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Apprendre à écouter

Il faut se faire à l’idée, s’en imprégner même, que nous baignons (comme ceux d’en face) dans une mélasse politico-médiatico-militaire qui a choisi son camp et qui nous est imposée. Si certains prétendent nous épargner la propagande "ennemie", notre tâche à nous - comme service rendu à nous-mêmes, à notre prochain, à l’humanité même - est de s’en protéger et de contrer la seule propagande sur laquelle nous aurions éventuellement un effet : la nôtre.

Être en désaccord avec une analyse ou une opinion est une chose. Applaudir un camp belligérant, comme on applaudirait au balcon des soignants, en est une autre. Il y a ceux qui le comprennent et ceux qui ne le comprennent pas - ou qui font semblant de ne pas le comprendre.

A mon poste d’observation, je n’ai pas une infinité d’options. Me désintéresser de la chose serait le plus facile, mais je laisse ça à d’autres. Accompagner le mouvement de foule autour de moi, m’indigner en choeur avec elle, comme si c’était pour moi aussi la première fois, me vaudrait probablement plus d’amis. Mais il y a des associations de loisirs ou des clubs de rencontres pour ça. Tenter de faire oeuvre d’objectivité en présentant les arguments des deux camps ? Ca, c’est la position que certains considéreraient comme la plus noble. Mais j’ai un problème avec ça. Quand 99,5% de l’information diffusée va dans un seul sens, je ne vois pas en quoi je serais utile à consacrer la moitié de mon temps à en rajouter à ces 99,5%... C’est mathématique. Lorsqu’une balance est totalement déséquilibrée, on ne la rééquilibre pas en posant 50g sur un plateau et 50g sur l’autre : le déséquilibre reste le même. Alors on surcharge de l’autre côté. Par réflexe, par principe, par - oui - éthique. Un geste simple et naturel qui est systématiquement interprété comme un ralliement ou un parti-pris.

Pour être honnête, il arrive que dans mon for intérieur ce soit le cas. Mais ce n’est souvent qu’une coïncidence, un alignement des planètes, l’utile joint à l’agréable. Le fin mot de l’histoire étant un service à notre droit de savoir, à notre droit de TOUT savoir : ce que déclare Bachar Al Assad, ce que dit Lavrov, ce qui anime le Hezbollah, ce que crie la Palestine. C’est fou à quel point la censure est devenue l’apanage de gens qui se prétendent "raisonnables".

Ouais... Il arrive que cela écorche des oreilles, que ça pique des yeux. Pour information, il existe des bouchons pour les premières et des mouchoirs pour les seconds. Personnellement, je ne les emploie respectivement qu’aux concerts de Rock (on vieillit) et aux enterrements (on vieillit).

Mais l’information, la vraie, celle que l’on va chercher avec les dents, c’est comme la musique : personne ne me dictera ce que je peux écouter. Et si je préfère les Beatles, il m’arrive aussi d’écouter du Beethoven, ne serait-ce que pour voir si je n’aurais pas raté quelque chose au passage. Car comme souvent pour la musique qui résiste au temps, dont on ne se lasse pas, dont on découvre parfois plus tard des qualités, ce n’est pas forcément à la première écoute qu’on l’apprécie. Mais qu’on peut aussi ne pas forcément l’apprécier mais simplement arriver à la comprendre. Et rien que pour ça, ce petit "plus" dans ma vie, je suis prêt à mordre la main qui s’approcherait de l’interrupteur de ma chaîne hi-fi. Je suis plutôt gentil, mais faut pas déconner non plus.

Viktor DEDAJ
mélomane du monde qui nous entoure

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Thierry Deronne

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