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Thème : Liberté d’expression

Des journalistes libérés. Cela signifie-t-il une presse plus libre ?

Marie-France DEPREZ
Le 1er août 2024 a eu lieu à Ankara en Turquie, le plus grand échange de prisonniers entre la Russie et des pays occidentaux depuis la fin de la guerre froide en 1991. Parmi ces prisonniers venant de prisons situées aux États-Unis, en Allemagne, en Pologne, en Slovénie, en Norvège, en Russie et en Biélorussie, il y avait quatre journalistes. A la suite de l'échange, dix personnes ont été transférées en Russie, treize en Allemagne et trois aux États-Unis. Un communiqué de la Fédération européenne des journalistes rapportent que les quatre journalistes libérés lors de cet échange sont : le journaliste du Wall Street Journal Evan Gershkovich, la journaliste américano-russe Alsu Kurmasheva et le militant et journaliste russe Vladimir Kara-Murza, ainsi que le journaliste russo-espagnol Pablo González. Le sort de Pablo González est particulier. Ce journaliste espagnol avait été arrêté le 28 février 2022 dans une ville du Sud-Ouest de la Pologne où il faisait un reportage pour la (…) Lire la suite »

En Allemagne, critiquer la guerre et le capitalisme est dangereux (mais nécessaire)

Jonathan LEFEVRE

Au pays de Karl Marx, il devient de plus en plus compliqué de défendre… le marxisme. La première force économique européenne veut faire taire les voix qui mettent en cause le capitalisme. Attaqué, le quotidien Junge Welt a décidé de réagir. Il mérite notre soutien.

« Depuis 2022 avec la guerre en Ukraine et 2023 avec la guerre à Gaza, nous subissons des attaques féroces contre la liberté d'expression, la liberté de la presse et la liberté de réunion en Allemagne. En ce qui concerne la guerre en Ukraine et la guerre israélienne contre Gaza, nous adoptons une position totalement opposée à celle du gouvernement allemand et de la majorité des médias. Cela s'applique également à de nombreuses autres questions. Le gouvernement allemand et ses services secrets veulent nous clouer au pilori pour cela. » Nick Brauns, responsable du quotidien allemand de gauche Junge Welt (JW) (Jeune Monde), explique à Solidaire la criminalisation dont est victime son journal depuis des années : placé dans la case « extrémisme de gauche » pour sa ligne éditoriale anti-capitaliste, le média est attaqué par le pouvoir et surveillé par les services secrets. Mais Junge Welt réplique en portant plainte. Le procès sʼest tenu ce 18 juillet. Si le juge a donné tort à JW (en (…) Lire la suite »

Tunisie - Sur nos prisonniers d’opinion, informer est plus qu’une liberté, c’est un devoir

Salah HORCHANI
Des journalistes dans la Tunisie post-14 janvier Ont été arrêtés et, en prison, se sont trouvés Et cela, au mépris de la liberté de s’exprimer Garantie par les textes, par la Tunisie, ratifiés Et conservée dans sa Constitution du 25 juillet [1] Écrite dans le silence des quatre murs de son Palais En singleton, étant lui-même son unique conseiller Après avoir enterré celle des experts qu’il a nommés [2] Ils ont rejoint les opposants et autres, déjà prisonniers D’opinion, aux dires de leurs conseils et, aussi, au vu des faits [3] Juste pour avoir accompli leur devoir d’informer À l’heure où la démocratie est, de toute part, menacée Ces entraves à la profession doivent illico cesser Ainsi que toutes ces intimidations proférées Contre toute voix en dissidence avec son projet Pour que la liberté de la presse soit préservée Et que l’on sache à quel feu on va être brûlé Et quel avenir le Prince nous a-t-il réservé D’autres citoyens, pour leur liberté de critiquer Se (…) Lire la suite »

Harcèlement judiciaire sioniste et complicité des tribunaux français

Meriem LARIBI
« Apologie du terrorisme ». Les pères fouettards des tribunaux jouent à faire peur Soutenues bruyamment par les ministres de la justice, de l’intérieur et de l’enseignement supérieur, des centaines de procédures-bâillons ont été lancées en France pour des propos ou des écrits considérés comme soutenant le terrorisme. Ces procédures sont dans la plupart des cas en suspens, mais menacent des centaines de personnes. Et au-delà, l’expression de la solidarité avec les Palestiniens. « Maintenant [Israël] organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsion et s’y manifeste contre lui la résistance qu’à son tour il qualifie de terrorisme », disait Charles De Gaulle, alors président de la République, en 1967. S’il tenait ces propos aujourd’hui, le général pourrait être poursuivi pour apologie du terrorisme. Le nombre de procédures ouvertes pour ce délit en France explose depuis le 7 octobre 2023. Au 30 janvier 2024, Le (…) Lire la suite »

Lettre ouverte à tous ceux et celles qui veulent protéger la liberté de la presse et le droit à l’information.

Marie-France DEPREZ
Journée mondiale de la liberté de la presse. En 2023, environ 800 journalistes ont connu la prison et environ 540 d'entre eux y sont encore depuis le début de 2024. Parmi eux, deux en Europe occidentale, Pablo Gonzales en Pologne et Julian Assange au Royaume-Uni. Il n’y a pas d’autre mot que génocide pour décrire la guerre meurtrière en Palestine et particulièrement à Gaza. Et qui peut rendre compte de ce génocide, des journalistes dont le gilet pare balle devient une cible. Beaucoup d'autres cas d'enfermements et d'assassinats. Dans le monde d'aujourd'hui, on se demande si l'on ne devrait pas passer cette journée de la liberté de la presse comme on veille auprès d'un ami gravement malade. Mais nous ne voulons pas commémorer la fin de notre droit à l'information, nous voulons le défendre ! Depuis 5 ans que Julian Assange a été arrêté à l'ambassade d’Équateur à Londres, chaque année, nous pensons que le 3 mai devrait donner aux médias une occasion de parler de la (…) Lire la suite »

Peur, croyance et besoin d’appartenance

Rorik DUPUIS VALDER
L’homme conscient a naturellement peur. Peur de la mort, de la maladie, de l’exclusion, de la trahison, etc. Afin de juguler ces peurs, plus ou moins prégnantes, il est amené à adhérer aux diverses croyances d’usage qu’impose sa communauté, ou du moins qu’induit son environnement — familial, social, culturel. C’est ce que l’on pourrait appeler, de façon générale, le prêt-à-penser. Qu’on l’estime indispensable ou non, au fond peu importe, car les bienfaits et les méfaits n’en seront jamais réellement quantifiables — ceux-ci relevant avant tout de l’intimité. On ne peut reprocher aux gens leurs croyances dès lors qu’ils y trouvent des réponses à leurs peurs, et qu’on en admet les fonctions protectrices pour la collectivité, notamment pour les plus vulnérables. On ne peut reprocher aux gens leurs habitudes, leurs rituels, aussi absurdes soient-ils d’un point de vue rationnel, dès lors qu’ils y trouvent des moyens de se rassurer dans le vertige de la vie, devant les injustices et (…) Lire la suite »

On ne bâillonne pas Judith Butler

Marwan RASHED

La mairie de Paris vient d’informer les signataires de l’appel « Contre l’antisémitisme, son instrumentalisation et pour une paix révolutionnaire en Palestine » de sa décision d’annuler l’évènement du même nom qui devait se tenir le 6 décembre 2023 au Cirque électrique.

L’invité d’honneur de cette rencontre était Judith Butler, professeur émérite à Berkeley et l’une des philosophes contemporaines les plus importantes. L’évènement devait aussi comporter une retransmission d’un discours d’Angela Davis, figure importante de l’antiracisme étasunien. Contactée par Libération, la mairie de Paris a commencé par rappeler que « la lutte contre l’antisémitisme et le racisme, contre les inégalités femmes-hommes et contre l’homophobie font partie des valeurs cardinales sur lesquelles repose l’action de la Ville de Paris et que la Ville demande à toute organisation avec laquelle elle a des relations contractuelles de respecter ». Or, poursuit la mairie, « lors du débat du 6 décembre, le risque est majeur que des propos qui contreviennent à ces principes non négociables soient tenus. Par ailleurs, les polémiques inévitables qui s’ensuivront seront de nature à troubler l’ordre public d’une manière qui est incompatible avec l’affectation normale du bien du (…) Lire la suite »

Aux jeunes Picaros du métro parisien

Rorik DUPUIS VALDER
Ceux qui ont connu personnellement les honneurs du fichage policier pour « apologie du terrorisme », et qui doivent leur distinction à cette glorieuse vertu française qu’est la délation citoyenne, savent concrètement de quoi est faite la sacro-sainte « liberté d’expression » dans un pays sous occupation. Il est tout à fait compréhensible qu’on s’indigne d’entendre dans l'espace public une bande de petits hooligans chanter « Nique la France, nique les juifs ». Mais après l’indignation, l’adulte normalement constitué est censé passer à l’étape supérieure qui est la réflexion. Car c’est ainsi qu’on règle les problèmes quand on est une personne responsable : en en identifiant les causes. Alors quelles sont, contextuellement, les raisons profondes qui poussent ces jeunes gens à s’adonner ainsi à la versification et à en faire généreusement profiter leur voisinage ? Faut-il y voir la manifestation d’un intérêt nouveau pour le chant responsorial, où chœur et soliste dialoguent (…) Lire la suite »

Affaire du « 8 décembre » : le droit au chiffrement et à la vie privée en procès

La Quadrature du Net

Le 3 octobre prochain s’ouvrira le procès de l’affaire dite du « 8 décembre ». Sept personnes sont accusées d’association de malfaiteurs terroriste. Pour construire le récit du complot terroriste, les services de renseignement de la DGSI chargés de l’enquête judiciaire, le parquet national antiterroriste (PNAT) puis le juge d’instruction instrumentalisent à charge le fait que les inculpé·es utilisaient au quotidien des outils pour protéger leur vie privée et chiffrer leurs communications. Face à cette atteinte inédite, que nous documentions longuement il y a quelques mois, le temps de ce procès va donc être crucial dans la bataille contre les velléités récurrentes de l’État de criminaliser des pratiques numériques banales, sécurisées et saines, pratiques que nous défendons depuis toujours.

« Il reconnaissait devant les enquêteurs utiliser l’application Signal » Comme le souligne le journal Le Monde qui a consacré un long article au « 8 décembre », cette affaire repose « sur des bases fragiles ». Parmi celles-ci, nous sommes particulièrement inquiets de la place donnée à l’utilisation des outils de chiffrement ou, plus largement, des moyens pour protéger sa vie privée. Un des enjeux de ce procès sera donc de savoir si une telle pratique peut être utilisée à charge par la police et la justice pour étayer la la présomption d’un projet terroriste. Un tel parti pris de la part du juge constituerait un passage de cap extrêmement dangereux, puisque toute forme de confidentialité deviendrait alors suspecte par défaut. Dans ce dossier, protéger sa vie privée et chiffrer ses communications n’est plus seulement suspect mais devient constitutif d’un « comportement clandestin », un moyen de cacher un projet criminel. À travers différentes notes, la DGSI s’est ainsi affairée à (…) Lire la suite »

Liberté d’expression dans le monde universitaire

groupe d'enseignants-chercheurs

Défendre les libertés d’expression sur la Palestine : un enjeu universitaire

“Nous chercheurs, juristes, anthropologues, sociologues, historiens, géographes, économistes, politistes, spécialistes des sociétés du Moyen-Orient et des mondes arabes, ainsi que nos collègues de l'ESR solidaires”. Nous souhaitons interpeller nos tutelles et collègues face aux faits graves de censure et de répression auxquels nous assistons dans l'espace public français depuis les événements dramatiques du 7 octobre. Au sein de nos universités, nous subissons des intimidations, qui se manifestent par l’annulation d'événements scientifiques, ainsi que des entraves à l’expression d’une pensée universitaire libre. Nous recensons de plus en plus de messages envoyés par les directions des universités, des laboratoires de recherche, du CNRS et par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche lui-même, invitant les chercheurs et enseignants-chercheurs à signaler l’expression des idées jugées non conformes. Des accusations graves d’antisémitisme ou d’apologie du (…) Lire la suite »