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Choses vues et entendues à Caracas

Vénézuéliens, Jérôme Cahuzac et les Black Blocs seraient vus comme des héros par Macron

Le mardi 19 septembre 2017, sous un soleil de plomb, en présence de 200 délégués venus des cinq continents et de plus de 60 pays (je représentais le site français Le Grand Soir), Nicolás Maduro, s’est adressé aux Vénézuéliens depuis les jardins du palais présidentiel de Miraflores dans le cadre des journées internationales de solidarité « Todos somos Venezuela ».

Son intervention a été diffusée par la radio et la télévision nationales. Après avoir remercié les invités (journalistes, écrivains, artistes, représentants d’associations ou de partis) venus exprimer leur sympathie pour la patrie de Guaicaipuro, Bolivar, Miranda, Chávez, Nicolás Maduro a loué l’héroïsme du peuple qui a démontré sa fermeté et sa capacité de résistance face aux attaques constantes de l’empire « estadunidense » en vue de renverser son gouvernement.

Il a exprimé sa solidarité aux peuples de la Dominique et du Mexique, en raison des conséquences des phénomènes naturels (ouragan et tremblement de terre) qui ont causé de grandes pertes matérielles et humaines. Il a rappelé que le gouvernement bolivarien a envoyé une aide immédiate à ces pays.

Le président vénézuélien a fait état du discours prononcé par son homologue Donald Trump à l’ONU. On sait que Trump n’exclut pas une intervention militaire au Venezuela. Le président états-unien « se croit le propriétaire du monde » constate Nicolás Maduro. Mais, dit-il, il n’a aucune légitimité pour élever la voix, pour émettre des exigences contre le Venezuela et le reste du monde. Et de lancer à Trump le défi d’un débat avec sur la politique sociale, les constructions de logements pour les pauvres, l’école, la santé et sur ce curieux système électoral démocratique qui fait président un candidat qui obtient 2 millions de voix de moins que sa concurrente (Hillary Clinton).

Nicolás Maduro s’en est également pris avec virulence à un autre danger, intérieur celui-là : la corruption

« Je demande au peuple bolivarien de nous aider dans la lutte contre la corruption dans notre pays. Il y a des fonctionnaires qui ont profité de leur poste pour voler le pays et le peuple ». Pour Maduro, ce sont « les pires ennemis du peuple » des « jalabolas » (filous qui obtiennent des avantages immérités en flattant leurs supérieurs). Le président martèle, sous les acclamations de la foule : «  Mais cela doit se terminer. Ceux qui seront découverts devront être renvoyés immédiatement et aller en prison » (1).

Il faut dire que la corruption gangrène la société Vénézuélienne

Petits trafics, combines, corruptions de fonctionnaires, prévarications en tous genres, ces incivilités, pèsent lourd sur l’économie par leur multiplication et elles affectent une morale bolivarienne en grande partie fondée sur les notions d’équité et de solidarité.

C’est pourquoi Maduro fait vilipender cette corruption par son auditoire après avoir eu l’occasion, ces dernières semaines, de s’en prendre à la corruption au plus haut niveau des rouages de l’Etat.

Corruption au sommet

On se souvient en effet que la procureure générale de la République, Luisa Ortega, nommée à ce poste sous la présidence d’Hugo Chávez, reconduite sous celle Nicolás Maduro, avait succombé au fléau qu’elle avait mission de combattre. Quand des éléments de suspicion forts sont apparus et que les premières preuves de son double jeu ont été réunies, la nouvelle Assemblée nationale constituante l’a démise de ses fonctions. Aux yeux de tout ce que la planète compte d’anti-Vénézuéliens (en rangs serrés en Europe et aux USA) elle est devenue un martyr et la preuve d’une évolution du « régime » vénézuélien vers la dictature.

Imaginons que, hors de nos frontières, les médias se soient insurgés contre la persécution de Jérôme Cahuzac, injustement accusé par le « régime » français d’avoir fraudé le fisc (Les yeux dans les yeux, il niait), alors que sa mission au gouvernement était de pourchasser ceux qui se soustrayaient à l’impôt. Jérôme Cahuzac, c’est Luisa Ortega modèle réduit, c’est le casseur de tirelire dans la chambre des enfants, le gagne-petit qui emporte la fiole de shampoing, le reste de savonnette et le bonnet de douche en quittant la chambre d’hôtel ou une poignée des courts crayons de papier mis à disposition des clients chez IKEA.

Tout la France l’a montré du doigt.

Le monde médiatico-politique occidental a ouvert un chantier pour le socle de la statue de Luisa Ortega.

Luisa Ortega et son mari, le député Germán Ferrer, rançonnaient les corrompus au lieu de les faire juger et condamner. Ils leur rendaient le service de les avertir d’une arrestation possible afin qu’ils aient le temps de quitter le pays. Pendant 4 ans, le couple a paralysé la lutte contre une corruption qui exaspère le peuple. Des milliers de dossiers s’accumulaient et moisissaient dans le bureau de la procureure. Un travail colossal attend les enquêteurs pour rattraper le temps perdu.

Luisa Ortega et Germán Ferrer ont fui le Venezuela, s’éloignant d’un appartement où la police a découvert qu’ils vivaient dans un luxe inouï, pour se rapprocher des 600 millions de dollars volés et placés aux Bahamas.

Hors de portée de la justice de leur pays, ils vocifèrent contre la corruption du président et de son entourage. Mais ceux qui relaient inconsidérément leurs divagations seraient bien inspirés de ne pas oublier l’histoire du voleur qui crie au voleur.

Le pire du tort que la procureure a causé à son pays n’est pas dans l’argent volé, mais dans son inaction complice contre la corruption qui a exaspéré la population et servi de prétexte à 4 semaines de guérilla urbaine qui s’est traduite par plus de 100 morts.

J’ai assisté à un dialogue de Maduro avec le public, retransmis en direct à la télévision (« Los domingos con Maduro ») en présence d’Evo Morales et d’Adan Chavez (frère d’Hugo). Maduro a révélé que les 120 jours de violence avaient été calculés pour être médiatisés. A 8 heures du matin, les journalistes se réunissaient avec les « guarimberos »(casseurs), le lieu des affrontements était fixé. Il y avait parfois plus de journalistes que de manifestants. A midi, il fallait que tout soit fini pour pouvoir être diffusé dans la journée.

Les autorités françaises soucieuse de l’ordre public, du respect des Institutions, du bon déroulement des manifestations, devraient éviter de recevoir les politiciens qui prônent la prise d’assaut du palais présidentiel et l’expulsion (« la salida ») du président avant la fin de sa mandature et qui encouragent dans les rues de Caracas les « guarimberos » armés et masqués qui ont tué des opposants, des passants (brûlé vif l’un d’eux, la couleur de sa peau l’ayant désigné comme un « chaviste » possible), des policiers, choses que le président français ne tolère pas chez nous. Et chacun en sera d’accord.

Maxime VIVAS


(1) Merci à Vanessa SALINAS (photo ci-contre) de l’association vénézuélienne écologique KanoboSur (www.kanobosur.com) (« hablamos de agricultura y gastronomía ». Nous parlons d’agriculture et de gastronomie) qui a bien voulu me confier ses notes prises pendant le discours et que j’ai utilisées pour cette première partie de l’article.

Ajout du 28 septembre 2017. Sur le discours cité de Maduro, voici ce qu’a noté un autre témoin (Marco Teruggi https://hastaelnocau.wordpress.com/2017/09/21/contra-quien-pelea-la-revolucion/ ) : « Si vous me demandez qui est l’ennemi de la paix et de la souveraineté du Venezuela, je vous réponds Mister Trump, mais si vous me demandez quel est le pire ennemi et le plus dangereux pour l’avenir du Venezuela, je vous réponds, moi, la bureaucratie, la corruption, l’indolence, les malfaiteurs et les malfaitrices qui sont à la tête de charges publiques et ne respectent pas le public (…) ceux qui ont des charges publiques et se consacrent à voler le peuple, c’est contre eux que nous devons mener une bataille sans merci. »

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