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Le gouvernement Barnier ou comment serrer encore la vis d’une cocote déjà sur le point d’exploser ?

9 septembre 2024 – Trajectoire obstinément réactionnaire et euro-atlantiste du nouveau premier ministre, conditions gravement antidémocratiques de sa nomination par Macron, arrangements de coulisse fort probables entre le RN et la Macronie en vue de faciliter l’investiture parlementaire de Michel Barnier, appui enthousiaste exprimé par l’eurocrate en chef Ursula von der Leyen au négociateur du Brexit qu’est le nouveau premier ministre, déclarations antisociales et néolibérales univoques de ce dernier sur TF1 (comment Barnier pourrait-il donc « améliorer la réforme des retraites » alors qu’il milite pour la retraite à 65 ans ?), l’entrée du LR Barnier à Matignon signifie un nouveau saut qualitatif dans l’orientation antisociale, antinationale, liberticide, xénophobe et belliciste de l’oligarchie « française ». Cette agressivité de classe et de caste est incarnée par l’alliance de la Macronie, des LR et d’une aile droite du PS (type Cazeneuve ou Delga) peu discrètement avide d’intégrer le gouvernement. Tout cela s’effectue sur fond de thatchérisation croissante du RN tombant son masque « social », « populaire » et « patriote » pour rallier la « construction » euro-atlantiste, durcir sa ligne xénophobe et préparer l’offensive massive contre les conquêtes sociales que porte l’arrimage du RN à l’aile crûment versaillaise des LR diversement personnifiée par Ciotti et par Wauquiez

Il n’y a donc aucune illusion à se faire sur la composition du nouveau gouvernement, et les propos minablement complaisants des dirigeants CFTC, CFDT, UNSA et autres accompagnateurs syndicaux patentés des « réformes » maastrichtiennes n’ont d’autre but que de diviser l’opposition populaire indispensable pour défendre la paix, l’indépendance nationale, le progrès social et la démocratie. Que valent en effet les bavardages de Barnier sur le « dialogue social » quand ce roué personnage martèle qu’il privilégiera la « vérité sur la dette », entendez par là le remboursement des « marchés financiers », les coupes claires décidées par Bruxelles et la feuille de route guerrière de l’OTAN à l’Est de l’Europe ? Les salariés auraient-ils déjà oublié la piteuse défaite à laquelle les a condamnés au printemps 2023 l’obstination du jaunâtre Laurent Berger et de l’euro-« syndicalisme rassemblé » à refuser de construire le blocage du profit capitaliste, de critiquer l’UE – principale commanditaire avec le MEDEF de la contre-réforme des retraites ! -, de contester la course ruineuse au surarmement... et de palabrer sans fin avec un gouvernement sourd et violent, adepte de la matraque, du taser et du 49/3 à répétition ?

En réalité, les modalités antidémocratiques de la nomination de Barnier, le fait qu’il arrive au pouvoir en s’asseyant sur le résultat des législatives et en contournant la clameur majoritaire du pays exigeant le retour à la retraite à 60 ans, le fait que Barnier ne saurait être investi au Parlement sans l’abstention bienveillante des lepénistes et que sa vraie mission est d’appliquer sans broncher l’énorme programme de coupes claires (110 milliards de rabot budgétaire en deux ans !) prévu par Bruxelles pour nourrir la course aux armements de l’OTAN tout en priorisant les usuriers internationaux des marchés financiers (la sacro-sainte « dette »), tout cela montre que l’oligarchie « française » se met en ordre de bataille pour affronter avec brutalité l’énorme crise de légitimité populaire qu’elle subit. Là est la source de classe profonde de la fascisation actuelle dont la percée lepéniste est à la fois une cause et un effet. En crise de légitimité également, la Vème « République » corsetée par Maastricht avec à l’arrière-plan le déni par les « élites » du Non populaire à la Constitution européenne (2007), la crise non résolue des Gilets jaunes (2019), les douze 49/3 opposés par Borne* au mouvement populaire pour les retraites (2023), le refus majoritaire des Français – tous les sondages le montrent ! – de laisser Macron dépêcher des troupes françaises au sol en Ukraine au risque de faire de la France un cobelligérant officiel affrontant suicidairement l’une des principales puissances nucléaires du monde !

Face à cette crise de légitimité explosive qui pourrait bien finir en soulèvement populaire de masse, Macron bat le rappel de tout ce que le pays compte de réactionnaires avérés ou cachés, y compris les Cazeneuve, Delga, Edouard Philippe ou Valls, il piétine la démocratie, il accentue la fascisation en cours et missionne le nouveau gouvernement pour préparer le « saut fédéral européen », c’est-à-dire la mise à mort définitive de l’indépendance nationale, sans oublier le « conflit global de haute intensité » planifié par les EU et par leurs vassaux à l’encontre des peuples russe, chinois, iranien, nord-coréen, et, dès maintenant, contre les peuples cubain, palestinien et autres pays d’Afrique ou d’Amérique latine en lutte contre le néocolonialisme. Quant au MEDEF, il est devant une situation délicate : d’un côté son président, Patrick Martin, et son ex-présidentRoux de Bézieux avec lequel se font cyniquement photographier Fabien Roussel et Bernard Thibault sait bien que le pays ne veut plus de l’austérité et des bas salaires. De l’autre, la compétition capitaliste mondiale et la course au profit maximal auquel la crise capitaliste contraint le patronat capitaliste conduit le MEDEF à exiger du gouvernement une franche accélération dans la destruction du « modèle social » français issu de la Libération. Edouard Philppe s’y prépare en promettant que ce qu’il proposera lors de la prochaine présidentielle sera « massif ».

Bref, nous allons vers une guerre nationale et internationale de classes redoublée sur fond d’hégémonisme étasunien décadent, donc d’autant plus agressif, d’illégitimité croissante de l’UE-OTAN supranationale, d’acoquinement ouvert des forces euro-atlantistes avec les fascistes, voire avec les nazis (le régime pronazi et bandériste de Kiev en est un ban d’essai continental) et, plus fondamentalement encore, d’incapacité du capitalisme en crise latente à assumer la direction du monde sans conduire l’humanité vers le gouffre : telle est la dimension exterministe du capitalisme-impérialisme-hégémonisme moderne.

En même temps, cette énorme crise du consentement populaire à tous les étages, mondial, européen et national – à commencer par les EU, où la confrontation entre les deux ailes « démocrate » et « républicaine » de la ploutocratie s’opère à couteaux tirés – ouvre de vastes espaces pour de vastes contre-attaques populaires. Et cela d’autant plus que, à l’échelle mondiale, l’armée ukro-otanienne menace de s’effondrer, que la Russie et la Chine populaire renforcent leurs liens, que les « BRICS » oeuvrent sereinement à la « dédollarisation » de l’économie mondiale, que les génocideurs de l’armée israélienne pourtant gavée d’armes de pointe par Washington et Berlin n’arrivent pas à mater le peuple palestinien, que Cuba et les autres pays de l’Alba résistent énergiquement à l’entreprise de strangulation yanquie, que les peuples d’Afrique secouent le joug néocolonial français. Et surtout, la classe ouvrière et le prolétariat international, un temps assommés par la contre-révolution en URSS, repartent à l’offensive avec des grèves de masse très dures et souvent victorieuses, de l’Inde aux EU, de la Grande-Bretagne au Québec, du Mexique au Bangladesh, sans parler des travailleur coréens de Samsung.

Pourtant, il ne suffit pas que ça bouille très fort dans la marmite sociale pour qu’en sortent nécessairement des révolutions populaires si, par ailleurs, mondialement et nationalement n’existent pas de fortes avant-gardes communistes et marxistes-léninistes associées à de grands syndicats rouges ainsi qu’à de larges mouvements anti-impérialistes. Le ventre toujours fécond du capital en crise est toujours à même d’accoucher du pire, qu’il s’agisse de la guerre hégémoniste mondiale ou des néofascistes nostalgiques du mussolinisme, du bandérisme, du pétainisme ou du nazisme, tels les francs hitlériens ukrainiens d’Azov qui tiennent en main Zelensky ou l’AFD qui vient de faire une percée en Allemagne orientale. Pour ne parler que de notre pays, qui ne voit que les manigances souterraines de Macron et du RN, vraisemblablement suivies de près par les Big Brothers de l’UE, pavent la voie de Le Pen à la prochaine présidentielle, avec peut-être en prime l’arrivée du haineux Ciotti à Matignon ? Qui n’aperçoit mieux aussi, désormais, que l’on ne pourra pas changer ce pays, quoi qu’en disent hélas les dirigeants du PS maastrichtien, les euro-écologistes en proie au vertige antirusse, les euro-« communistes » adoubés par le MEDEF et, hélas, de plus en plus, les euro-soumis à la Manon Aubry, en restant dans le giron d’une UE synonyme de détricotage républicain intégral, d’une monnaie unique européenne vectrice d’austérité à perpète, d’une OTAN fauteuse de guerre mondiale, d’une Vème République usée jusqu’à la corde, d’une cohabitation impossible avec Macron et d’un capitalisme systémiquement devenu briseur de vie et d’humanité ?

Si modestes que soient les forces, cependant en dynamique, du PRCF et de la JRCF, la voie qu’ils proposent est celle, révolutionnaire et rassembleuse à la fois, d’une large Unité populaire, pacifique, patriotique, environnementaliste et antifasciste centrée sur le monde du travail et la jeunesse populaire, combattant pour une France libre, sociale et fraternelle : une France osant (re-)nationaliser les secteurs-clés de notre économie, sortir de l’UE-OTAN par la porte à gauche, unir les ouvriers de toutes origines et rouvrir à notre pays, s’il en fait le choix démocratique, la voie d’un socialisme-communisme de nouvelle génération à notre pays.

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Aimé Césaire

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