réduit (5).

C’est dans cet environnement propice aux regroupements capitalistiques que s’inscrit l’économie des médias, avec les mêmes impératifs de rentabilité qu’ailleurs. Or, depuis le début des années 2000, une nouvelle donnée apparaît, essentielle, qui va bouleverser les activités du tertiaire en général et des médias en particulier : Internet et les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication). Censées constituer l’axe majeur de l’économie de demain (6), les NTIC sont devenues la nouvelle poule aux œufs d’or des investisseurs. Alors, des deux côtés de l’Atlantique, la course est lancée tant dans l’acquisition des « autoroutes de l’information » que dans celle des « contenus ». Ainsi s’explique la double activité médias-télécoms de quelques-uns de nos magnats de la presse, souvent des jeunes premiers dans cet univers très fermé : Patrick Drahi ou Xavier Niel, sans oublier les vieux de la vieille qui n’ont pas pour autant perdu le nord : Vincent Bolloré ou encore Martin Bouygues avec Bouygues Télécom.

Ainsi s’explique également la constitution de grands groupes multimédias en France et partout dans le monde, prêts à se livrer bataille sur la scène mondiale pour ramener dans leur giron parts d’audience (et de marché) et recettes publicitaires. D’autant que les géants du Net (Amazon, Google) représentent de redoutables concurrents, y compris sur le terrain des « vieux médias », puisque Amazon propose désormais un accès à certaines chaînes de télévisions américaines. Le site de l’INA analyse : « Pour faire face à ce risque, les groupes d’éditeurs audiovisuels ont appliqué jusqu’alors plusieurs stratégies complémentaires. Afin de mutualiser les coûts de production et d’acquisition des programmes et augmenter leur exposition, donc leurs recettes publicitaires, les groupes historiques ont créé ou racheté des chaînes. Il en résulte une forte concentration du secteur. On peut augurer qu’à court terme il n’y aura plus que quatre ou cinq groupes d’éditeurs nationaux, alors qu’en 2005, au lancement de la TNT, ils étaient une dizaine. »

Du côté de la presse papier, dont les titres sont de plus en plus inclus dans de grands groupes multimédias, la même cause (les NTIC) a produit les mêmes effets, parfois doublés d’effets plus spécifiques à ce type de média. En effet, selon l’ensemble des économistes des médias, la presse papier va mal et ce depuis de nombreuses années (7). Une mauvaise santé due à une baisse continue du lectorat et surtout à la baisse des recettes publicitaires (8). Mais les lecteurs-spectateurs ne se sont pas volatilisés : ils sont partis sur le web, suivis de près par les annonceurs – même si les recettes publicitaires des sites de presse en ligne sont encore loin de compenser la baisse subie par ailleurs. Alors, pour diffuser l’information, générer des revenus soit par la publicité soit par les abonnements, la solution à la crise paraît évidente : investir le web (9). Et, entre 1996 et 2007, c’est l’ensemble de la presse papier qui s’engouffre dans la « révolution numérique » (Le Monde en 1996, idem pour Les Échos, Le Figaro en 2006).

Bref une solution miracle, comme le suggère le rapport de l’ancien président de France Télévisions Marc Tessier au ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy en 2007. Mais un « miracle » qui nécessite de gros investissements pour des recettes incertaines, ce qui, dans un secteur en crise, peut poser problème. Qu’à cela ne tienne, dit Tessier, il suffit que des « coopérations et des rapprochements puissent avoir lieu, qu’ils prennent la forme de projets communs, d’échanges et de participation ou de fusion et que les pouvoirs publics soient attentifs à ne pas gêner ces évolutions ». La messe de la concentration était dite...

Propriétaire de médias, un métier d’influence

À ces causes économiques et politiques s’en ajoute une autre, là encore bien caractéristique des médias. En effet, si dans l’ensemble des secteurs d’activité on n’investit que dans ce qui semble rentable, dans celui des médias on achète alors même que le secteur est réputé en berne depuis des décennies, notamment – mais pas seulement – dans la presse papier (10). Dans ce cas, quel intérêt à racheter des médias qui ne cessent de perdre de l’argent malgré les nombreuses cures d’amaigrissement dans les rédactions, rachats qui ne peuvent donc être motivés par la perspective d’une rentabilité financière à court ou à long terme ? En réalité, en dehors même des montages financiers et fiscaux qui peuvent rendre ces pertes profitables à l’échelle du groupe (11), les bénéfices sont ailleurs et se récupèrent sous d’autres formes. Celles de l’influence, de la contribution à « l’image de marque » d’un groupe industriel (elle-même génératrice de profits via les autres activités du groupe), d’un relatif contrôle de la parole médiatique et d’une synergie entre offres d’abonnement à Internet ou à un réseau téléphonique et « contenus » en exclusivité (12).

Plusieurs journalistes et économistes des médias ont vu dans les stratégies de certains patrons de presse une tentative de peser sur la présidentielle de 2017 (13). Une explication qui n’est pas à négliger, surtout lorsque l’on sait les amitiés politiques d’un Bolloré ou d’un Arnault, mais qui ne saurait à elle seule justifier certains rachats (ceux de Patrick Drahi, par exemple). Mais avancer que par l’achat de médias on s’achète de l’influence, symbolique, politique, économique se vérifie dans tous les cas de figure. Ainsi, coup triple pour Patrick Drahi : en investissant dans la sphère médias, il compte bien assurer sa stratégie offensive sur le marché des câbla-opérateurs (14), trouve par la même occasion de quoi alimenter ses multiples tuyaux et se positionne comme un acteur incontournable de l’économie française.

Ainsi Arnault s’offre avec Les Échos et Investir de quoi faire mousser le joyeux monde des entrepreneurs. Quant à Bolloré, s’il n’hésite pas à se servir de ses organes de presse pour faire la pub de ses enseignes, il s’en sert aussi pour défendre ses (gros) intérêts en Afrique de l’Ouest, en parfaite adéquation d’ailleurs avec ceux de la Françafrique (15).

Enfin, les trois propriétaires (Pierre Bergé, Xavier Niel, et Matthieu Pigasse, dit « BNP ») du groupe Le Monde ont chacun des raisons de s’être approprié des titres de presse à l’histoire prestigieuse (Le Monde, L’Obs, Télérama, Courrier international, entre autres) qui n’ont rien à voir avec l’amour de la presse libre. Ainsi Xavier Niel déclarait-il tranquillement en juin 2011 à propos de ses emplettes dans la presse : « Quand les journaux m’emmerdent, je prends une participation dans leur canard et ensuite ils me foutent la paix » (Le Monde diplomatique, juin 2011).

Pour autant, ces actionnaires n’ont que rarement une influence directe sur les lignes éditoriales de leurs médias, et leurs intérêts n’y sont pas toujours mécaniquement relayés. Et s’ils peuvent dans une certaine mesure orienter ces lignes éditoriales, en particulier en choisissant judicieusement les personnels occupant les postes clés dans les rédactions, l’influence politique obtenue par l’acquisition d’un média constitue surtout une force de dissuasion. Le magazine Capital (août 2014) l’explique de façon limpide : « On y regarde à deux fois avant d’attaquer le patron d’un journal. L’obscur boss de Numericable, Patrick Drahi, n’était qu’un “nobody” quand il est parti à l’assaut de SFR. Moyennant quoi il fut attaqué sur tous les fronts : exil fiscal, holdings douteuses aux Bahamas, nationalité française incertaine... D’où Libération. »

Petites amitiés et gros conflits d’intérêts

Si la convergence entre les intérêts des industriels des médias et ceux des acteurs politiques est flagrante dans le cas d’un Bolloré, elle est tout aussi présente quoique moins visible en ce qui concerne les autres grands propriétaires des médias.

Par exemple, le trio BNP (Bergé, Niel et Pigasse), qui préside aux destinées du groupe Le Monde : si les amitiés « socialistes », de Pierre Bergé sont notoires, la carrière hors médias de Matthieu Pigasse est moins connue du grand public : d’abord administrateur au Trésor public, où il est chargé de la dette, il est ensuite associé-gérant de la banque d’affaires Lazare, où il est recruté par l’entremise d’Alain Minc, lui-même conseiller de Nicolas Sarkozy et de maints hommes d’affaires, et président du conseil de surveillance du Monde de 1994 à 2008.

Bernard Arnault, lui, ne cache pas ses accointances avec le monde politique, qu’il juge par ailleurs tout à fait normales, voire insuffisantes : « Je trouverais tellement bien qu’il y ait davantage d’allers et de retours entre le monde des affaires et la politique » [16]. Et s’il a une préférence marquée pour la droite sarkoziste, ils sont nombreux dans le monde des médias à avoir entretenu de bons rapports avec l’ex-Président.

Mais l’intérêt du monde politique pour les hommes forts des médias n’est pas l’apanage de la droite ultralibérale : François Pinault, lui, susurre ses conseils à l’oreille de François Hollande après avoir longtemps eu celle de Jacques Chirac (17). Du côté de chez Drahi, son bras droit Bernard Mourad, ex-banquier chez Morgan Stanley, est un proche d’Emmanuel Macron et de Stéphane Fouks, vice-président de Havas et grand ami de Manuel Valls et de DSK, et qui a aussi soutenu Drahi pour le rachat de Numéricable (18).

La liste est longue de ces passerelles entre propriétaires de médias et décideurs politiques, comme le montre le film documentaire Les Nouveaux Chiens de garde, notamment à travers sa séquence sur le club de réflexion Le Siècle. Un club très fermé qui rassemble non seulement les patrons des médias, les gros bonnets industriels et financiers et le gratin du monde politique, de « gauche » comme de droite, mais également tout un personnel journalistique de premier plan (Arlette Chabot, PPDA, Jean-Marie Colombani, David Pujadas, etc.), qui y défend ardemment les intérêts de ses employeurs.

Une concentration bien encadrée

Comment s’étonner, dès lors, de l’absence de régulation par l’État en matière de concentration capitalistique dans le secteur des médias ? Une régulation qui, par ailleurs, n’est pas franchement en odeur de sainteté chez les décideurs politiques au pouvoir depuis des dizaines d’années, tout acquis aux doctrines libérales et aux vertus de la concurrence libre et non faussée.

Ainsi, la dernière loi votée en matière de régulation dans les médias date de... 1986 (dite loi Léotard), avec un texte qui organisait d’ailleurs en premier lieu la dérégulation du secteur audiovisuel, mais qui comportait quand même quelques garde-fous en la matière (19) : un plafonnement à 25 % du capital possédé par une personne dans un média audiovisuel et l’interdiction de posséder plus de deux types de médias sur trois (presse écrite, radio, télévision), pour les plus emblématiques de ces mesures.

Quant à la presse écrite, l’encadrement anticoncentration remonte à 1984, quand Pierre Mauroy, alors chef de gouvernement de Mitterrand, a proposé une loi interdisant de posséder des journaux cumulant plus de 15 % de la diffusion nationale (20).

Hélas, ces quelques obstacles à la concentration n’ont cessé d’être mis à mal avec des plafonnements constamment révisés à la hausse (actuellement 49 % dans l’audiovisuel et 30 % dans la presse écrite) et une règle des deux sur trois ne prenant pas en compte la diffusion par Internet, et qui n’est de toute façon pas appliquée (groupes Bertelsmann, Lagardère). Mais cela ne suffit toujours pas, et ces obstacles, si amoindris soient-ils, restent intolérables aux yeux de nos médiavores et de leurs amis politiques.

En témoignent les nombreux rapports relatifs à la concentration dans les médias, qui estiment en général qu’il n’y a pas lieu de déconcentrer. Le rapport Lancelot, en 2006, trouve que « le paysage médiatique, dans son état actuel, n’a pas atteint un degré de concentration alarmant ». Le rapport Bloche, en 2009, porte un regard plus critique sur ce paysage médiatique sans proposer de réelles solutions. Ce rapport fondera d’ailleurs les propositions du Parti socialiste en la matière et ne donnera rien de concret (21). Plus récemment, en décembre 2015, le Sénat organisait une table ronde intitulée « Concentration des médias : état des lieux », où les intervenants (des patrons de médias) discutaient surtout de la réalité du phénomène de concentration.

Autant de rapports qui institueront surtout la non-régulation de la propriété des médias privés et déboucheront sur des mesures en faveur des patrons. Ainsi, en 2008, Catherine Albanel, alors ministre de la Culture et de la Communication de Nicolas Sarkozy, relaie dans Les Échos les souhaits du chef de l’État concernant la formation de « grands groupes de communication audiovisuelle français » avec « des mesures en faveur des chaînes privées » et un allègement des règles anticoncentration pour les radios. En 2014, Emmanuel Macron, qui n’est pas ministre de la Culture et de la Communication, envisage lui aussi d’assouplir les règles anticoncentration, conformément aux souhaits des propriétaires de TF1 et de M6. En ligne de mire : les règles des 49 % et des deux sur trois.

C’est que, nous disent médiavores et politiques, la révolution numérique est passée par là : en bouleversant le marché qu’encadraient les règles anticoncentration, elle les a rendues caduques. Et puisqu’elles ne sont plus tout à fait adaptées, c’est facile, il n’y a qu’à s’en débarrasser ! Une autre option existe : celle de réglementer également les médias électroniques. Une possibilité que les élus et gouvernements successifs ne semblent pas avoir envisagée...

Martin Coutellier, Benjamin Lagues, Denis Perais et Sophie Muret

Annexe  : Les transactions récentes

Dans un univers presque aussi labile qu’une opinion d’éditocrate, il n’est peut-être pas inutile de faire le point sur les titres et les médias dont les propriétaires ont changé ces derniers mois, en remarquant au passage que tous les acquéreurs possédaient déjà au moins un autre média : la recette d’une concentration augmentée.

- Janvier 2014 : Claude Perdriel cède les deux tiers du capital du Nouvel Observateur (devenu depuis L’Obs), qui comprend également TéléObs et Rue89, aux trois propriétaires du Monde (Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre Bergé).

- Été 2014 : le groupe Altice de Patrick Drahi, déjà en possession de participations dans plusieurs chaînes thématiques (de Ma Chaîne Sport à i24News, chaîne d’information en continu israélienne) devient l’actionnaire principal de Libération.

- Mai 2015 : Bernard Arnault, propriétaire du groupe Les Échos, annonce racheter Le Parisien et Aujourd’hui en France au groupe Amaury, la transaction étant officialisée en octobre.

- Juin 2015 : Vincent Bolloré prend le contrôle de Vivendi, en en devenant le président du conseil de surveillance ; il était entré dans le capital de la multinationale en 2012, et ses manœuvres pour en prendre la direction avaient fait les choux gras de la presse « économique ».

- Juin 2015 : Patrick Drahi rachète l’intégralité des titres du groupe L’Express-Roularta [22].

- Juillet 2015 : Patrick Drahi, via son groupe Altice Média, devient actionnaire à 49 % du groupe NextRadioTV [23], avec une option pour finaliser l’achat de ce groupe en 2019 (pour les férus de tétris de holdings, le montage est expliqué dans cet article du Monde).

- Septembre 2015 : Matthieu Pigasse rachète (seul) Radio Nova à la famille du fondateur Jean-François Bizot, décédé en 2007.

- Octobre 2015 : le groupe Figaro rachète CCM Benchmark, propriétaire de plusieurs sites Internet spécialisés (Comment ça marche, Copains d’avant, L’Internaute, Le Journal du Net, Le Journal des femmes, Santé Médecine, entre autres). Accessoirement, CCM Benchmark est aussi un institut spécialisé dans la vente de produits (et de pubs) sur la Toile.

- Et ce n’est pas fini : Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton (producteur d’émissions de télévision) ont annoncé la constitution d’un fonds d’investissement spécialisé dans le rachat de médias ; il s’agit de lever entre 300 et 500 millions d’euros en Bourse, à investir exclusivement dans les médias – pour mémoire, le trio Niel-Pigasse-Bergé avait dû débourser environ 30 millions d’euros pour acquérir Le Monde en 2010. Plus récemment, La Tribune présentait Patrick Drahi comme possible acquéreur des magazines Télé 7 Jours, France Dimanche et Ici Paris.

À suivre ?

[1] Dans un prochain article, nous nous intéresserons aux conséquences de cette vague de concentration.
[2] Parmi de très nombreux exemples, on peut citer Le Monde, Le Figaro, ou Europe 1.
[3] Par exemple dans Libération, sur FranceTv ou sur le site du Point.
[4] La fragilité de l’« empire Drahi », bâti sur une dette gigantesque, a par exemple été questionnée par Le Monde ou par France Info.
[5] Nous renvoyons ici à un article publié sur notre site en 2003, plus que jamais d’actualité : « La déréglementation, condition à la formation des groupes multimédias ».
[6] C’est en tout cas l’avis du ministère de l’Économie, explicité dans un rapport de la Direction générale des entreprises.
[7] Selon Jean Stern, il ne faudrait pourtant pas en tirer la conclusion de conséquences financières fâcheuses pour les comptes des entreprises de presse, bien au contraire. Dans l’article que nous avions consacré à son ouvrage Les Patrons de la presse nationale, tous mauvais, paru aux éditions La Fabrique en 2012, nous notions que « les pertes enregistrées par les journaux sont profitables à leurs propriétaires. Au niveau de la holding (parfois plusieurs), les bénéfices de certaines sociétés du groupe sont compensés par les pertes d’autres sociétés du même groupe pour l’application de l’impôt. En simplifiant, les pertes enregistrées par les entreprises de presse viennent en déduction des impôts de leurs propriétaires : "Les hyper-riches ont tout simplement couché la presse dans une niche fiscale" (p.116) ».
[8] Le détail de ces chiffres peut-être consulté dans dans cet article de La République des Pyrénées et sur le site de l’Union des annonceurs.
[9] L’équivalence entre ces deux types de financement n’est ici que formelle : à n’en pas douter, entre un site web financé par la publicité et un site financé par l’abonnement de ses lecteurs, il y a des différences importantes. Beaucoup de médias dominants ont choisi la première option, ou une version mixte avec une partie seulement des articles réservée aux abonnés. Cette question de la « transition numérique » est considérée comme centrale par tous les acteurs des médias depuis le début des années 2000. Entre de très nombreux autres exemples, voir cet article de L’Express ou celui de La Croix tous deux publiés en 2007.
[10] Les recettes publicitaires télévisuelles sont également en baisse. Pour le détail des chiffres, voir l’article du Monde publié en 2013.
[11] Nous renvoyons à nouveau vers l’analyse de Jean Stern évoquée à la note 6.
[12] Voir par exemple SFR qui propose à certains de ses abonnés en téléphonie des abonnements « gratuits » à L’Express.
[13] Comme dans l’édition du Monde datée du 29 juillet 2015.
[14] Ainsi que l’expliquent Le Monde ou France 24.
[15] Nous renvoyons ici à l’article détaillé que Le Monde diplomatique consacrait en 2009 au « Guerres africaines de Vincent Bolloré ».
[14] Ainsi que l’expliquent Le Monde ou France 24.
[15] Nous renvoyons ici à l’article détaillé que Le Monde diplomatique consacrait en 2009 au « Guerres africaines de Vincent Bolloré ».
[16] Cité dans cet article de L’Express en 2010.
[17] Voir, respectivement, l’article de Libération et celui d’Europe 1.
[18] Sur l’importante influence exercée par Stépahne Fouks à l’intersection des univers politique et médiatique, voir les articles du Figaro « Stéphane Fouks l’éminence grise », de L’Opinion « L’ombre de DSK dans la bataille pour SFR et de Libération « Stéphane Fouks en phénix ».
[19] Comme nous le relevions en 2004 dans un article consacré aux médias audiovisuels « Régulations et dérégulations libérales des médias audiovisuels ».
[20] Voir la synthèse publiée en 2009 sur un blog de Médiapart.
[21] Voir l’article que nous avons consacré en 2011 au « Projet minimaliste du Parti Socialiste pour les médias-.

7 Janvier 2016.

Les illustrations ont été ajoutées par LGS.

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