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Un cri merdique pour dire la colère venant d’un trou à rats

Voici un cri merdique que je partage avec vous en ce dimanche 14 janvier 2018, pour laisser retentir ma colère et mon indignation d’habiter un trou à rats. Quoi qu’il laisse présager comme tonalité merdique, Il n’a pas pour autant la prétention de répondre à la polémique créée par les propos du génie insulteur qui, laissant échapper sa furie, a qualifié Haïti, le Salvador et l’Afrique de trou de merde. Ma démarche se veut pédagogique. Qu'importe que le génie insulteur ait raison ou tort, il n’en faut pas moins contextualiser son discours, pour assumer la part de vérité qu’il contient. Il s’agit aussi de s'en inspirer pour nous réapproprier notre dignité effritée par notre passivité et nos complicités, pour nous reprendre en mains et nous projeter dans l'avenir par d’intelligentes résolutions pour surprendre ceux et celles qui nous chient dessus, mais aussi ceux et celles qui nous pissent dessus en nous faisant croire que c’est de l’eau bénite tout en se gavant à l’envi de nos ressources merdiques. Forcément, ce statut de trou de merde, attribué à tort ou reconnu à raison à Haïti, résonne comme un écho de bilan. Et tout bilan se structure en termes de passif et d’actif. En termes de ceux qui subissent la merde et de ceux qui s'en gavent. Voilà donc le cri que je porte à vos oreilles en ce dimanche après-midi. Je le qualifie de merdique , car il vient d’un citoyen qui habite un trou de merde, qui en a marre de respirer la merde qu’on lui impose et qui veut s’en débarrasser sans avoir des envies d’ailleurs. Et comme disait l’autre Victor Hugo, celui qui s’est racheté d’avoir craché aussi à un moment sur les noirs, « c’est l’enfer des uns qui nourrit, structure et colore le paradis des autres ». Ce qui invite à se demander ce que serait la vermine qui se nourrit de la pourriture sans les ordures ? Mille excuses pour les relents merdiques qui retentiront dans le texte sous le lien ci-dessous et bonne lecture malgré tout.

De la franchise de Trump à l’hypocrisie des autres, un même discours merdique

Je vous préviens que mon cri sera merdique, puisque j’habite un pays qui dégage des relents de merde à force d’être gouverné par des officiels de merde, sélectionnés par des observateurs de merde, lors des élections de merde, dirigées par des conseillers électoraux de merde, financées et supervisées par des agences de merde exécutant les directives merdiques émises par un certain COREGROUP agissant dans l’intérêt de quelques puissances qui ont établi leur richesse en transformant en une vaste merde le destin de nombreux peuples.

Oui, en ce weekend de merde, je viens vous parler de merde. Comprenez ma colère merdique après deux nuits d’insomnie que j’ai dû passer dans l’obscurité à écouter des protestants hurler dans leur jeûne de nuit des prières et des chants de merde. Pourtant, ce sont les mêmes qui acceptent, passivement, que des officiels de merde pourrissent leur vie de merde à coups d’incivilités sonores dans les rues et d’irresponsabilités dans leur fonction. Il y a deux jours, c’était le 12 janvier. Cela ramenait forcément à la mémoire le souvenir d’une journée de merde.

Huit ans après, la merde est encore palpable. Il suffit de regarder les deux rangées de bloc devant lesquelles se prosternent dans leur indignité officielle les merdes qui décident de notre avenir. La merde est aussi dans le bilan des milliards récoltés au nom d’Haïti après le séisme et qui ont été gérés « adroitement » par Bill, le grand magicien blanc. En sa qualité d’ancien président des EU qui a dû prendre, lors de ses deux mandats, des décisions ayant contribué à faire d’Haïti ce trou de merde, il était venu parachever l’œuvre, dans l’intérêt des pays donateurs. Il a tant et si bien fait, que de ces milliards, Haïti n’a vu que de la fumée de merde.

Et c’est la veille de cette journée ponctuée de souvenirs de merde que le président de cette puissance impérialiste de merde a choisi de nous rappeler notre statut de merde en questionnant, légitimement, l’immigration venant des pays de merde dont Haïti, le Salvador et l’Afrique. Mais qu’on se le dise, il ne s’agit pas pour moi de répondre à la franchise merdique de Trump, mais de s’en inspirer pour comprendre, pour assumer, pour questionner et agir dignement et collectivement.

Et merde, qu’importe que le type ait raison ou tort, il n’en faut pas moins contextualiser son discours, assumer la part de vérité qu’il contient, s’en inspirer pour nous réapproprier notre dignité effritée, nous reprendre en mains et nous projeter dans l’avenir par d’intelligentes résolutions pour surprendre ceux et celles qui nous pissent et nous chient dessus en nous faisant croire que c’est de l’eau de pluie. Forcément, ce statut de trou de merde attribué ou reconnu à Haïti, résonne comme un écho de bilan. Et tout bilan se structure en termes de passif et d’actif. En termes de ceux qui subissent la merde et de ceux qui s’en gavent.

Mais au vrai, il faut reconnaitre que le locataire de la maison blanche, fait montre d’une grande franchise, quoique merdique. D’ailleurs, il ne fait que dire la merde que les autres dessinent, distillent, structurent et répandent dans le silence ou l’imposture des déclarations empreintes de fausse amitié et de fausse humanité. Oui, tous ces autres qui font mine de s’indigner, hypocritement, de la franchise merdique de Trump, ont participé autant à creuser et à remplir de merde ce trou à rats qu’est Haïti. D’ailleurs les gros rats, qui rongent, creusent et déversent leur merde dans ce trou qu’est Haïti, ont leur relais établi dans les grandes capitales nord-américaines et européennes. Ainsi, si Trump agit en génie insulteur, ces autres n’en sont pas moins les génies concepteurs (ou malfaiteurs) de la merde que laisse exhaler Haïti.

Au vrai, n’est-ce pas l’ONU qui a déversé la merde de ses soldats dans nos rivières, nous apportant MINUSTAH et choléra ? Que de fois les démocrates étasuniens ont déversé sur Haïti leur merde sous la férule des Clinton ? Eux qui nous avaient imposé un embargo en 1991 ayant davantage contribué à enrichir les rats qui leur servent d’alliés en Haïti ; eux qui ont géré, les fonds de la reconstruction du pays dans l’intérêt des rats locaux et internationaux qui étaient dans le cercle de leur nid et en ont profité pour imposer à Haïti, comme éboueurs professionnels, des élections de merde en 2011 afin de servir leurs intérêts. Et de l’autre bord, que de fois les républicains nous ont aussi servi leur merde par coups d’état ou autres indigents interposés ? De Reagan à Bush, l’Amérique ne s’est-elle pas vantée que les militaires au pouvoir en Haïti, à l’époque, étaient des merdes, mais qu’ils en étaient fiers, car c’était les leur. Et que de merdes l’exécutif français nous a fait subir par le passé alors que son ambassadeur en Haïti dénonce les propos de Trump ? Oui, ce pays qui revendique dans l’imposture la plus totale le statut du pays des droits de l’homme, semble oublier qu’il nous a souventes fois inondé de sa merde, notamment par l’inhumanité de l’esclavage, par l’exigence du paiement de la dette de l’indépendance et par le financement en 20004 du boycott des célébrations du bicentenaire. Voilà pour l’histoire et les faits de merde qu’elle regorge.

Ô merde de merde, quelle éclatante merde que la merde en fête !

Soyez clément face à mon langage merdique de ce weekend. Au vrai, vivant dans un pays de merde où la vie est carrément merdique, à force de recevoir des services privés et publics qui sont en tout point merdiques, je ne peux échapper à la merde. Elle s’impose à moi et à tous. Elle s’entasse et pullule dans nos rues, sous les pieds des officiels. Elle glisse et adhère aux pneus des voitures de luxe. Elle s’édite dans nos médias et est présente dans nos vies. Le pire est qu’elle ne suscite aucune colère, aucune indignation collective. Elle nous sert de réussite et même qu’il nous arrive de la célébrer à la folie par les livres, par la bière, par l’artisanat, par la musique et aussi par les fatras.

Déjà, la fine fleur de nos artistes de merde se bousculent au ministère de la culture de merde pour recevoir leurs subventions carnavalesques. Leurs meringues et leur costume de merde sont déjà fins prêts pour cette célébration de merde qui rassemble toutes les catégories sociales, par-delà leur différence fondamentale qui rend improbable tout projet national, dans l’unité de l’indifférence face à la merde. Et le peuple dans son indigence se prépare déjà pour ce premier dimanche pré-carnavalesque. Et pendant toute une saison jusqu’au mercredi des cendres, ce sera des nuits d’allégresse aux échos merdiques, malgré la vie chère, malgré les ordures, malgré les gabegies administratives, malgré la corruption et le rapport de PetroCaribe, malgré la merde qui sert de décor à nos succès. Il est même bruit qu’un sénateur de merde, musicien et artiste de merde dans sa précédente vie, aurait déjà fredonné le refrain de sa meringue carnavalesque qui dénonce la corruption qu’il cautionne et dont il se gave à coup de subventions.

Ainsi, rance et puante, s’écoule la vie au pays où la merde fait la loi, danse et fait la fête perpétuellement. Donc, vous comprenez que des vagues merdiques puissent me submerger en ce week-end de merde, où déjà toutes les artères des rues conduisant au champ de mars sont déjà bloquées par des chars qui n’attendent que les indigents pour démarrer leur défilé de merde. En attendant, même la revue de presse de ce dimanche est merdique par la paresse merdique des journalistes qui usent de formules creuses peuplées d’ellipses et abusent des techniques merdiques de copier-coller pour aller jusqu’à reproduire un hémicycle pour décrire le parlement haïtien.

Vous reconnaitrez volontiers une certaine technique rédactionnelle merdiatique qui consiste à écrire pour ne rien dire. Et quand cela vient d’un quotidien centenaire, les mauvaises langues, dira-t-on merdiques, n’hésitent plus à parler de dégénérescence éditoriale, car plus de cent ans à défendre un statu quo merdique, ça prend forcément un coup de merde. Ne soyez pas donc étonnés, si demain, ou bientôt, on nous sert la promotion de la merde en folie.

Services de merde et ambiance de merde

Et comme si ce plein de merde n’était pas suffisant, il a fallu que, dans mon quartier, un poteau vermoulu, suspendu à un arbre, et servant, en toute innovation, à transporter les sources de la technologie et de la performance que sont l’électricité et l’internet en mode 4G, se détache de son support, qui n’était autre qu’un manguier défeuillé, pour s’affaisser comme une merde en pleine rue.

Ah, qu’elles sont merdiques, ces nuits, déjà trois, sans électricité et ces jours où la 4 G des fournisseurs internet rame, rampe et mine nos activités au lieu de les stimuler ! Et, malgré tout cela, il y en a qui dans leurs rêves merdiques ne cessent de parler d’innovation technologique et d’un Haïti émergent à l’horizon 2030. Pourtant, la merde nous inonde de partout et semble, au vrai, nous submerger au lieu de nous faire émerger.

Si certains, comme moi se plaignent de ce trop-plein de merde, la vie ne peut cependant s’arrêter ; il faut que d’autres s’amusent. Et là encore, qu’elle est merdique l’ambiance des fonctionnaires et des jouisseurs de la république qui, après une journée à ne rien foutre, dans leur service public ou privé, s’agglutinent au champ de mars où ailleurs, pour s’enivrer de bière, se goinfrer de poulets de merde rôtis dans des feux de merde et aller finir la nuit, en s’encanaillant, avec des filles qui essaient de sortir de la merde en vendant leur corps à l’arrière de quelques véhicules, tout type d’immatriculation confondue, dissimulés dans les coins sombres de quelques ruelles désertes ! Une vraie ambiance de merde où pullulent des hôtels à ciel ouvert.

Ah, qu’ils sont longs ces soirs de merde qui débouchent sur des jours de merde où un peuple passe le plus sombre (aucune clarté n’étant possible dans la merde) de son temps à prier ou à merder sans nulle autre activité que d’attendre la nuit pour rêver d’autres ailleurs moins merdiques afin d’échapper à la merde quotidienne.

Mais que de merdes pour ce peuple dirigé par des merdes !

Mais merde de merde, que de merde à la fois pour un peuple devenu résilient et condamné, par la force des différentes occupations, militaire et religieuse, à prier un Dieu de merde inventé par ceux-là même qui l’a humilié, privé de liberté, spolié, déshumanisé et dépecé au fil du temps et à travers l’histoire. Merde de merde, quel avenir de merde pour cette jeunesse de merde qui ne rêve que de visas et de résidence pour d’autres ailleurs alors même qu’elle s’obstine merdiquement à applaudir frénétiquement un trou du cul, pur extrait de merde, qui crache sur sa dignité et son humanité !

Quel autre peuple que celui habitant un trou de merde peut accepter que parmi ses présidents, anciens ou présents, ne figurent que des voleurs, tueurs, bluffeurs, des radoteurs, des délinquants, des cocaïnomanes, des inculpés et des trafiquants ?

Quel autre peuple accepterait de survivre à la merde en ne rêvant que d’aller vivre ou de faire des enfants sous d’autres cieux plutôt que de lutter dignement pour s’offrir un autre destin que celui programmé par les experts de merde ?

Quel autre peuple que celui habitant un trou de merde accepterait que tous les 5 ans les éboueurs de la communauté internationale, de l’USAID, du PNUD et de l’Union Européenne viennent trier dans les chiottes, qui servent de partis politiques, avec l’appui des portefaix locaux de la société civile et le relais merdiatique des éditocrates subventionnés et autocensurés, la merde qui ressemble le plus à leurs intérêts et qui sera désignée président de merde ?

De la merde à revendre : En veux-tu ? En voilà !

Par ce cri de merde, j’invite mes compatriotes haïtiens à assumer notre destin de merde, à défaut, il nous reste encore la possibilité de nous armer de courage pour lutter afin de nettoyer la merde qui nous sert de décor dans nos rues, dans nos vies et dans nos institutions. Si par malheur, l’intelligence de merde de certains les empêche de reconnaître que nous renvoyons par notre passivité et/ou notre complicité l’image d’un peuple de merde, alors je me fais un devoir de leur servir d’éclaireur pour leur montrer les effluves de nos merdes.

Comment peut-on ne pas être perçu pour un trou de merde quand chaque jour quelque 500 de nos jeunes quittent le sol national à destination du Brésil, du Chili et d’autres cieux moins merdiques ? Comment ne pas être perçu pour un trou de merde quand, hier encore, nous revendiquions que les meilleurs et les plus intelligents d’entre nous ont quitté à Haïti ? Comment ne pas être perçu pour un trou de merde quand nous acceptons sans révolte que des cocaïnomanes, des inculpés, des trafiquants, des présumés assassins et des corrompus soient nos dirigeants ? Comment ne pas être perçu pour un trou de merde quand nous nous contentons d’évoquer nos plages, nos diplômes, nos cartes de résidence ou nos biens, souvent mal acquis, comme signes d’une certaine réussite alors que tout autour de nous est échec et pourriture ? Comment ne pas être perçu pour un trou de merde quand nous acceptons de vivre au coude à coude avec les ordures ménagères ou humaines en laissant l’illusion d’être dans la normalité et en vivant de célébration en célébration, dans la plus grande superficialité, sans nous préoccuper de notre environnement et des fondamentaux qui structurent nos rapports à la vie ? Comment ne pas être perçu pour un pays de merde quand les hommes de loi refusent de dire le mot du droit et de rendre la justice, mais préfèrent se mettre adroitement au service des corrupteurs, des corrompus, des contrebandiers et des hors la loi ? Comment ne pas être perçu pour un trou de merde quand ceux qui prétendent détenir le savoir préfèrent s’humilier ou briller de malignité pour sauvegarder un poste, un privilège au lieu de mettre leur prétendue intelligence au service de la dignité et dans l’intérêt de la collectivité ? Comment ne pas être perçu pour un trou de merde quand nos entrepreneurs nous offrent pleins de produits et de services de merde sans que nous ayons nul recours pour les poursuivre ? Comment ne pas être perçu pour un trou de merde quand le peuple dans sa majorité, renonçant à toute dignité, préfère la fuite, l’oubli, le déni, la résignation et les ivresses carnavalesques aux engagements citoyens ?

Haïti : l’indigence en fête dans un trou de merde !

Si vous pensez que mon cri de colère allait être une contestation de la franchise merdique de Trump, vous vous êtes trompé. Malgré ma colère, je reste lucide ; alors, ne comptez pas sur moi pour dire qu’Haïti n’est pas un trou de merde. Nous devons assumer notre part de responsabilité dans l’éclosion et l’entretien de cette merde qui nous submerge pour être crédible dans la dénonciation de ses promoteurs et de ses concepteurs.

Cette merde qui s’étale sous nos yeux est notre œuvre. En 214 ans d’indépendance, presque tous les dirigeants haïtiens présentent, à quelque indigence près, le même profil merdique. Si cela dure si longtemps et se répète si fréquemment, à travers l’histoire et le temps, et cela sans répression systématique et permanente, c’est parce qu’il est conforme à une vision et à une certaine cohésion sociale. Sinon nous l’aurions changé. D’ailleurs, il est reconnu que " le pouvoir d’un état repose entièrement sur le consentement et la coopération de la population. Car, à l’instant où la population refuse d’obéir, l’état n’a plus aucun pouvoir ". De ce point de vue, il ne peut y avoir d’état indigent, sans un peuple indigent. Il ne peut y avoir de dirigeants de merde, sans des citoyens de merde. Il ne peut y avoir d’état failli sans un peuple déchu de sa dignité. Et l’évidence de cette indigence collective s’avère encore plus éclatante si l’on accepte le postulat de Montesquieu qui veut que les gouvernements reflètent la culture et les valeurs de leur peuple.

Et si cet argument d’autorité ne vous suffit pas pour accepter l’évidence du statut de trou de merde d’Haïti qui renvoie à mon concept de l’indigence en fête, je vais vous le prouver à partir du contexte même créé par les propos « pays de merde » de Donald Trump.

Regardez, pour une déclaration en partie vraie, même si scandaleuse, combien la pression est grande sur le président des États-Unis. Bousculé et contraint par une opinion publique exigeante, il a été obligé de faire un tweet pour démentir avoir tenu le propos dans les termes rapportés. Dans son camp politique, on ne le ménage pas. Chez les démocrates, on ravive les braises qui couvent déjà sous son fauteuil. Il est fragilisé et toute étincelle supplémentaire, ajoutée aux feux déjà brûlants, peut faire exploser son mandat.

A l’inverse, en Haïti, pour lequel s’exerce, en partie, cette pression énorme sur le mandat de Trump :

Nous avons accepté que notre président soit un inculpé. Nous avons défendu un sénateur trafiquant de drogue. Nous avons accepté l’indigence d’un président toxicomane revendiquant la délinquance comme vertu. Des universitaires ont accepté, pour conserver leur poste, de se prêter à des jeux immondes en conseil de gouvernement. L’opinion publique haïtienne ne s’émeut point des innombrables scandales de corruption qui ponctuent la vie publique et tout le monde ou presque se moque que l’argent de PetroCaribe ait été dilapidé. Nous avons accepté que le président inculpé nomme à un poste officiel une personnalité recherchée par la justice. Notre jeunesse applaudit un ancien président qui déverse ses insultes sur les femmes et les journalistes à travers une femme journaliste qui a commis le crime de s’être opposée à lui. Et plus grave encore, alors que récemment l’actuel président inculpé avoue avoir nommé des juges corrompus, l’ex président délinquant confie en public l’utilisation faite par l’argent détourné sur son gouvernement.

Et que fait le peuple haïtien ? Que font nos médias ? Que font nos artistes ? Que font nos intellectuels ? Que fait notre société civile ? Nous nous préparons pour le carnaval. Pardonnez mon cri de merde, mais quelle merde plus puante que cette réaction d’un peuple !

Haïti : un trou de merde par la splendeur merdique de ses dirigeants et de ses élites

Ceci dit, tout en reconnaissant la contribution locale à l’éclosion et à l’entretien de ce trou à rats qu’est Haïti, je ne m’interdirai pas pour autant de dire que si Haïti dégage de telles effluves de merde, c’est aussi par l’efficacité des éboueurs d’une partie de la communauté internationale et notamment de l’ambassade des Etats-Unis en Haïti, de quelques officiels américains, de quelques agences et ONG américaines qui exécutent une stratégie merdique consistant à mettre en avant et en premier plan les ordures humaines haïtiennes pour attirer les charognards afin de mieux dépecer Haïti.

Donc, même si la passivité de la population et la complicité des classes moyennes d’Haïti contribuent à entretenir et à structurer ce pays en une certaine merde, Haïti ne serait pas cependant ce trou à rats si des éboueurs professionnels d’une partie de la communauté internationale n’œuvraient pas à exhumer la merde pour l’exposer et s’en gaver avec leurs alliés haïtiens ou ceux qui y sont en transit. Il faut que la franchise, toute merdique qu’elle puisse être, soit assumée proportionnellement. Dans un bilan merdique, il y a les termes du passif et ceux de l’actif. Si le passif de ce bilan merdique est haïtien par la misère et les échecs qui sont flagrants, l’actif de ce bilan, par ses richesses, ses privilèges, ses attributs officiels, ses subventions, ses exonérations, ses impensés, son immunité, est bien au bénéfice de la communauté internationale et de ses alliés et protégés.

Et en faisant confiance à l’histoire, on peut rappeler entre autres que les réserves d’or de la banque d’Haïti ont été emportées par les Étasuniens le 17 décembre 1914, et ce serait encore une histoire d’or qui serait à la base des élections de merde de 2010, de 2015 et de 2016. Une façon de rappeler que c’est à partir de la merde extraite de ce trou à rats qu’est Haïti que bien des fortunes étrangères ont été construites. Donc, en admettant qu’Haïti regorge d’ordures par le fait d’être un trou de merde, on peut légitimement se questionner sur le statut de ceux et celles, d’ici et d’ailleurs, qui ont réussi et qui continuent de réussir, à partir d’une telle indigence. A l’évidence, on admettra que seule la pourriture peut progresser sous les ordures dans un trou de merde.

En conséquence, le statut de trou de merde d’Haïti ne vaut aussi que par la splendeur merdique de ceux et de celles qui réussissent en Haïti notamment par le puissant soutien des officiels américains. Ainsi, en aucun cas le peuple digne d’Haïti ne saurait se sentir froissé par la franchise merdique de Donald Trump qui a l’avantage de nous rappeler qu’il est peut-être temps pour Haïti de se reprendre en mains et d’assumer son destin loin de l’expertise des éboueurs qui se gavent de sa merde pour entretenir ses troupeaux d’indigents.

Donc, si vous en avez assez de la merde que l’on vous sert sur Haïti, joignez votre voix à ce cri pour dire une grande MERDE à ces MERDES qui gouvernent Haïti et qui font de ce pays un trou de merde au bénéfice des MERDES des groupes économiques haïtiens et étrangers, avec le soutien des MERDES de la communauté internationale.

Erno Renoncourt,

Citoyen haïtien vivant dans un trou de merde qui en a marre de respirer la merde et veut s’en débarrasser sans avoir envie d’aller vivre ailleurs

13 janvier 2018

LGS : Puisque l’auteur cite Victor Hugo, on peut se rafraîchir les sens avec ce texte impérissable.

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En finir avec l’eurolibéralisme - Bernard Cassen (dir.) - Mille et Une Nuits, 2008.
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup. La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples. Dans "La fracture (…)
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Les moyens de défense contre un danger extérieur deviennent historiquement les instruments d’une tyrannie intérieure.

James Madison
4ème président des Etats-Unis, 1751-1836

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