Auteur Bernard GENSANE

Richard Hoggart

Bernard GENSANE
Ce très grand universitaire britannique vient de mourir à l’âge de 96 ans. Il fonda, dans les années cinquante, les cultural studies, en compagnie de Raymond Williams et Stuart Hall. Il était né en 1918 dans un quartier ouvrier de la ville industrielle de Leeds. Un jour, par facétie, je lui posai la question suivante : — Il me semble que votre patronyme signifie quelque chose de franchement populaire. — Bien vu, Bernard, me répondit-il. Il signifie en effet « gardien de cochons ». Le (…)

Un entretien avec Pierre Lemaitre

Bernard GENSANE
Pierre Lemaitre, prix Goncourt pour Au revoir là-haut, a accordé un entretien aux responsables de l’Institut d’histoire sociale du Gers et à moi-même. Vous avez toujours rendu hommage aux écrivains qui vous ont influencé. Avez-­vous conscience de vous inscrire dans une chaîne ininterrompue de créateurs ? Construisez-­vous des fictions pour vivre, pour résister au réel ? Autrement dit, pourquoi écrivez-­vous ? Si je cite et rends hommage à certains écrivains ce n’est pas consciemment (…)

Manuel Valls : petit rappel

Bernard GENSANE
J’ai publié ce qui suit dans les colonnes du Grand Soir en avril 2010. Je ne me prononcerai pas sur la stratégie hollandaise qui consiste à promouvoir un quidam parce qu’il est populaire. D’autant que Valls est un perdant, un loser comme on dit communément. Lors des primaires socialistes, il était arrivé bon dernier. Il perd parce qu’il est opportuniste. Le politologue Philippe Marlière l’avait noté en son temps : « Manuel Valls est par atavisme un political wannabe ; celui qui se place (…)

Le Monde Diplomatique (avril 2014)

Bernard GENSANE
Numéro très intéressant, très varié. Quel cap pour la Tunisie, demande Serge Halimi ? L’adoption, le 26 janvier dernier, d’une nouvelle Constitution a provoqué une détente politique en Tunisie. Les questions relatives au statut des femmes, au rôle du sacré, à la liberté de conscience étant tranchées par ce texte, les grands arbitrages économiques auraient pu dominer la vie publique. Mais, sur ces sujets-là, les principaux partis peinent à définir leur stratégie. Puisque les révoltes (…)

Lettre à Fernand Darchicourt

Bernard GENSANE
Cher Monsieur Darchicourt, Je sais bien que vous êtes mort en 1968, mais en cette lugubre soirée d’élections municipales, aussi sinistre que les commentaires sans intérêt, sans souffle, sans substance du Premier ministre Ayrault, je souhaite ardemment écrire au socialiste que vous fûtes – un peu poussé par le patron Guy Mollet, certes – à l’ouvrier, à l’ancien mineur devenu maire d’Hénin-Liétard, puis député, jamais battu dans une élection. Votre femme et vous même étiez voisins de mes (…)

Poésie et exil (24)

Bernard GENSANE
Ceci est une chanson magnifique de 1972. Elle dit l’exil intérieur, mais aussi l’ancrage dans une terre, la quête d’une identité. Claude Gauthier est né en 1939 à Lac-Saguay, dans les Laurentides, au nord de Montréal. “ Le plus beau voyage ” est un hymne d’amour à une terre, et aussi un hymne politique. J’ai refait le plus beau voyage De mon enfance à aujourd’hui Sans un adieu, sans un bagage, Sans un regret ou nostalgie J’ai revu mes appartenances, Mes trente-trois ans et la vie Et (…)

Les Zindigné(e)s ! - La vie est à nous n° 12

Bernard GENSANE
Les Zindigné(e)s !, c’est toujours bon. Mais cette fois-ci, c’est passionnant. Ce numéro est consacré à la dette négrière, financière et écologique et au devoir de réparation. Fidèle à son tropisme extrême centriste de droite, Hollande est favorable à un travail de mémoire mais hostile à toutes réparations. Dans ce domaine comme ailleurs, deux poids de mesure. L’Allemagne a payé à la France et à Israël des dizaines de milliards de dollars au titre des dommages de guerre et de (…)

Les fachos sans vergogne

Bernard GENSANE
J’ai publié récemment un article sur les lectures malsaines d’Herman Van Rompoy. Des réactions assez critiques me sont revenues du genre “ il ne faut pas tout mélanger, les hommes politiques ont le droit de lire ce qu’ils veulent, ce n’est pas parce qu’on lit un facho qu’on est soit même facho ”, etc. Je voulais montrer la porosité des idées entre l’extrême droite et la droite qui gouverne toute l’Europe, y compris par Solfériniens interposés. Aujourd’hui, partout en Europe, sous (…)

Poésie et exil (23)

Bernard GENSANE
Claude Vigée : un poète d’une extrême finesse. Il est né Claude Strauss en 1924 en Alsace où il a connu un premier exil intérieur entre le dialecte alsacien, le français et la culture juive. Chassé par la guerre, il séjourne à Toulouse où il milite dans un mouvement de résistance juive, puis se réfugie aux États-Unis en 1943 où il devient professeur de littérature française à l’université Brandeis. Il s’installe en Israël en 1960. Il revient vivre à Paris en 2001. Pacifiste, Claude Vigée a (…)
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Les lectures malsaines d’Herman Van Rompuy

Bernard GENSANE
Au moment où l’extrême droite, les fascistes de tout poil font plus que relever la tête en Europe et dictent les ordres du jour, le fait que le président du Conseil européen, le chrétien-démocrate flamand Van Rompuy ait osé publier sur son site un poème (daté de 1909) d’un prêtre flamand nazi, antisémite, condamné à mort par contumace à la Libération, et ce dans l’indifférence totale des opinions publiques, est extrêmement préoccupant. Un ami belge (wallon) me dit qu’il a toujours pris (…)

Le Monde Diplomatique (février 2014)

Bernard GENSANE
Dans son éditorial, Serge Halimi nous dit qui sont les censeurs et les scélérats : La liberté d’expression n’existe que quand on l’applique aux propos qu’on réprouve. Les atteintes à son principe survivent d’ailleurs très longtemps aux motifs qui les ont justifiées et aux gouvernants qui s’en sont emparés pour sévir. Le 25 octobre 2001, dans le climat de quasi-panique consécutif aux attentats meurtriers du 11 septembre, un seul sénateur américain, M. Russell Feingold, vota contre le (…)

Les Zindigné (e) s – La Vie est à nous (n° 11)

Bernard GENSANE
L’éditorial pose la question de savoir s’il existe un « bon anthropocène ». « Le désir insatiable de domination du monde naturel nous a conduit à la catastrophe. […] Ce n’est pas parce qu’il y a le feu à la planète que nous sommes antiproductivistes mais par ce que le productivisme n’est pas la solution à la misère sociale, culturelle, politique, anthropologique. » Paul Ariès nous met en garde contre capitalisme vert, le grand projet du capitalisme tout court : « Le capitalisme vert (…)