Les faits d’abord. Edward Snowden, citoyen étatsunien, consultant du renseignement dans son pays, n’a pas trouvé très démocratique que son gouvernement écoute et lise les courriers des gens du monde entier, en général, et des étatsuniens en particulier.
En démocrate fidèle à ses principes, il n’a pas hésité à dévoiler ce crime contre l’atteinte aux libertés publiques. Sachant le sort qui lui aurait été réservé, il a préféré fuir le système policier qui ne lui aurait pas fait de cadeau.
Une fois n’est pas coutume, c’est un citoyen des États-Unis qui demande le droit d’asile politique. Convaincu que le pays d’accueil doit être suffisamment puissant pour résister aux pressions de Washington, Snowden se rend en Russie où il finit par se voir accueillir en tant que réfugié. Son père le sait qui déclare :"C’est le lieu où Edward se trouve le plus en sécurité aujourd’hui. Si j’étais à sa place, je resterais en Russie", "la Russie a la décision et la capacité de défendre mon enfant, protégez-le contre ceux qui veulent lui faire du mal".
Car, selon ses dires, il est sûr qu’il n’aura pas de procès équitable. Notons qu’Edward ne s’est adressé à aucune des " démocraties " patentées, ce qui peut paraître proprement étonnant, si nous nous référons à la fébrilité qui agite la France ou la Grande-Bretagne, par exemple, quand il s’agit de soutenir certaines " causes " bien choisies. Snowden a eu du flair, il est bien placé pour savoir ce qu’il en est réellement et être au courant de la sélectivité de ces pays en la matière. Le déni diplomatique fait au président bolivien est la preuve, s’il en fallait une, qu’en matière de droits de l’Homme, il n’y a de validité que selon le bon vouloir de la Maison-Blanche. Dans ce cas précis, non content des graves atteintes dévoilées à la souveraineté des États, du voyeurisme éhonté exercé sur les conversations de milliards d’êtres humains, du vol d’informations économiques, sans citer les délits d’initiés si chers à la " liberté d’entreprise " et à la "concurrence juste et loyale", le président des États-Unis se croit permis de fustiger la décision russe. Alors que le monde entier, l’Europe des "droits de l’Homme" en tête, devrait se lever et mettre à l’index le gouvernement étatsunien et son Agence nationale de sécurité.
A ce propos, nous ne pouvons qu’être satisfaits de l’attitude du père du fugitif, qui est fier de ce qu’a fait son fils et sa dénonciation de l’agression menée contre l’humanité est sans nuance. C’est pourquoi, il loue la Russie pour son geste : " C’est une chose honorable, et en tant que citoyen des États-Unis non seulement, mais aussi en tant que citoyen de cette planète, en tant qu’occupant de la Terre, je suis très reconnaissant pour ce qu’ils ont fait pour mon fils ". Maintenant, la meilleure réaction à voir se produire est que l’ensemble des femmes et des hommes de tous les pays portent plainte collectivement et individuellement contre le pouvoir étatsunien auprès de toutes les cours pénales, fussent-elles ces CPI/TPI, si chantées contre les " dictatures " du Sud.
Edward Snowden n’aura pas risqué sa vie pour rien. La Fédération Internationale des Droits de l’Homme, si circonspecte d’habitude, l’a fait auprès du tribunal de Grande Instance de Paris.