Il était une fois dans le pays aux cent milles vaches et autant de fermières, une production de lait, sans équivalent en Europe. Les paysans, fiers de leur travail, avaient su par leur dur labeur, répondre au besoin de lait, des nourrissons et enfants de la Nation. Les fermières elles, contribuaient tout autant à cette production ainsi qu’à la transformation de ce lait en beurre et multiples fromages.
Au cours des années, pour améliorer la distribution de tous ces produits, une entreprise industrielle proposa ses services…marchands. Il s’agissait pour elle, de récupérer la matière première, le lait, et par un procédé industriel automatique de le mettre en boite puis de le diffuser. Les paysans n’auraient plus ainsi les soucis, ni du transport, ni de la diffusion, ni de la vente de tous ces produits, réduisant d’autant la gestion.
La vie aurait pu ainsi continuer longtemps, permettant à chacun de vivre de son travail, paysans et entreprises, aussi dignement que possible. Sauf que l’entreprise alléchée par l’objectif de profit, se mit, en s’appuyant sur les dérégulations européennes successives, décidées par les Etats, de mettre en concurrence les producteurs de lait du monde entier, car le transport, mondialisation libérale et pavillons de complaisance obligeaient.
Ne coûtait plus un penny, du « Royaume de Thatcher », c’est vous dire si ça ne coûtait rien et tant pis pour le réchauffement de la planète. A force de tirer les prix vers le bas, de nombreuses fermes ne purent plus tenir et furent obligés de vendre leur cheptel, la fermière et le reste… Qu’importe les fermetures et le saccage des fermes, LACTALIS, trouvait toujours du lait moins cher, et s’en mettait ainsi… « plein les fouilles ».
Mais la production de lait des campagnes se mit à décliner, tout en envoyant à « Pôle emploi », déjà débordé, nombre de ses producteurs… Des révoltes et jacqueries eurent bien lieu, mais la « loi du marché » qui impose que le prix soit fixé par « l’offre et la demande » via La « main invisible » chère à Adam Smith, s’appliquait avec toute la rigueur de la « loi de la concurrence » et du « libre échange » mondialisé. Pourtant, Montesquieu avait alerté « il n’y a pas plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois, avec la couleur de la justice ». Désormais, c’était « l’industrie financière » qui faisait la loi, qu’importe les dégâts engendrés par leurs krachs de plus en plus fréquents et graves. Les citoyens n’avaient plus qu’à voter, puis se taire, puisque tous les gouvernements faisaient la même politique, celle des « marchés associés ».
Mais un militant aux neurones éveillés, ayant appris de l’Histoire qu’il faut toujours définir un ennemi pour mieux le combattre et l’abattre, se décida de partir en campagne et chercha à définir de manière précise cette relation entre la vache, la fermière, le lait et l’industrie financière. Il perçut que le terme industrie était trompeur, puisque LACTALIS ne produisait rien, ne faisant plus que faire fonctionner le « fric du business ». Reprenant la démarche des encyclopédistes de 1789, il écrivit pour ce terme « d’industrie financière » une définition un peu imagée… L’industrie financière, c’est le beurre, l’argent du beurre, la fermière, et la ferme tout en tuant la vache et sans jamais aucunement contribuer à la production de lait. Il précisa que ce qui s’appliquait à la fermière, s’appliquait avec la même rigueur à toute l’économie du pays, expliquant les destructions industrielles générant ainsi ainsi les « cohortes » de « l’armée industrielle de réserve », les dettes sociales et celles dites « publiques », seules productions effective du « Capitalisme mondialisé ». Selon lui, les citoyens se devaient de retrouver les outils de leur émancipation de 1789, sans doute quelque part égaré dans les champs. Nul doute que cette romance du « beurre et de la fermière », contribuera à retrouver ce chemin de l’Histoire, celle de la « lutte des classes » sans lequel il ne peut y avoir de processus émancipateur pour l’humanité…