Robert Gil ne sort malheureusement pas de la perspective hexagonale. La France étant championne des solutions de style usine à gaz, coûteuses à administrer. Le pays de Descartes a horreur des solutions globalement rationnelles.
Il existe pourtant d’autres modèles, par exemple le National Health Service britannique de 1946 ou le modèle suédois, sans même parler de ce qui était en vigueur dans l’ex bloc de l’est, où le salaire net versé était plus ou moins de l’argent de poche, tout étant soit subventionné soit gratuit.
En Suède tout (primes de panier, de nuit, etc) est imposable et tout ce qui est imposé ouvre au centime près des droits à la retraite publique de base (pas de système débile de trimestres chez tel ou tel employeur, qui pénalise ceux qui n’ont pas qu’un seul employeur et qui n’archivent pas soigneusement toutes leurs fiches de paye). Les gens modestes n’ont donc aucun intérêt à travailler, ne serait-ce qu’une heure, au noir (à moins de prévoir de se suicider avant d’avoir droit à une pension de retraite publique). Les pensions de retraite sont imposables mais on ne perd rien à travailler après la retraite et on y gagne au contraire un supplément de points (à moins d’être déjà au plafond). Les retraités suédois travaillent donc beaucoup, des vacataires remplacant chez leur ancien employeur souvent des parents absents pour garde d’enfant malade.
Le système de santé est géré par les régions, donc financé par l’impôt régional ; l’aide à la personne est du ressort des communes ; l’impôt communal et régional combinés représentent autour de 30 % du revenu imposable. L’assurance maladie est aussi assise sur une cotisation incluse dans ce qu’on verse au fisc (ponction forfaitaire de 30 % à la source, plus pour les revenus dépassant la moyenne).
Le taux de TVA est salé et c’est en fait le seul impôt national important que payent tous les gens modestes. Il y a bien sûr toute une flopée de taxes (sur l’énergie, les mutations, la propriété foncière, etc) comme en France.
Différence capitale, l’imposition est individuelle et il n’y a donc pas de quotient familial. La femme au foyer n’est possible que pour ceux qui ont des revenus élevés ... et les femmes dont l’époux n’est pas abonné soit au divorce soit au chômage.
Le soutient à la procréation se fait via une allocation individuelle par rejeton, indépendamment du revenu des parents, une allocation de logement et la cantine scolaire gratuite, plus la gratuité ou des rabais pour les gosses et les jeunes pour toutes sortes de choses (le dentiste, par exemple). Plus des congés parentaux rénumérés, y compris pour la garde d’enfant malade (un cauchemar pour les chefs d’équipe). Pas de majoration de salaire pour le père, par contre (mon patelin drômois s’est ruiné en embauchant un prof de musique père d’une ribambelle de loupiots). Les communes emploient des jeunes (souvent au rabais car il n’y a pas de SMIC en Suède) pendant les vacances scolaires. Cette politique nataliste ne suffit cependant pas à maintenir un taux de natalité viable. Il faudra que ceux qui ne sont pas stériles se dévouent et produisent un lardon supplémentaire.
Visite médicale : 20 €. Analyses, infirmière, radio gratuites. Plafond à 100 €/12 mois roulants (variable d’une région à l’autre) séjours hospitaliers compris (on paye cependant les repas). On n’a donc pas besoin de mutuelle. Une multirisques est cependant de rigueur, ainsi qu’une assurance spécifique pour faire, par exemple, des sports de combat ou être couvert en voyage à l’étranger.
Il y a bien sûr des charges patronales : assurances accident, responsabilité civile, etc, cotisations de retraite complémentaire contractuelle, taxes diverse et cotisations aux organismes professionnels. Certains de ces coûts sont calculés sur la masse salariale, d’autres sur le chiffre d’affaire et d’autre sont comptabilisés individuellement. Une partie seulement constitue un salaire différé, comme en France, le reste étant nécessaire pour pouvoir faire tourner la boutique.
Le débat devrait donc se faire sur une base plus ouverte.
Le passage à un système public plus rationnel - mais contraire aux règles de l’OMC et de l’UE - se heurtant forcement à une opposition féroce des compagnies d’assurance privées et des mutuelles, où nombre de dirigeants et d’employés ont leur fromage.
La Suède ayant fait l’erreur capitale d’entrer dans l’UE est malheureusement en train de privatiser à tour de bras. Tout ce qui n’y est pas déjà passé y passe petit à petit. Fort heureusement, le pays a dit nom au passage à l’euro, aux masques obligatoires et au confinement, et a en conséquence sauvé son économie et donc son avenir (enfin, presque car la Suède a "vacciné" à tour de bras, utilisé le Remdésivir, interdit l’Ivermectine, etc et en subit maintenant les conséquences).
Quant aux Tchèques et autres Slovaques certains affirment en plaisantant que les blindés du pacte de Varsovie leur ont offert un sursit de 20 ans à l’introduction de la démocratie occidentale.