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Reporters Sans Frontières (ou le modèle biosphérique de la communication moderne)

Monsieur Ménard,

Je me fais du souci pour votre santé. En effet, de manifestation en manifestation, je crains que votre organisme n’accuse un contre-coup de tant d’agitation. Par ailleurs, à emprunter toujours le meme parcours (ambassade du Venezuela, ambassade de Cuba, ambassade du Venezuela, ambassade de Cuba, aller, retour, tous les mardis - pourquoi pas les lundi, au fait ?), la dépression vous guette. Il est connu que l’organisme humain, soumis à un rythme infernal et répétitif, peut se rébeller contre le sort qui lui est fait.

Parmi les symptomes, on trouve les hallucinations et une difficulté à discerner la réalité. Un autre autre est une agressivité gratuite et obsessionelle. Vous devriez demander un congé à vos patrons (je ne parle pas du Conseil d’Administration de Reporters Sans Frontières, je parle de vos vrais patrons).

J’ai visité votre site super-looké. J’ai consulté la page des "journalistes emprisonnés". J’ai compté leur nombre. J’ai surtout relevé les dates de leur arrestation.

Je remarque que Cuba, selon vos chiffres, est effectivement le champion du monde en la matière. Et ceci depuis seulement mars 2003 (avant cette date, il n’y avait que 4 noms). Auparavant, et depuis les années 90, plusieurs pays pouvaient très largement prétendre à votre palme de "plus grande prison pour les journalistes" avec des scores nettement supérieurs. L’Erythrée, par exemple, a un joli palmarès. Mais l’Erythrée n’est pas "porteur", n’est-ce-pas ? Qui sait où se trouve l’Erythrée ?

Apparemment, vous avez attendu plus de dix ans avant de lancer une campagne d’affichage à l’accusation aussi précise. Pourtant, entre la fin des années 90 et mars 2003, vous n’avez cessé, dans toutes vos interviews, de répéter que Cuba était une "priorité". Le cours de l’histoire vous a enfin fourni l’occasion d’acheter ce train électrique dont vous réviez.

Dans votre liste, je note l’absence de la Corée du Nord. Pas un seul journaliste emprisonné en Corée du Nord ? Un seul en Arabie Saoudite ? C’est tout pour la Russie ? Un rapide balayage d’une carte du monde comparé à votre liste laisse entrevoir l’étendue de votre charlatanisme.

Une simple recherche sur le site d’Amnesty International fournit des données autrement plus complexes que votre catalogue d’amateurs. Vos chiffres sont à l’évidence fantaisistes.

Cela ne concerne bien-sur que la forme. Pour le fond, votre organisation de bras-cassés n’en comprendrait pas l’essence, à supposer que votre combat soit sincère et dénué d’arrières pensées purement politiques. Ce qu’il n’est pas.

La société chargée de votre communication - seul domaine où vous excellez - a choisi de présenter le Che en CRS. Ainsi donc, à peine acquis le petit train de votre jeunesse, vous avez choisi de le faire dérailler. Boum. Arracher les ailes des mouches dans la cour de l’école a finit par vous lasser, vous etes donc passé au stade supérieur. Mais l’esprit reste le meme : gratuit, mesquin, médiocre. Vous savez que vous ne défendez pas des journalistes, encore moins la liberté d’expression. Mais pour paraphraser votre victime défunt, le mensonge vous va comme un gant.

Lors de certains "incidents" récents devant l’Ambassade de Cuba, vous vous etes assuré le relais de vos porte-voix de la presse commerciale. Vous avez accusé les employés de l’ambassade de vous avoir agressé. Mais les vidéos de surveillance du site montrent une autre version des faits. Vous relais se sont étrangement tus.

Votre déification du titre (pas du métier) de "journaliste" - quitte à etre putschiste ou mercenaire - vous permet de déifier votre propre agitation. Vous vous imprégnez de cette gloire que vous avez vous-meme décernée. Et vous vous assurez par la meme occasion une complaisance - j’ai failli dire mansuétude - de tous les médias commerciaux. Et de leurs propriétaires. Mensonges et manipulations inclus.

Vous voudriez tellement nous faire croire que le sort de la démocratie dépend d’une seule catégorie socio-professionnelle que vous osez affirmer que la liberté de la presse est le meilleur garant de la démocratie. Vous savez parfaitement que c’est exactement le contraire, n’est-ce pas M. Ménard ?

Les seuls encore à croire à la crédibilité de votre organisation sont les pigeons de la place qui viennent picorer l’information que leur jettent vos parrains des médias commerciaux. Vous avez de la chance, ils sont nombreux.

A l’instar des modèles économiques parfaits, vous avez monté un modèle de communication parfait : Je défends les menteurs qui tiennent le haut du pavé, et les menteurs me soutiennent. En me soutenant, ils me renforcent. En me renforçant, mon soutien devient plus efficace, et ainsi de suite. Une énérgie gratuite et quasi illimitée. Mouvement perpétuel. Biosphère. Recyclage des déchets. Littéralement.

Vu sous cet angle, l’écologie soudain me dégoute

Viktor Dedaj
"journaliste indépendant en sandales"

juillet 2003

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