RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Qu’est-ce qui se cache derrière le manque de soutien aérien étasunien aux défenseurs de Ramadi ?

Pourquoi y a-t-il eu si peu d'attaques aériennes étasuniennes contre les attaquants de l’Etat islamique quand ils ont pris Ramadi ?

La première excuse qu’a donnée l’armée des États-Unis a été « une tempête de sable a mangé mon lunch ». Cette excuse a été avancée dans un article du New York Times :

Les combattants de l’État islamiques ont profité d’une tempête de sable pour faire une avancée militaire d’importance dans les premières heures de l’attaque du groupe terroriste sur la capitale irakienne provinciale de Ramadi, la semaine dernière, dans un assaut qui a forcé les forces de sécurité irakiennes à s’enfuir, ont déclaré lundi des officiels étasuniens encore en poste ou non.

Le sténographe qui a écrit l’article n’a pas pris la peine d’interroger des témoins oculaires ni même de vérifier la météo. Le mythe de la « tempête de sable » est donc né et a tourné en boucle. Mais comme ceux qui regardaient les vidéos et les photos du combat ne voyaient qu’un ciel bleu lumineux, l’armée, mais pas le NYT, a dû se rétracter :

Le colonel Steve Warren, un porte-parole du Pentagone, a déclaré aux journalistes aujourd’hui que la tempête de la semaine dernière n’avait pas affecté la capacité de la coalition à opérer des frappes aériennes à Ramadi, bien que « le temps ait eu une incidence sur le terrain précédemment. »

L’armée étasunienne a donc besoin d’une nouvelle excuse pour expliquer pourquoi elle ne se donne pas vraiment la peine d’attaquer les troupes de l’Etat islamique. Là encore, c’est le NYT qui s’y colle :

Selon des officiels américains, les Etats-Unis ne se livrent pas à des frappes ciblant de manière significative — et évidente – l’État islamique par crainte de tuer accidentellement des civils. Le meurtre d’innocents pourrait être utilisé par les combattants de l’EI pour faire un coup médiatique, et cela aliénerait sans doute aux Etats-Unis, à la fois les tribus sunnites locales, dont le soutien est essentiel pour combattre l’EI, et les pays arabes sunnites qui font partie de la coalition dirigée par les Américains.

La prétendue crainte de tuer des civils est évidemment bidon. Les quelques frappes aériennes étasuniennes lancées contre l’État islamique ont déjà tué des centaines de civils, même s’ils ne l’ont pas reconnu.

L’absurdité de la raison invoquée pour ne pas venir en aide aux défenseurs de Ramadi est aussi démontrée par le fait que les Etats-Unis ont eu de nombreuses occasions pour les attaquer dans des zones où il n’y avait pas ou peu de civils, comme pendant la parade de l’Etat islamique que l’on voit sur cette image. Pourquoi les combattants de l’Etat islamique sont-ils libres de circuler à découvert et en masse sur les routes qui relient la Syrie à l’Irak ?

Ni l’excuse de la « tempête de sable » ni celle de la « crainte » de tuer accidentellement des civils ne semblent être la véritable explication de la décision de ne pas soutenir les troupes irakiennes contre les attaques de l’Etat islamique. On en trouve une bien meilleure explication dans un rapport de 2012 de la Defense Intelligence Agency, récemment déclassifié, qui dit que les EU et les monarchies du Golfe veulent un Etat islamique recouvrant l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak :

« ... Il y a la possibilité d’établir un Principauté salafiste, déclarée ou non, dans l’est de la Syrie (Hasaka et Der Zor), ce qui est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien qui est considéré comme le nœud stratégique de l’expansion chiite (Irak et Iran) ».

Dans une récente émission de TV dominicale, John Bolton, le néoconservateur et ancien ambassadeur des États-Unis à l’ONU, a déclaré :

Je pense que notre objectif devrait être la formation d’un nouvel état sunnite, sur la partie ouest de l’Irak et la partie orientale de la Syrie, dirigé par des modérés ou au pire des autocrates qui ne soient pas des islamistes radicaux. Ce qui reste désormais de l’état irakien n’est ni plus ni moins qu’un satellite des ayatollahs de Téhéran. Il ne faut pas lui venir en aider.

L’armée étasunienne au Moyen-Orient ne soutient pas l’Etat irakien légitime contre l’État islamique illégitime. Elle remodèle le territoire avec comme objectif final « une principauté salafiste » d’une taille donnée sur une partie de la Syrie et de l’Irak, des régions kurdes indépendantes et un état croupion chiite en Irak.

L’agence Associated Press – et ce n’est pas un hasard – publie un article touchant sur une romanesque lune de miel financée par l’Etat islamique à Raqqa :

La lune de miel fut un bref moment d’amour, loin des lignes de front de la guerre en Syrie. Dans la capitale du « califat » auto-proclamé du groupe Etat islamique, le combattant syrien Abu Bilal al-Homsi a été uni par les liens du mariage à sa fiancée tunisienne qu’il voyait pour la première fois après des mois de chat en ligne. Ils se sont mariés et ont ensuite passé quelques jours à manger de la viande grillée dans les restaurants de Raqqa, à se promener le long de l’Euphrate et à manger des glaces.

Tout cela a été rendu possible par la prime de mariage qu’il a reçue du groupe Etat islamique : 1500 dollars pour lui et sa femme pour acheter une maison, fonder une famille et s’offrir une belle lune de miel.

« Il a tout ce qu’on peut désirer quand on se marie », a déclaré al-Homsi, à propos de Raqqa ...

Qui a donné combien à l’AP pour publier cette publicité pour le recrutement de l’État islamique ?

La seule explication qui tienne du soutien aérien très, très limité que les Etats-Unis ont donné à l’Irak, c’est qu’ils ont pour objectif de démembrer l’Etat irakien et de créer une nouvelle entité étatique sunnite sous leur coupe. Le gouvernement irakien devrait enfin s’en rendre compte et se décider à ignorer les conseils des États-Unis et à reprendre son indépendance.

Traduction : Dominique Muselet

»» http://www.moonofalabama.org/2015/0...
URL de cet article 28682
   
La Colombie [sans Ingrid ni Pablo] – Un récit de voyage
Cédric Rutter
On ne peut pas évoquer la Colombie sans penser à Ingrid Betancourt ou à Pablo Escobar. Pourtant, les interlocuteurs rencontrés par Cédric Rutter au cours de son voyage n’ont jamais parlé d’eux. Ce pays ne se limite pas au trafic de drogue et à la guérilla des Farc. Cette zone stratégique et magnifique, porte de l’Amérique du sud entre deux océans, abrite des communautés et des individus en demande de paix dans une démocratie fragile. Ils ont tant à enseigner et à dire. L’auteur les a écoutés (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Lesley Stahl :"Nous avons entendu dire que 500.000 enfants sont morts (en Irak). Ca fait plus qu’à Hiroshima. Et, vous savez, est-ce que cela en valait le prix ?

Secrétaire d’Etat US Madeleine Allbright : "Je pense que c’est un choix difficile. Mais le prix - nous pensons que cela en valait le prix."

Entretien télévisé sur CBS 60 minutes, Mai 1996

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.