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Thème : Vladimir Poutine

Mohammed Ben Salman : Ne touchez pas à l’argent de Poutine. Voici comment l’Arabie saoudite menace les finances de l’UE

Fulvio SCAGLIONE
L'entente cordiale entre l'Arabie Saoudite et la Russie, signe des temps qui changent mais aussi résultat de plus de dix ans d'activisme diplomatique de Vladimir Poutine à l'égard du Moyen-Orient (son premier voyage dans la région, notamment en Israël, remonte à 2005 ; le dernier, en Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis, à décembre 2023), vient de subir un nouveau coup dur en ces heures. Selon l'agence Bloomberg, en effet, les Saoudiens ont averti qu'ils pourraient liquider certains investissements qu'ils ont réalisés au fil des ans dans la dette de certains pays européens si le G-7 devait saisir les quelque 300 milliards de dollars d'actifs russes gelés depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, dont la majeure partie (plus de 90 %) est détenue précisément dans l'UE. Selon les rumeurs, le pays le plus visé par les autorités saoudiennes serait la France. Et l'avertissement, appelons-le ainsi, aurait été transmis confidentiellement à plusieurs autres pays par le ministère des (…) Lire la suite »

Vu de Chine. Les élections présidentielles russes de 2024 vont bouleverser le monde. Les médias français s’affolent.

Jean PEGOURET

(Logo : queue devant le consulat de Russieà Shanghaï le 17 mars 2024)

L’attentat politique le plus important d’après la fin de la guerre froide qui rend possible la redéfinition des rapports géopolitiques mondiaux. Les élections présidentielles russes qui se sont tenues entre le 15 et le 17 mars 2024 ont mobilisé 77% des électeurs inscrits, décrit comme un record de participation. Ce chiffre lui-même est plus édifiant que les 88% qui ont choisi de reconduire Vladimir Poutine à la tête de la Fédération de Russie.

Les Russes ont rejeté les règles revendiquées comme universelles par l’hégémon de Washington et ses vassaux occidentaux depuis la fin de la guerre froide. Ils ont aussi massivement manifesté que le moment n’était pas venu, en pleine guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie sur le sol de l’Ukraine, de « changer de cheval au milieu du gué ». Les Russes savent aussi que Poutine est le dirigeant qui, en 25 ans, a sorti la Russie du marasme des années 90 suivant la dissolution de l’Union Soviétique, a su faire de ce que les Occidentaux qualifiaient avec sarcasme de « station-service déguisée en pays » la première économie européenne en parité de pouvoir d’achat malgré les sanctions occidentales unilatérales et nouer des partenariats géostratégiques solides avec des voisins en Orient et dans le reste du monde. Le Président Poutine a désormais les mains libres pour conduire le programme de développement de la Fédération qu’il a annoncé le 29 février 2024, la guerre contre (…) Lire la suite »

L’arnaque de 1995 : pourquoi Poutine gagne

Pino ARLACCHI

Poutine a de nouveau remporté les élections, et son succès semble être une énigme pour de nombreux commentateurs. J'ai connu et visité plusieurs fois la Russie post-communiste, celle des années 1990. La Russie d'Eltsine : un État à l'agonie dont les plus grands architectes et bénéficiaires étaient les gouvernements occidentaux associés aux oligarques du style Khodorkovsky et Berezovsky. Un État en euthanasie, amoureusement assisté par la finance occidentale, qui avait saisi l'occasion de la chute du communisme pour bâtir une montagne d'argent sur lui. Ce sont les banques européennes et américaines qui ont accaparé l'argent des oligarques et contribué à mener un grand pays au bord de la faillite.

L'élite criminelle la plus proche des oligarques amis d'Eltsine était les patrons de Cosa Nostra. Même férocité, même proterité politique masquée, chez les Russes, par un niveau de richesse, d'éducation et de statut social bien supérieur. Les anciens chevriers des Corleone n'ont jamais rêvé des niveaux d'opulence et de sophistication des magnats du crime russes. Le chef de la mafia russe était Boris Berezovsky, celui que l'on interviewait en tant que réfugié politique en Angleterre. Un homme capable d'ordonner un assassinat dans la matinée, puis d'aller dîner avec un George Soros déterminé à le rédimer. Berezovsky était mathématicien, membre de l'Académie des sciences de Russie, et Khodorkovsky lui-même était un important dirigeant du parti. Les autres patrons étaient tous connus du grand public en tant que parlementaires, hommes d'affaires, maires, propriétaires de journaux et de télévisions. Sans ce niveau intellectuel et politique, l'oligarchie criminelle russe n'aurait pas (…) Lire la suite »

La deuxième mort d’Alexeï Navalny

Djamel LABIDI

Alexeï Navalny est mort. Il est mort le 16 février 2024. Il reste son image : son air désinvolte, comme si rien ne le concernait vraiment, sa dégaine de grand adolescent, son regard ironique et rieur, cette façon qu'il avait de tendre sagement ses poignets pour qu'on lui retire les menottes ou de rester debout patiemment à l'écoute des juges, et surtout ce large sourire à la fois joyeux et triste.

On ne peut être un homme mauvais avec un tel sourire, avec un tel regard. Il y avait indubitablement quelque chose d'attachant chez lui. Les autorités et les médias russes décrivent un parcours contradictoire et chaotique. Il a été condamné à plusieurs reprises pour escroquerie et détournement de fonds sociaux. Lui, rétorquait qu'il s'agissait de procès politiques, préfabriqués. On décrit aussi un homme qui a été d'abord nationaliste, xénophobe, avec des positions extrêmement violentes contre l'émigration en Russie. Ses partisans disent qu'il a évolué vers une vision démocratique, libérale et humaniste. On pourra dire ce qu'on veut de lui ou sur lui, mais il avait eu le courage de revenir dans son pays. Ceci signe ce qu'est une personne. Qui pourrait douter alors de son affection pour sa patrie ? Incidemment, et ce qui n'enlève rien à son mérite, on s'aperçoit aujourd'hui comment il faut se méfier de cette histoire de la tentative de l'empoisonner le 20 aout 2020. Si tel avait (…) Lire la suite »

Transcription de l’entretien accordé par Vladimir Poutine à Pavel Zaroubine du 14 février 2024

Christophe TRONTIN

L’entretien accordé par Vladimir Poutine à Tucker Carlson a fait des vagues et suscité des réactions dans le monde entier. Bien sûr : elle représentait une première brèche dans la chape de plomb organisée par l'Occident, chantre de la liberté d'information et d'expression, sur la politique russe et ses motivations. En Russie aussi, les commentaires et exégèses se sont multipliés, au point que Vladimir Poutine a jugé utile de préciser ses vues dans cette seconde interview accordée au journaliste Pavel Zaroubine et publiée sur le réseau russe dzen.ru

PZ. Vladimir Vladimirovitch, l’interview que vous avez accordée à Tucker Carlson dépasse le milliard de vues, et les commentaires sont dans l’ensemble plutôt positifs. Ils contrastent évidemment avec l’appréciation de la plupart des leaders occidentaux. Le chancelier allemand, le premier ministre britannique par exemple, ont qualifié, je cite, d’ « absurde et d’incohérente [votre] tentative d’expliquer et de justifier le début de l’opération militaire spéciale par la menace qu’aurait fait peser l’Otan sur la Russie. » Que pensez-vous de ces interprétations ? Vladimir Vladimirovitch Poutine. Premièrement, il est bon qu’ils regardent et écoutent ce que je dis. Dans la mesure où nous ne parvenons pas aujourd’hui, pour diverses raisons relevant de leur responsabilité, à conduire un dialogue direct, nous devons être reconnaissants à M. Carlson de ce que nous pouvons le faire par son truchement, en qualité d’intermédiaire. Ils écoutent, ils regardent : c’est bien. Mais le fait qu’ils (…) Lire la suite »

Evgueni Prigogine

Djamel LABIDI

Quelles que soient les circonstances de la mort d'Evgueni Prigogine, une chose est sûre, ceci ne serait jamais arrivé si les normes de l'État de droit avaient été respectées, c'est à dire si Prigogine avait été arrêté, pour être jugé de sa tentative de putsch, menée en pleine guerre de son pays.

C'est un devoir, pour qui prend le risque d'écrire, de chercher à rester lucide. Si les mérites de Vladimir Poutine sont immenses, non seulement à l'égard de son pays, mais aussi du monde dans son combat pour un nouvel ordre international, ils ne sauraient cependant justifier l'absence d'esprit critique, et ici par rapport à la question du respect des principes du droit, quelles que soient les situations.. La fin ne justifie jamais les moyens, et le nouvel ordre international qui émerge a besoin des principes dont l'ordre occidental en déclin ne s'est jamais, lui, en fait, soucié. L'Histoire n'est jamais simple Certes les épisodes de guerre, de crises intenses, créent des situations telles qu'elles peuvent donner l'impression qu'il est permis, parfois, que les normes habituelles de la vie sociale ne soient pas, respectées. On connait le dicton "A la guerre comme à la guerre". Mais ce n'est jamais une excuse. Un précédent historique contemporain, intéressant pour notre (…) Lire la suite »

L’Ouest et Poutine

Fulvio SCAGLIONE

Fulvio Scaglione a été rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire Famiglia Cristiana de 2000 à 2016. Correspondant de l'Union Soviétique et de la Russie, il a suivi la transition de la Russie et des anciennes républiques soviétiques, puis la guerre en Afghanistan, en Irak et les questions relatives au Moyen-Orient. Il est considéré comme la voix du pape François en matière de politique étrangère, une ligne plus progressiste qui tranche avec celle prônée par ses prédécesseurs plus proches de la droite néoconservatrice.

En 23 ans au Kremlin, Vladimir Poutine a été tenu pour fini un nombre incalculable de fois. Parce qu'on n'a pas compris que... https://letteradamosca.substack.com/p/il-vizietto-delloccidente Sur la photo ci-dessous, celle de gauche est une couverture de The Economist (Royaume-Uni) datant de 2011 : le titre indique "Le début de la fin pour Poutine". Celle de droite, en revanche, est la page d'accueil de Foreign Affairs (États-Unis) d'il y a quelques jours, en juin 2023 : le titre dit "Le début de la fin pour Poutine ?". En douze ans, la seule différence réside dans ce petit point d'interrogation. Douze ans pour s'interroger. Ce ne sont là que deux exemples de l'éternel vice de l'Occident, particulièrement prononcé lorsqu'il s'agit de la Russie. Celui de prendre les souhaits pour des réalités, les hypothèses pour des faits. Deux exemples qui, à vrai dire, ne figurent même pas parmi les plus flagrants. Pour 2011, The Economist a évoqué la "révolution blanche", c'est-à-dire la (…) Lire la suite »
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Poutine et ce qui compte vraiment sur l’échiquier

Pepe ESCOBAR

Il est fascinant de voir comment les correspondants de guerre russes jouent désormais un rôle similaire à celui des anciens commissaires politiques de l’URSS.

La rencontre du président Poutine avec un groupe de correspondants de guerre russes et de blogueurs de Telegram – notamment Filatov, Poddubny, Pegov de War Gonzo, Podolyaka, Gazdiev de RT – a été un exercice extraordinaire de liberté de la presse.

Il y avait parmi eux des journalistes sérieusement indépendants qui peuvent être très critiques sur la façon dont le Kremlin et le ministère de la Défense (MoD) mènent ce qui peut être défini alternativement comme une opération militaire spéciale (OMS) ; une opération de contre-terrorisme (OCT) ; ou une « presque guerre » (selon certains cercles d’affaires influents à Moscou). Il est fascinant de voir comment ces journalistes patriotes/indépendants jouent désormais un rôle similaire à celui des anciens commissaires politiques de l’URSS, tous profondément engagés, à leur manière, à guider la société russe vers l’assèchement du marais, lentement mais sûrement. Il est clair que Poutine non seulement comprend leur rôle, mais que parfois, « à la manière d’un choc dans le système », le système qu’il préside met effectivement en œuvre les suggestions des journalistes. En tant que correspondant étranger travaillant dans le monde entier depuis près de 40 ans, j’ai été très impressionné (…) Lire la suite »

« En France, la liberté d’expression n’est qu’un récit pré-formaté et pré-conditionné »

Oleg OSTERENKO

Interview d’Oleg Nesterenko, président du CCIE, accordé à la publication "L'Eclaireur des Alpes".

Partie 3/3 L’Eclaireur - Pourquoi et qui a intérêt à faire durer cette guerre ? Oleg Nesterenko - Je voudrais d’abord revenir sur la durée de la guerre... Les annonces sur la base des plans de Poutine de commencer et terminer la guerre en deux semaines ont été faites uniquement et exclusivement par les mass-médias et la propagande “atlantiste” dans le cadre de la guerre l’information qu’ils sont en train de mener vis-à-vis de l’électorat occidental. Faire attribuer à autrui des actions ou déclarations farfelues et ensuite, les discréditer en grande pompe, c’est l’un des outils basiques de manipulation des masses. Du côté russe, jamais, pas une seule fois, une telle stupidité n’a été annoncée par quelqu’un. Pourquoi ? Prenons comme exemple la guerre en Tchétchénie. Cette guerre a duré pratiquement deux ans, de 1994 à 1996. Et, en 1999-2000, des opérations supplémentaires ont été menées qui ont duré sept mois de plus, afin d’éradiquer le problème. En comparaison avec (…) Lire la suite »

Occident : quand la médiacratie légitime l’assassinat politique

Djamel LABIDI

Ces derniers jours de mai , les principaux médias d'Occident font la propagande intense du projet d'assassinat de Poutine.

Le prétexte en est l'annonce de ce projet, au grand jour, sans aucun état d'âme, par les services secrets ukrainiens. Dans une interview au journal allemand Die Welt , le 25 mai, le directeur adjoint des services du renseignement militaire de Kiev (le GUR),. Vadym Skibitsky, déclare que la mort du président russe est actuellement la « priorité absolue » de ses services. Et comme pour être sûr d'être compris il répète la même chose, le même jour à Kiev, au journal italien La Repubblica. Cette interview est l'occasion, ou plutôt le prétexte, car ce n'est pas la première fois que ce thème est médiatisé, de reprendre en boucle l'information sur tous les médias occidentaux. La propagande occidentale ne se contente pas de reprendre l'information, elle la diffuse à grande échelle, elle renchérit sur ce projet criminel, elle le légitime. Plus grave, elle le banalise. " Poutine ne serait-il pas le responsable de cette guerre ? N'est-il pas un dictateur ? ". " C'est connu, disent-ils, la (…) Lire la suite »
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