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Manuel Vadell : « Le meilleur livre d’un dirigeant est dans les yeux, dans la voix des citoyens »

Manuel Vadell, le 17 décembre 2012, à Caracas. (photo T.D.)

Ce fut au milieu des années 90, à Caracas, dans un sous-sol bourré de livres de Droit et de politique, que je croisai pour la premiere fois l’éditeur Manuel Vadell. Le Mouvement Bolivarien 200 créé par Hugo Chavez y tenait des réunions secrètes pour fortifier le bras civil de l’union civico-militaire. C’est depuis ce dépôt, où je l’interviewe aujourd’hui (17 décembre 2012) qu’il pratique depuis trente ans la balistique idéologique. On lui doit notamment la rencontre d’Hugo Chavez avec un des derniers grands philosophes marxistes - le hongrois Iztvan Meszáros - grâce à la publication d’ouvrages tels que « Au-delà du Capital » ou « le défi et le poids du temps historique ». Quand Vadell envoie ses « torpedos » dédicacés au Palais de Miraflores, ils sont parfois assortis de listes avec recommandations pratiques au sujet de l’appétit immodéré de certains fonctionnaires pour le Trésor public.

* * *

Thierry Deronne - A quel moment avez-vous décidé d’entrer en politique ?

Manuel Vadell - En 1953. J’avais 17 ans, j’appartenais à la jeunesse d’un parti qui avait beaucoup promis au pays dans sa première étape : « Acción Democrática » (parti social-démocrate, NdT). Nos courants internes, à la gauche de AD, étaient emmenés par ce grand dirigeant que fut Domingo Alberto Rangel. Puis nous avons fondé le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR). Ce fut le début d’un long travail qui a coûté beaucoup de martyrs au pays, non seulement sous la dictature de Pérez Jimenez mais par la suite sous la dictature des partis social-démocrate (AD) et démocrate-chrétien (COPEI). Il est frappant de voir que cette période civile fut beaucoup plus meurtrière que la dictature militaire. Tant de gens sacrifiés de manière absurde. En les assassinant, en les torturant, en les lançant depuis des avions. La lutte a continué : nous avons organisé tout le mouvement étudiant, celui de l’Université de Carabobo dans mon cas. J’ai subi 17 emprisonnements. Mes séjours en prison étaient brefs : j’étais président de la Fédération des Centres Universitaires et les rues se remplissaient pour exiger ma libération. Je dois dire avec fierté que j’ai inauguré la prison de Tocuyito ! (rire) M’y ont suivi 700 autres, venus de tous les coins du pays. Au milieu de tout cela, en plein appauvrissement généralisé du pays, Hugo Chavez tente une insurrection. Nous avions déjà des contacts avec lui. Lorsqu’il fut fait prisonnier après ce fameux 4 février 1992, les contacts se sont poursuivis à travers mes visites répétées à sa prison en compagnie du Dr. Giordani (actuel Ministre de la Planification NdT) ou de Domingo Alberto Rangel. Ici même, dans cette cave de la maison d’édition, nous nous sommes réunis après la libération de Chavez - Nicolas Maduro était parfois présent - pour structurer le MBR-200 civico-militaire, qui jusque là était une formation purement militaire. Chavez me nomma au sein de la direction avec - cela paraît incroyable - la responsabilité de la « sécurité et discipline ». C’est ainsi que nous nous sommes rapprochés.

Par la suite nous avons dû créer une organisation pour participer aux élections : le « Mouvement Cinquième République » (1998-20o7). Malheureusement un personnage qui s’est révélé très nuisible par la suite, et que Chavez considérait à l’époque comme un père a pris un certain ascendant sur cette organisation (Luis Miquelena, NdT). Pour ma part, du fait que j’étais connu dans l’État de Carabobo, étant né a Puerto Cabello, ayant milité dans son mouvement étudiant, Chavez m’a proposé de m’y lancer comme candidat gouverneur, et j’ai gagné l’élection (photos). Miquilena intervint pour faire annuler ma proclamation bien qu’ elle fût signée par le Conseil Électoral de Carabobo.

La campagne victorieuse de Vadell au poste de gouverneur de Carabobo, sous les couleurs de Chavez (1998)

De toutes manières, honnêtement, ces votes n’étaient pas les miens, c’étaient les votes du Président qui avait d’autres stratégies : deux mois plus tard, en décembre 1998, venaient les élections présidentielles et sa décision de convoquer une assemblée constituante. Chavez remporta le scrutn et pour ma part je fus élu comme député à l’assemblée constituante, et chargé de la commission de l’espace géographique : 900.000 kilomètres carrés de territoire mais aussi 600.000 kilomètres carrés d’un espace maritime avec plus de 300 îles et des frontières avec d’autres États ! Qu’on pense par exemple à l’Isla de las Aves, une île si petite qu’elle peut disparaitre, que nos forces navales surveillent aujourd’hui. Un thème qui n’est pas négligeable, il suffit de voir l’actuel conflit maritime entre le Nicaragua et la Colombie. Nous savons que nos fonds marins contiennent de grandes quantités de gaz et d’hydrocarbures.

T.D. - De quand date votre action littéraire ?

M.V. - De 1973. Nous avons fondé une maison d’édition à Valencia : « Vadell hermanos » (« Vadell Frères »). Au même titre que la petite maison d’éditions du camarade Fuentes surnommé Ho-Chi Minh, nous étions les « torpedos » de la gauche. Nos livres visaient à former idéologiquement les révolutionnaires au moment où nous sortions de la défaite politique, militaire, de notre guérrilla. Prendre le maquis fut une décision, à notre avis, précipitée. Lors d’une visite à Cuba de Domingo Alberto Rangel, secrétaire général del MIR, accompagné du camarade Simon Saez Mérida, ils en ont parlé au Che. Il s’est exclamé : « Une guérilla au Venezuela ? Quelle folie ! La plupart des paysans qui pourraient vous appuyer sont partis habiter dans les villes, ils sont fascinés à l’idée de voter. C’est dans ces conditions que vous voulez monter une guérilla ? » Ce fut exactement ce qui s’est passé : la guérrilla a manqué de l’appui de nos paysans qui croyaient dans la démocratie, dans cette fausse démocratie et dans le pouvoir du vote, et elle fut défaite.

Nous, pendant ce temps, nous travaillions à partir de la maison d’édition avec des tirs importants contre le régime comme « Los peces gordos » (« les gros poissons ») d’un auteur qui nous a trahis par la suite, « El desastre » de Pedro Duno, Juan Pablo Pérez Alfonzo et Domingo Alberto Rangel, « la invasión de Mr. Ford » ou « la pipa rota » (« la pipe cassée ») de Rangel, des titres cubains également, bref une série de livres qui cherchaient à aiguiser la participation juvénile au débat idéologique, et la compréhension de la situation nationale. Une publication qui a causé une grande fureur à l’époque fut « La misère au Venezuela » de Michel Chossudovsky (1977).

T.D. - Vous évoquez Domingo Alberto Rangel qui n’a jamais ménagé ses critiques vis-à -vis du processus bolivarien. Que pouvons-nous retenir aujourd’hui de sa pensée ?

M.V. - Tout. Tous ses apports sont nécessaires au processus en cours. En premier lieu, l’éthique. Nous vivons un processus qui manque encore d’éthique, de morale révolutionnaire. Il y a des personnalités qui se font passer pour révolutionnaires et qui arrivent, malheureusement, au pouvoir. Cela n’a rien de socialiste. Le rectifier est une des tâches urgentes pour les forces progresssistes et réellement révolutionnaires. Il existe des risques de déviation, liés au désir chrématistique, dans beaucoup de ministères. Ce qui implique aussi de secouer notre parti.

Domingo Alberto Rangel (1923-2012)

T.D. - Que pensez-vous de l’affirmation récente de Jesse Chacón pour qui « la grande fragilité du PSUV est de ne s’activer que dans les conjonctures électorales, sans être vraiment au contact des problèmes quotidiens de la population, et que les gens votent pour lui parce que c’ est « le parti de Chavez » ?

M.V. - Je partage totalement ces idées. Nous l’avons dit durant les derniers mois, dans toutes les activités que nous avons menées dans le pays. Les statuts du parti ne fonctionnent pas bien, il faut les refonder. C’est pourquoi je dis souvent que le véritable parti de Chavez, ce sont les forces armées nationales. Dans le parti actuel, le débat est inhibé par la peur de déclencher des batailles internes entre dirigeants. Une des solutions serait de convoquer une nouvelle assemblée nationale constituante. La constitution que nous avons élaborée en 2000 reste hantée par certaines fantômes…

T.D. - Dans quel sens ?

M.V. - Nous proclamons le socialisme mais ce texte crée des obstacles à son développement, nous ne pouvons plus en tirer grand-chose…

T.D. - Par exemple ?

M.V. - Le cas de la commune. La constitution ne permet pas d’en donner une définition efficace. Nous avons besoin d’une constitution idéologiquement plus cohérente avec le processus actuel. On me dira que c’est une constitution jeune, qu’elle n’a que douze ans. Oui, mais précisément au bout de douze ans nous avons besoin d’une nouvelle efficacité dans le chemin ouvert par Chavez vers le socialisme. C’est un thème qui devrait être débattu au sein du parti.

Déjà en 2001, Vadell alertait Chavez à propos des « bandits et commerçants » infiltrés dans le Mouvement Quinta República, première plate-forme électorale bolivarienne créée en 1998, dissoute en 2007)

T.D. - Pour revenir un temps à l’époque du MBR 200, quelle leçon peut-on en tirer, sachant que Nicolás pourrait être le nouveau candidat à la présidence ?

M.V. - Nicolas s’est toujours identifié à sa classe d’origine, la classe des travailleurs. Mais au cas où Chavez devait se retirer dans ces régions du llano qu’il aime tant comme Elorza et que Nicolas devait assumer la tâche de mener le processus à bon port idéologique, il faudrait qu’une commission du parti l’appuie en évaluant certains actes commis par des responsables au sein des ministères, qui ont acquis des propriétés dans divers endroits du pays. Il y a des pas positifs dans ce sens comme les déclarations de biens à l’entrée et sortie de fonction mais qui enquête sur la véracité des déclarations ? C’est une tâche parfaite pour notre parti au cas où notre Contralorà­a de la República » ne le fait pas. Un parti qui veut être révolutionnaire doit créer en premier lieu une commission de contrôle, un tribunal disciplinaire sérieux, capable d’examiner les dossiers de tous les fonctionnaires publics. Ici la droite ne nous fait pas autant de mal que l’immoralité de certains de nos fonctionnaires qui bien sûr , n’ont aucun intérêt à voir s’instaurer un socialisme et ne veulent pas d’un parti qui les contrôle. L’éthique socialiste qui est un des points du plan stratégique de gouvernement me parait fondamentale pour réaliser notre projet idéologique.

T.D. - Parallèlement à votre combat littéraire, une autre de vos activités permanentes est la formation socio-politique, en particulier au sein du mouvements de travailleurs, quel bilan en tirez-vous ?

M.V. - Pendant une longue période notre gouvernement a tourné le dos à la classe travailleuse, en particulier dans le secteur du fer, du pétrole, et dans d’autres secteurs liés au public. Nous ne marchons pas encore au rythme d’une classe qui doit assumer le rôle central dans une marche vers le socialisme. Dans l’hypothèse d’une présidence de Nicolás Maduro, mon espoir est qu’il mette l’accent sur cet aspect. En même temps les travailleurs doivent maintenir leur indépendance vis-à -vis du pouvoir central. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne l’appuient pas, mais sans soumission, en gardant leur identité de classe hégémonique. Parce qu’il y aura encore certaines décisions gouvernementales que les travailleurs devront affronter si elles sont influencées par des facteurs moins révolutionnaires. Si on castre la classe, il ne pourra y avoir d’avancée du pouvoir populaire.

T.D. - Quels autres obstacles y-a-t-il à cette émancipation ?

M.V. - Rappelle-toi que nous avons affaire à un processus nouveau, ce n’est qu’aujourd’hui que nous commençons à en parler. En douze ans nous ne pouvions pas aspirer à davantage que ce que nous avons conquis. Sur un plan économique et public, si les contrats collectifs sont faits au détriment de la classe des travailleurs, l’avancée ne peut se faire. Je crois cependant, après la nouvelle loi sur le travail, que le gouvernement va changer sa vision au sujet du monde des travailleurs. N’oublie pas que notre classe ouvrière provient de quarante ans de tromperies, qu’elle est encore en phase de développement idéologique. Il y a beaucoup de manières de le faire. Par exemple le théâtre, on peut former les travailleurs à travers le divertissement. Il y avait un théâtre des travailleurs sour le dictateur Pérez Jimenez !.. (rires) un théâtre où des travailleurs jouaient pour leurs camarades ! Aujourd’hui il y a le développement de la culture qui consiste par exemple à enseigner comment écouter et interpréter la musique populaire. Il est temps que les syndicats organisent la sortie de cette culture consumériste et aveugle qui ne tourne qu’autour du salaire. Il faut élever les niveaux de lutte, de la conscience du fait de travailler pour un pays, ne pas se cantonner aux revendications économiques comme c’est encore, souvent, le cas aujourd’hui.

« Conseils d’usine et Contrôle ouvrier de la production », brochure didactique éditée par Areópagos, collectif itinérant de formation socio-politique auquel participe Manuel Vadell.

T.D. - Qu’est-ce qu’être vénézuélien et bolivarien, aujourd’hui ?

M.V. - Du point de vue des médias extérieurs, cela signifie être affilié à une idéologie dictatoriale (rires)

T.D. - Et de votre point de vue ?

M.V. - La première chose à souligner c’est qu’à travers le bolivarianisme nous sommes devenus le pays le plus libre du monde. Nous avons des raisons suffisantes pour l’expliquer. Non seulement les quinze élections qu ont eu lieu depuis l’arrivée de Chavez au pouvoir, mais aussi des faits aussi simples que pendant que les européens doivent se battre pour manger, ici tous mangent, reçoivent des maisons alors que là -bas on les expulse. On pourrait multiplier les exemples. Les médias ont dressé autour de nous un rideau qui empêche de communiquer notre réalité.

T.D. - En tant qu’éditeur, comment voyez-vous le processus ?

M.V. - Chavez est le premier président dont l’objectif déclaré a été de donner au peuple vénézuélien le goût de lire. Ses programmes de télévision ont été fondamentaux pour transmettre au peuple l’émotion de la lecture. La seule erreur, je le dis au sur la base de quarante ans de travail, est d’offrir les livres. Le livre doit avoir un prix modique, le gouvernement peut s’en charger. Cinq bolivars, c’est le prix d’un petit café. Livre offert, livre gaspillé en général. Par contre beaucoup le liront s’il l’achètent. En dehors du livre la Révolution doit créer des médias pour élever le niveau de connaissances des classes populaires. Pour un travailleur lire un livre de deux ou trois cents pages peut être fatigant. Mais il peut s’informer sur tout ce qui se passe par la poésie, les télénovélas, le théâtre… J’aimerais que se développe un mouvement théatral national, semblable à notre grand mouvement symphonique national, un grand mouvement dans les quartiers. Nous avons de grands metteurs en scène et toute l’infrastructure nécessaire. Un coin de rue peut devenir une scène de théâtre, un enseignement pour les jeunes, qui contribue au développement du socialisme.

T.D. - Le général Omar Torrijos disait que la principale qualité du dirigeant est de savoir écouter le peuple.

M.V. - Il avait parfaitement raison. Le meilleur livre d’un dirigeant est dans les yeux, dans la voix des citoyens qu’il veut diriger. Ce sont eux, sans que le veuille le dirigeant, qui vont tracer la route. Dans le fond, c’est la qualité que possède Chavez. Le drame est que certains, parmi ceux qui l’entourent, freinent le développement de l’action populaire, parfois par pure ignorance de comment conduire les masses. Nous devons, avec beaucoup d’habileté, transformer une admiration presque religieuse en militance active, d’oú l’importance de la formation populaire. Plutôt que de dire : « j’admire Chavez parce qu’il est le coeur du peuple », l’admirer parce qu’il conduit une action progressiste vers l’égalité par le socialisme.

Thierry Deronne

URL de cet article : http://venezuelainfos.wordpress.com/2012/12/22/manuel-vadell-le-meilleur-livre-dun-dirigeant-est-dans-les-yeux-dans-la-voix-des-citoyens/

Photos : T.D.

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Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis "de gauche" en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impressionnent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C’est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh, pas forcément une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum.

Ibrahim
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