Initiative Communiste : La situation nationale est-elle si grave que cela ?
Georges Gastaud – Oui, hélas. La France est bel et bien en danger d’implosion réactionnaire et/ou de fascisation accélérée. Sans parler ici des graves menaces sur la paix mondiale que fait peser le déploiement militaire agressif de l’UE/OTAN aux frontières de la Russie, la France est actuellement broyée, « malaxée » dirai-je même, par plusieurs « tenailles » politico-idéologiques. La tenaille politique principale, que le PRCF fut longtemps bien seul à dénoncer, prend le peuple français en étau entre les euro-désintégrateurs de nation du « Parti Maastrichtien Unique », le PMU (c’est-à-dire PS, LR, UDI et leurs satellites) et l’ultra-réaction de ce que nous appelions il y a peu l’UM’ Pen : nous entendons par là le bloc qu’alimentent les surenchères entre le FN et les LR, de plus en plus fascisants. Ce broyeur idéologique veut forcer le pays à « choisir » entre deux formes de mort déshonorante : ou bien la dissolution sans restes dans l’Empire euro-atlantique du capital (substitution des euro-Länder à la République une et indivisible, arrachage du français au profit de l’anglais « transatlantique », éradication des conquêtes de 1936 et du CNR, éradication du produire en France industriel et agricole, démantèlement des services publics et de la loi de 1905 séparant l’État des Églises...), ou bien le repli chauvin, raciste et grossièrement anti-Musulmans sans pour autant quitter réellement l’UE puisque Mme Le Pen, comme ses amis Viktor Orban (Hongrie), Jarosław Kaczynski (Pologne) et autres réactionnaires à la tête des pays baltes, de la Croatie, etc., veut seulement se « concerter » avec Berlin sur la sortie de l’UE : bref, agir à l’instar de Cameron qui, que l’on sache, est le perdant, et non le gagnant du référendum sur le BREXIT. Dans les deux cas, PMU « classique » ou UM’ Pen, le processus de fascisation se poursuivrait : car pour dissoudre le pays de 1789, de la Commune et du CNR dans l’Europe germano-étasunienne du capital, et pour le faire au seul profit de l’oligarchie capitaliste « française » et au détriment de 90% des Français, Hollande, Sarko ou Le Pen devront demain gouverner par ordonnances, interdire les manifs ouvrières, étrangler le droit de grève, museler la CGT, mettre au pas la jeunesse, resserrer la dictature médiatique : et avec Hollande et Valls, cette ligne liberticide est déjà sur les rails comme on l’a vu à l’encontre de la CGT et de ses alliés syndicaux !
Imaginons que la nation française termine son histoire, contradictoire mais non moins porteuse d’avancées universalistes (l’humanisme de Rabelais, l’Édit de Tolérance d’Henri IV, les Lumières et Rousseau, la Grande Révolution, les insurrections ouvrières et républicaines du 19ème, sans parler de Jaurès, du Congrès de Tours, de 36, de la Résistance antifasciste, des conquêtes communistes de 1945, de la grève de masse de Mai 68...) par une guerre civile inter-communautariste sur fond de xénophobie et d’intégrisme islamiste, quelle terrible victoire MONDIALE ce serait alors pour la réaction qui, dans les trois dernières décennies s’est déjà acharnée sur la Révolution d’Octobre (restauration contre-révolutionnaire du capitalisme à l’Est) et à la Grèce, berceau de la pensée libre depuis Thalès et Socrate... En réalité, le prétendu « suicide français » en cours est un assassinat de classe : pour écraser la classe travailleuse française, pour « thatchériser » nos acquis, en finir avec l’ « esprit frondeur » ancré dans notre pays depuis le Moyen Âge et surtout, pour asseoir en bonne place l’impérialisme français à la table du profit mondialisé, le MEDEF, le CAC-40 et leurs commis politiques ont largement engagé les travaux pratiques de la liquidation nationale. Il suffit pour s’en convaincre de lire le Manifeste du MEDEF intitulé « Besoin d’aire » (déc. 2011) et d’examiner les ACTES des grands capitalistes « français » sur les scènes industrielle (dépeçage d’EDF et d’Alstom par ex.), agricole (mise à mort de la petite et moyenne paysannerie au moyen des orientations européennes et des pratiques de la distribution capitaliste), linguistique (combien d’émissions sont désormais intitulées en anglais par l’audiovisuel public ?) et proprement politique (les « primaires » importées des EU et admirées par Pierre Laurent, tirent le pays vers la pire réaction !).
Ajoutons à ce sombre tableau que l’euro-séparatisme régionaliste monte doucereusement en puissance dans notre pays : en Catalogne, le pseudo-indépendantisme de la bourgeoisie barcelonaise (avec pour slogan : « Catalunya a new nation in Europe » : sans commentaire !) lorgne sur les Pyrénées-Orientales et cet irrédentisme est alimenté par le retrait de l’État-nation français qui coupe les subventions aux collectivités territoriales. En Corse, le sécessionniste Talamoni refuse illégalement de parler français au Conseil régional et, même si tous les autonomistes ne sont pas à mettre dans le même sac, le « On est chez nous ! » clamé à Sisco ne peut se dissocier des honteux slogans racistes « IFF » (I Francesi fora, « les Français dehors », qu’on voit à Bastia) et « Arabi fora » (« Arabes dehors ! », sic) qui déshonorent la langue corse. Combien de temps les « Bonnets rouges » bretons resteront-ils en sommeil, cette décomposition nationale étant favorisée par la contre-réforme territoriale qui démolit les départements, les communes et l’État-nation au profit des métropoles et d’une Europe des régions chapeautée par l’OTAN et par le Traité transatlantique : car on peut parier gros que les négociations sur le TIPE reprendront de plus belle après les élections françaises et allemandes, lesquelles forcent très provisoirement les gouvernants « nationaux » à adopter des postures patriotiques...
Du point de vue marxiste, c’est-à-dire d’un point de vue de classe intégrant la référence à l’anti-impérialisme et la revendication universaliste du droit égal de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes, il n’y a rien de paradoxal à constater que l’euro-dissolution fascisante de la France avance du même pas que les ingérences néocoloniales au Mali, en Syrie, en Libye ou en Ukraine. Comme disait Engels, « un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre ». Il faut donc conjuguer le patriotisme républicain à l’internationalisme prolétarien, le drapeau rouge au drapeau tricolore, l’Internationale à sa sœur aînée, la Marseillaise, pour combattre le racisme et les ingérences néocoloniales, et pour dénoncer l’auto-phobie nationale – ce cosmopolitisme bobo qui enduit de rose la casse de la nation, de sa langue, de sa production et, in fine, de sa classe ouvrière, de sa paysannerie laborieuse et de ses intellectuels progressistes.
Initiative Communiste – Cette vision n’est-elle pas trop pessimiste ? Existe-t-il des moyens de contre-attaquer ?
Georges Gastaud – Comme le disaient Romain Rolland, et après lui, Gramsci, « pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté ! ». Cassandre n’avait pas tort d’annoncer la prise imminente de Troie, ce sont les Troyens qui eurent tort de ne pas prendre les dispositions nécessaires pour interdire à l’ennemi d’introduire son Cheval dans la Cité. Quand on voit les périls, on peut les combattre, et c’est ce que faisait le jeune PCF des années trente qui préparait ainsi, éditoriaux d’Aragon et de Gabriel Péri en tête, la Résistance et la Renaissance patriotiques, antifascistes et populaires. D’autant que le peuple de France est riche d’une incroyable tradition rebelle ; rappelons la phrase du déporté-résistant, syndicaliste CGT et ministre communiste que fut le grand Marcel Paul, créateur d’EDF à la Libération : « il y a en France un noyau révolutionnaire indestructible » ! Et surtout, le printemps 2016 a vu le réveil prometteur du syndicalisme de classe et de masse avec l’émergence d’une avant-garde de militants syndicaux aspirant au tous ensemble, résistant à la violence antisyndicale (l’État policier mais aussi, celle bien souvent, des casseurs instrumentalisés) et avide de contre-attaquer sur l’ensemble des contre-réformes...
Sur la base de cet élan de classe, il faut briser plusieurs verrous qui bloquent la convergence des luttes. D’abord, faisons sauter le tabou de l’euro-béatitude syndicale. Non seulement la CES n’est pas un allié potentiel pour fédérer les luttes en Europe, mais c’est une courroie de transmission de Bruxelles, d’où est venue la Loi dite El Khomri. Non seulement le Parti de la Gauche Européenne présidé par Pierre Laurent n’est pas un outil permettant de fédérer les progressistes d’Europe, mais il est un satellite « rose vif » de cette social-eurocratie dont le seul but est de sauver la « construction » européenne tout en feignant de critiquer la seule « austérité », qui n’est qu’une conséquence. Tous SAVENT pourtant qu’une réorientation progressiste de l’UE est impossible puisque le socle de l’UE est la supranationalité libre-échangiste et néolibérale qui définit l’Union comme « une économie de marché ouverte sur le monde dans laquelle la concurrence est libre et non faussée ». Non seulement ce cadre totalitaire prohibe le socialisme révolutionnaire (les partis communistes sont pourchassés dans nombre de pays européens !), mais il est conçu comme une assurance-vie du capital contre toute forme de nationalisation démocratique : impossible de nationaliser franchement Alstom, d’exproprier les actionnaires prédateurs qui le dirigent, de diriger vers Alstom les commandes de la SNCF et de la RATP, sans sortir du carcan européen : toutes les jérémiades des « eurocommunistes » du PGE (communistes en paroles, sociaux-maastrichtiens en fait) sur l’introuvable « Europe sociale » ne pourront pas éternellement cacher cette évidence.
En réalité, si l’on veut vraiment fédérer les luttes des services publics, de l’industrie privée, des éleveurs en lutte ou des taxis écrasés par l’ubérisation, l’UE doit en quelque sorte servir de « critères de convergence au négatif » car, sans que cela ne dédouane Hollande et les autres gouvernements (anti-)nationaux d’Europe, ce sont Bruxelles et Francfort qui orchestrent la casse nationale, sociale et démocratique à l’échelle continentale, en témoigne la volonté la volonté de créer une « armée européenne » intégrée à l’OTAN dont la tâche n°1 sera de briser les insurrections populaires inévitables qui vont surgir en Europe contre l’UE. Sans retomber dans le mortifère « syndicalisme rassemblé » derrière la CFDT jaune, il faut aussi relancer le front intersyndical sur une plate-forme et sur un calendrier militant qui permettent de lutter à la fois pour l’emploi, les salaires, les services publics et la protection sociale. Sans se subordonner aux échéances électorales politiques ou professionnelles et en évitant si possible que le temps fort des manifs centrales de combat à Paris ne coïncide systématiquement avec la veille des vacances scolaires, car l’alliance de combat des travailleurs et de la jeunesse populaire est stratégique pour le front anticapitaliste.
Initiative Communiste : Et sur le plan politique proprement dit ?
Georges Gastaud : La réponse originale du PRCF reçoit un écho grandissant dans les avant-gardes politiques, syndicales et populaires parce qu’elle est objectivement la seule, face à l’union de la gauche en faillite, à pouvoir fédérer la majorité du peuple autour de la classe ouvrière pour sauver la nation en la réinscrivant dans la marche vers ce que Marx appelait « l’humanité sociale » : ce sont les quatre sorties, dont le principe a été adopté mais pas encore vraiment mis en œuvre par les Assises du communisme : sortie par la voie progressiste de l’euro, de l’UE, de l’OTAN dans la perspective d’une rupture révolutionnaire avec le capitalisme, c’est-à-dire – pour répondre aux ineptes procès d’intention gauchistes – de la révolution socialiste pour la France. Dans la période électorale qui vient, le PRCF a pris la décision de diffuser au moins 100 000 tracts aux manifs populaires et aux entreprises pour présenter, non seulement ses « quatre sorties », mais ses « dix entrées » programmatiques pour une rupture progressiste. Il s’agit de dessiner la voie à emprunter pour amorcer DANS LES FAITS la rupture avec la domination du grand capital sur notre pays : nationalisation démocratique des secteurs-clés de l’économie et reconstruction planifiée, à partir du secteur public (banque, grande industrie, grandes surfaces et infrastructures essentielles), du « produire en France », de la protection sociale, des services publics, du logement social, d’une Éducation nationale de qualité pour tous, tout cela dans la perspective d’une coopération internationale affranchie de l’UE (pour desserrer l’étau germano-américain, tournons-nous vers la coopération mutuellement avantageuse et d’État à État avec l’Europe du Sud et de l’Est étouffée par Berlin, avec les BRICS, avec l’Afrique francophone débarrassée de la tutelle néocoloniale, avec Cuba et l’ALBA latino-américain...
Quant à la question environnementale, si l’on me permet pour une fois un aparté philosophique, il faut considérer que la future production communiste mondiale ne devra pas seulement être « éco-compatible », comme si le souci environnemental venait, du dehors, limiter le souci productif. Par une gigantesque négation de la négation historique, la production communiste de l’avenir ne devra ni s’agenouiller devant la nature (comme à l’époque du communisme primitif et des « religions de la nature »), ni traiter la nature en ennemi : la continuité du progrès historique imposera de reproduire scientifiquement, techniquement, j’allais dire : artificiellement – les conditions naturelles indispensable au déploiement de la culture humaine et de la liberté. C’est un paradoxe, mais quand tant de cycles naturels ont été brisés par le mode de production capitaliste en phase impérialiste et exterministe, il reviendra à l’homme – de plus en plus savant et technicien – de ne plus se contenter d’habiter la terre en la pillant, ou au mieux, en la réparant, mais d’utiliser sa science pour que l’humanité REDEVIENNE viable. Si je puis risquer ce paradoxe, c’est désormais sur terre, et pas sur on ne sait quelle exo-planète (on n’en est pas là !) qu’il faudra faire ce que certains récits de science-fiction appellent la « Terra-formation ». Mais pour y parvenir, le communisme est plus vital que jamais car la « guerre de tous contre tous » que porte le capitalisme agonisant conduit déjà à la non-viabilité radicale de l’humanité. Il faut en un mot combattre le primat de la nature au sein de la culture (la survie du capitalisme signifie la sauvagerie dans la civilisation même !), donc effectuer une révolution « sociale », pour civiliser notre rapport à la nature elle-même : on est aux antipodes de ce que l’éco-capitalisme appelle, en anglais naturellement, le « green washing ».
Pour nourrir la contre-offensive progressiste, le PRCF a soumis à ses partenaires nordistes l’idée d’une manifestation départementale, voire régionale Nord-Pas-de-Calais-Picardie pour la rupture progressiste avec l’UE, avec l’idée d’ancrer en bas, au plus près des revendications, l’idée du « FREXIT progressiste » (nous disons parfois le « FRECSIT », Franche Rupture avec l’Europe Capitaliste Supranationale à l’Initiative des Travailleurs), rien n’interdisant a priori de nationaliser cette idée en descendant de Lille-Lens-Amiens (le Nord ouvrier et paysan de la France a le plus voté Non à Maastricht et au TCE) vers Paris. C’est sur du concret, pas sur d’interminables discussions stratosphériques, qu’il faut fédérer les communistes indépendamment de l’état-major euro- et socialo-dépendant du PCF-PGE, qu’il faut aider les syndicalistes de classe à s’affranchir de l’illusion euro-constructive, qu’il faut rassembler les antifascistes en cassant la scandaleuse équation « patriotisme=fascisme » (une équation qui fait bondir les anciens Résistants et qui réjouit tous les anciens Kollabos !). A cette fin, notre Pôle fera tout ce qu’il peut à son échelle pour diffuser un programme communiste de transition révolutionnaire que le PCF officiel est incapable de proposer (à la Fête de l’Huma dominaient d’une part, une « consultation citoyenne » remarquable de vacuité, et une affiche extrêmement « politique » : « je suis communiste, ça fait du bien » !). Et bien nous, militants FRANCHEMENT communistes, nous militons pour les quatre sorties sous les deux drapeaux révolutionnaires inventés par notre peuple, le rouge et le tricolore. Et notre but est clairement de reconstruire notre pays cassé, de stopper la fascisation et la mondialisation des guerres impérialistes (lourdes menaces de l’OTAN contre la Russie) et de rouvrir à notre combative classe ouvrière la perspective concrète du socialisme et du communisme !
Et nous opposons si peu nos idéaux révolutionnaires à notre stratégie d’union anti-monopoliste contre l’UE atlantique que nous engageons concrètement dès à présent l’action pour fêter dignement, et en relation avec les luttes actuelles, le 100ème anniversaire de la Révolution prolétarienne d’Octobre 1917. (cliquez ici pour participer à la souscription)
Initiative Communiste : Et sur le plan électoral. Que penser de la « France insoumise », des propositions de la gauche de gauche, d’une candidature PCF aux présidentielles ?
Georges Gastaud.- Le PRCF débat actuellement de son positionnement, c’est son Comité central qui en décidera démocratiquement début novembre après discussion dans nos organisations locales et départementales. Je ne puis que redire ce que j’ai dit à la Fête de l’Huma lors de notre débat politique pluriel avec les Clubs Penser la France, le Front syndical de classe, le réseau Faire vivre et développer le PCF et les camarades du Mouvement pour le socialisme du XXIe siècle.
Concernant les propositions de Pierre Laurent, leur crédibilité est devenue voisine de zéro. Le revenant Montebourg, que Pierre Laurent a tenté de courtiser, s’inscrira dans la primaire du PS : en clair il soutiendra Hollande si ce dernier gagne la primaire, ce que ne rend pas improbable le soutien déclaré de Cambadélis et de l’appareil PS au président sortant. Les écolos auront leur propre primaire. La candidature Mélenchon ira jusqu’au bout, sauf si certains appareils organisent « démocratiquement » le blocus des parrainages. On a surtout l’impression que Pierre Laurent, plus occupé par la lutte des places que par celle des classes, est prêt à tout pour sauver le groupe parlementaire du PCF, y compris à obtenir un appui du PS (des candidatures uniques de la gauche au 1er tour des législatives ?) en échange d’un torpillage de tout ce qui pourrait sérieusement menacer Hollande sur sa gauche. Ce n’est plus seulement de l’opportunisme, c’est de l’illusion pure et simple car toute l’histoire montre que le PS ne renvoie jamais l’ascenseur et qu’il est d’autant plus tenté de « plumer la volaille communiste » qu’il risque fort de se faire étriller par les LR et le FN. Ne doutons pas une seconde qu’il tentera de prendre sur sa gauche ce qu’il aura perdu sur sa droite !
Concernant l’idée d’une candidature communiste aux présidentielles, elle est tout-à-fait recevable dans son principe et nous, PRCF, avons trois soucis par rapport à cette élection : a) qu’elle ne mette pas le combat social sous l’éteignoir pendant des mois : primat absolu en toutes circonstances au mouvement populaire ! b) qu’elle n’écrase pas l’espace de la future renaissance d’un vrai parti communiste, et c) qu’elle laisse ouverte à la gauche de la gauche l’espace politique, le « vivier progressiste » indispensable pour construire ce que nous appelons le FRAPPE(FRont Antifasciste, Patriotique, Populaire et Écologique), qu’elle ne se traduise pas par la catastrophe intégrale que serait, outre le cauchemardesque second tour thatchéro-fascisant que nous promettent les LR et le FN, le laminage définitif de la gauche populaire et républicaine.
Si donc une candidature « communiste » doit émerger au premier tour, ce ne peut pas être une candidature « de témoignage » issue de la direction déboussolée du PCF et objectivement située... à la droite de Mélenchon ! Au moins ce dernier proclame-t-il que « l’UE, on la change ou on la quitte », alors que la simple idée d’une rupture avec l’UE donne des boutons à MM. Laurent, Chassaigne, Dartigolles, etc. Si une candidature communiste émerge, quitte à risquer le score de « témoignage », ce doit être au moins sur un contenu franchement communiste, 100% anti-UE et de classe, autrement elle ne serait qu’un leurre politique et ne ferait que diviser encore davantage l’espace communiste et l’espace progressiste en bénéficiant uniquement à Hollande.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il ne serait pas plus sérieux de nier ses avancées politiques (sur l’OTAN, la Syrie, l’Ukraine, Cuba, sur la laïcité républicaine, les luttes sociales, l’Éducation nationale, la nationalisation d’Alstom, etc., nos positions sont objectivement proches, et ce n’est pas nous qui avons bougé !), que d’ignorer certains blocages persistants, notamment sur la nécessaire rupture franche avec la dictature européenne : militants de la Renaissance communiste, nous nous prononçons pour sortir d’emblée, voire unilatéralement, de l’UE et nous jugeons risqué de négocier on ne sait quel accord futur avec Anhela Merkel au risque de reporter à plus tard les réformes urgentes attendues par le peuple français, de nourrir la déception populaire, de faciliter la contre-attaque réactionnaire et de sembler négocier ce qui est par définition non négociable : la souveraineté nationale ! Toutefois nous regardons cette candidature dans un esprit d’ouverture et de débat ; car si la gauche de la gauche indéfiniment fractionnée par ses micro-appareils obtient 4%, et cela au moment même où la fascisation et la criminalisation du communisme venue de l’Est se déploient sur toute l’Europe, ce ne sera pas « le même prix » à payer pour le mouvement populaire, face à Sarko-Le Pen qui rappliquent au galop, que dans l’hypothèse inverse où la gauche populaire et euro-critique talonnerait, voire dépasserait le PS en plongeant cette organisation globalement néfaste au mouvement populaire dans une crise existentielle bien méritée. En l’occurrence, ce sont nos camarades qui décideront librement et collectivement à partir des éléments fournis par la direction élue du PRCF.
Cela dit, le PRCF n’aura cure de se diviser sur une élection bourgeoise dont le peuple ne contrôle pas les attendus : quel que soit son positionnement final, le Pôle demeurera strictement indépendant de tout dispositif non communiste, soucieux à la fois de défendre l’espace de la renaissance communiste, de placer les luttes au premier plan et de favoriser la dynamique unitaire d’affrontement progressiste avec l’UE et avec l’ensemble des forces de fascisation. En réalité, nul ne se trompera s’il rejoint notre organisation franchement communiste et 100% anti-UE pour l’aider à diffuser massivement dans la population travailleuse et dans la jeunesse ce qui fait actuellement le plus défaut pour ouvrir la perspective : un programme communiste de transition révolutionnaire.