Cinéaste britannique à l’oeuvre fortement marquée par un réalisme social souvent dur, Ken Loach revient cette année à Cannes avec Moi, Daniel Blake, présenté en compétition. Derrière la caméra comme dans la vie, l’homme est engagé et ne se prive pas de se prononcer sur ce qu’il croit être juste ou non, comme au travers de cette missive qu’il destine à la réalisatrice israélienne Tali Shalom Ezer, dans laquelle il s’exprime sur l’interminable conflit opposannt les israéliens et les palestiniens.
"Levez-vous, s’il vous plait, du côté des oppressés contre les oppresseurs..."
Cher Tali Shalom Ezer,
Depuis le début, Israël et ses partisans ont accusé leurs délateurs d’être antisémites ou racistes. C’est une tactique pour miner le débat rationnel.
Pour être aussi clair que de l’eau de roche : en tant que réalisateur, vous avez reçu un accueil chaleureux à Edimbourg. Vous n’êtes ni censuré, ni rejeté. L’opposition concernait plutôt à la réception d’argent provenant de l’Etat d’Israël par le Festival.
L’appel en faveur d’un boycott des Institutions culturelles israéliennes est venu de nombreux Palestiniens : écrivains, artistes, journalistes, hommes de loi, académiciens, syndicalistes, enseignants. Ils le considèrent comme « une contribution à la lutte pour la fin de l’occupation d’Israël, sa colonisation et son système d’apartheid. » Qui sommes-nous, pour ne pas tenir compte de leur appel ? Vos arguments de comptoir étaient déjà utilisés contre le boycott sud-africain, qui finit finalement par sortir victorieux.
Nous nous souvenons que les Palestiniens ont été dépossédés soixante ans durant, que leurs maisons ont été détruites et leurs communautés anéanties. Les Israéliens ignorent la loi internationale, la convention de Genève et la plupart des décisions des Nations Unies.
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« Si le Président se présente devant le Peuple drapé dans la bannière étoilée, il gagnera... surtout si l’opposition donne l’impression de brandir le drapeau blanc de la défaite. Le peuple américain ne savait même pas où se trouvait l’île de la Grenade - ce n’avait aucune importance. La raison que nous avons avancée pour l’invasion - protéger les citoyens américains se trouvant sur l’île - était complètement bidon. Mais la réaction du peuple Américain a été comme prévue. Ils n’avaient pas la moindre idée de ce qui se passait, mais ils ont suivi aveuglement le Président et le Drapeau. Ils le font toujours ! ».
Irving Kristol, conseiller présidentiel, en 1986 devant l’American Enterprise Institute
Le 25 octobre 1983, alors que les États-Unis sont encore sous le choc de l’attentat de Beyrouth, Ronald Reagan ordonne l’invasion de la Grenade dans les Caraïbes où le gouvernement de Maurice Bishop a noué des liens avec Cuba. Les États-Unis, qui sont parvenus à faire croire à la communauté internationale que l’île est devenue une base soviétique abritant plus de 200 avions de combat, débarquent sans rencontrer de résistance militaire et installent un protectorat. La manoeuvre permet de redorer le blason de la Maison-Blanche.