Socio 13, 8 juillet 2007.
Il y a quelque chose de désespérant dans la manière dont en ce moment chacun de vos amis vous salue et ricane aussitôt sur la "carte bleue" de Cecilia, une goutte d’eau...
Chacun pense au niveau de son eldorado et ne mesure même pas la nature réelle de la ponction opérée sur ses revenus. C’est le villageois enfermé dans son hexagone qui mesure le budget de la France, celui des milliardaires en euro, à l’aune de sa propre cagnotte, encore heureux quand il ne s’attaque pas à plus malheureux que lui.
Il est vrai qu’il n’existe plus de force politique capable de lui faire percevoir les sommes fabuleuses que certains accumulent sur son dos... Mais c’est bien terrible ce niveau du débat "As-tu vu dans le Canard, la carte bleue de Cécilia !? " Et Merde, le prochain qui me dit ça je le tue... Vous êtes mes amis, je vous aime bien, mais ça suffit les caricatures, les Sarko fachos, les miettes de l’impuissance jetées sur internet. (...)
La gauche ? Quelle gauche ?
Pendant ce temps-là les ralliements se multiplient. Et pas seulement par arrivisme et ambition individuelle, parce que la gauche, telle qu’elle est, a des convergences sur le fond avec Sarkozy et ses amis milliardaires, la plupart issus de la Mitterrandie... Il y a des héritiers d’hommes d’affaires d’avant guerre comme Dassault, des Trente glorieuses comme Liliane Bettancourt, Martin et Olivier Bouygues, mais le gros de la troupe est issue des années Mitterrand : Arnault, Pinault, Bolloré, Ladreit de Lacharière. (...)
D’ailleurs depuis le temps que la gauche débile ne cesse d’affirmer qu’il faut tenir compte des "évolutions" de la société, il n’y a plus d’ouvriers, plus que des bourgeois ou des immigrés face auxquels on pratique la charité. (...)
Il n’y a plus de classe ouvrière, plus que la marginalité des pauvres, à qui il faut envoyer - pour la rédemption de leurs moeurs de barbare - les troupes de Julien Dray. Ni putes, ni soumises. Pourtant toutes prêtes à se soumettre à celui qui payera le plus cher. Vive la laïcité derrière Christine Boutin, c’est à se remettre le voile. C’est logique quand on a axé toute sa bataille sur l’ignominie des machos des banlieues. Les pauvres c’est bien connu, vu de Paris intra-muros, c’est tout machisme, faschisme et fondamentalisme islamiste. (...)
Le fait est que si Sarkozy, comme madame Thatcher ont accepté le combat, la gauche, le parti communiste y ont renoncé depuis longtemps. C’est pire qu’un "crime" moral, c’est une faute politique. Et sans épiloguer il faut bien constater que premièrement la "gauche" est en train de montrer son vrai visage, deuxièment elle le payera très cher quand la population française va faire ses comptes, et que cette situation ouvre un espace inédit à une véritable gauche, à des communistes s’ils étaient capables de construire une alternative, à mener le combat d’idées sans s’effrayer du faible nombre de gens prêts à se battre. Madame Thatcher, Sarkozy, se sont conduit comme Churchill face à l’Allemagne nazie : "il ne faut pas flancher, défendre le capitalisme, passer à l’offensive !" Et tous les moyens ont été subordonnés à leur combat. On peut les haïr, mais malheureusement on doit réserver le mépris pour les opportunistes de la gauche qui leur ont offert les clés de la citadelle, ont assuré leur triomphe, sans le moindre combat. (...)
(Qui a le goût de l’absolu renonce par là au bonheur.)
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