Mesdames, Messieurs les élus,
Les moments que traverse la région du Moyen-Orient sont des plus tragiques, et dans cet ordre, il faut rappeler avec la gravité qui l’impose, qu’en temps de guerre, la première victime est la vérité.
Les citoyens francophones belges en ont eu hier soir une illustration affligeante, lors du Journal Télévisé de la RTBF le 12 octobre à 19h30 dans lequel un flash spécial était organisé afin d’obtenir des différents partis politiques, leur position sur la guerre entre Israël et la bande de Gaza.
Au-delà de la journaliste dont on se demande si elle n’était pas dans un rôle de ‘procureure’, les réactions des députés présents ont été lamentables, dans une course à la surenchère afin de montrer dans un alignement et une obéissance proche de la soumission, patte blanche à la communauté juive du pays
Dans ce panel, une députée, Mme V. Teitelbaum du parti libéral de droite ‘Mouvement Réformateur’, a dépassé toutes les limites, tenant des propos inadmissibles et absolument mensongers au sujet des faits dramatiques qui, une fois encore, ensanglantent les terres palestiniennes occupées.
Affirmer que ‘’les terroristes du Hamas ont pratiqué des viols et des décapitations d’enfants’’ est faux et procède de la propagande habituelle que l’on observe lors des interventions de représentants de la communauté juive qui reçoivent des instructions pour leurs communications publiques (fait dont la plupart des citoyens sont d’ailleurs au courant).
Loin d’aider à une compréhension de ce terrible conflit qui a déjà fait tant de victimes au fil des années d’occupation, ces tromperies répétées ne font que discréditer ceux qui les propagent, à tel point que des chaînes israéliennes ainsi que l’administration étasunienne ont officiellement démenti ces intox et infirmé ces allégations mensongères jusqu’au président Biden lui-même :
[https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/guerre-israel-palestine-hamas-accusations-bebes-decapites-journalistes-preuves]
[https://french.almanar.com.lb/2724559]
[https://observers.france24.com/fr/moyen-orient/20231010-isra%C3%ABl-deux-vid%C3%A9os-virales-d-enfants-kidnapp%C3%A9s-d%C3%A9contextualis%C3%A9es]
il conviendrait d’inviter Mme Teitelbaum – et tous ceux qui alimentent ces intox – à prendre quelque recul pour se renseigner sur ce que sont les lois de la guerre. En effet, au stade où ont basculé les choses, le Hamas et les factions palestiniennes armées ne sont pas dans des actions ‘terroristes’ comme ceux qui en parlent ne cessent de le répéter, pensant par-là discréditer ces groupes en les jetant à l’opprobre publique, mais elles sont ‘en guerre’ contre un occupant colonial, surarmé, qui, lui, n’hésite pas depuis des décennies à provoquer des liquidations extra-judiciaires et assassiner des civils, femmes, enfants, personnes âgées et handicapés inclus (et répertoriés par les plus hautes instances internationales comme Amnesty International, le CICR, Human Rights Watch, y compris B’Tselem, organisation humanitaire israélienne qui a su garder toute sa probité) condamnées par le Droit international et le Droit humanitaire. Dans un silence complice de l’ensemble de l’ainsi nommée ‘Communauté internationale’ qui n’a rien fait pour contraindre le régime d’occupation à se plier comme tout autre Etat au Droit international, mais a préféré multiplier les partenariat commerciaux avec un régime criminel.
Lorsque dans les années de guerre 39-45 les groupes de résistance européenne s’organisaient dans différents pays pour tenter d’affaiblir les forces nazies, contrer leurs avancées territoriales et les combattre par tous les moyens à disposition, les qualifieriez-vous de ‘mouvements terroristes’ ? Si tel est le cas, ce serait extrêmement grave et vous rejoindriez, 80 ans plus tard, ce qu’en disaient l’armée allemande nazie !
Dans le contexte actuel, je conseille vivement à tous ceux qui prétendent prendre la parole sur le sujet d’écouter M. Hubert Vedrine, diplomate français de haut rang, qui remet les pendules à l’heure quand la question lui est posée de savoir s’il s’agit de ‘guerre’ ou de ‘terrorisme’ et qui répond sans détour, ‘’de guerre, bien sûr !’’
Et à se rappeler dans la foulée, la sentence de feu le président Jacques Chirac lors d’une entrevue avec le Premier ministre israélien B. Netanyahou : "Je ne crois pas un mot qui sort de votre bouche, toute votre politique consiste à provoquer les Palestiniens." (confirmé par l’ambassadeur Avi Pazner).
le Premier ministre B. Netanyahou lui-même a d’ailleurs officiellement parlé de ‘guerre’ en ce qui concerne la situation sur le terrain : ‘’Nous sommes en guerre’’ a-t-il déclaré ce samedi 7 octobre dans un message vidéo avertissant que le Hamas paierait ‘’un prix sans précédent’’. Pourquoi donc quelques petits télégraphistes de service se sentent-ils obligés d’en rajouter une couche ? Cette situation de guerre n’est-elle pas suffisamment grave qu’il faille en travestir la portée ? Ou les autorités israéliennes ont-elles peur qu’en cas d’une telle qualification, elles soient elles-mêmes condamnées par le Droit de la Guerre pour ‘crimes de guerre’ et ‘crimes contre l’humanité’ à La Haye ?!
A cet effet, je rappelle ce qu’il en est officiellement suivant le CICR :
Les lois de la guerre sont un ensemble de règles internationales qui constituent le « droit international humanitaire ». Elles ont pour objet de fixer ce qu’on peut faire et ce qu’on ne peut pas faire dans les conflits.
Le principal objectif du droit international humanitaire (DIH) – comme on l’appelle officiellement – est de préserver un peu d’humanité dans les conflits armés, en sauvant des vies et en atténuant les souffrances.
• Pour ce faire, le DIH réglemente la manière de faire la guerre en essayant de trouver un juste milieu entre les deux objectifs suivants : affaiblir l’ennemi et limiter les souffrances de la population.
• Les lois de la guerre sont universelles. Les Conventions de Genève (qui constituent l’élément central du DIH) ont été ratifiées par les 196 États. Rares sont les traités internationaux à faire une telle unanimité.
• Tous ceux qui font la guerre doivent respecter le DIH, que ce soit les forces gouvernementales ou les groupes armés non étatiques.
• On n’enfreint pas les règles de la guerre sans en subir les conséquences. Les États et les tribunaux internationaux réunissent des preuves et mènent des enquêtes sur les crimes de guerre, et les coupables peuvent être poursuivis personnellement.
Mesdames, Messieurs les élus, pour être crédibles dans vos approches de cette dramatique situation, il conviendrait de beaucoup mieux encadrer les personnes de vos partis – dont on connaît par ailleurs, le soutien inconditionnel à Israël – en leur intimant pour toute parole publique, de s’en tenir aux règles et lois internationales, sans débordement ni calculs, et sans se laisser emporter par leurs émotions qui, comme nous le voyons souvent, ne mènent qu’à des positions exacerbées en obtenant finalement le contraire de ce qui est recherché, à savoir : un apaisement des tensions et un équilibre dans une Justice trop souvent malmenée et inégalement appliquée dans un deux poids, deux mesures occidental devenu irrecevable pour l’ensemble des autres nations, ainsi que pour tout citoyen épris d’une Justice qui ne soit plus à géométrie variable en fonction de ceux sur lesquels elle s’applique.
Á toutes fins utiles, je reprends ici ce que le Droit international déclare quant aux droits des peuples à la lutte armée et que vous devriez connaître pour ne pas raconter n’importe quoi :
La Résolution 2621 XXV, du 12.10.1970 des Nations Unies affirme « le droit inhérent des peuples coloniaux de lutter par tous les moyens nécessaires contre les puissances coloniales qui répriment leur aspiration à la liberté et à l’indépendance. » Cette légitimation du droit à la résistance est confortée par l’article 1er §4 du premier protocole additionnel de Genève du 08.06.1977 aux termes duquel, parmi les conflits armés internationaux, figurent ceux « dans lesquels les peuples luttent contre la domination coloniale et l’occupation étrangère et contre les régimes racistes dans l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. »
Mesdames, Messieurs les élus, avant qu’il ne soit trop tard pour le bien-être des populations dont vous avez la charge, il serait temps de comprendre et d’intégrer que dans le bouleversement des rapports de force auquel nous assistons dans le monde avec, entre autres, l’émergence des BRICS, la loi du plus fort (toujours occidentale) n’a plus cours.
Vive la résistance palestinienne qui indique le chemin à tous les résistants de la planète !
Daniel Vanhove -
13.10.23