RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

L’anglais de Macron

Á plusieurs reprises, le président de la République française a fait des déclarations officielles en anglais. Cela pose évidemment de nombreux problèmes. Rien ne l’y obligeait. Le français est une langue officielle dans les instances internationales et, plus généralement, il est d’usage, dans la diplomatie, que les chefs d’État s’expriment dans leur propre langue. Sauf si, par courtoisie (voir De Gaulle au Mexique), ils veulent faire plaisir à des peuples qui les reçoivent chaleureusement. Par delà sa petite vanité personnelle (« Écoutez, moi l’ancien élève de la Pro à Amiens, comme je parle bien anglais »), Macron affiche sa soumission à l’hégémonie impérialiste étasunienne et à celle de l’argent. On note cependant qu’il parle de manière très sourde, un peu comme s’il avait honte, et de son anglais dont il sait qu’il n’est pas parfait, et de son obédience.

Face à ces allocutions, la merdiacratie française a fait des flaques, admirant ce « formidable coup de com’ », ce « discours appelé à rester dans les annales ».

Je me crois autorisé à évaluer la pratique de l’anglais de Macron : j’ai enseigné cette langue pendant quarante ans et j’ai siégé aux jurys du CAPES et de l’agrégation interne.

Écoutons ici et ici.

« Today, the President of the United States, Donald (a prononcé à la française) Trump, announced (pas correctement diphtongué) his decision to withdraw the United States from the Paris agreement (le a de Paris n’est pas assez ouvert et la syllabe Pa n’est pas assez accentuée). It is a mistake, both (le o n’est pas diphtongué) for the United States and for our planet. If we do nothing, our children will know (le o n’est pas assez diphtongué) a world of migrations, of wars (le a n’est pas assez fermé), of shortages, a dangerous (le an n’est pas diphtongué) world.

 Make our planet great again. France (il prononce France à l’américaine alors que son accent est bien plus anglais qu’étasunien) will not (le o est prononcé à la française) give up the fight. I call you (tournure bizarre, calque du français ; un anglophone aurait dit « I urge you ») to remain confident. We will succeed (syllabe pas assez accentuée). Because we are (le r est prononcé à la française) fully committed (accentue la première syllabe au lieu de la seconde). Because wherever (accentue la première syllabe au lieu de la seconde) we live, whoever (on n’entend pas le h) we are, we all share the same responsibility (ce dernier mot est plutôt bien prononcé, ce qui est rare chez les locuteurs français) ».

Bien sûr, nous sommes à cent coudées au-dessus de la pratique sarkozyste invraisemblable de l’anglais (on se souvient de Merkel, bouche bée devant Sarkozy qui, lui montrant le soleil, lui dit : « Beautiful time, isn’t it ? ») et celle très médiocre de Hollande qui avait dû sécher les cours d’anglais à l’ENA. L’anglais de Macron est globalement bon pour un homme politique français mais il commet typiquement les fautes des Français pour qui la langue de Shakespeare – hum !, disons celle des affaires) n’est pas et ne sera jamais naturelle. Des fautes commises il y a 25 ans n’ont pas été corrigées et se sont fossilisées. On note en particulier les erreurs de diphtongues, dont la langue française n’est pas friande, et d’accentuation qui, comme aurait dit George Orwell, le « marquent en tant que Français au fer rouge sur la langue »).

URL de cet article 32082
   
Même Auteur
Eric Hazan. Changement de propriétaire. La guerre civile continue. Le Seuil, 2007
Bernard GENSANE
Très incisif et très complet livre du directeur des éditions La Fabrique (qui publie Rancière, Depardon, Benjamin etc.), ce texte n’est pas près de perdre de son actualité. Tout y est sur les conséquences extrêmement néfastes de l’élection de Sarkozy. Je me contenterai d’en citer le sombrement lucide incipit, et l’excipit qui force l’espoir. « Dimanche 6 mai 2007. Au bureau de vote, la cabine dont on tire les rideaux derrière soi pour mettre son bulletin dans l’enveloppe s’appelle un (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je n’ai aucune idée à quoi pourrait ressembler une information de masse et de qualité, plus ou moins objective, plus ou moins professionnelle, plus ou moins intelligente. Je n’en ai jamais connue, sinon à de très faibles doses. D’ailleurs, je pense que nous en avons tellement perdu l’habitude que nous réagirions comme un aveugle qui retrouverait soudainement la vue : notre premier réflexe serait probablement de fermer les yeux de douleur, tant cela nous paraîtrait insupportable.

Viktor Dedaj

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.