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Réponse ouverte à la Convocation à l’AG de la section jeune d’un parti politique

L’état de minorité des politiciens et de l’intérêt politique parmi les jeunes et les moins jeunes

Aider quelqu’un, c’est l’aider à ne pas avoir besoin de vous.

Bonjour, il y a maintenant pas mal de temps que je suis dans votre parti, mais – je dois l’avouer – je ne suis encore jamais venu. Cela dit, je lis vos PV et autres documents, mais bizarrement plus je les lis moins j’ai envie de venir ; quand bien même – assurez-vous – je partage vos idéaux de base. Bref, je souhaite partager avec vous les raisons de ma désertion, car – cela ne fait aucun doute chez moi – nous sommes la nouvelle génération et c’est à nous que reviennent le pouvoir sinon le devoir d’échapper à la logique marchande qui nous menace tous. En outre, sans vouloir pour autant donner trop de valeur à mon message, je souhaite souligner que ma désertion fait écho à la désertion de milliers de jeunes et de personnes moins jeunes. Or, je ne me permettrais pas d’être leur porte-parole ; cela dit, je vous fais part d’un point de vue qui, je pense, est partagé par une grande frange de la population qui ne se retrouve plus dans la politique qu’on lui propose, mais surtout, en dernière analyse, qu’on lui impose. Or, je le souligne, selon moi, la politique devrait être un médium collectif pour tous les citoyens qui vivent ensemble. Cela n’est pas le cas, il y a donc un problème que je veux absolument traiter ici. Voilà, pour le dire, la première raison de mon message.

D’abord, je dois dire que votre conception de la politique – qui est parfaitement en adéquation avec le discours dominant et ordinaire de ce que doit être la politique aujourd’hui – me laisse tout à fait froid. Mon message a, par conséquent, pour unique prétention que de donner un nouvel élan à l’exercice de la politique et à la réinvention de la démocratie. En ce sens, évidemment, je suis prêt à faire partie d’un groupe qui se donnerait comme objectif cette réinvention. Maintenant, pour reprendre les propos de Michael Sandel dans son article La marchandisation de la société paru dans Le Temps du 8 janvier 2015 (journal suisse romand), j’ai envie de dire qu’en lisant vos différents ordres du jour et PV, j’ai d’abord l’impression – qu’exactement comme le demande la logique actuelle et comme tous les autres partis conventionnels – vous évitez les questions de fond, c’est-à-dire les « débats sur les valeurs, les grandes questions éthiques et le concept de citoyenneté ». En effet, il me semble que vous restez fixés sur des épiphénomènes d’actualité. À côté de cela, vous êtes encore complètement englués dans l’esprit de compétition propre à l’idée d’élection et de représentant. Ainsi, les réunions qui peuvent aboutir à la plus-value de la ligne du parti ou d’un représentant élu ou en voie d’élection sont organisées tandis que celles qui n’aboutissent qu’à la réflexion et aux véritablement changements de fond sont évincées du programme. Or, je pense deviner que si vous évitez ces questions de fond – qui peuvent apparaître, il est vrai, abstraites et métaphysiques – c’est parce que nous vivons dans des sociétés pluralistes, mais surtout matérialistes. Alors, prendre ces questions signifierait entrer dans des confrontations découlant « de convictions morales et éthiques divergentes ». A plus forte raison, chacun de nous a son opinion sur ce type de question. C’est ce qu’on peut nommer « l’individualisme ».

Alors, puisque nous n’arrivons pas à prendre ces questions, « nous nous tournons vers les mécanismes du marché » – qui, soyons-en sûrs, sont tout sauf neutres. Mais qu’ils ne soient pas neutres, j’espère que nous le savons. Le problème avec ces questions, c’est – encore une fois – que nous pensons que nous ne pouvons rien faire avec. C’est vrai, finalement, cette réflexion nous conduit à nous demander : qui sommes-nous ? Quel est notre pouvoir effectif en tant que peuple au sein des gouvernements se voulant ’démocratiques’ ? Nous avons certes la possibilité d’élire nos représentants et de répondre à des questions fermées (je prendrai le thème de l’initiative et du référendum plus tard), mais est-ce vraiment ça le pouvoir ?! Et si on ose répondre négativement à cette dernière question, est-ce qu’on ose demander : Si nous n’avons pas le pouvoir, alors à quoi servent nos partis sinon à tantôt nous duper encore plus dans un pouvoir qu’on n’a finalement pas, tantôt à offrir des pistes de lancement pour des individus en manque d’autorité et de paraître ?

En d’autres termes, est-ce qu’il n’y a pas surtout dans l’idée même de parti, une stratégie détournée pour mettre en avant des intérêts particuliers sous des allures de service au bien public ? Au demeurant, on le remarque bien et il faudra cesser de croire le citoyen naïf sur ce point : les partis s’affichent principalement lors d’élection et de votation. Ainsi, pour avoir été moi-même membre d’un parti, je sais que le moment crucial, c’est la période électorale et non pas tant la mobilisation lors d’initiative citoyenne. C’est à ce moment crucial que l’essence du parti se montre dans toute sa vérité : le culte de la personnalité. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’histoire : le triomphe du parti signifie le triomphe de la pensée unique.

Donc pour conclure, je veux mettre en avant deux dernières évidences, et ce, dans le but de mettre en route une réappropriation du politique par le citoyen :

 Les citoyens n’ont pas le temps de s’occuper de politique, car ils doivent gagner leur vie. Or, la politique ne gagne pas leur vie à leur place. C’est la règle du chacun pour soi qui prévaut partout. Ce statu quo profite à la démocratie représentative qui limite ainsi l’accès à la politique aux meilleurs démagogues ;

 Conséquemment, les citoyens sont fatigués du spectacle que donnent les politiciens, les partis politiques et, donc, les gouvernements.

Luca V. B.

Doctorant en philosophie politique et sciences sociales

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Jean BRICMONT
Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique). Il a notamment publié « Impostures intellectuelles », avec Alan Sokal, (Odile Jacob, 1997 / LGF, 1999) et « A l’ombre des Lumières », avec Régis Debray, (Odile Jacob, 2003). Présentation de l’ouvrage Une des caractéristiques du discours politique, de la droite à la gauche, est qu’il est aujourd’hui entièrement dominé par ce qu’on pourrait appeler l’impératif d’ingérence. Nous sommes constamment (…)
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