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Les 50 plus grandes banques et entreprises mondiales détiennent plus de 4 000 filiales dans les paradis fiscaux

HSBC : la banque de tous les désirs

Il paraît que l’administration fiscale (qui, à moi, personnellement, me réclame une pénalité de 15 euros parce qu’elle ne m’a pas transmis un document à temps) a travaillé comme une folle pour faire revenir l’argent des fraudeurs dans les caisses de l’État.

300 millions d’euros – vous avez bien lu : 300 millions – ont été récupérés après quatre ans de démarches, enquêtes, relance etc. C’est phénoménal quand on pense que l’évasion fiscale nous coûte environ 80 milliards par an.

Dans le même temps, parlons de choses vraiment sérieuses, les actionnaires du CAC 40 ont touché 56 milliards d’euros (dividendes et actions gratuites) en 2014, soit 30% de plus qu’en 2013. Sous un président dont « l’adversaire » était la finance.

Le vaste truandage organisé par HSBC a particulièrement profité aux Espagnols qui ont dissimulé 1,8 milliard d’euros en Suisse, l’équivalent annuel du budget du Trésor Public du pays. Certes, on nous a jeté en pâture quelques noms de vedettes du showbiz ou du football (pauvre Christophe HSBC Dugarry !). Mais il s’agit de la crème du lait. Au fond de la casserole il y a des sociétés qui utilisent des banques complices d’HSBC et qui envoient d’énormes sommes d’argent vers des filiales situées dans des paradis fiscaux.

Et pourtant, la classe politique française (UMP/Solfériniens) est douce, depuis bien longtemps, avec les banques. En 1970, elles recrachaient 50% de leurs bénéfices sous forme d’impôts. En 1994, elles étaient imposées à 35%. 26% en 2001, 13% en 2009. 8% aujourd’hui. En 2013, la Bourse a progressé de 15%. Moins cependant que le Nasdaq et beaucoup moins que le Nikkei (57%). Mais plus que Londres (12%). Les banques (aux trois-quarts étasuniennes ou britanniques) détiennent la moitié des 9 000 fonds spéculatifs de la planète. L’autre moitié étant la propriété d’investisseurs institutionnels. En 2009, ceux-ci pesaient 2000 milliards de dollars.

Les 50 plus grandes banques et entreprises mondiales détiennent plus de 4 000 filiales dans les paradis fiscaux (214 pour la BNP, par exemple). Une sorte d’antimonde économique qui creuse les inégalités entre les pays et dans les pays. Dugarry et Gad el Maleh en avaient-ils conscience ?

La porosité entre la haute Fonction publique et les banques est désormais banale. Le banquier milliardaire Macron en est actuellement l’exemple français le plus typique. Naturellement, le Royaume-Uni de Cameron n’est pas en reste. Stephen Green, le baron Green de Hurstpierpoint, a présidé HSBC jusqu’en 2010 avant de devenir ministre d’État pour le Commerce et l’Investissement. Son titre de noblesse lui a permis de siéger dans la foulée à la Chambre des Lords. En février 2015, Green a démissionné de son poste au sein d’un groupe de pression défendant la finance quelques jours après les révélations concernant HSBC. Son image d’anglican vertueux en a pris un coup. La presse britannique estime que Green a été l’auteur du système d’évasion fiscale mis en œuvre par HSBC. Lorsqu’il quitta ses fonctions de banquier, il prononça une conférence (rémunérée ?) où il déclara :

« Chez HSBC nous avons essayé de placer les valeurs au cœur des affaires et de jouer un rôle positif pour le monde en général", lança-t-il. 
“ Nous avons aujourd’hui une chance de redéfinir le capitalisme, de reformuler son dessein – de montrer qu’il peut être éclairé, qu’il peut être meilleur. Échouer nous ferait courir le risque de briser la promesse sacrée de laisser une meilleure société à nos enfants. Réussir consisterait à transformer le cours de l’Histoire. ” »

Et en plus ils nous fendent le cœur…

Sur HSBC, lire également ceci et ceci.

Bernard Gensane

PS : "Si on comparait le nombre d’hommes mangés par des requins au nombre d’hommes poussés au suicide par leur banque on verrait tout de suite que le prédateur est celui qui porte une cravate et un costard" (Narcose).

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« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »

Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)

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