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Une Révolution qui ouvre la voie à une humanité nouvelle.

NOTE DE L’AUTEUR : J’étais à mettre la dernière main à ce texte qui se voulait un rappel de cette marche révolutionnaire de tout un peuple avec, à leur tête, de jeunes barbus aux idéaux humains très élevés, lorsque j’apprends que les Etats-Unis ont décidé de renouer leurs relations diplomatiques avec Cuba et de procéder à la libération des trois antiterroristes cubains en échange du prisonnier étasunien condamné pour espionnage et actions de sabotage. Il s’agit là d’une grande nouvelle qui devrait rapidement conduire à l’élimination de ce blocus criminel qui dure depuis plus de 55 ans.

Le premier janvier 1959 de jeunes révolutionnaires mirent en déroute le dictateur Batista, un des plus sanguinaires que le pays ait connu, ainsi que tous ses alliés oligarchiques, tant de la mafia locales que de Washington. À leur tête, il y avait ce jeune avocat de 33 ans, Fidel Castro. Il n’était pas seul. Son frère Raoul, plus jeunes de quelques années, faisait partie de ces jeunes révolutionnaires qui préparaient, depuis 1952-1953, cette victoire. À ces deux frères Castro, fils d’un grand propriétaire terrien de l’époque, se joignirent d’autres jeunes dont ce jeune médecin argentin, Ernesto Guevara, rencontré au Mexique en 1956 et vite devenu le Che.

En 1953, lors de l’attaque de la caserne de Moncada, un 26 juillet, ils étaient une centaine. Plusieurs ont été tués, d’autres faits prisonniers et certains ont pu prendre la fuite. Fidel et Raoul ont été au nombre des prisonniers et c’est lors du procès dont Fidel assuma lui-même sa défense qu’il a surpris les magistrats, peu accoutumés d’entendre un accusé réclamer sa condamnation.

"Je terminerai ma plaidoirie d’une manière peu commune à certains magistrats en ne demandant pas la clémence de ce tribunal. Comment pourrais-je le faire alors que mes compagnons subissent en ce moment une ignominieuse captivité sur l’Ile des Pins ? Je vous demande simplement la permission d’aller les rejoindre, puisqu’il est normal que des hommes de valeur soient emprisonnés ou assassinés dans une République dirigée par un voleur et un criminel. Condamnez-moi, cela n’a aucune importance. L’histoire m’absoudra."

Il sera condamné à 15 ans de prison alors que son frère Raoul, également prisonnier, sera condamné à 13 ans. Toutefois, en 1955, sous pression de personnalités civiles et de jésuites, anciens professeurs de Fidel, une amnistie a été consentie en faveur de tous les prisonniers politiques. Voici comment Wikipédia raconte ces évènements :

« En 1955, en raison de la pression de personnalités civiles, de l’opposition générale, et des jésuites qui avaient participé à l’instruction de Fidel Castro, Batista décide de libérer tous les prisonniers politiques, y compris les attaquants de Moncada. Les frères Castro partent en exil au Mexique, où se retrouvent tous les Cubains décidés à renverser la dictature de Batista par la révolution cubaine. Pendant cette période, Castro a également rencontré Ernesto « Che » Guevara, qui a joint leurs forces. Ils sont entrainés par Alberto Bayo, un ancien chef militaire des républicains espagnols exilé au Mexique à la fin de la guerre civile espagnole. »

Le groupe, formé de 82 jeunes révolutionnaires déterminés à libérer leur peuple de l’emprise du dictateur quitte le Mexique, en novembre 1956, sur un petit bateau, baptisé Granma. Tout était planifié pour toucher le sol cubain le 1er décembre. Au même moment, était planifié à la Havane et dans d’autres grandes villes du pays des manifestations pour distraire les Batista, autorités et leur permettre un débarquement sans grande difficulté. Malheureuse, une tempête les a frappés et les a fait dévier de leur trajectoire initiale tout en occasionnant un retard de 2 jours sur leur calendrier.

Ce fut à partir de ce moment que ces révolutionnaires se transformèrent en guérilleros et qu’ils firent de la Sierra Maestra le tremplin devant les conduire à la victoire finale qui se concrétisa le 1er janvier 1959.

Ce ne sera toutefois que le 8 janvier 1959 que Fidel arrivera à la Havane entouré par ses principaux combattants et attendu par tout un peuple. Un peuple venait de briser le premier maillon d’une chaîne qui le retenait dans l’esclavitude, l’analphabétisme, la maladie et la pauvreté.

Cette mise en déroute du dictateur Batista et de ses élites représentait la première manche d’une révolution destinée à bâtir un espace de dignité et de conscience sociale rendant possible l’émergence d’une humanité nouvelle, d’un monde nouveau. Tout reste à faire et à construire, mais l’enthousiasme et l’esprit révolutionnaire sont là pour ouvrir la voie à un tout autre destin que celui de l’oppression et de la domination..

Cette victoire de ces jeunes révolutionnaires soutenus par leur peuple constitue l’espérance pour tous les peuples de l’Amérique latine et d’Afrique, que les forces de l’Empire ne sont pas invincibles et que le destin des opprimés n’est pas inscrit dans la nature des choses mais seulement dans l’esprit des prédateurs et des dominateurs. Les peuples unis, peu importe leur dimension, peuvent briser cette dépendance et cette domination.

Il ne saurait être question que ces « barbus révolutionnaires se mettent à faire la loi sur une terre que les États-Unis considèrent comme leur ‘cour arrière ». Le président Eisenhower est convaincu qu’il faut rapidement mettre un terme à cette révolution qui peut s’étendre, comme un feu de poudre, à l’ensemble de l’Amérique latine.

La stratégie des sanctions et du blocus économique

Ce sera le sous-secrétaire d’État aux affaires internationales, Lester D. Malory, qui ouvrit la porte à cette approche des sanctions. Dans son rapport du 6 avril 1960, il confirme le fait que la majorité des Cubains appuient Castro et que dans les circonstances on ne saurait compter sur un soulèvement populaire pour renverser Castro.

« le seul moyen prévisible de réduire le soutien interne passait par le désenchantement et le découragement basés sur l’insatisfaction et les difficultés économiques (…) Tout moyen pour affaiblir la vie économique de Cuba doit être utilisé rapidement (…) : refuser de faire crédit et d’approvisionner Cuba pour diminuer les salaires réels et monétaires dans le but de provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement. »

Ce sera toutefois J.F. Kennedy qui donnera à ce blocus sa forme officielle.

Le 3 février 1962, par l’ordre exécutif présidentiel 3447, est mis en œuvre formellement l’« embargo » total du commerce entre les États-Unis et Cuba. Kennedy a imposé des restrictions aux voyages vers l’île. Le 24 mars 1962, le département du Trésor nord-américain annonce l’interdiction de l’entrée sur le territoire nord-américain de tout produit élaboré, totalement ou partiellement, avec des produits d’origine cubaine, même dans un pays tiers. En juillet 1963 entre en vigueur le règlement pour le contrôle des actifs cubains qui interdit toutes les transactions avec Cuba et ordonne le gel des avoirs de l’État cubain aux États-Unis. En mai 1964, le département du Commerce établit l’interdiction totale des embarcations d’aliments à destination de Cuba, bien que dans la pratique celles-ci ne s’effectuaient déjà plus.

Tout ceci pour pouvoir dire un jour que la révolution cubaine fut un véritable désastre pour le peuple cubain. Ce que Obama appellera 55 plus tard "les bonnes intentions"de ceux qui en étaient les auteurs initiaux.

Invasion de la Baie des Cochons (avril 1961)

Les premières mesures restrictives mises en place par Eisenhower ne pouvait à elles seules conduire rapidement au renversement des révolutionnaires. Il fallait agir avec plus de muscles. Ce fut l’invasion de la Baie des Cochons, en avril 1961, dont l’objectif fut de renverser ce nouveau gouvernement sous la direction de Fidel Castro. Toutefois, ce fut pour les envahisseurs, une cuisante défaite.

« L’intervention de la milice et des troupes de Fidel Castro, appuyés par la dizaine d’avions militaires cubains encore en état, mettent l’envahisseur en déroute et les combattants anticastristes se rendent à l’armée cubaine le 19 avril. »

Plus de 1000 prisonniers furent placés sous l’autorité du président Fidel Castro. Ils furent jugés mais pas condamnés à la mort. Ils furent plutôt monnaie d’échange contre de la nourriture et certains autres biens essentiels.

« Nous avons capturé plus de mille prisonniers, que nous avons traités correctement selon la tradition de notre armée de libération contre les colonisateurs, et plus encore selon celle de l’armée rebelle dans la Sierra Maestra. Une chose qu’eux-mêmes ont reconnue. Et ce, même s’ils ne le méritaient pas vraiment. En fin de compte, ces mercenaires avaient attaqué leur propre patrie juste pour l’argent. Fidel a discuté avec eux, et en particulier avec les noirs et les plus pauvres. “Vous êtes vous-mêmes persécutés. Que venez-vous faire ici exactement ? Etes-vous du côté de votre propre oppresseur ?” Finalement, nous avons échangé ces prisonniers contre de la nourriture pour bébé. »

Cette aventure de la Baie des Cochons amena Fidel à chercher une issue pour que pareille tentative d’invasion ne puisse se reproduire. Ce fut le début d’une relation nouvelle avec l’URSS. C’est dans ce contexte que se situe la crise des missiles.

La crise des missiles, octobre et novembre 1962

Cette histoire est déjà passablement documentée. Je dirai seulement qu’après cette invasion surprise de la Baie des Cochons, Cuba était plus qu’ouvert pour qu’un signal fort soit donné aux adversaires du peuple cubain. Les circonstances ont voulu que la Russie se présente et fasse entendre que le territoire de Cuba doit être respecté ainsi que ceux qui en détiennent le pouvoir. C’est dans le cadre de ces échanges qu’il y aurait eu cet engagement ferme de la part des Etats-Unis de ne pas envahir par les armes Cuba.

À lire ici ce que nous en dit Le Monde diplomatique.

Tout au long des années à suivre, les actions de sabotages, d’infiltration d’agents visant la manipulation de la population, d’actions terroristes ayant pour objectif de faire fuir les touristes de l’Ile etc. ont été des défis à relever.

La seconde partie mettra en évidence l’esprit de cette révolution et ce qu’elle est parvenue à réaliser en dépit de tout.

UNE RÉVOLUTION QUI SE RÉVÈLE PAR SA SOLIDARITÉ ET SON HUMANITÉ (Partie 2)

Le premier janvier 2015 marquera les 55 ans de cette grande victoire sur le dictateur Batista, mais aussi et surtout sur un régime social, politique et économique qui asservit la personne humaine et en fait une marchandise. Ce sera sur ce dernier point que l’esprit de la révolution cubaine se révèlera progressivement tout au long de ses 55 ans de marche vers une manière nouvelle d’être toujours plus humain. Vu du dehors, c’est comme assister à la naissance d’une humanité nouvelle qui se fait dans les douleurs de l’enfantement. Un enfantement que les puissances de ce monde ont tout fait qu’il n’arrive pas à terme.

Après toutes ces luttes dont il se serait passé, le peuple cubain est toujours là avec Fidel et Raoul Castro comme guides et témoins d’un monde nouveau à naître et à faire grandir.

On ne peut pas parler du présent de la Révolution cubaine sans avoir à l’esprit cette histoire de harcèlements qui se poursuit toujours, sous de multiples formes, de la part des Etats-Unis. En dépit de tous les obstacles placés sur sa route, ce Peuple est parvenu à faire des pas de géants dans de nombreux secteurs dont ceux de la santé, de l’éducation et, plus que tout, de la solidarité. C’est à travers cette solidarité que se révèlera le plus l’esprit de cette révolution.

Les acquis fondamentaux de cette révolution

La solidarité internationale de ce peuple en a fait un des pays les plus solidaires de la planète. L’ex-président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Miguel D’Escoto, déclarait que Fidel était l’homme le plus solidaire qui lui ait été donné de connaître. Dans une entrevue, accordée à Culture et Foi, il a ces paroles en réponse à la question de savoir comment il jugeait ce réveil des nations latino américaines.

« Je crois que nous sommes en train de voir les fruits de l’exemple et de la lutte de Fidel, diabolisé par l’Occident pour avoir prêché la solidarité. Fidel ne l’a pas seulement prêchée, il a prêché par l’exemple. Pour moi, et cela je le dis aux Nations Unies, il est le héros mondial de la solidarité. Comme je voudrais pouvoir dire que mon Église est celle qui a porté la flamme de la solidarité ! Mais je ne peux le dire, parce que ce n’est pas vrai. Les plus hauts représentants de notre Église viennent aux Nations Unies et rien ! Il n’y a pas de souffle, pas de passion, pas de feu, tout est éteint et l’Esprit se sert des laïcs, même certains qui se disent agnostiques et non croyants. »

Cette solidarité s’illustre de nouveau avec ces centaines de médecins partis en Afrique pour y contrer l’épidémie de l’Ébola. Ce fut également le cas pour Haïti suite au terrible tremblement de terre qui fit des milliers de morts et des centaines de milliers de blessés. Je vous invite à lire sur ce sujet cet excellent article. Il va sans dire que les articles sur le sujet ne manquent évidemment pas. Je me permets toutefois de relever celui du New York Times, daté du 20 novembre 2014 sous le titre Cuba : de l’étoile solitaire à l’étoile solidaire.

Cette solidarité, exprimée de diverses manières, allant du soutien militaire à la lutte contre l‘apartheid en Afrique, de la formation de médecins par milliers en passant par l’éducation, l’alphabétisation et les opérations miracles à travers l’ensemble de l’Amérique latine, trouve sa source et son inspiration dans l’esprit de cette révolution, lancée, en 1953, par ces jeunes barbus aux idéaux humanistes élevés. Pendant que d’autres s’acharnent à produire des bombes, Cuba s’ingénue à ouvrir les esprits aux connaissances, à former par milliers des médecins pour servir là où leur présence est nécessaire. La solidarité est sans calcul et l’esprit en est un de service.

Fidel qui a survécu à plus de 635 tentatives d’assassinat est toujours là pour écrire avec lucidité sur les grandes questions de notre époque et pour accueillir dans sa résidence toute simple, les principaux leaders du monde qui souhaitent le rencontrer.

Il faut mettre au compte de Cuba et des pays émergents les grandes institutions d’intégration des pays de l’Amérique latine, faisant du rêve de Bolivar une réalité toujours plus accessible. L’ALBA et la CELAC comptent au nombre de ces initiatives.

L’homme qui fut diabolisé plus que tout autre et que ses ennemis ont tout fait pour le faire disparaître de la surface de la Terre est toujours là, célébrant cette fois-ci une autre des grandes victoires du peuple cubain : le retour à la raison de son plus grand ennemi, les États-Unis. Il faut évidemment se réjouir de la libération des trois antiterroristes Cubains et de la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, mais plus que tout, il faut se réjouir de cette reconnaissance par le président Obama de la faillite d’une politique qui n’a su avoir raison du peuple cubain pas plus que de ses leaders.

« Bien que cette politique ait été dictée par de bonnes intentions, elle n’a donné que très peu d’effet, car à présent, tout comme en 1961, les Castro et le Parti communiste gouvernent Cuba. »

Je me garderai de commenter ces « bonnes intentions » pour justifier un blocus criminel qui a privé le peuple cubain de plus de 100 milliards de dollars. Ce n’est pas rien pour un pays en développement et témoin d’autant de solidarité.

Ceux et celles qui cherchent quelque chose qui puisse les rapprocher de l’humanisme à visage humain peuvent regarder en cette direction.

Maintenant que les premiers pas ont été donnés, il est plus qu’urgent que Washington donne suite à la volonté internationale des peuples qui votent à très forte majorité, année après année, pour que soit mis fin à ce blocus économique inhumain et criminel.

Je me joins à la joie de tous les peuples pour célébrer cette victoire morale et historique d’un peuple qui ne cesse de se révéler au monde avec un visage humain qui confirme qu’un autre monde est possible.

Oscar Fortin

»» http://humanisme.blogspot.fr/2014/12/une-revolution-qui-se-revele-par-sa.html
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