RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Précédent dangereux ! Vous avez dit "précédent dangereux" ?

Dans un monde de plus en plus parano, chaque jour apporte son lot de surprises et de...confirmations. Les événements en Irak, en Syrie, en Libye et aussi en Ukraine nous en apportent un témoignage au quotidien. Et c’est encore la chancelière allemande, Angela Merkel, qui semble, de loin, décrocher la timbale, qui est revenue, lors de sa visite, samedi dernier à Kiev, sur la crise ukrainienne et singulièrement sur le cas de la Crimée.

Cas dont elle fait une lecture discrétionnaire qui omet, intentionnellement ou par méconnaissance, des faits pour mettre en exergue d’autres. C’est ainsi que la dirigeante allemande estima que la scission de la Crimée est un « dangereux précédent ». Mme Merkel expliqua de la sorte que sa visite à Kiev consistait à signifier que « l’intégrité territoriale de l’Ukraine est l’un des objectifs essentiels de la politique allemande », dénonçant ainsi « l’annexion » de la péninsule ukrainienne de « Crimée (...) par Moscou que l’Europe ne pourra », selon elle, « jamais reconnaître pour ne pas créer un dangereux précédent ».

En fait, cela ne manque pas de sel quand c’est la chancelière allemande qui exprime cette incongruité, s’inquiétant de l’intégrité de l’Ukraine quand elle a fait fi de celle de la Serbie. Les faits sont têtus et l’histoire en témoigne. En 2008, l’Allemagne a été le premier pays à reconnaître l’« indépendance » autoproclamée du Kosovo. Le Kosovo, une province historiquement berceau de la civilisation serbe. On a argué que la majorité de la population du Kosovo, d’origine albanaise, était opprimée par Belgrade. C’est un fait. Cela ne légitime, ni ne justifie, en aucun cas, l’atteinte à l’intégrité territoriale de la Serbie ainsi piétinée par Berlin – qui entraîna une bonne partie de l’Union européenne dans la reconnaissance de cette entité – qui s’alarme quant à la menace sur l’intégrité de l’Ukraine. Or, ici également, l’histoire témoigne. La presqu’île de Crimée a été, durant des siècles, un territoire russe, jusqu’à cette fatidique année 1954 quand, le maître du Kremlin, Nikita Khrouchtchev, tout-puissant secrétaire général du PCUS, décida de faire cadeau de la presqu’île de la mer Noire à son pays d’origine : l’Ukraine. On peut subodorer que la chancelière allemande ne peut ignorer l’histoire ancienne et récente de l’Europe et les diverses guerres qui ont bouleversé sa géopolitique au long des siècles. Ceci posé, notons néanmoins que la population de Crimée – on peut supposer que Mme la chancelière ne peut ne pas le savoir – est à 95% d’origine russe. Ainsi, ce qui semble légitime pour les Albanais du Kosovo, ne le serait pas pour les Russes de Crimée « ukrainisés » depuis 60 ans. Et puis une contre-vérité : la Russie n’a pas annexé la Crimée, c’est le peuple de la presqu’île qui, par référendum, demanda son rattachement à son pays d’origine.

Maintenant que l’Europe estime ce référendum « nul et non avenu », c’est, semble-t-il, son problème. Or, cet impératif de la démocratie et des droits de l’homme qu’est le « choix populaire » semble de peu de poids dès lors qu’il ne va pas dans le sens « voulu » pour ceux qui tracent les « lignes rouge s » pour le monde.

En 2006, il y eut dans les territoires palestiniens, la consultation la plus transparente jamais organisée dans le Monde arabe. Cela importe peu pour ceux qui donnent le « la » accordant aux uns ce qu’ils refusent aux autres. Et le peuple palestinien a « mal voté », n’est-ce pas ?

Or, en Crimée, il y eut un référendum. Ce qui n’a pas été le cas au Kosovo où le peuple albanophone n’a pas été invité à dire ce qu’il voulait (même si au final, il aurait, sans doute opté pour l’indépendance). Or, cet acte démocratique dont l’Occident ne cesse de nous rebattre les oreilles n’a pas eu lieu au Kosovo. Alors, relativisons, s’il vous plaît, car si « dangereux précédent » il y a, c’est bien celui de la reconnaissance du Kosovo en tant qu’Etat « indépendant », ouvrant la boîte de Pandore que l’Europe n’arrive pas à fermer, ou n’est plus en mesure de le faire.

Quelle que soit la langue dans laquelle elle est exprimée, l’idée, a fortiori, de démocratie et de droits de l’homme, doit avoir la même signification et ne peut faire l’objet d’une lecture arbitraire dès lors qu’elle sert ou non certains desseins. Nous en avons brièvement formulé deux exemples patents : le Kosovo et la Crimée pour lesquels la position allemande est loin d’être nette, marquée par un parti pris incontestable. Berlin reconnaît au peuple albanophone du Kosovo, ce qu’elle dénie au peuple russophone de Crimée. CQFD !

Karim MOHSEN

»» http://www.lexpressiondz.com/edito/200899-precedent-dangereux-vous-ave...
URL de cet article 26791
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Ukraine : Histoires d’une guerre
Michel Segal
Préface Dès le premier regard, les premiers comptes-rendus, les premières photos, c’est ce qui frappe : la « guerre » en Ukraine est un gâchis ! Un incroyable et absurde gâchis. Morts inutiles, souffrances, cruauté, haine, vies brisées. Un ravage insensé, des destructions stériles, d’infrastructures, d’habitations, de matériels, de villes, de toute une région. Deuil et ruines, partout. Pour quoi tout cela ? Et d’abord, pourquoi s’intéresser à la guerre en Ukraine lorsque l’on n’est pas même ukrainien ? (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le domaine de la liberté commence là où s’arrête le travail déterminé par la nécessité.

Karl Marx

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.