Après avoir démoli l’Etat libyen avec dix mille attaques aériennes et des forces spéciales infiltrées, États-Unis, Italie, France et Grande-Bretagne déclarent leur « préoccupation à cause de l’instabilité en Libye ».
Lévy, qui apparaissait parfois comme le défenseur le plus en vue d’une guerre contre la Libye, a largement disparu des feux de la rampe dans le contexte libyen. Il est peut-être en train d’instiguer des troubles dans un autre endroit, au nom de sa douteuse philosophie. Il a accompli sa mission en Libye, qui se trouve à présent dans la pire situation jamais atteinte sous le règne de Kadhafi.
Al Qaîda en Libye innove : ses terroristes creusent des tunnels pour passer en Tunisie. L’Algérie déploie d’intenses efforts pour une étroite coopération avec les pays du Sahel pour sécuriser et développer à terme la région. C’est le sens de la dernière tournée effectuée en Mauritanie, au Mali et au Niger par notre ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. Les forces de l’ONU, les militaires africains et l’armée malienne pourchassent les terroristes au Nord Mali.
Cela reste insuffisant, car chacun sait que le germe du fléau terroriste se trouve en Libye.
Deux ans après la liquidation physique de Mouamar Kadhafi dans des conditions tragicomiques et surtout cyniques, la Libye, « libérée » par l’Otan, est menacée de dislocation, et menace par ses désordres l’ensemble des pays de la région.
Les Occidentaux font mine de s’apitoyer et de s’inquiéter de l’état chaotique de la Libye alors qu’il est, en bonne partie, le produit de leur action. Le Premier ministre libyen Ali Zeidan vient d’essuyer un enlèvement humiliant sur fond de rivalités de pouvoir très confuses même si les médias aiment opposer des « libéraux » présumés à des islamistes qui, eux, font partie du décor.
Selon le quotidien italien Corriere della Sera, plus de deux cents marines ont été transférés d’une base militaire étasunienne en Espagne vers celle de Sigonella, en Sicile. Ces mouvements de personnel font suite aux tensions survenues entre Washington et la Libye après le raid qui a conduit à la capture d’Abou Anas al-Liby, l’un des leaders d’Al-Qaïda les plus recherchés par le FBI. Ils ont pour but de prévenir toute menace potentielle pour la sécurité de la mission diplomatique étasunienne en Libye.
« Honte et horreur » : ce sont les termes utilisés par le président de la république Napolitano à propos de la tragédie de Lampedusa. Ils devraient plus exactement être utilisés pour définir la politique de l’Italie à l’égard de l’Afrique, en particulier de la Libye d’où provenait le bateau de la mort. Les gouvernants qui aujourd’hui battent leur coulpe sont les mêmes qui ont contribué à cette tragédie, et à d’autres, des migrants.
Bienvenue dans la nouvelle Libye, un pays « libéré » par l’OTAN qui se retrouve maintenant sans les revenus pétroliers qui pourraient le rendre riche, sans aucune sécurité ni stabilité et avec une criminalité et une corruption à des niveaux sans précédents.