RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Les Etats-Unis menacent de "déconnecter" l’Australie si elle s’écarte du conflit avec la Chine (WSWS)

Alors que la propagande des médias et de l’establishment politique contre la Chine s’intensifie, accusant cette dernière de tenter de "tyranniser" l’Australie sur des questions commerciales, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a lancé une menace brutale dimanche.

Les Etats-Unis "déconnecteraient tout simplement" l’Australie de ses réseaux de télécommunications, militaires et de renseignement si un gouvernement australien concluait un accord avec la Chine jugé dangereux pour la "sécurité nationale" des Etats-Unis, a-t-il déclaré.

Pompeo a lancé l’avertissement de Washington dans une interview sur la chaîne Sky News appartenant à Murdoch, rendant ainsi explicite et public le type de menaces qui sont généralement faites à huis clos.

Interrogé sur un vague "protocole d’accord" signé en 2018 par le gouvernement de l’État de Victoria pour participer au projet d’infrastructure global de la Chine dans le cadre de l’Initiative « La nouvelle route de la soie » (Belt and Road Initiative, BRI), M. Pompeo a déclaré qu’il n’était pas au courant des détails spécifiques de l’accord. Néanmoins, il a lancé un ultimatum de grande envergure.

"Chaque nation a son propre droit souverain de prendre des décisions pour elle-même, et je suppose que l’État de Victoria a certains droits... mais chaque citoyen australien doit savoir que chacun de ces projets de BRI doit être examiné de très près", a-t-il déclaré à Sky News.

Pompeo a déclaré : "Nous ne prendrons aucun risque pour notre infrastructure de télécommunications, aucun risque pour les éléments de sécurité nationale de ce que nous devons faire avec nos partenaires de Five Eyes." Il s’agit d’une référence au réseau de surveillance mondial dirigé par les États-Unis qui comprend le Royaume-Uni, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie.

Alors que Pompeo a allégué que les projets de BRI pouvaient causer un "préjudice" non spécifié dans la région, sa véritable préoccupation est de protéger les opérations d’espionnage massives et en expansion menées par les États-Unis et leurs partenaires, comme l’ont exposé Edward Snowden et Julian Assange, fondateur de WikiLeaks.

L’intervention de Pompeo s’inscrit dans le cadre d’une campagne de plus en plus intense menée par l’administration Trump, avec le soutien bipartite des démocrates américains, pour confronter la Chine sur le plan économique et militaire, notamment en cherchant à lui faire porter la responsabilité de l’aggravation de la pandémie mondiale de COVID-19.

Cette offensive est en partie motivée par les efforts désespérés de la Maison Blanche pour se soustraire à sa responsabilité pénale pour avoir ignoré les avertissements de santé publique, ce qui a conduit les États-Unis à devenir le pays le plus infecté de la planète, avec un bilan de 100 000 morts. Mais ses racines sont plus profondes, dans la volonté des gouvernements américains successifs, portée à un nouveau niveau par l’administration Obama, d’empêcher la Chine de contester la domination économique et militaire mondiale des États-Unis.

Pompeo n’est pas seulement le chef de la politique étrangère de l’administration Trump. Il s’exprime également au nom de l’appareil de renseignement militaire américain, ayant été officier de l’armée américaine puis directeur de la CIA en 2017-18.

Dans ce que certains médias ont appelé à tort "le contrôle des dégâts" pour se défaire de la menace trop publique de Pompeo, l’ambassadeur américain en Australie, Arthur Culvahouse Jr, a publié une clarification tout aussi menaçante.

"Nous sommes convaincus que l’Australie, en tant qu’allié proche et partenaire de Five Eyes, prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de ses réseaux de télécommunications", a déclaré M. Culvahouse. C’était un avertissement pas trop subtil pour ne pas s’écarter de l’engagement envers l’alliance militaire américaine qui a été maintenu par chaque gouvernement australien depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le Premier ministre libéral national Scott Morrison a également pris la parole, déclarant que le gouvernement du parti travailliste de Victoria n’aurait jamais dû signer le protocole d’accord avec la Chine. Morrison a accusé le gouvernement de l’État de porter atteinte à "l’intérêt national" et à la "politique étrangère" fédérale.

Le premier ministre de l’État de Victoria, Daniel Andrews, a été qualifié de "camarade Dan" sur la "route de la soie" par les médias de Murdoch. Il a rapidement renoncé à toute suggestion d’affaiblissement de l’alliance américaine, à laquelle le parti travailliste s’est engagé inconditionnellement depuis sept décennies. Andrews a refusé de commenter la menace de Pompeo et sa porte-parole a déclaré : "Victoria n’a pas accepté, et n’acceptera pas à l’avenir, des projets de télécommunications dans le cadre du BRI".

La riposte de Pompeo était sa deuxième intervention en rapport avec l’Australie en trois jours. Jeudi dernier, lors d’une attaque de grande envergure contre la Chine, prononcée au Département d’Etat à Washington, il a déclaré que les Etats-Unis "se tiennent aux côtés de l’Australie" contre les prétendues intimidations de la Chine.

"Le Parti communiste chinois a choisi de menacer l’Australie de représailles économiques pour le simple fait de demander une enquête indépendante sur les origines du virus. Ce n’est pas juste", a déclaré Pompeo.

Cela est contraire à la réalité. La Chine a coparrainé le vote de l’Assemblée mondiale de la santé de la semaine dernière en faveur d’une enquête sur la pandémie, qui sera organisée par l’Organisation Mondiale de la Santé. La résolution était très différente de l’appel anti-Chine et anti-OMS lancé par le gouvernement australien. De plus, le gouvernement Morrison a manifestement été le fer de lance d’un "appel américain", comme l’a maintenant admis Pompeo.

Des éléments de la classe dirigeante australienne, en particulier ceux qui dépendent le plus des marchés chinois, ont exprimé leur inquiétude face à la mise à nu du rôle de figure de proue que Canberra joue pour les États-Unis et aux accusations discréditées de "laboratoire de Wuhan" contre Pékin. Mais l’élite financière dominante et ses fonctionnaires parlementaires sont étroitement liés aux États-Unis, dont ils dépendent pour leurs investissements et leur soutien militaire.

Les commentaires de Pompeo surviennent alors que le président Donald Trump ne cesse de diaboliser la Chine, accusant la semaine dernière Pékin de "massacres mondiaux" via le coronavirus.

Lors de l’événement organisé la semaine dernière par le Département d’État, Pompeo a souligné les calculs qui se cachent derrière ces allégations incendiaires. Il a déclaré un nouveau changement hostile de la politique américaine, en disant que les États-Unis avaient supposé à tort que la Chine, au fur et à mesure de sa croissance économique, deviendrait davantage comme les "nations libres", c’est-à-dire les puissances occidentales contrôlées par les entreprises.

Les stratèges du Pentagone ont déjà déclaré en janvier 2018 que la "guerre contre le terrorisme" d’après 2001 avait été remplacée comme principal objectif des interventions militaires américaines par un "conflit entre grandes puissances", en particulier contre la Chine et la Russie. L’impérialisme américain est déterminé à réaffirmer militairement son hégémonie sur la région indo-pacifique et sur la planète entière.

Cela met les États-Unis et leurs plus proches alliés, notamment l’Australie, sur la voie d’une guerre nucléaire potentiellement cataclysmique avec la Chine. Mais les travailleurs en Australie, aux États-Unis et en Chine seraient les premières victimes. Pour mettre un terme à la guerre, ils doivent rejeter tous les efforts visant à les diviser selon des critères raciaux, ethniques et nationaux. Ils ont un intérêt commun à unifier leurs luttes contre le système de profit capitaliste, qui se dirige vers une autre guerre mondiale, et pour le socialisme.

Mike Head
26 mai 2020

Traduction "quand on est le larbin d’un Empire, on se fait traiter comme tel" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

»» https://www.wsws.org/en/articles/2020/05/26/pomp-m26.html
URL de cet article 36173
   
En finir avec l’eurolibéralisme - Bernard Cassen (dir.) - Mille et Une Nuits, 2008.
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup. La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples. Dans "La fracture (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Si un homme blanc veut me lyncher, c’est son problème. S’il a le pouvoir de me lyncher, c’est mon problème. Le racisme n’est pas une question d’attitude ; c’est une question de pouvoir. Le racisme tire son pouvoir du capitalisme. Donc, si vous êtes antiraciste, que vous en soyez conscient ou non, vous devez être anticapitaliste. Le pouvoir du racisme, le pouvoir du sexisme, vient du capitalisme, pas d’une attitude.

Stokely Carmichael

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.