RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Le Gouvernement de Francfort

Le résultat le plus significatif des élections au Parlement européen a été le caractère massif de l’abstention : 56, 9 % en moyenne dans les 27 Etats membres de l’Union européenne (UE), avec des pics de 80 % en Slovaquie et en Lituanie. En étant si peu nombreux à se rendre aux urnes, les citoyens ont manifesté au mieux leur indifférence et au pire leur hostilité à l’égard des institutions communautaires, et pas seulement du Parlement. C’était pourtant l’unique occasion dont ils disposaient d’influer si peu que ce soit sur des politiques européennes dont découlent directement les politiques nationales, et qui les affectent donc directement. On ne leur demande pas leur avis sur les propositions d’actes législatifs européens dont la Commission a le monopole, et encore moins sur les décisions que prennent deux institutions dotées de considérables pouvoirs : la Cour de justice des Communautés européennes et la Banque centrale européenne (BCE).

En 2008, la Cour de Luxembourg, interprétant les traités dans un sens ultralibéral, a pris une série d’arrêts ( notamment les arrêts Viking et Laval) qui accélèrent le démantèlement du droit social dans l’UE. C’est en s’appuyant sur les dispositions du traité de Maastricht de 1992 que la BCE, mise en place en 1998 à Francfort, s’est érigée en puissance européenne autonome n’ayant de comptes à rendre à personne. Forte de l’indépendance que lui garantissent ses statuts, elle décide souverainement de la politique monétaire des 16 Etats membres de la zone euro, et il est formellement interdit à quiconque, et en particulier aux gouvernements, de tenter de l’influencer. Non sans arrogance, son président, Jean-Claude Trichet, le leur rappelle régulièrement.

Alors que les taux d’intérêt des opérations principales de refinancement de la Réserve fédérale américaine et de la Banque du Japon sont descendus à zéro, la BCE s’obstine à marquer sa différence en les maintenant à 1 %. D’où une surévaluation de l’euro, nuisible aux investissements et aux exportations européennes. La plupart des gouvernements sont hostiles à cette rigidité monétaire, censée lutter contre une inflation qui n’existe pas, mais ils sont condamnés au silence.

La réciproque n’est pas vraie : la BCE ne se prive pas de juger les politiques gouvernementales et d’admonester les dirigeants abusivement accusés de laxisme, notamment dans le domaine social. En témoigne son dernier Bulletin mensuel, celui de juin 2009 : alors que le taux de chômage moyen des 16 pays de la zone euro a bondi à 9,2 % en avril, et qu’il va continuer à augmenter dans les mois qui viennent et en 2010, les banquiers européens critiquent vertement les mesures de soutien au chômage partiel, prises notamment en Allemagne et en France, afin d’éviter une déflagration sociale. Selon eux, ces mesures, si elles devaient se poursuivre, « réduiraient les incitations au redéploiement des travailleurs entre les entreprises et les secteurs » et ils recommandent leur annulation progressive. Pour la BCE, la crise actuelle, avec la constitution d’une armée de réserve de chômeurs « peut être considérée comme un catalyseur pour accélérer la mise en oeuvre des réformes domestiques nécessaires, notamment des marchés du travail ».

Par « réformes », et « conformément au principe d’une économie de marché ouverte », il faut comprendre flexibilité, précarisation, stagnation ou baisse des salaires et destruction des acquis sociaux. Voilà des orientations et des décisions du « gouvernement de Francfort » sur lesquelles on n’a pas demandé aux électeurs de se prononcer…

Bernard Cassen
pour Mémoires des Luttes (juillet 2009)

http://www.medelu.org/spip.php?article244

URL de cet article 8921
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Être palestinien en Israël – Ségrégation, discrimination et démocratie
Ben WHITE
La Guillotine est heureuse de vous proposer sa deuxième publication. Après Europe-Israël : Une alliance contre-nature de David Cronin, traitant des relations ambivalentes entre l’Europe et Israël, cette fois il s’agit d’une investigation abordant un autre sujet peu éclairé. Alors que les Palestiniens en Israël s’imposent comme une composante incontournable de la réflexion politique et de l’action pour libérer la Palestine de l’apartheid et de la domination militaire sionistes, aucun livre en français (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis "de gauche" en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impressionnent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C’est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh, pas forcément une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum.

Ibrahim
Cuba, un soir lors d’une conversation inoubliable.

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.