RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
28 
Poutine est à prendre au sérieux

"Si la bagarre est inévitable, il faut frapper le premier"

Ce serait une grave erreur pour l’Occident et ses dirigeants de ne pas prendre au sérieux ce que dit Poutine. Il n’est pas du genre à parler pour ne rien dire. Ce qu’il a à dire, il le dit sans élever le ton et sans effet oratoire. Les mots sont pesés, les pensées sont claires et ses intentions sont sans équivoque.

On se souviendra de son intervention, l’an dernier, à la rencontre de Valdaï, où il avait précisé les défis à relever de la part des puissances qui conditionnent les destinées de ce monde.

« …le monde s’est engagé dans une époque de changements et de mutations profondes, époque où nous devons tous faire preuve d’un degré élevé de prudence et d’une capacité à éviter les démarches irréfléchies ».

Cette année, à l’occasion de sa rencontre avec les experts internationaux, réunis à Sotchi pour la XIIe édition du club de discussion de Valdaï, il a de nouveau pris la parole dans un contexte où les problèmes semblent s’accentuer plutôt que de diminuer. Le conflit en Ukraine n’est toujours pas résolu. En Syrie, le droit international de l’État syrien est toujours bafoué par la coalition occidentale qui ignore la souveraineté et l’indépendance du peuple syrien. Elle recrute, forme, arme et finance une soi-disant armée de libération syrienne (ALS) pour lutter contre l’armée syrienne et le gouvernement de Bachar Al-Assad. Pendant ce temps, les terroristes de l’État islamique étendent leur influence et leur domination sur le territoire syrien et, au lieu de disparaître sous les frappes de la coalition occidentale, ils se sont renforcés. Ce fut à tout le moins le cas jusqu’à ce que la Russie intervienne en réponse à l’appel du président Bachar Al-Assad.

« Les États-Unis possèdent un grand potentiel militaire, mais il est toujours difficile de mener un double jeu : lutter contre les terroristes et en même temps en utiliser certains pour poser des pions sur le damier du Moyen-Orient dans leur propre intérêt. Il est impossible de vaincre le terrorisme si l’on utilise une partie des terroristes comme un bélier pour renverser des régimes que l’on n’aime pas. On ne peut pas ensuite se débarrasser de ces terroristes. C’est une illusion de croire qu’on pourra les chasser du pouvoir. Le meilleur exemple nous est donné par la situation en Libye. On espère que le nouveau gouvernement pourra stabiliser la situation, mais ce n’est pas le cas pour l’instant ».

Ce double jeu des États-Unis et de ses alliés agace d’autant plus Vladimir Poutine qu’il rend pratiquement impossible toute action concertée pour se libérer de l’État islamique et du terrorisme, quelle que soit la forme qu’il prend. Il n’y a pas, comme il le dit dans une autre partie de son intervention, un terrorisme modéré et un terrorisme cruel. Dans les deux cas on tue et l’on assassine, faisant fi de tout droit et de toute loi.

« Il ne faut pas diviser les terroristes entre modérés et non-modérés. On voudrait savoir la différence. Les experts disent que les terroristes « modérés » décapitent les gens de façon modérée ou tendre »

Deux conflits majeurs permettent de cerner avec précision ce qui sépare l’approche de la Russie de celle des États-Unis et de L’Europe.

En Ukraine, la Russie a toujours soutenu que le conflit en est un entre le Donbass et le gouvernement central de Kiev. Il appartient donc au gouvernement de Kiev de reconfigurer la constitution en concertation avec les gouvernements du Donbass (Donetsk et Lougansk) de manière à respecter leurs particularités culturelles et leur autonomie comme peuples. C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle en est arrivé Minks2. À ce jour Kiev se résiste à cette concertation assurant un statut particulier pour cette région du sud-est de l’Ukraine.

Les États-Unis, n’ayant pas participé directement à ces négociations de Mink2 n’en continue pas moins à apporter leur soutien au gouvernement central de Kiev en lui fournissant des armes et en formant des soldats pour lutter contre les populations du Donbass.

En Syrie, la Russie reconnaît la légitimité de l’État syrien ainsi que celle de son président, Bachar Al-Assad. C’est d’ailleurs à l’invitation de ce dernier que la qu’elle intervient pour lutter contre les terroristes de l’État islamique qui n’ont rien à voir, comme tel, avec le peuple syrien. Par contre, les groupes armés, d’une soi-disant opposition syrienne, profitent de la présence de l’État islamique pour accentuer leurs actions contre l’armée régulière et le gouvernement de Bachar Al-Assad. À plusieurs reprises, la Russie a demandé aux États-Unis qui l’accusent de bombarder cette armée de l’opposition qu’ils soutiennent en armements, en formation et en argent de leur fournir la liste des positions de l’ALS. Tout ceci pour éviter de les prendre pour cibles. Cette requête est demeurée sans réponse. Pour la Russie, Il appartiendra à l’armée régulière syrienne de les combattre ou aux responsables politiques des deux groupes en litige de résoudre entre eux, leurs différents. Pour Moscou, ce sera toujours le peuple syrien qui devra avoir le dernier mot concernant le choix de ses dirigeants et le régime politique de l’État.

Quant aux États-Unis et ses alliés, ils ne reconnaissent pas la légitimité du gouvernement dirigé par Bachar Al-Assad et n’en tiennent aucunement compte dans leurs interventions en Syrie. Ils recrutent des mercenaires d’un peu partout à travers le monde pour grossir les rangs de l’ASL. Cette opposition armée n’est en rien comparable avec les combattants du Donbass, en Ukraine. Dans ce dernier cas, ce sont les populations locales, soutenues par leurs gouvernements régionaux, qui réclament un statut spécial qui respecte leur particularité culturelle et ethnique.

Il est évident que les approches ne sont pas du tout les mêmes et que les fondements qui les soutiennent ne répondent pas aux mêmes principes.

Pour la Russie, il est prioritaire de respecter le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de celui des États à jouir pleinement de leur indépendance et souveraineté.

Pour les États-Unis et ses alliés européens, le principe qui sous-tend tous les autres est celui de la subordination des régimes politiques et économiques à leurs intérêts. La gouvernance mondiale recherchée nivelle le principe des nations et, avec ce dernier, celui de leurs droits.

La rencontre de Vienne

Cette rencontre sur trois jours des principaux acteurs concernés dans cette guerre en Syrie n’a malheureusement pas donné les résultats escomptés. Les États-Unis ont décidé d’envoyer des militaires en Syrie pour soutenir l’armée d’opposition syrienne et poursuivre ainsi leurs actions contre le gouvernement syrien. Cette décision prend la forme d’une véritable provocation contre l’intervention russe en Russie. Sous des dehors de promoteur de la paix en Syrie, John Kerry se moque éperdument de la Russie et de son ministre des relations internationales, Serguei Lavrov. Il parle et agit comme si les États-Unis avaient toujours bien en main le leadership de la lutte contre le terrorisme et des voies à suivre pour rétablir la paix en Syrie.

Cette intervention du secrétaire d’État, John Kerry, ne prend aucunement en compte l’approche russe de la lutte contre l’État islamique pas plus d’ailleurs que celle de la reconnaissance légitime du Gouvernement syrien. Plus tôt, le chef de la diplomatie russe s’était prononcé pour un règlement politique du conflit syrien impliquant la participation du président Bachar Al-Assad et la participation de l’ensemble de l’opposition syrienne non armée.

Il faut dire que les provocations des États-Unis contre la Russie ne manquent pas. Tout est mis en œuvre pour discréditer ses interventions en Syrie et minimiser ses succès. Sur la scène européenne, l’étau se resserre autour de la Russie. Sur ce dernier point, la Russie a servi un sérieux avertissement à l’OTAN.

"Il s’agit du rapprochement de l’OTAN et de ses infrastructures militaires vers nos frontières, ce qui constitue un phénomène que nous considérons comme indésirable et dont nous expliquons depuis longtemps les potentielles conséquences dangereuses", a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov à la question de commenter les informations parues dans le WSJ.

Que va conclure Vladimir Poutine de tout cela ?

Il est certain qu’il a décodé depuis un bon bout de temps la stratégie et les objectifs des États-Unis. Les comportements de ses "partenaires" occidentaux, comme il les appelle, lui confirment le fait qu’ils ne démordent pas de leur grand projet de s’asservir les nations et les peuples. La confrontation est de plus en plus plausible. Sur ce dernier point, John Kerry qui se dit optimiste quant à la non intervention de la Russie peut très bien se tromper. Il devrait plutôt prendre très au sérieux ces propos tenus par Vladimir Poutine à la tribune de Valdaï.

Il y a 50 ans, à Saint-Pétersbourg, la rue m’a appris une règle : si la bagarre est inévitable, il faut frapper le premier.”

L’Occident risque beaucoup à ne pas prendre au sérieux Vladimir Poutine.

Oscar Fortin

»» http://humanisme.blogspot.ca/2015/10/si-la-bagarre-est-inevitable-il-faut.html

Le double jeu des États-Unis et de ses alliés empêche toute action concertée contre l’État islamique et le terrorisme


URL de cet article 29523
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Missions en conflit
Piero GLEIJESES
Cet ouvrage présente un récit haletant de la politique cubaine en Afrique de 1959 à 1976 et de son conflit croissant avec les États-Unis. L’auteur conduit le lecteur des premiers pas de Cuba pour aider les rebelles algériens combattant la France en 1961, à la guerre secrète entre La Havane et Washington au Zaïre en 1964-65 — où 100 Cubains menés par le Che Guevara ont affronté 1 000 mercenaires contrôlés par la CIA — et, finalement, à l’envoi héroïque de 30 000 Cubains en Angola en 1975-76, qui a stoppé (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"De toutes les ironies exprimées par la politique étrangère américaine, notre position vis-à -vis de Cuba est la plus paradoxale. Une forte dégradation de la situation économique a provoqué une poussée du nombre de Cubains entrant illégalement aux Etats-Unis.

Nous faisons tout ce que nous pouvons pour détériorer la situation économique et ainsi accroître le flux. Nous encourageons également cet exode en accordant aux Cubains, qui arrivent illégalement ou qui s’approchent par voie de mer, un statut de résident et une assistance pour s’installer.

Dans le même temps, nous n’avons pas respecté les quotas de visas pour les Cubains désireux d’immigrer aux Etats-Unis [...] quand Castro tente d’empêcher des cubains malheureux de quitter leur pays infortuné, nous l’accusons de violer des droits de l’homme. Mais quand il menace d’ouvrir grand les portes si nous continuons à accueillir sans limites des cubains sans visas - y compris ceux qui ont commis des actes de violence pour aboutir à leurs fins - nous brandissons des menaces imprécises mais aux conséquences terribles. "

Jay Taylor, responsable de la section des intérêts américains à Cuba entre 1987 et 1990, in "Playing into Castro’s hands", the Guardian, Londres, 9 août 1994.

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.