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Thème : Libye

La valise ou le cercueil.

Ahouansou SÉYIVÉ

L’affaire fut, dès le départ, cousue de fil blanc.
Il y eu d’abord l’opération Serval lancée en janvier 2013, sensée sauver les Maliens des islamistes, puis vint le temps de l’opération Barkhane déclenchée cet été en vue de sécuriser le Sahel, mais dont l’objectif véritable visait évidemment à repositionner la France dans cette région d’Afrique et de pérenniser sa présence militaire.

Aussi, comme au bon vieux temps du partage de la Conférence de Berlin et des conquêtes coloniales, le souci du bien-être des populations locales avait été mis au centre d'une rhétorique justifiant l'incongrue présence de militaires français sur le sol africain, en ce début de XXIème siècle. Malgré quelques réticences d'un exécutif malien faiblard, sans forces de défense dignes de ce nom, et ne devant sa bonne fortune qu'à l'interventionnisme du gouvernement français, l'ouverture d'une base française à Tessalit avait été entérinée par un accord de « Partenariat de défense » signé à la mi-juillet 2014 (Lire ici). Lisant entre les lignes, nous annoncions un retour en force et durable d'une France, à genoux économiquement, sur le sol africain. Les dialectiques de la lutte contre le terrorisme, de celle de l'aide au développement et de la lutte contre le trafic de drogue nous apparaissaient alors comme le minuscule cache-sexe d'ambitions néocoloniales. Les dernières décisions et (…) Lire la suite »

Une histoire parlementaire française qui mérite un petit détour

Michel J. CUNY

Rétrospectivement, il apparaît que l'affaire libyenne se trouve encadrée par deux dates très significatives de l'histoire parlementaire française... qui vont nous permettre de situer l'une des raisons qui ont abouti à détruire un pays dont Françoise Petitdemange montre si bien, dans son ouvrage La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011), les trésors d'intelligence et de courage dont il a été le résultat, et les dangers dont il était porteur pour la domination capitaliste, colonialiste et impérialiste des Occidentaux sur l'Afrique du Nord, mais aussi sur l'ensemble de l'Afrique. A ce propos, on ne saurait manquer de consulter : www.francoisepetitdemange.sitew.fr

Si l'attaque aéronavale d'une France, qui se plaçait délibérément en dehors de l'ONU, mais surtout du droit international lui-même, est intervenue le 19 mars 2011, neuf jours plus tôt, le 10 mars, la Présidence du Sénat enregistrait le Rapport d'information déposé au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur la sécurité des approvisionnements stratégiques de la France, par M. Jacques Blanc, sénateur. Sans doute l'Assemblée nationale ne pouvait-elle pas faire moins bien, puisque le 19 octobre 2011, veille de la mort, en martyr de la cause arabe et africaine, de Muammar Gaddhafi, sa présidence enregistrait le Rapport d'information sur le prix des matières premières, établi sous la responsabilité de la Commission des affaires économiques, et présenté par madame Catherine Vautrin et monsieur François Loos en conclusion des travaux d'une mission d'information présidée par madame Pascale Got. Une guerre pour renforcer la sécurité des (…) Lire la suite »

Les Etats-Unis sont furieux d’apprendre qui est derrière les "mystérieuses" frappes en Libye. (Zero Hedge)

Tyler DURDEN
Ces dernière semaines, nous avons été confrontés à un nouveau mystère : une entité 'inconnue' s’est livrée à des frappes dans une Libye qui vit une crise politique d’une telle ampleur que les titres comme ceux-ci sont devenus la normes : • DES MILICIENS ONT MIS LE FEU A LA MAISON DU MP LIBYEN THENI : AL ARABIYA • LES VOISINS DE LA LIBYE SE METTENT D’ACCORD POUR NE PAS INTERVENIR DANS LES AFFAIRES LIBYENNES ET APPELLENT AU DIALOGUE NATIONAL Les frappes ont surpris tous les médias, y compris Reuters qui, pendant le week-end, rapportait que « Des avions de guerre non identifiés ont attaqué, samedi, les positions d’une faction armée dans Tripoli, la capitale de la Libye, selon des habitants et des médias locaux. La chaîne locale al-Nabaa a rapporté que les avions avaient attaqué quatre positions de la milice Opération Dawn, un regroupement des forces de tendance islamiste de Misrata qui essaie de déloger les brigades de Zintan, qui se trouvent, elles aussi, dans l’ouest de la (…) Lire la suite »

Les « Etats faillis »

Manlio DINUCCI
Tandis que depuis la Libye en flammes des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, poussés par le désespoir, tentent chaque jour la traversée de la Méditerranée, et beaucoup y perdent la vie, le président Napolitano avertit « Attention aux foyers qui nous entourent », à commencer par « l’instabilité persistante et la fragilité de la situation en Libye ». Il oublie, et avec lui la quasi totalité des gouvernants et politiques, que c’est justement l’Italie qui a joué un rôle déterminant pour allumer en 2011 le « foyer » de cette guerre dont l’hécatombe de migrants est une des conséquences. Sur la rive sud de la Méditerranée, face à l’Italie, se trouvait un Etat qui – d’après même la Banque mondiale en 2010 – avait « de hauts niveaux de croissance économique », avec une augmentation annuelle du pil de 7,5%, et enregistrait « des indicateurs de développement humain élevés » parmi lesquels l’accès universel à l’instruction primaire et secondaire et, pour 46%, à celle de niveau (…) Lire la suite »

Haftar : le « partenaire efficace » des États-Unis en Libye

Ahmed BENSAADA
Le discours prononcé par le président Obama le 28 mai 2014 à la prestigieuse académie militaire de West Point [1] semble marquer un ajustement majeur dans la politique étrangère américaine à l’égard du monde arabe. Fini le temps des envolées lyriques faisant l’éloge du « printemps » arabe : cette expression n’a pas été une seule fois prononcée durant toute son allocution. Elle a été remplacée par « upheavals of the Arab world », c’est-à-dire « soulèvement (ou bouleversement) du monde arabe ». Le mot « démocratie » n’a été prononcé qu’à deux reprises, mais dans un contexte très général. Realpolitik oblige, Obama a avoué que « le soutien de l'Amérique pour la démocratie et les droits humains va au-delà l'idéalisme ; c'est une question de sécurité nationale ». On ne peut être plus clair. Après les fiascos politiques des « campagnes » d’Irak et d’Afghanistan, le président américain a appelé à un changement de stratégie en matière de lutte contre le terrorisme. « Je crois que nous (…) Lire la suite »
La situation chaotique en Libye, un danger pour notre pays

L’Algérie : une force "tranquille" menacée de toute part

Chems Eddine CHITOUR

« Ici-bas règnent les passe-droits ; dans l’au-delà, place au droit. » Proverbe libyen ; La Libye en proverbes – 1905

Encore une fois, et malgré ce calme trompeur, l'Algérie vit à bas bruit une étape déterminante de son histoire. Il s'agit de sa sécurité. Sécurité intérieure encore et toujours fragile, notamment avec les conflits récurrents concernant la mal-vie de régions qui peuvent à tout moment déraper et devenir incontrôlables car dérivant sur un autre terrain qui fragilisera encore plus l'unité du pays. L'Algérie est aussi vulnérable sur le plan externe. Elle a plusieurs milliers de kilomètres de frontières avec des pays devenus instables. C'est le cas de la Tunisie en prise avec les démons de la division au nom du divin, c'est le cas de la Maurétanie, du Sahara occidental ainsi que des menaces et provocations marocaines, notamment à propos de l'emblème national. Il est hors de doute que le peuple algérien, tenu soigneusement à l'écart des enjeux réels sera difficilement mobilisable, à Dieu ne plaise, en cas de problème. Qu'on en juge ! Tous les pays frontaliers de l'Algérie sont à des (…) Lire la suite »

Qui sème le vent...

Karim MOHSEN
La Libye sombre dans le chaos, l'Ukraine n'est guère mieux lotie, alors que la Syrie fluctue entre accalmie et explosion de violence. Voilà donc trois places fortes géopolitiques sur trois continents qui font l'actualité et menacent la stabilité et la sécurité dans le monde. Coïncidence ? Peu probable ! En Libye (Afrique), en Syrie (Asie) et en Ukraine (Europe) trop d'intérêts sont engagés pour estimer un seul instant que cela relèverait du hasard ou d'une simultanéité douteuse. Surtout lorsque l'on sait que les acteurs des événements sanglants dans ces trois pays sont en accointance avec l'Occident - Etats-Unis et France en particulier - qui ne veut pas que du bien aux Ukrainiens, Syriens et Libyens. Ce qui est encore plus étonnant est le fait que l'on retrouve derrière ces déstabilisateurs des services occidentaux, en particulier la CIA très active en Libye et en Ukraine. Elle est aussi accusée de n'être pas étrangère dans la formation des milices rebelles qui combattent le (…) Lire la suite »

Nouvelle croisade de BHL en Libye

Nicolas BEAU

Bernard Henri Lévy se serait rendu discrètement à Tripoli le 22 mai 2014 à Tripoli, d’après des sources sures sur place que "Mondafrique" a pu contacter. Lors de ce déplacement confidentiel, BHL a tenté d’imposer ses vues sur l’avenir immédiat de la Libye.

Les derniers événements qui ont secoué la Libye et vu le général Haftar partir à la conquête du pouvoir avec l'aide des Américains ont réveillé les ardeurs de Bernard Henri Lévy. Pas question que l'avenir du pays se joue sans lui. Qui d'ailleurs pourrait ne pas voir que sans l'illustre propagandiste la Libye serait réduite à néant ! Lors du voyage éclair que le philosophe et "sauveur de la Libye"a effectué à Tripoli le 22 mai, le niveau de sécurité autour de sa personne était très importante. Les milices islamistes qui rêgnent sur la ville ont été sur le pied de guerre. Du neuf avec de l'ancien Lors d'une réunion au sommet, jeudi 22 mai, avec ses amis libyens des temps héroïques où il accompagnait le contingent franco britannique afin de libérer le pays de Kadhafi, BHL a joué aux faiseurs de roi, en proposant la nomination d'un gouvernement idéal, qui ressemble fort à l'ancien. Le Premier ministre, selon lui, devrait redevenir l'ancien chef de gouverneemnt Zeidan. Le ministre (…) Lire la suite »

Libye : Les tentations de l’étrange général

M. SAADOUNE

Les choses s’accélèrent – et se dégradent – en Libye avec les violences à Benghazi et l’attaque menée par des milices alliées à l’ancien général Khalifa Haftar contre le Congrès national général (CNG, le Parlement de transition).

Il devient superflu désormais de se demander si un coup d'Etat est en cours. La seule bonne question est de savoir s'il va réussir ou s'il va réduire la Libye en morceaux. Le général Khalifa Haftar, qui se cherche une destinée nationale libyenne après deux décennies passées en Virginie, non loin de Langley, ou siège de la CIA, est en train de mettre en mouvement tous les détenteurs d'armes en Libye. Derrière un clivage très flou entre « libéraux » et « islamistes », l'action engagée par le général Haftar fait basculer la Libye dans la guerre ouverte. Qui peut facilement se généraliser. Ce ne sont plus les milices présumées islamistes qui sont attaquées mais ce qui constitue, faute de mieux, la représentation nationale, (le Parlement de transition) ainsi que le gouvernement qui en est issu. Aujourd'hui, le coup d'Etat rampant est mené par le général Haftar, qui a obtenu le ralliement de certaines unités de l'armée avec le soutien de la puissante milice de Zenten. A Tripoli, c'est (…) Lire la suite »

Que savons-nous de ce qui s’est fait en notre nom en Libye ?

Michel J. CUNY

À l'initiative souveraine du président de la république française, Nicolas Sarkozy, la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne a donc été anéantie sous les bombes en 2011. Observatrice attentive des événements qu'elle commentait quotidiennement sur Internet, Françoise Petitdemange annonce la parution imminente de son ouvrage "La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011)". Elle répond ici à quelques questions...

Michel J. Cuny : En 1969, lors de la chute du roi Idriss 1er et de la prise de pouvoir par un groupe d'officiers unionistes libres, comment le gouvernement français avait-il réagi ? Françoise Petitdemange : Georges Pompidou venait d’être élu à la présidence de la république, le 20 juin de cette année 1969, lorsque le 1er septembre, la Révolution a eu lieu en Libye. L’accueil qu'il fit aux jeunes révolutionnaires a été fort heureusement relaté par Guy Georgy qui s'apprêtait à devenir le premier ambassadeur de France dans la Libye révolutionnaire : « Vous avez appris ce qui s’est passé ; on ne connaît pas encore les auteurs de ce coup d’État, mais il est probable que ce sont des nationalistes à la Nasser. Le monde arabe est en effervescence, la croissance démographique et le pétrole, la misère et la richesse insolente s’y côtoient, la soif de dignité et de justice est la nouvelle antienne du tiers-monde. La moitié de ces peuples ont moins de vingt-cinq ans et l’avenir n’est (…) Lire la suite »