13 mai 2015
Romaric Godin (La Tribune)
Un rapport parlementaire islandais suggère de donner à la seule banque centrale le monopole de la création monétaire. Une vraie révolution, si l’idée était appliquée...
Décidément, l'Islande est le pays de la créativité financière. Après avoir montré, en 2009, qu'il existait bien une alternative au transfert de la dette bancaire vers la dette publique, l'île nordique pourrait s'apprêter à réaliser une grande expérience monétaire.
Le 31 mars dernier, en effet, le président du comité des affaires économiques de l'Althingi, le parlement islandais, Frosti Sigurdjonsson, a remis un rapport au premier ministre, Sigmundur Gunnlaugsson, sur la réforme du système monétaire islandais. Et c'est une véritable révolution qu'il propose.
L'absence de maîtrise de la banque centrale sur le système monétaire
Le rapport cherche en effet à réduire le risque de bulles et de crises dans le pays. En 2009, l'Islande a connu une crise très aiguë qui a fait suite à une explosion du crédit alimenté par un système bancaire devenu beaucoup trop généreux dans ses prêts et beaucoup trop inconscient dans sa gestion des risques.
Ni l'Etat, ni la Banque centrale islandaise (…) Lire la suite »
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7 avril 2015
Robert BIBEAU
« Après le 15 septembre 2008, date de la faillite de la banque Léman Brothers − marquant le début de la reprise de la crise systémique – de nombreux économistes ont souligné la fin du « consensus de Washington ». Mais ils sont totalement passés à côté du problème financier. Je rappelle que c’est l’hypothèse de l’efficience du marché selon laquelle les actifs financiers sont voués à être valorisés à leur valeur intrinsèque qui a conduit à la suppression des contrôles réglementaires » (1).
Auscultons cette phrase (ci-haut) afin de démontrer de quelle façon les économistes bourgeois parviennent à tout embrouiller, ce qui les amène à dire, à se dédire et à médire. La soi-disant « hypothèse » de l’efficience des marchés (sic) doublée de la pseudo hypothèse de « la valeur intrinsèque des actifs financiers » (resic) sont deux mensonges communément acceptés dans la communauté d’affaires et dans les milieux bancaires. La tâche de l’économiste bourgeois est de répandre ces fadaises parmi le public des benêts lambda qu’il nous croit, afin qu’à la fin nous ne comprenions rien et nous baissions les bras évitant de renverser la véritable raison de l’effondrement capitaliste – le mode de production capitaliste lui-même.
« Que l’on soit clair dès le début, la régulation financière est une urgente nécessité et je suis un ardent défenseur de Bâle III, mais force est de constater aujourd’hui son échec bien que cet accord ait résolu le problème le plus urgent en supprimant le risque (…) Lire la suite »
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2 avril 2015
Qui a falsifié les comptes, a emprunté, s’est enrichi, a ruiné la Grèce, l’a dépouillée, l’a livrée à la Troïka...? Qui doit payer ?
Anastase ADONIS
Avec les signatures de tous les membres des partis politiques SYRIZA et ANEL, la coalition gouvernementale qui a porté l’extrême gauche au pouvoir a déposé (Mardi 31 Mars 2015) devant le Parlement la demande d’une création d’une commission d’enquête (voir ci-après) qui examinera les raisons et attribuera les responsabilités pour la mise sous tutelle de l’Etat aux conditions du Memorandum.
La proposition a été adoptée. Elle comporte 3 pages et le débat en séance plénière aura probablement lieu le lundi 6 Avril.
Cette commission aura en charge les enquêtes qui porteront sur les quatre périodes, les périodes des gouvernances qui se sont succédé aux affaires depuis le début de la crise de l’euro, soient :
Octobre 2010 – Mai 2010, Pour le premier accorde de prêt
Mai 2010 – Novembre 2011 Pour le deuxième accord de prêt
Novembre 2011 - Mai 2012 Mise en œuvre de PSI
Mai 2012 - Janvier 2015 Coalition pour le Memorandum
Pour les profanes :
MoU = Memorandum of Undertanding
PSI = Private Sector Involvment
TAIPED = Caisse Publique de Valorisation de la Richesse Privée (en charge de liquider le patrimoine de l’Etat) dont le directeur, nommé par le gouvernement, a carte blanche pour ce faire.
L’objectif de la proposition, qui ne cite pas des personnes nominativement, est d’attribuer les responsabilités politiques.
Après une première citation du soi-disant plan de (…) Lire la suite »
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19 mars 2015
Réticences américaines, dit-on…
Chen Junxia* et Jin Minmin*
Suivant l'exemple du Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et l'Italie ont décidé d'adhérer à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII). Cette décision courageuse et pourtant rationnelle a révélé l'attractivité et l'influence de la BAII.
Cette décision n'est pourtant pas surprenante si l'on examine les finalités de la BAII. Après de nombreux accomplissements économiques, la Chine souhaite donner un nouvel élan au développement de l'Asie pour renforcer son propre développement. Si la Chine a proposé la création de la BAII, c'est pour compléter les mesures de gouvernance internationale, renforcer la coopération et favoriser la promotion conjointe de la prospérité économique de l'Asie et du monde dans son ensemble.
Partager les fruits du développement en Asie-Pacifique
Pourquoi certains pays européens ont-ils décidé de devenir membres fondateurs de la BAII ? Fondamentalement, ils semblent conscients du fait que la Chine et l'Asie dans son ensemble (…) Lire la suite »
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14 mars 2015
Liliane HELD-KHAWAM
Le franc suisse est fort. Le franc suisse est fort. Le franc suisse est fort. Voilà une litanie douteuse qui devient vraie à force de la répéter. Finalement tout le monde y croit !
Si le franc suisse a longtemps été considéré comme la monnaie refuge par excellence, c’était grâce à la protection exceptionnelle d’une couverture-or partielle. Cela n’est plus le cas depuis l’entrée en vigueur en 2003 de la nouvelle loi sur la BNS. Une bonne partie de l’or a été vendue. Par ailleurs, la multiplication du bilan de sa banque centrale aidant, la valeur du franc suisse a été fortement diluée. Finalement, il n’est plus si différent des autres devises.
La question lancinante est donc de savoir si le franc suisse est vraiment fort ou s’il s’agit d’une simple propagande permettant de pratiquer tranquillement un assouplissement quantitatif fort discutable....
Un franc suisse aux perspectives anglo-saxonnes négatives
Deux informations nous mettent sur la voie d’un franc pas si fort que ce que veulent bien nous présenter les autorités monétaires et fédérales suisses. Ce sont des éléments collectés dans la presse anglo-saxonne. Le premier nous arrive du Wall Street (…) Lire la suite »
9 mars 2015
Liliane HELD-KHAWAM
Le 27 février, la BNS a publié une partie de ses données comptables valables à fin janvier 2015, soit 15 jours après le désarrimage de l’euro. Le total du bilan est passé en un mois de 561 milliards à 558 milliards.
Or, on relève sur ce bilan une diminution de 2 milliards des billets en circulation et une baisse de 1 milliard des engagements de la BNS vis-à-vis de la Confédération. Rien qu’avec ces 2 montants, nous avons l’explication du recul de 3 milliards entre fin 2014 et fin janvier 2015.
Pour le reste le bilan a continué à se dégrader. En effet, les dettes que la BNS continue de se constituer auprès de tiers inconnus ont littéralement explosé. Les comptes de virement des banques en Suisse sont brutalement passés de 328 milliards à 384 milliards. Les Comptes de virement de banques et d‘institutions étrangères sont passés de 17 à 19 milliards de francs. Ce sont donc de près d’une soixantaine de milliards de créances supplémentaires que le passif a crû.
La BNS a augmenté ses passifs pour financer la baisse de ses actifs. Elle comptabilise l’euro à 1.09 comme moyenne sur le mois de janvier. Cela explique qu’il lui reste encore un petit 6% de fonds propres.
Quant à sa dépendance à (…) Lire la suite »
3 mars 2015
La dette des étudiants américains : une violence insupportable faite à une génération
Ann LARSON, Patrick SAURIN
Aux États-Unis, la crise des subprimes qui a débuté en été 2006 a révélé au grand jour les malversations des banques et de la finance qui ont escroqué des millions de familles, en particulier les plus pauvres, avec des prêts immobiliers que celles-ci n’allaient pas pouvoir rembourser.
Mais ces prêts hypothécaires ne représentent qu’un dispositif parmi une vaste gamme de crédits prédateurs dans laquelle on retrouve les prêts pour dépenses de santé, les prêts personnels, les crédits attachés aux cartes bancaires, les prêts aux collectivités, mais également les prêts aux étudiants.
Faire des études aux États-Unis coûte cher car la scolarité est payante. Résultat : deux-tiers des étudiants sortent de l’université avec une dette en moyenne de 27 000 dollars. En 2012, on estimait que la dette totale des étudiants dépassait les 1 000 milliards de dollars, une dette supérieure à celle des cartes de crédit ou à toutes les autres sortes de prêts aux particuliers à l’exception des prêts immobiliers |1|.
À la fin de leurs études, beaucoup d’étudiants sans emploi se trouvent pris au piège d’une dette qui les étrangle. Isolés, ils sont à la merci des banques et de leurs créanciers. Mais depuis quelques années, un collectif citoyen, combatif et imaginatif, a entrepris de (…) Lire la suite »
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3 mars 2015
Actions transnationales contre l’inauguration de la BCE
Blockupy Frankfurt
Le 18 mars 2015, la Banque centrale européenne (BCE) veut inaugurer son nouveau siège à Francfort. La somme vertigineuse d’ 1,3 milliards d’euros a été dépensée pour construire ces tours jumelles de 185 mètres de haut qui ressemblent à une forteresse, entourée de clôtures et de douves.
Cette intimidante architecture du pouvoir est un symbole parfait de la distance qui sépare les élites politiques et financières des populations. Le personnel et le matériel de bureau sont déjà en cours d’installation. Mais la grande cérémonie d’inauguration – en présence de plusieurs chefs d’État européens et de l’oligarchie financière – est désormais annoncée pour le mercredi 18 mars.
Il n’y a pourtant rien à célébrer dans l’austérité et l’appauvrissement des populations ! Des milliers de personnes en colère et de militant-es déterminé-es de toute l’Europe vont bloquer les rues autour de la BCE et interrompre cette célébration du pouvoir et du capital, en ce jour de 144e anniversaire de la Commune de Paris. Nous allons prendre la fête en main et la transformer en lieu de jonction des résistances transnationales contre les politiques de crise en Europe et leurs conséquences catastrophiques, particulièrement pour les populations d’Europe du Sud.
La BCE joue un rôle important (…) Lire la suite »
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1er mars 2015
Basta !
Voici un livre enquête qui vous fera découvrir la face obscure des grandes banques françaises. Pour la première fois des journalistes et des économistes évaluent le coût exorbitant, mais passé sous silence, de leurs activités. De l’évasion fiscale à la spéculation sur les matières premières, de la « finance de l’ombre » aux produits dérivés opaques, des projets polluants aux emprunts « toxiques », ce livre co-écrit par Basta ! et Attac, dresse un panorama complet des effets néfastes de la finance toute puissante. Il est sorti en librairie le 11 février. Vous pouvez aussi le commander en ligne, ce qui vous permet de soutenir financièrement Basta ! .
En 2008, la folie spéculative des banques a provoqué une crise qui ne cesse, depuis, de s’aggraver. Les banques n’ont dû leur salut qu’aux centaines de milliards d’euros injectés par les États et les banques centrales. Que s’est-il passé depuis ? Que sont devenues les grandes promesses de régulation du secteur bancaire ? Pourquoi les (…) Lire la suite »
19 février 2015
Les 50 plus grandes banques et entreprises mondiales détiennent plus de 4 000 filiales dans les paradis fiscaux
Bernard GENSANE
Il paraît que l’administration fiscale (qui, à moi, personnellement, me réclame une pénalité de 15 euros parce qu’elle ne m’a pas transmis un document à temps) a travaillé comme une folle pour faire revenir l’argent des fraudeurs dans les caisses de l’État.
300 millions d’euros – vous avez bien lu : 300 millions – ont été récupérés après quatre ans de démarches, enquêtes, relance etc. C’est phénoménal quand on pense que l’évasion fiscale nous coûte environ 80 milliards par an.
Dans le même temps, parlons de choses vraiment sérieuses, les actionnaires du CAC 40 ont touché 56 milliards d’euros (dividendes et actions gratuites) en 2014, soit 30% de plus qu’en 2013. Sous un président dont « l’adversaire » était la finance.
Le vaste truandage organisé par HSBC a particulièrement profité aux Espagnols qui ont dissimulé 1,8 milliard d’euros en Suisse, l’équivalent annuel du budget du Trésor Public du pays. Certes, on nous a jeté en pâture quelques noms de vedettes du showbiz ou du football (pauvre Christophe HSBC Dugarry !). Mais il s’agit de la crème du lait. Au fond de la casserole il y a des sociétés qui utilisent des banques complices d’HSBC et qui envoient d’énormes sommes d’argent vers des filiales situées dans des paradis fiscaux. (…) Lire la suite »
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