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La Vie des Bêtes (pour une approche anthropomorphique des sciences socio-politiques)

Vous aimez les documentaires sur les animaux ? Oui ? Vous avez raison. C’est quand même fou ce que l’on peut apprendre en suivant les évolutions cocasses de ces etres inférieurs, tellement inférieurs.

Nous savons, grâce au bon père Darwin, que ça n’a pas été une tache facile pour Mère Nature que d’arriver là où nous en sommes. Car à l’origine il n’y avait que le Cloaque. Et c’est de ce cloaque qu’ont surgi principalement deux choses : la vie (encore balbutiante) et le fast-food américain (un modèle économique parfait).

A voir les conditions de vie extrêmes, on comprend parfaitement pourquoi la vie s’est sentie obligée de déménager pour la terre ferme. S’extirpant péniblement de cette fange infâme, les premières formes de vie primitives s’installèrent sur la plage. Le premier parasol fut aussitôt planté sur cette "terra incognita" que l’on baptisa "Cote d’Azur". Les formes de vie primitives trouvèrent cela bon et inventèrent la crème à bronzer, le chapeau de paille et les tongs. En comparant les photos satellites de l’époque, on constate que rien n’a vraiment changé.

Puis le cours de l’histoire de l’évolution s’est accéléré. Les premières amibes brûlées au second degré ont donné naissance à des formes plus évoluées qui à leur tour ont accouché de champions (pour leur époque) qui à leur tour, etc... Au milieu de toute cette agitation productiviste, l’intelligence a eu du mal à trouver sa place. A chaque fois il lui était répondu "Nous sommes débordés en ce moment. Laissez votre CV à l’accueil. On vous écrira".

Les premières formes évoluées de vie sur terre ont donc fait l’économie de l’intelligence, ce qui n’était pas encore trop gênant eu égard aux limitations de leurs besoins fondamentaux et à la répétitivité de leurs activités quotidiennes.

Pour faire court, sont ensuite apparus, dans la chaîne de l’évolution, d’abord des formes très primitives de vie, Les cubains de Miami, les Bobs Ménards, patron de Reporters Sans Frontières, puis les lézards, les dinosaures, les singes, les notaires, les hommes (qui en profitèrent pour inventer la femme) pour finalement aboutir à la forme la plus accomplie de vie sur cette terre, à savoir, ex aequo : le sportif de haut niveau (pour ses prouesses physiques) et l’informaticien (pour ses prouesses intellectuelles ET physiques). Le fait que je sois un informaticien n’enlève rien à la justesse de cette affirmation.

Alors j’adore regarder les documentaires sur les animaux.

Les girafes par exemple. Quoi de plus gracieux ? Avec leur longs cous graciles ils vont délicatement déguster les tendres feuilles au sommet des arbres. Les chosent se gâtent lorsqu’ils veulent boire de l’eau. Ils doivent faire des efforts surhumains, en écartant bien les pattes et tendre leur cou prêt à se briser sous l’effort. C’est d’ailleurs cette difficulté pour boire de l’eau qui explique en grande partie le problème d’alcoolisme endémique chez les girafes.

Certaines scarabées ont d’étranges moeurs : ils aiment rouler les crottes en boule. Activité toute à fait normale lorsqu’on se trouve à l’arrêt devant un feu rouge. Mais les scarabées, elles, vont jusqu’à démonter les bouses dans les champs pour en faire des boulettes qu’elles font rouler jusqu’à leur coffres-forts cachés sous terre. La scarabée porte des vestes croisées et a toujours une carte de visite à portée de main, juste au cas où vous chercheriez un bon vendeur de boulettes de crotte.

Qui aime les chauves-souris ? Personne, évidemment. Ils vous plantent leur canines dans le cou en moins de temps qu’il n’en faut à un Parlement Européen pour baisser son froc devant les Etats-Unis. Les chauves-souris sont presque aveugles vous savez. Alors lorsqu’ils se mettent en chasse pour un cou, il est normal qu’ils choisissent en priorité un cou de girafe, beaucoup plus facile à viser. Ce qui explique aussi pourquoi les chauves souris volent en zigzag : ils viennent tout simplement de boire du sang de girafe. Votre ignorance m’abasourdit.

Vous avez déjà suivi un documentaire sur les abeilles ? C’est assez unique et impressionnant je dois dire. Pour une population de 20.000 abeilles (en comptant les banlieues) qui bossent tous les jours comme des dingues, parcourant parfois de longs trajets pour accomplir leur devoir, vous avez au beau milieu une reine qui n’en rame pas une. Une grosse reine ventripotente qui gueule à longueur de journée "j’ai faim !". Et les abeilles ouvrières qui se tapent 2 heures de métro aller et 2 heures retour pour lui déposer une cuillère de pollen dans son délicat palais. Que serait la reine sans ses ouvrières ? Rien. Un fois mangée sa couronne, il ne lui resterait plus qu’à déclarer une guerre pour tenter de redresser l’économie de sa ruche. Alors faut les faire bosser ces abeilles. Pas question de prendre une retraite, parce qu’une ouvrière qui ne bosse pas, c’est un bourrelet de la reine qui disparaît. Tenez, là on voit les abeilles sortir avec des banderoles et manifester contre l’allongement de la durée des cotisations.

Vous aimez les singes ? J’ai justement un cassette sur les singes. J’adore regarder les singes. Et que je te me gratte la tête, le ventre, les bouboules, les pieds... ça n’arrête pas. Les voilà qui se chamaillent et sautent d’une branche à l’autre. Ils s’invectivent, se menacent, se retrouvent pour se dépouiller, puis recommencent. Aujourd’hui, ils font claquer les pupitres en guise de protestation. Celui qui occupe la perchoir leur demande de se calmer et ensuite y’a un ministre qui demande la parole et qui explique pourquoi on ne pourra plus payer les retraites.

J’aime bien aussi les documentaires sur les extrêmes. Vous savez, l’animal le plus gros, le plus petit, le plus lent et le plus rapide, etc.

Pour ce qui concerne la taille, c’est sans conteste l’éléphant qui a la plus grosse. Cela dit, c’est l’un des rares animaux à posséder une trompe et la concurrence est rare. Ce qui explique un certain laisser-aller à l’entraînement et ce léger embonpoint visible sous son jogging trop serré.

Pour ce qui concerne la vitesse, il y a plusieurs prétendants au titre, selon la catégorie où ils concourent. Le guépard, pour la course à pied, le colibri, pour le battement des ailes, le Socialiste français, pour le retournement de veste. On peut dire que la Nature nous a bien gâtés.

Par contre, les méduses cachent bien leur jeu. Derrière une apparence diaphane se cache une piqûre parfois mortelle. La méduse aime se laisser ballotter par les courants tièdes sans trop se poser de questions. Sa curiosité est inférieure à celle d’une clé à molette, qu’elle ait sa carte de presse sur elle ou pas.

Le Coucou est un oiseau. Un sacré loustic s’il en est un... Incapable de se construire un nid, le coucou pond des oufs dans le nid des autres et leur laisse tout le boulot en attendant de récupérer sa progéniture. Le coucou ressemble à un gros pigeon. Au niveau international, les coucous sont représentés par une organisation qui s’appelle la Quatrième Internationale. Comment distinguer un coucou d’un pigeon ? C’est très simple : le pigeon, c’est vous.

Vous connaissez les zèbres ? Vous savez, ces petits chevaux qui portent le maillot de la Juventus de Turin. Le zèbre pose une des plus grandes casse-tête de toute la création, et plus d’un savant est devenu fou en tentant de répondre à la question suivante : le zèbre est-il un libéral avec des rayures socialistes, ou un socialiste avec des rayures libérales ?

Ce que j’aime moins par contre, c’est les scènes de tueries. Je ne sais pas mais en ce moment, la télé a une certaine propension à nous passer des scènes où les animaux se bouffent entre eux. Je ne supporte pas. Un héritage de ma mère sans doute. Ma mère, lorsqu’elle regarde un match de foot, soutient une des équipes. Mais dès que cette équipe prend l’avantage au score, elle se met à soutenir l’autre équipe. Ma mère voudrait que tout le monde gagne.

Tiens, justement, j’ai une cassette sur une scène de chasse. Ecoeurant. Au milieu de la savane africaine, on voit un lion tapi dans les hautes herbes. A proximité, inconsciente du danger qui rode, broute une tendre gazelle. Très tendre. Le lion bondit. La gazelle hurle en brandissant son sac à main pour frapper son agresseur. Une course poursuite s’engage. La gazelle court vite mais le lion est plus résistant. Moi je suis là à encourager la gazelle en hurlant avec ma banderole "Allez Gazelle !". Elle est épuisée. Le lion se rapproche. Je voudrais que le caméraman s’en mêle au lieu de filmer. Un coup de patte sur le flanc de la bête. Elle se dégage, en sang. Le lion s’énerve. Il la rattrape, la fauche. La gazelle s’écroule, les mâchoires du lion se referment sur sa petite gorge. Le lion, qu’on appelle parfois aussi le Roi de la Jungle, ou l’autoproclamé Gendarme de la Savane, resserre la prise. Soudain, il regarde la caméra en montrant les petites cornes de la gazelle et il dit "Voilà , j’ai ENFIN trouvé les armes de destruction massive".

Oui, oui, je sais. Vous allez me dire qu’il faut bien qu’il bouffe le lion. C’est vrai. Mais vous remarquerez que cela n’empêche pas la gazelle de courir, et vite même. La solidarité de la gazelle avec le lion est pour ainsi dire nulle. Un marxiste appellerait ça une "contradiction". Rares sont les gazelles qui ont lu Marx, et pourtant elles courent. Vous trouvez que c’est dans l’ordre des choses et vous filmez en caméra cachée la gazelle face à ses contradictions. Dans le meilleur des cas, ça donnera 3 minutes au journal télévisé de 20 heures. Mais lorsque le gendarme de la savane aura fini de se curer les dents et qu’il vous remarquera avec votre bermuda kaki et votre caméra, la contraction vous paraîtra soudainement injuste. Mais rassurez vous : il s’en trouvera certainement d’autres pour filmer en retour et en caméra cachée votre propre disgrâce gastronomique et trouver que c’est aussi dans l’ordre des choses.

Ah, au fait, "savane" en anglais se dit "bush". C’est pas drôle ça ?

Viktor Dedaj
"ami des bêtes"
Juin 2003

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