RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Sur la Chine

Gianni Fresu est l'un des principaux spécialistes italiens de Gramsci. C'est précisément pour cette raison qu'il a dû lutter pour trouver une place dans l'académie italienne. Après des années de petits boulots, malgré ses études et sa valeur, il a finalement réussi à trouver une place dans une université brésilienne. Il a vécu et raconté les années où l'extrême droite était au pouvoir au Brésil et la répression anti-marxiste dans les universités. Il y a un an, il a trouvé une place dans une université sarde, sa terre d'origine (ainsi que celle de Gramsci). Au cours des années précédentes, il a été secrétaire régional du Partito della Rifondazione Comunista.

Comme Losurdo l’a répété à maintes reprises, si l’URSS a perdu le défi technologique face à l’Occident, la Chine est en train de le gagner, ou du moins de ne pas succomber.

Cela remet en cause l’un des clichés les plus répandus de la rhétorique libérale : la supériorité supposée (en termes d’efficacité, de capacité de croissance et de progrès technique) des sociétés dans lesquelles toutes les relations sociales sont définies par l’autorégulation "naturelle" des lois du marché. Certes, il y a aussi de grandes contradictions dans la Chine d’aujourd’hui, mais il ne pouvait en être autrement pour une nation qui, en soixante-dix ans, est passée d’un sous-développement féodal et prémoderne à une croissance incroyable de ses forces productives. Un saut historique au cours duquel la Chine s’est libérée des chaînes historiques du colonialisme (direct et indirect), grâce auquel elle a avant tout vaincu la faim sur son territoire national (et si la balance mondiale n’a pas été négative ces dernières années, c’est grâce à elle), qui a coïncidé avec l’affranchissement de l’analphabétisme d’une population aux dimensions continentales.

Mais il y a un autre fait qui doit être souligné. La Chine est devenue la première puissance économique mondiale et a conquis en quelques décennies un rôle hégémonique de plus en plus important, sans avoir besoin d’occuper avec ses troupes et ses bases militaires les nations qui sont entrées dans son orbite. Les États-Unis ont remplacé la Grande-Bretagne dans le rôle de nation dirigeante depuis la Première Guerre mondiale, mais pour conquérir et conserver ce rôle, ils ont déclenché des guerres impérialistes sanglantes dans tous les coins de la planète, menant des raids, occupant et utilisant tous les moyens, y compris le terrorisme, pour défendre leur statut de nation élue et bénie par Dieu en présence de laquelle chaque peuple doit renoncer à sa souveraineté. Les campagnes antichinoises constantes et sans fin, quotidiennement prodiguées par les médias occidentaux, font partie de l’autre facette de cette activité offensive et défensive dans laquelle la force et l’hégémonie se confondent.

Par ces mots, je n’entends pas désigner un modèle dont il faudrait s’inspirer ; au contraire, je crois qu’il faut dépasser l’idée même (déterministe et anti-dialectique) d’un modèle. Le fait est que, contrairement à l’URSS, la Chine n’entend pas assumer ce rôle d’inspirateur pour d’autres formations économico-sociales, mais seulement se faire respecter dans sa subjectivité souveraine.

Profil Facebook : https://www.facebook.com/gianni.fresu.3

»» https://italienpcf.blogspot.com/2023/09/sur-la-chine.html
URL de cet article 38886
   
Même Thème
Karl Marx, le retour - Pièce historique en un acte
Howard ZINN
Moins de cinq cents personnes contrôlent deux mille milliards de dollars en actifs commerciaux. Ces gens sont-ils plus nobles ? Travaillent-ils plus durement ? N’ai-je pas dit, voilà cent cinquante ans, que le capitalisme allait augmenter la richesse dans des proportions énormes mais que cette richesse serait concentrée dans des mains de moins en moins nombreuses ? « Gigantesque fusion de la Chemical Bank et de la Chase Manhattan Bank. Douze mille travailleurs vont perdre leur emploi… (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »

Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.