RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Gagnant-gagnant, vraiment ?

D’après un texte de l’économiste Jean-Pierre Crépin sur le site du PRCF

Le Rassemblement National, s’il parvient au pouvoir, promet aux salariés une augmentation de leurs salaires individuels nets. Voilà une promesse alléchante. Avec l’augmentation du coût de la vie, l’augmentation des salaires est en effet une réponse attendue. Le plus grand nombre subit les découverts bancaires dès la moitié du mois. Pour payer les factures, le loyer, le chauffage, les frais de déplacement, les dépenses alimentaires, c’est de plus en plus compliqué, voire dramatiquement impossible. Le moindre imprévu sur un appareil d’équipement à réparer en urgence ou à changer, la moindre panne, devient catastrophique. Il faut payer pour continuer et nombreux sont celles et ceux qui s’endettent sur les « crédits révolvings » et autres. Pour beaucoup quelques centaines d’Euros supplémentaires sur la fiche de paye, feraient la différence entre l’asphyxie et l’appel d’air. Toujours mieux qu’un crédit à la consommation où un crédit renouvelable contracté en urgence par pure nécessité... Dans notre système capitaliste, ce n’est cependant pas le gouvernement qui peut obliger les patrons à augmenter les salaires. Pour ce faire le Rassemblement National à une idée : augmenter les salaires individuels en échange d’une contrepartie fondée sur un allègement des « charges » dites patronales. On baisse les « charges patronales », et en échange on augmente le salaire individuel ... Je rappel que les charges n’existent pas, ce sont des cotisations sociales. « Charges patronales », sont les mots utilisé par les patrons, les politiques, les médias pour nous faire croire qu’il s’agirait d’un impôt, d’une taxe ou d’une punition injuste.

En réalité les « charges patronales » font partie intégrante de notre salaire. Il s’agit avant tout d’une composante pour environ la moitié de notre salaire reversé dans un pot commun. Cette moitié du salaire, n’apparaît pas sur la fiche de paye, car elle n’est pas versée directement et individuellement, elle est encaissée, par les caisses de solidarité : chômage, sécurité sociale, assurance maladie, retraite, etc... Grosso modo, ce salaire « collectif et solidaire », ajouté à notre salaire direct que l’on perçoit chaque mois représente ce que notre patron, notre entreprise dépense chaque mois pour rénumérer notre travail. C’est pour cela qu’un patron qui embauche un salarié à 1300 Euros par mois, devra débourser pour ce salarié environ 2600 Euros. Le double en quelque sorte. La différence ira alimenter les caisses de solidarités dont nous avons parlé. Ce salaire collectif et solidaire est à ce jour un acquis salarial, pour lequel beaucoup de gens se sont battu dans l’histoire des luttes sociales. C’est un système anticapitaliste, l’argent n’est pas « placé », mais redistribué au fur et à mesure des besoins. Ce système fait enrager les capitalistes. Comme le salaire individuel, le salaire collectif solidaire, représente donc le coût du travail. En supposant que le travail soit un cout. Si le travail était seulement un coup, aucun patron sain d’esprit ne vous embaucherait. Le travail est avant tout créateur de richesse. Le deal pour les capitalistes est de diminuer le plus possible le « cout du travail » pour gonfler les bénéfices et les dividendes des actionnaires. Donc, ne rêver pas, ils ne vont pas doubler votre salaire, ils vont seulement l’augmenter d’une partie de vos cotisations sociales et le reste sera des économies et donc une plus-value pour les profits.

Moins il y a de salariés, moins il y a de cotisations vers les caisses de solidarité. Plus ces caisses sont en difficulté à assurer les prestations pour lesquelles elles ont été conçues. Lorsqu’un patron réussi à faire des profits supplémentaires en remplaçant les salariés par une automatisation, par des machines, ce sont autant de cotisations qui n’arrivent plus dans les caisses. La logique serait de faire « payer » des cotisations à ces machines, vue qu’elle dégradent la solidarité collective et notre pouvoir d’achat individuel. C’est pour cela que les caisses chômage, retraite, sécurité sociale et assurance maladie, ont été particulièrement visées ces dernières années. En raison de l’automatisation du travail, mais aussi des délocalisations, de la précarisation du travail, de l’utilisation d’une main d’œuvre sans droits. C’est à dire de la recherche permanente du coût du travail le plus bas possible. C’est l’essence même du capitalisme.

Sans aucune compensation par versement vers les caisses de solidarité. La proposition sociale du RN, à l’apparence alléchante, n’est ni plus ni moins qu’une offre faite aux patrons de diminuer le salaire collectif vers les caisses de solidarité, en échange d’une augmentation du salaire direct. Quelles en seront les conséquences ? Les caisses seront encore plus en difficulté qu’elles ne le sont déjà : chômage, retraite, sécurité sociale, assurance maladie. Résultat : chaque salarié devra recourir, sur ses moyens personnels, aux assurances et mutuelles privées, pour la retraite, pour la maladie, pour l’hospitalisation. Il y aura un peu plus de déremboursement de médicaments. Certaines prestations autrefois couvertes et indispensables à la santé deviendront hors de prix. Le salarié devra donc payer de sa poche, avec son salaire individuel direct, ces insuffisances de prestations ! Le salarié, floué, contribuera à enrichir de nouvelles entreprises assurantielles privées et patronales qui fleuriront sur ce terrain des besoins. Rien de nouveau sur ce genre de tour de passe-passe. Macron avait déjà utilisé ces méthodes chez les jeunes avec Parcours Sup, en favorisant le développement de start-ups privées d’enseignement nécessitant des emprunts bancaires pour se former. Au final, l’augmentation de salaire direct que lui auront accordé les patrons dans le cadre de la politique du Rassemblement National, sera vite absorbé et dépassée dans des frais autrefois financés par la solidarité. Le compte n’y sera pas, même si rêvons un peu, l’on vous reversait la totalité de vos cotisations. Rappelons, qu’une journée d’hospitalisation coûte en moyenne 1 370 € dans un service de médecine ; 1 700 € dans un service de chirurgie et plus de 3 000 € en soins intensifs. Oui, le cadeau du RN est en réalité un cadeau anti-social fait aux patrons. Petit profit pour les petits patrons, gros profits pour les grosses entreprises. Appauvrissement généralisé pour les salariés ! Cherchez l’erreur ...

Livres à télécharger gratuitement ici

»» http://2ccr.unblog.fr/2024/07/01/gagnant-gagnant-vraiment/
URL de cet article 39722
   
Même Thème
Rêves de droite : Défaire l’imaginaire sarkozyste
Mona CHOLLET
« Elle, je l’adore. D’abord, elle me rassure : elle ne dit jamais "nous", mais "moi". » Gilles Martin-Chauffier, « Fichez la paix à Paris Hilton », Paris-Match, 19 juillet 2007. En 2000, aux États-Unis, un sondage commandé par Time Magazine et CNN avait révélé que, lorsqu’on demandait aux gens s’ils pensaient faire partie du 1 % des Américains les plus riches, 19 % répondaient affirmativement, tandis que 20 % estimaient que ça ne saurait tarder. L’éditorialiste David (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d’oppresseurs les récompensent par d’incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d’en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d’entourer leur nom d’une certaine auréole afin de « consoler » les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l’avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire.

Lénine

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.