RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Jean-Paul Sartre, Courrier International et Chávez.













Dimanche 9 décembre 2007.


«  La première chose sur laquelle on fait beaucoup d’erreurs, c’est qu’on croit que la liberté d’information, le droit à la liberté de la presse, c’est un droit du journaliste. Mais pas du tout, c’est un droit du lecteur du journal. C’est-à -dire que ce sont les gens, les gens dans la rue, les gens qui achètent le journal, qui ont le droit d’être informés. Ce sont les gens qui travaillent dans une entreprise, dans un chantier, dans un bureau qui ont le droit de savoir ce qu’il se passe et d’en tirer les conséquences  ».
Jean-Paul Sartre, (Conférence de presse de présentation du quotidien Libération, 4 janvier 1973, cité par François-Marie Samuelson, « Il était une fois Libé », Seuil, 1979.
Ce texte occupe tout un panneau mural, orné de la photo de Sartre, dans l’entrée de ViVe TV à Caracas (photo).






Chávez en première page avec sa mitraillette, un édito qui le disait dictateur, c’était trop. Ridiculisées par le verdict des urnes, ces vilenies de COURRIER INTERNATIONAL ont heurté le lecteur. COURRIER INTERNATIONAL essaie, sur Internet, de rattraper le coup.

Voici des extraits d’un article de son site « Courrier international.com », 3 décembre 2007 (Tous les persiflages entre parenthèses sont de moi, MV).

« Venezuela. Une fausse dictature »

(TITRE QUI INFLIGE UN CINGLANT DEMENTI A L’EDITION PAPIER DE L’HEBDOMADAIRE).

Pour le journaliste argentin Luis Bruschtein, la défaite d’Hugo Chávez au référendum sur la Constitution vénézuélienne prouve que « le gouvernement est démocratique contrairement à ce que dit l’opposition et les grands médias qui l’ont dénoncé comme étant une dictature » (dont COURRIER INTERNATIONAL qui le rangeait la semaine précédente parmi ceux qui sont « peu connus pour leur goût de la démocratie »). « Le cheval de bataille de l’opposition vénézuélienne (et de COURRIER INTERNATIONAL) a été de dire que le gouvernement d’Hugo Chávez se transformait en dictature. Le pays organise pourtant un grand nombre d’élections, les partis d’opposition fonctionnent, il n’y a pas de prisonniers politiques et la plupart des grands médias écrits ou électroniques ouvertement opposés au gouvernement sont diffusés sans aucune censure », explique-t-il dans Página 12 (tandis COURRIER INTERNATIONAL suggérait que RCTV était censurée) .

« Chávez a perdu ce référendum, avec contre lui les grands médias (COURRIER INTERNATIONAL nous assurait qu’il les contrôlait largement), une forte campagne internationale, l’Eglise catholique, une opposition unie et après dix ans de nombreuses élections, pour la plupart scrutées au microscope afin d’y chercher des irrégularités jamais trouvées. [...]

En réalité, on peut critiquer Chávez comme n’importe quel chef d’Etat pour ce qu’il fait sans nécessairement en donner une image stéréotypée et odieuse de dictateur, considère le journaliste. Les dictatures sont haïes en Amérique latine et il existe des clauses internationales pour les boycotter. (COURRIER INTERNATIONAL ne le critique pas comme « N’IMPORTE QUEL CHEF D’ETAT », mais comme un « METIS au verbe haut », une caricature armée. Ce n’est pas pour ce qu’il fait que COURRIER INTERNATIONAL le critique, mais pour ce que COURRIER INTERNATIONAL dit qu’il fait).

[...] Le fait qu’il ait accepté le résultat négatif de ce scrutin devient un argument en faveur de Chávez. Un gouvernement non démocratique, comme le qualifiait la droite (ET COURRIER INTERNATIONAL), n’aurait pas organisé de référendum et encore moins reconnu sa défaite », conclut-il (TANDIS QUE COURRIER INTERNATIONAL le voyait « faire avaliser » sa victoire « par des peuples subjugués »).

MORALITE : La première page de COURRIER INTERNATIONAL court partout sur le Net. Du coup, pour calmer les esprits, pour pouvoir exciper de son objectivité, COURRIER INTERNATIONAL fait marche arrière dans son édition électronique, en publiant sans commentaire, un point de vue qui ridiculise sa couverture papier et son éditorial. Manger son chapeau, ça s’appelle. Mais pas en public, madame ! Sur la toile. Plus discrètement. Or, ce qui serait juste, honnête, respectueux du lecteur, serait de nous faire une première page de la prochaine édition papier effaçant la précédente qu’on vit fleurir dans tous les kiosques et présentoirs de France. Rêvons, en plus, d’un éditorial de Philippe Thureau-Dangin disant : « J’avais tout faux : kalachnikov, dictateur, Napoléon III, plébiscite, ennemi de la démocratie, peuple « subjugué » (j’avais d’abord pensé à « hypnotisé », mais j’ai nuancé). Tout est à jeter. Faisons-le ensemble. On s’aime assez pour que vous acceptiez un faux-pas sans faire les valises. La prochaine fois qu’on écrit sur le Venezuela, on ne puisera pas uniquement aux sources de l’opposition et de la presse putschiste. Désormais, ça sera : vaste panorama de la réalité complexe, prise en compte des différentes approches, exposé des faits vérifiés, oubli des desiderata de nos annonceurs, mise sous clé de nos détestations personnelles, respect du lecteur dont beaucoup se documentent à d’autres sources, voire sur place à Caracas, etc. ».

Mais il ne le fera pas. Les éditorialistes placent leur orgueil au-dessus du respect des lecteurs. C’est pour ça que la presse va mal en France, les autres raisons (brandies parce que celle-là est inavouable) viennent après.

Il ne le fera pas. D’ailleurs dans l’édition électronique (toujours du 3 décembre), Courrier International contrebalance sa marche arrière par une dépêche d’AP qui en remet deux couches.

Titre : « Chávez à vie ? C’est non » « Chávez a été mis en échec dans sa prétention d’être réélu indéfiniment [...] l’attitude civique et démocratique de la société a fait vaciller la machinerie créée depuis Miraflores... Etc. »

Les choses répétées font fuir les lecteurs payants (et muets) tandis que surgissent ses remplaçants, les polémistes des sites Internet, qui lisent (sans rien payer) et qui parlent, madame, insensibles aux « ¿Por qué no te callas ? » des éditorialistes catéchumènes, des adeptes du monologue menteur.

Maxime Vivas


PS. Editoriaux à venir : « L’éphémère démocrate  ».

« En acceptant sa défaite au référendum qui aurait fait de lui un président à vie, Chavez a donné un instant l’impression que la notion de démocratie ne lui était insupportable. Hélas, l’illusion aura été de courte durée. Chassez le naturel... En effet, le métis antisémite, ancien putschiste et ami de Castro, retombe dans ses péchés mignons en (au choix) faisant voter une loi, prononçant un discours, créant une université populaire ou un service public de distribution des aliments, encourageant la multiplication de médias de quartiers, menaçant la chaîne de télévision Globovision et les compagnies pétrolières étrangères, mettant en garde l’épiscopat, etc. » Ah ! inutile d’acheter la presse, on peut inventer ce qu’on va y lire.




Courrier International dégaine plus vite que son ombre... et nous donne le ton, par Maxime Vivas.




Enfin ! TOUTE la vérité sur l’affaire Chavez / Zapatero / Ortega / Juan Carlos, par Romain Migus.




Venezuela : leçons de la défaite pour la gauche, par Pablo Stefanoni.




Le livre est arrivé : La face cachée de Reporters sans frontières (De la CIA aux Faucons du pentagone), par Maxime Vivas.



Hugo Chavez et le Venezuela : Ariel Wizman, nous voulons des preuves... Viktor Dedaj.



Mensonges médiatiques Venezuela : réponse à l’article « L’opportunisme humanitaire de Chávez » publié par Libération, par G. Brustier et C. Ventura.



Chavez à Paris : Reporters sans frontières éructe ses mensonges, Maxime Vivas.

Reporters sans frontières contre Hugo Chávez, Salim Lamrani.






URL de cet article 5797
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Auteur
Les Chinois sont des hommes comme les autres
Maxime VIVAS
Zheng Ruolin (Ruolin est le prénom) publie chez Denoël un livre délicieux et malicieux : « Les Chinois sont des hommes comme les autres ». L’auteur vit en France depuis une vingtaine d’années. Son père, récemment décédé, était un intellectuel Chinois célèbre dans son pays et un traducteur d’auteurs français (dont Balzac). Il avait subi la rigueur de la terrible époque de la Révolution culturelle à l’époque de Mao. Voici ce que dit le quatrième de couverture du livre de ZhengRuolin : « La Chine se (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Le Maire Daley et d’autres officiels du gouvernement pendant les émeutes des années 60 ont prouvé leur préférence pour la propriété plutôt que l’humanité en ordonnant à la police de tirer pour tuer sur les pilleurs. Ils n’ont jamais dit de tirer pour tuer sur des assassins ou des trafiquants de drogue"

Dick Gregory (1932-2017)

Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.